"Je plonge toutes mes racines littéraires dans mon "métissage", je suis un bâtard et je tire ma substance nourricière de mon "bâtardisme" dans l'espoir de parvenir ainsi à quelque chose de nouveau, d'original. Ce n'est d'ailleurs pas un effort: cela m'est naturel, c'est ma nature de bâtard, qui est pour moi une véritable bénédiction sur le plan culturel et littéraire. C'est pourquoi, d'ailleurs, certains critiques traditionalistes voient dans mon œuvre quelque chose d"'étranger"... Un corps étranger dans la littérature française. Ce sont les générations futures, pas eux, qui décideront si ce "corps littéraire étranger" est assimilable ou s'il vaut la peine d'être assimilé. Mais cela ne constitue-t-il pas, justement, ce qu'on appelle un apport original?"
Entretien posthume avec Romain Gary
Je me suis plongé ces jours-ci de repos dans le portrait que
Myriam Anissimov fait de Romain Gary / Roman Kacew / Emile Ajar
Un biographie vraiment intéressante, parfois avec de (peut-être trop) nombreuses citations, qui renvoient à ce magnifique écrivain
à plusieurs vies littéraires et humaines.
Un gros bouqin érudit (plus de 900 pages) qui relate la vie
de Roman Kacew entre ses romans et ses histoires d'Amour,
presque toujours avec un A majuscule.
Selon lui "Toutes les valeurs de la civilisation sont des
valeurs féminines... douceurs, tendresse, maternité,
respect de la faiblesse",
voilà le rôle de la femme, mère, épouse, amante.
Fémininité qui déclenche le rêve de la Méditerranée avec
des réminiscences romantiques, mais aussi yourcenariennes.
"Chère Méditerranée! Que ta sagesse latine, si douce à la vie,
me fut donc clémente et amicale, et avec quelle indulgence
ton vieux regard amusé s'est posé sur mon front d'adolescent!
je reviens toujours à ton bord, avec les barques qui ramènent
le couchant dans leurs filets. J'ai été heureux sur ces galets"
Romain Gary La promesse de l'aube (chapitre 20, p. 164)
Ed. folioplus-classiques
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