Je remercie Claudie Pion pour m'avoir signaler
cette
émission qui marque un débat de grand
actualité en France
et je ne peux
que remercie une fois de plus
mes collègues
de grec et de latin .. .
c'est bien un combat d'avant-garde !
"Le
langage est action"
Pierre Judet de la Combe
L'avenir des
anciens
Les Grecs
anciens ne sont pas nos ancêtres. Ils sont
devenus nos pères quand, au Moyen Âge, il a fallu rendre compatibles la Bible et Aristote. Les Romains ont fait notre langue, mais avaient décidé que leur culture serait grecque. Que faire aujourd'hui de ces lointains parents d'adoption ?
devenus nos pères quand, au Moyen Âge, il a fallu rendre compatibles la Bible et Aristote. Les Romains ont fait notre langue, mais avaient décidé que leur culture serait grecque. Que faire aujourd'hui de ces lointains parents d'adoption ?
La question
est d'actualité avec la réforme des collèges, qui repose sur une idée
simplificatrice de la culture : se contenter de la présentation rapide de
contenus. Or l'enseignement des grands textes antiques et de leurs langues
à l'école est un étonnant outil d'émancipation et de démocratisation.
Langues muettes, langues égalitaires qui 'appartiennent à personne, le
latin et le grec ouvrent à une expérience personnelle et créative du langage et de l'histoire.
Les mots
anciens que nous reprenons tous les jours, « démocratie », « empire », «
dieu », « technique », ne sont pas seulement des vocables. Ils se sont
imposés dans l'Antiquité parce que leur sens, leur valeur ont été
argumentés, disputés dans des textes. Aller voir du côté de l'antique,
c'est reprendre ces arguments, ces chemins de langage - et c'est
passionnant.
Lire est une école de liberté.
(4e de
couverture)
Pierre Judet de la Combe
Aux antipodes d’un discours conservateur ou réactionnaire, le grand
helléniste, Pierre Judet de la Combe s’inquiète de la manière dont s’enseignent
trop souvent le grec et le latin.
Cette
semaine, la ministre de l’Education Nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a
annoncé des mesures concernant l’enseignement des langues. La première langue
vivante sera désormais enseignée dès le CP au lieu du CE1 et, dans un nombre
important d’ecoles, il ne s’agira pas obligatoirement de l’anglais. Le deuxième
langue sera enseignée dès la classe de 5e et non plus celle de 4e, deux langues
vivantes donc à choisir parmi trois proposées dans au moins 85% des collèges.
On le voit, tout en maintenant fermement des objectifs louables de
démocratisation scolaire, de lutte contre les inégalités sociales, contre les
usages purement stratégiques des options qui entravent les objectifs de mixité
sociale et scolaire, la ministre semble avoir aménagé son projet initial, de
manière à protéger la diversité linguistique face au risque de monopole de
l’anglais. Mais quid des langues mortes ? Seraient-elles définitivement
mortes ? C’est l’inquiétude d’un certain nombre de chercheurs, parmi
lesquels un helléniste de renom, dont les commentaires de la poésie et du théâtre
grec nous sont précieux.
Pierre
Judet de la Combe, notre
invité aujourd'hui.