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mardi 31 mars 2015

De Vaux-le-Vicomte à Versailles : La naissance de l'absolutisme






L'intérêt montré par mes élèves de V D ESABAC

 pour les événements concernant le surintendant 

de Louis XIV 

 Nicolas  Fouquet  

m'a poussé à cette petite recherche.








Le film de Roberto Rossellini 








VISITE DU CHATEAU DE


 VAUX-LE-VICOMTE























vendredi 28 novembre 2014

Corneille et Racine une comparaison d'après Jean de La Bruyère




 À l'usage de mes bons élèves de


 II D ESABAC






Le Cid (1636) Pierre Corneille





Phèdre  (1677) Jean Racine




 Les Caractères ou Les Moeurs du siècle (1688) Jean de La Bruyère


La Bruyère dans Les Caractères  explique  à travers  ce mémorable
 texte la place  fodamentale que Corneille et Racine  tiennent dans  
le Panthéon des lettres.



"Si ... il est permis de faire entre eux quelque comparaison, et les marquer l'un et l'autre par ce qu'ils ont eu de plus propre et par ce qui éclate le plus ordinairement dans leurs ouvrages, peut-être qu'on pourrait parler ainsi : "Corneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées, Racine se conforme aux nôtres ; celui-là peint les hommes comme ils devraient être, celui-ci les peint tels qu'ils sont. Il y a plus dans le premier de ce que l'on admire, et de ce que l'on doit même imiter ; il y a plus dans le second de ce que l'on reconnaît dans les autres, ou de ce que l'on éprouve dans soi-même. L'un élève, étonne, maîtrise, instruit ; l'autre plaît, remue, touche, pénètre. Ce qu'il y a de plus beau, de plus noble et de plus impérieux dans la raison, est manié par le premier ; et par l'autre, ce qu'il y a de plus flatteur et de plus délicat dans la passion. Ce sont dans celui-là des maximes, des règles, des préceptes ; et dans celui-ci, du goût et des sentiments. L'on est plus occupé aux pièces de Corneille ; l'on est plus ébranlé et plus attendri à celles de Racine. Corneille est plus moral, Racine plus naturel. Il semble que l'un imite SOPHOCLE, et que l'autre doit plus à EURIPIDE"






vendredi 14 novembre 2014

LOUIS XIV ou l'absolutisme



Louis XIV en costume de sacre
Nom de l’artiste : Rigaud
- Titre de l’oeuvre : Louis XIV en costume de sacre
- Date : 1702
- Technique : huile sur toile
- Taille : 277x192cm
- Lieu de conservation : Musée du Louvre, Paris
Hyacinthe Rigaud (1659-1753), peintre et courtisan à Versailles, reçut la commande de ce portrait en 1701 de Philippe V d’Espagne, petit-fils du roi-soleil.
La toile fut exposée dans la salle du trône du palais de Versailles, c’est à dire au centre de l’édifice, lui-même symbole de la France. Louis XIV avait ainsi l’assurance que chacun pourrait admirer sa personne et, surtout, se rappeler l’étendue de la puissance royale.
Nous disposons donc bien ici d’un outil de gouvernement ancré au coeur du système absolutiste français. La nature de l’oeuvre (une commande) et son emplacement indiquent ainsi dès que le monarque entendait mettre en scène son pouvoir.
Dans le but de célébrer au grand jour l’absolutisme royal, Rigaud et le monarque recoururent à des effets que l’on pourrait qualifier de théâtraux.
- le dais ou rideau : il sert de cadre et met en valeur
- La colonne : Elle est un élément de l’architecture du palais ; elle est solide comme la puissance du roi
- Estrade : Elle permet de rehausser c’est-à-dire de mettre au dessus le trône, indentifiable à l’aide des fleurs de lys qui le parsèment.
- Le roi est au centre du tableau, il occupe presque tout l’espace. La lumière est dirigée sur lui. Il porte la fourrure blanche tachetée de noir de l’hermine, une perruque et des talons. Le monarque lance les modes : le roi soleil inaugura celle des hauts talons (venant compenser sa petite taille).
- La couronne est l’incarnation de la majesté
Le pas de danse. Le roi-soleil fut un excellent danseur. Rigaud composa néanmoins son tableau en 1701 alors que Louis XIV avait 71 ans. De fait, le visage du roi est celui d’un vieil homme mais il a les jambes fermes d’un jeune danseur. Il convient ici de distinguer les deux corps du roi : le roi physique (vieux comme le montre son visage) et le roi symbolique, immortel.
Couleurs symboliques
Bleu est la couleur associée à la vierge
Blanc est le symbole de la monarchie
Or est le symbole de richesse
Pourpre est le symbole de pouvoir depuis l’Antiquité.
Symboles
- Le sceptre était, outre le symbole du pouvoir de vie et de mort du roi, il est prolongé par la main droite de ce dernier, c’est à dire la main de l’action, de l’exécution. Il représente le pouvoir exécutif
- L’épée rappelait le statut de chef des armées du roi, combattant pour la gloire de Dieu. Elle doit protéger les fidèles en garantissant la justice. Le monarque décidait de la paix et de la guerre. Elle représente le pouvoir exécutif
- Le costume. L’hermine est un symbole de noblesse, de pouvoir, de sagesse et de richesse : en un mot de supériorité. L’emploi de l’or et du pourpre dans les vêtements renvoie à un privilège rare qui réglementait de façon fort sévère les tenues vestimentaires à la cour de Versailles. La débauche d’or sur le costume de sacre rappelait ainsi à tous que le roi agissait
"selon son bon plaisir" et qu’il était au-dessus des lois. Le monarque, source de tout privilège, était naturellement source de toute loi ("c’est légal parce que je le veux"). Il représente le pouvoir législatif
- La main de justice se compose d’un bâton en or avec au sommet une main d’ivoire. Elle représente le pouvoir judiciaire. Toute justice en France était rendue au nom du roi. Le bas-relief à droite de la couronne laisse deviner un corps féminin. Il s’agit de la déesse Thémis est l’allégorie de la Justice (elle tient la balance dans sa main), elle incarnait aussi l’ordre établi (elle tient l’épée dans l’autre main).
Roi et Dieu
Rigaud eut soin de peindre de détails rappelant l’origine du pouvoir absolu : Dieu
- Sceptre : Depuis l’ancien Testament, celui qui le porte est désigné par Dieu pour guider les autres. Le roi guide donc l’ensemble de ses sujets.
- Le collier de plaques d’or supporte la grande croix de l’ordre du Saint Esprit. Le Saint Esprit garantissait au roi le suivi d’une politique sage et réfléchie. Au centre de la croix, se trouve une colombe qui, symboliquement descend du ciel lors de la cérémonie du sacre.
- L’épée. Posée sur l’autel lors de la cérémonie du sacre, elle était prise par le roi, considéré ainsi comme recevant son pouvoir de Dieu. L’Eglise sut attribuer à l’épée une dimension symbolique forte : sa forme (une croix) devait rappeler ses devoirs de chrétien à son porteur et sa longueur l’obliger à se tenir à distance du mal...
- Les fleurs de lys, avant d’entrer dans les armoiries de la monarchie française sous Louis VII, symbolisaient la Sainte Vierge. Ces trois pétales sont reliés à la trinité : Le père / le Fils et le Saint Esprit.
- La main de justice (posée derrière la couronne) : chacun des doigts est à lui seul un symbole : le pouce : Dieu, l’index : la Raison, le majeur : la Charité, les deux autres sont repliés et représentent la Foi et la Pénitence












mardi 28 octobre 2014

Le Cid de Corneille par Hélène Carrère d’Encausse de l'Académie Française (Canal Académie)






Chers élèves de II D ESABAC,
je vous invite à la lecture de cet extrait concernant Le Cid  de Corneille.
En suivant le lien, vous pourrez écouter et  vérifier vos compétences à l'oral, approfondir vos connaissances sur le héros cornélien, préparer d'ores et déjà nos cours à venir! ... Quel bonheur!









Pirre Corneille par Hélène Carrère d’Encausse, historien et Secrétaire perpétuel de l’Académie française depuis le 21 octobre 1999
Élue en 1990 au fauteuil 14 précédemment occupé par Jean Mistler, Hélène Carrère d’Encausse est historien et Secrétaire perpétuel de l’Académie française depuis le 21 octobre 1999.
Elle a reçu le prix Aujourd’hui pour L’Empire éclaté en 1978, le prix Louise Weiss en 1987, le prix Comenius en 1992 pour l’ensemble de son œuvre et le prix des Ambassadeurs en 1997, pour Nicolas II.
Elle est membre associé de l’Académie royale de Belgique.




En 1636 la paix s’effrite. Les croquants soulèvent le Périgord. Et les Habsbourg prétendent dominer l’Europe. Les partis se mobilisent alors pour ou contre les choix politiques de Richelieu. Parti espagnol rassemblé autour de la reine, fille d’Espagne ; parti d’opposition à l’Espagne. Les grands se dressent contre Richelieu, qui veut renforcer l’État. C’est dans cette atmosphère plus tendue que l’on joue Le Ciden janvier 1637. Le triomphe de la pièce fut immédiat. Tant de spectateurs s’y pressaient qu’il fallut, contre tous les usages, les placer dans tous les recoins du théâtre et même sur la scène.
Nul besoin de raconter Le Cid, mais il faut dire comment il fut entendu par les spectateurs de ce temps.
Le Cid est d’abord le choc de deux temps historiques et de deux générations. Le couple Chimène-Rodrigue incarne la jeunesse de l’époque de Louis XIII. En face de ce couple élu se dressent les guerriers du temps d’Henri IV qui, au nom des services rendus, prétendent imposer leur autorité à leurs enfants, mais aussi au roi.
Conflit du père et du fils : don Diègue exige de Rodrigue qu’il fasse sienne sa querelle et remplisse un devoir barbare : « meurs ou tue », l’injonction est inacceptable à une génération qui a connu la paix.
Le Cid montre aussi l’arrogance des grands à l’égard du roi. À don Arias qui lui oppose le pouvoir du souverain, le comte crie son dédain « d’un sceptre qui sans moi tomberait de ses mains ». Et il ajoute : « Désobéir un peu n’est pas un si grand crime. » En tuant le père de Chimène, c’est le roi que Rodrigue débarrasse en dernier ressort d’un grand bien encombrant.
Et l’on comprend que le roi mette peu d’empressement à satisfaire l’appel à la justice de Chimène, elle-même déchirée entre ce que lui commande la décence et son amour pour Rodrigue. Le roi et Chimène se jouent ainsi à l’intérieur de la pièce une comédie des apparences. Dans leur dialogue tout sonne faux, la rigueur du roi et les cris de Chimène.
Le Cid pose aussi la question espagnole qui vient de ressurgir ; les Espagnols ont menacé Paris. Le récit par Rodrigue de sa victoire sur les Maures ne fait-il pas écho aux récits de la reprise de Corbie ? Et les spectateurs de s’interroger. Cette pièce serait-elle à la gloire de l’Espagne dont elle présente une image éblouissante ? Ou des vainqueurs de Corbie ? Le théâtre français a toujours été séduit par l’Espagne, une Espagne joyeuse, ponctuée de chants d’amour et de combats, royaume de la jeunesse et d’une certaine folie. On retrouvera cette fascination chez Victor Hugo et chez Paul Claudel.

Lexique
Arrogance (f) : insolence (f), mépris (m), dédain (m).
Corbie : ville de Picardie, au nord de Paris. Siège d’une bataille entre les Espagnols et les Français en 1636.
Dédain (m) : insolence (f), mépris (m), arrogance (f).
Faire sien : adopter.
Fascination (f) : attirance (f).
Habsbourg : famille royale d’Autriche.
Les Croquants : paysans du sud-ouest de la France qui se sont révoltés contre l’augmentation des impôts et de la misère.
Périgord (m) : région du sud-ouest de la France.
Rigueur (f) : sévérité (f).
S’effriter : ici, être menacé.
Sceptre (m) : bâton de commandement, symbole de la royauté.


samedi 25 octobre 2014

Le théâtre: miroir historique et culturel de la réalité : du XVIe au XXe siècle de Cauzzo Carola et Randazzo Federica ( II D ESABAC)












Le théâtre: miroir historique et culturel de la réalité 
 du XVIe au XXe siècle.

La Renaissance en Italie
Les innovations de la scène italienne ont laissé une empreinte importante sur le théâtre moderne. Les premiers théâtres italiens sont installés dans des espaces pré-existants, salles ou cours de palais à la forme rectangulaire ; les scènes sont d'abord mobiles. C’est en 1584 qu’est achevée l’une des premières scènes fixes, le "Teatro Olimpico de Vicence", œuvre d’Andrea Palladio. La règle des trois unités ne réclame qu’un seul décor. On voit toutefois se développer, entre chacun des cinq actes de la pièce, la présentation de somptueuses scènes allégoriques appelées "intermèdes" (intermezzo)— devenant de véritables spectacles — qui entraîne les premiers changements de décor. Pour cacher la machinerie, on met au point un cadre architectural entourant la scène (le manteau), qui permet à la fois de distinguer l’espace des spectateurs de l’illusion scénique, et qui offre à celle-ci un encadrement. En Italie, le mouvement humaniste permet, dès la fin du XIVe siècle, la redécouverte du théâtre antique et de la Poétique d’Aristote. Séduits par cette nouvelle mode, les grands seigneurs financent désormais les représentations théâtrales. Les premières pièces, en latin avant d’être écrites en langue vernaculaire, se basent  sur le modèle romain : les pièces latines sont d’abord traduites puis imitées. Elles s’appuient sur la Poétique d’Aristote (prologue, cinq actes, reconnaissance finale). Ces pièces se libèrent rapidement de leurs modèles par des apports thématiques nouveaux — satire de la vie contemporaines, thèmes empruntés à Boccace, comme l’adultère. Ce nouveau théâtre, appelé aujourd’hui "érudit", est surtout constitué de comédies. L’un des premiers auteurs de comédies érudites est l'Arioste (la Cassaria, 1508). Certaines de ces pièces sont très populaires, comme la farce cynique de Machiavella Mandragore (1524). Les règles appliquées dans ce répertoire ont longtemps influencé le théâtre européen. Une décennie plus tard l’Italie voit naître un théâtre plus sérieux et moralisateur avec le genre baptisé "pastorale" (notamment avec les figures du Tasse ou de Gian Battista Guarini). Parallèlement, la tragédie retrouve un regain d’intérêt. La Sophonisbe(Sofonisba, v. 1515) de Gian Giorgio Trissino est considérée comme la première tragédie italienne régulière. À Florence les tragédies ne sont pas écrites pour être représentées mais lues ou récitées. A Rome, en revanche, les tragédies sont destinées à la scène, comme celles de Giraldi Cinthio (1504-1573). Ce dernier, qui s’affranchit des règles de la Poétique afin de les rendre plus accessibles au public, développe un style de tragédie nouveau inspiré de l’œuvre de Sénèque. Il crée un nouveau type de tragédie, au dénouement heureux. L’idée qui guide l’art de la Renaissance est celle de la vraisemblance. Il ne s'agit  pas d’une imitation servile du réel, mais plutôt du refus de l’improbable et de l’irrationnel, l’accent étant mis sur un idéal éthique et esthétique rigoureux. C’est ainsi que comédie et tragédie se séparent, que les chœurs et les monologues disparaissent, et que les personnages n’apparaissent plus comme des individualités mais comme des types abstraits et symboliques. L’adoption de la règle des trois unités se généralise : temps, lieu et action. Se référant toujours à la pensée d’Aristote, les théoriciens reformulent ses règles : une pièce ne peut comporter qu’une seule intrigue, elle doit se dérouler dans un laps de temps de vingt-quatre heures et dans un lieu unique. La raison invoquée est que le public, se trouvant dans un endroit précis et durant un certain temps, ne peut croire à l’action d’une pièce s’étendant sur plusieurs jours et en différents endroits car cela irait à l’encontre de la vraisemblance. La qualité d’une œuvre est d'avantage estimée en fonction du respect de ces règles qu'en fonction des réactions du public. Formulées en Italie, celles-ci sont également appliquées à la lettre en France.

LA COMMEDIA DELL’ARTE :
Tandis que l’élite apprécie les spectacles inspirés du théâtre antique, le grand public lui préfère la "commedia dell’arte", forme de théâtre populaire fortement basé sur l’improvisation. Héritières de plusieurs traditions du XVIe siècle, des troupes de comédiens créent des personnages typés (serviteurs comiques, vieillards, avocats, docteurs ridicules, amants, etc.). Ces mêmes personnages apparaissent dans des centaines de pièces bâties sur un canevas simpliste, qui fixe les grandes lignes, les entrées et les sorties, et certaines répliques classiques dévolues à chaque acteur. Dans ce cadre, les acteurs peuvent librement exécuter leurs jeux de scène et leurs morceaux de bravoure, appelés "lazzi". Les personnages de ce répertoire gagnent peu à peu toute l’Europe. Les troupes ne jouent plus seulement dans les rues, mais aussi devant les courtisans. La commedia dell’arte atteint son apogée entre 1550 et 1650, et marque de son influence des formes de théâtre très diverses, depuis le théâtre de marionnettes turc jusqu’aux pièces de William Shakespeare et de Molière.

Le classicisme en France
Le théâtre dit "classique" s’impose à partir des années 1630, avec les tragédies de Pierre Corneille, puis celles de Jean Racine. Sous l’influence du cardinal de Richelieu, les dogmes classiques sont appliqués avec rigueur. Le Cid (1637) de Pierre Corneille est condamné par l’Académie française (Institut de France), malgré son considérable succès, pour avoir enfreint les règles de la vraisemblance. Les pièces de Jean Racine portent la structure et la prosodie classiques à leur point de perfection, tout en reprenant des sujets mythologiques. Contemporain des deux tragédiens, Molière est l’un des plus grands dramaturges français. Ses pièces s'inspirent des différents styles de l'époque et notamment de la farce, de la commedia dell’arte, et des comédies de mœurs, mais elles dépassent les limites de l’observation sociale pour mettre en scène les travers de l’âme humaine. Molière qui dirige une compagnie théâtrale, pour laquelle il écrit ses pièces, est également le plus grand acteur comique de son temps. Son jeu rompe avec le style affecté et pompeux qui caractérisait alors le jeu des comédiens français. Mais le succès de son théâtre n’empêche pas l’ancien style "noble" de conserver les faveurs du public français, jusqu’à l’avènement du romantisme. Le théâtre de la seconde moitié du XVIIe siècle est appelé "théâtre classique" parce qu'il obéit à un ensemble de règles inspirées du théâtre antique (et notamment d'Aristote). Ces règles furent formulées explicitement pour la première fois par l'abbé d'Aubignac.

LES TROUPES :

En France il y avait plusieurs troupes officielles :
·         L’hôtel de Bourgogne, spécialisé dans la tragédie dont les comédiens étaient réputés pour leurs talents mais aussi pour leur conformisme,
·          La troupe du Marais, autrefois ambulante, s’installe dans le quartier du Marais, c’est elle qui joue Le Cid de Corneille pour la première fois ;
·         La troupe des Italiens, connait un franc succès. Les comédiens qui s’expriment en italien utilisent l’art de la pantomime pour se faire comprendre. Ils improvisent sur des canevas de la Commedia dell’arte, font intervenir l’actualité et ils adorent la satire ;
·         La troupe de Molière, partage depuis 1660, la salle du Palais Royale, édifiée par Richelieu, avec les Italiens. A’ la mort de Molière, la salle est récupérée par le musicien du roi d’origine italienne, Jean Baptiste Lulli qui y installe l’Opera. La troupe de Molière fusionne avec la troupe du Marais, puis avec celle de l’Hôtel de Bourgogne. Des lors, il reste une seule compagnie entretenue par le roi : la Comédie française.  
Le théâtre élisabéthain en Angleterre
La scène anglaise est partagée entre des représentations destinées aux élites et celles destinées au grand public. C’est à la fin du XVIe siècle (1576) que le premier théâtre commercial, le théâtre de Burbage (construit par James Burbage, père de Richard), est créé à Londres. Quelques années plus tard, il est démonté et reconstruit par l’un de ses fils, Cuthbert, sur l’autre rive de la Tamise : c’est le célèbre Globe Théâtre, qui accueille les grands dramaturges élisabéthains, tel William Shakespeare ou Christopher Marlowe. Dans ce théâtre rond, à ciel ouvert, la scène est une plate-forme qui va jusqu’à la fosse. Alors que le public populaire reste debout, des spectateurs plus riches louent des loges disposées dans trois galeries le long du théâtre. Comme seules les places assises sont surmontées d’un toit, les troupes ne jouent qu’en été. En hiver, elles jouent dans des théâtres couverts, pour un public plus restreint. Le théâtre de la Renaissance nait en Angleterre sous le règne d’Élisabeth Ire, à la fin du XVIe siècle. Contrairement à l’art dramatique continental, le théâtre anglais préserve et perpétue la tradition médiévale de théâtre populaire. Entraînés par le mouvement politique et économique, ainsi que par l’évolution de la langue, des auteurs dramatiques comme Thomas Kyd et Christopher Marlowe donnent naissance à un théâtre épique, dynamique et vivant, qui atteint son apogée avec l’œuvre de William Shakespeare. Les pièces de William Shakespeare, écrites en vers (mêlés souvent de prose), empruntent leur structure à Sénèque, à Plaute ou à la commedia dell’arte, associant sans complexe tragédie et comédie, spectacle, musique et danse. Leurs intrigues couvrent de grandes étendues spatio-temporelles et mettent en scène des princes et des brigands. Leurs thèmes, empruntés à l’histoire plutôt qu’au mythe, invitent à la réflexion politique et impliquent une mise en scène empreinte de violence. Les comédies, souvent pastorales, utilisent des éléments magiques et irrationnels. Ben Jonson est l’un des auteurs qui observent très strictement les préceptes classiques. Le jeu des premières pièces élisabéthaines est emphatique, mais le théâtre de Shakespeare inspire à des acteurs comme Richard Burbage un style plus sobre et naturel. Les décors, réduits au strict minimum, sont composés de quelques accessoires et de morceaux de tissu.

LE GLOBE :
Le premier théâtre du Globe était un théâtre élisabéthain construit en 1599 dans le quartier de Southwark, au sud de la Tamise à Londres. C'était l'un des quatre principaux théâtres, avec le Théâtre du Cygne, celui de La Rose et celui de L'Espoir. De nombreuses pièces de William Shakespeare y furent créées par la troupe du célèbre dramaturge, The Lord Chamberlain's Men. À l'entrée du théâtre était apposée une épigraphe latine : « Totus mundus agit histrionem » (« Le monde entier est un théâtre »). Le 29 juillet 1613, le Globe brûla jusqu'aux fondations, le toit ayant pris feu pendant une représentation d'Henry VIII de Shakespeare. Il fut reconstruit immédiatement au même endroit, cette fois avec un toit carrelé, et rouvert l'année suivante. En 1642, il fut fermé par les puritains, comme tous les théâtres et démoli en 1644 pour faire place à des logements.
L'actuel Shakespeare's Globe Theatre (théâtre du Globe de Shakespeare) a été construit en 1996 d'après la maquette de Theo Crosby, et a ouvert ses portes en 1997. Il a été bâti à l'identique, d'après des plans élisabéthains de l'original et en utilisant les techniques de construction de l'époque. C'est l'acteur américain Sam Wanamaker qui fut l'instigateur de cette reconstruction. Le nouveau théâtre est situé à environ 230 mètres de l'emplacement historique. L'architecture d'origine a simplement été modifiée par l'ajout de gicleurs d'incendie sur le toit, pour protéger le bâtiment du feu. Comme à l'époque, seul le parterre est à ciel ouvert ; les galeries accueillant également le public et la scène sont couvertes. Les spectacles ont lieu pendant l'été. Les places les moins chères sont debout, au parterre, devant la scène.
La direction du Globe a d'abord été confiée à Mark Rylance, puis, depuis fin 2005, à Dominic Dromgoole.
Le théâtre du XVIIIe siècle : critique de la société des privilèges

Au XVIIe siècle, les contemporains de Molière voient le monde comme un univers éternel et statique dont l'homme peut avoir une vision définitive.  La théologie reflète cette conception du monde: les rois sont considérés nécessaires à l'économie du monde et au maintien de l'ordre. Au contraire, l'homme des Lumières du XVIIIe siècle prend conscience de sa force et de sa liberté; il se considère l'artisan de son propre bonheur, un bonheur devenu possible et accessible grâce au progrès de la science.  Se sentant responsable de son destin, il veut limiter les effets de l'absolutisme et du fanatisme. 
Les auteurs comme Voltaire, Diderot et Montesquieu et les dramaturges comme Beaumarchais ont utilisé la littérature et le théâtre pour critiquer les conditions sociales de leur époque.
Selon la définition de philosophe du grammairien César Chesneau Dumarsais, l'esprit philosophique est [donc] une esprit d'observation et de justesse. Les intellectuels de cette époque-là, en effet, mettent avant tout la raison, l'observation de la réalité et la conviction profonde que le progrès existe. Ils ne sont pas des révolutionnaires, mais ils proposent des vraies nouveautés au niveau social. Ils mènent le combat de la liberté de pensée (et donc de religion), refusent le dogmatisme et le principe d'autorité.
En ce qui concerne le théâtre, en particulier, ce genre souffre encore de l'ostracisme de l'Église: les artistes sont considérés des gens sans morale. Toutefois le XVIIIe siècle est un siècle passionné ­de théâtre.  Les dramaturges écrivent pour la nouvelle bourgeoisie et s'inspirent de la tradition comique; cependant il ne s'agit pas de simples farces, mais l'on voit le théâtre comme un moyen d'intervenir sur la conscience des gens.

MARIVAUX ET LA COMÉDIE PSYCHOLOGIQUE

Il écrit des comédies qui reprennent en peu la Comédie de l'art, mais il y ajoute des nouveaux thèmes et qualités. Les thèmes qu'il traite dans ses pièces sont essentiellement ceux de l'amour et de la hiérarchie sociale.  Il s'interroge sur les différences entre classes et sur la pertinence des conventions sociales; il se demande quelles sont les raisons qui empêchent un noble et une paysanne de s'aimer: ses personnages se déguisent pour emprunter une personnalité ou un rang social autre que le leur, en se moquant ainsi de la société.
Marivaux s'élève contre les misères du peuple et celles où sont maintenus les protestants;  il montre l'indifférence des princes, la souffrance des enfants, des femmes, des vieilles;  il dénonce un monde mené exclusivement par l'argent
Grâce à la finesse de ses analyses psychologiques et sociales, il est souvent considéré le père du théâtre moderne.
Marivaux s'éloigne aussi des règles classiques et crée un style tout neuf, le marivaudage qui se concentre dans les expressions et les sentiments: il analyse la naissance de l'amour et le mêle avec le jeu et illusion de ses comédies. L'on dit que ses œuvres sont des comédies délicates à cause du langage poétique et léger qu'elles utilisent.

BEAUMARCHAIS ET LA COMEDIE SATIRIQUE

La vie de Beaumarchais est un véritable roman d'aventures.   Issu d'une famille modeste d'horlogers, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais a été trafiquant d'esclaves et de sucre, espion royal pour Louis XV et pour Louis XVI, éditeur des œuvres complètes de Voltaire et grand amateur de femmes et de plaisirs.
Pour contrer les pratiques douteuses de la Comédie-Française, il crée, en 1777, la Société des auteurs dramatiques, qui encore aujourd'hui administre les droits de représentation des dramaturges français.
Il doit sa célébrité à deux comédies:  Le barbier de Séville (1775) et  Le mariage de Figaro (1784). 
Dans la préface du Mariage de Figaro, il écrit que le but de l'auteur est d'amuser en instruisant
Il défend le drame bourgeois dans ses comédies satiriques.
Il prend la défense des femmes, dénonce leur esclavage, milite en faveur de l'indépendance et de la liberté. Il veut que l'on juge les hommes selon leurs mérites et non leur rang ou richesse. 
En effet, le protagoniste d'une de ses œuvres les plus connues, Figaro (qui est en quelque sorte l'alter ego de Beaumarchais) fait l'éloge du mérite personnel et s'élève contre les privilèges de la société de l'époque.

DIDEROT ET LE DRAME BOURGEOIS

Voltaire, Diderot et Rousseau se sont essayés dans le théâtre, parfois avec beaucoup de succès, même si ce n'est pas grâce à leurs œuvres dramatiques qu'ils sont passés à la postériorité. En particulier Diderot est considéré le père du drame bourgeois. Il s'agit desreprésentations pathétiques qui se donnent comme un intermédiaire entre la comédie et la tragédie et qui racontent la réalité de la bourgeoisie et veulent instruire les spectateurs. Ce genre est l'expression littéraire de l'ascension sociale de la bourgeoisie; il est un genre tout bourgeois: il est fait par la bourgeoisie pour la bourgeoisie et il parle de la bourgeoisie.
Ses œuvres les plus connues sont Le Fils naturel (1758), Le Père de famille (1758) et Paradoxe sur le comédien (publié posthume en 1830).

Le drame bourgeois se caractérise par:
·         le refus de l'unité de temps et de lieu;
·         le refus du caractère de vraisemblance imposé par le classicisme ;
·         une plus grande proximité avec les préoccupations du temps, la réalité bourgeoise;
·         l'importance de l'empathie afin de provoquer par l'émotion une fonction didactique.


Le théâtre du XXe siècle
« Dans l’histoire du théâtre français, il y a deux périodes: avant et après Copeau.»  A. Camus
Jacques Copeau (1879-1949): a été animateur, comédien, metteur en scène et une personnalité de grande importance dans le monde intellectuel et artistique français de la première moitié du XXe siècle: il a réformé de façon profonde l’art dramatique. Sa réforme est un tentative de retour aux sources traditionnelles les plus pures (tragédie grecque, Commedia dell'Arte, théâtre élisabéthain etc.); il s'agit d'un effort d'épuration des mœurs et des techniques de la scène. Aussi se présente-t-elle comme une réaction contre le théâtre bourgeois du XXe siècle.
Son ambition était : "Elever sur des fondations absolument intactes un théâtre nouveau".
Copeau est venu au théâtre, selon sa propre formule, par «une impulsion de moralité littéraire», sans aucune formation ni expériences pratiques. Mais il connaît les travaux de ses grands prédécesseurs: il sait leur emprunter tel ou tel élément pour constituer sa doctrine propre.

Pour Copeau, le théâtre de son temps n’est que mercantilisme et bassesse (dans les œuvres comme dans les mœurs). Il faut donc réformer à la fois tous ceux qui le font: acteurs, auteurs(d’où la nécessité d’une école) et les spectateurs.
Il impose à sa troupe rigueur et discipline, travail collectif et communion autour du chef.
Il met en pratique des méthodes souvent reprises après lui (vie communautaire strictement réglée, entrainement corporel, jeu de masques, échange de rôle, explications de texte) pour créer une troupe homogène et enthousiaste. Sur le plan de la mise en scène Copeau accorde au texte dramatique la première place.

En 1913 il fonde le théâtre de Vieux-Colombier est y fait jouer ses pièces.
Dans le répertoire du Théâtre du Vieux-Colombier les œuvres classiques tiennent une place prépondérante (cinquante huit classiques, dont sept Molière et deux Shakespeare). Selon lui,c’est en présentant ces modèles de beauté et de vérité que l’on pourra régénérer le goût perverti du public et stimuler l’inspiration des meilleurs écrivains.
Copeau prétend constituer un public fidèle et homogène.
A partir de 1924, Copeau à évolué vers une conception d’un théâtre ouvert à un public plus largeet, par conséquent, vers la recherche d’un répertoire approprié à un «théâtre populaire» : d’où ses recherches sur la «comédie nouvelle» qui tente de créer des types
modernes à partir de personnage et de techniques issus de la commedia dell’arte, d’où aussi sa prédilection pour les théâtres grec et médiéval, prototype pour lui d’un art populaire.


EN RÉSUMÉ

La fonction du théâtre est, comme le dit Beaumarchais, de « corriger les hommes en les faisant voir tels qu´ils sont ». Le dramaturge peut, en outre, exagérer les caractères des personnages ainsi que les situations dans lesquelles ils évoluent. Il doit, dans un premier temps, choisir le registre dans lequel sa pièce sera écrite, selon l'effet qu'il veut avoir sur le spectateur. Ceux auxquels les dramaturges ont le plus souvent recours sont la tragédie et la comédie. Cette dernière est beaucoup plus utilisée puisque l'humour permet de faire passer plus facilement la critique.
Pour l'auteur, le théâtre se présente comme un support idéal pour défendre ses idées; ce lieu est en autre accessible presque à tous et permet la propagation de ces idées. La pièce de théâtre se diversifie en tragédie, comédie, drame bourgeois et romantique, mais dans tous les cas, le dialogue reste le protagoniste de la scène.
Quelques fois les idées présentée par les dramaturges sont partagée par nombreux d'hommes dans la société, mais le problème est que pas tout le monde a le courage de s'exprimer librement contre une société injuste.

CAUZZO CAROLA  - RANDAZZO FEDERICA