Athées ou croyants,
Notre-Dame est notre cathédrale commune. Le vaisseau, la nef qui nous porte
tous sur le flot du temps. Et je crois que nous l’aimons de la même façon. Il y
a ceux pour qui la main de Dieu est à l’œuvre dans l’édification de ce
bâtiment. Mais ils savent que si elle y parait si puissante, c’est sans doute
parce que les êtres humains se sont surpassés en mettant au monde Notre-Dame.
Et d’autres, ceux qui connaissent le vide de l’Univers privé de sens et
l’absurde de la condition humaine, y voient par-dessus tout cette apothéose de
l’esprit et du travail de milliers de femmes et d’hommes durant deux siècles et
depuis plus de huit cent ans. Ils ressentent ce que la cathédrale a signifié
depuis sa première heure, quand elle n’était encore qu’un plan, et à l’instant
où fut planté le clou d’or d’où seront tirées toutes les lignes et commencés
tous les calculs.
C’est le monde qui vient
se faire peindre chez moi »
En 1854 ou 1855, Gustave
Courbet peignit un grand tableau de 6 mètres sur 3 mètres, L’Atelier du
peintre. Refusé à l’Exposition universelle, l’œuvre est apparue au grand
jour dans une exposition personnelle de l’artiste. La majorité du public en fit
une lecture relativement simple.
Au milieu de la toile, apparaissant dans une pose orgueilleuse, l’artiste se
reculait du chevalet pour juger de son esquisse ; à quelque distance posait un
modèle (était-ce une figure destinée à animer le paysage ; à côté de Courbet se
tenait un petit paysan, admiratif ; une femme du monde, donnant le bras à son
mari, visitait l’atelier ; des poètes, des musiciens, des amoureux devisaient ;
à gauche du peintre se coudoyaient, aux yeux toujours d’un public profane mais
déjà habitué aux typologies sociales (les Physiologie, Les
Français peints par eux-mêmes connaissaient un grand succès), un
mendiant, un juif, une femme du peuple, un croque-mort, un Hercule de foire, un
braconnier… Tel était cet étonnant tableau, dont Courbet avait dit lui-même
dans une lettre adressée à Champfleury : « Vous comprendrez comme vous pourrez.
Les gens qui veulent juger auront de l’ouvrage, ils s’en tireront comme ils
pourront. Pourquoi cette difficulté ? Elle tient essentiellement à deux choses
: d’une part, le tableau prend une tout autre dimension dès lors que l’on y
perçoit non point tant des types que des portraits ; d’autre part, L’Atelier a
un sous-titre singulier – Allégorie réelle déterminant une phase de sept années
de ma vie artistique –, mêlant deux termes en apparence antinomiques :
Allégorie / Réalité. »
La première moitié du XVe
siècle marque une évolution profonde de l’art de peindre vers une
représentation beaucoup plus réaliste. La maîtrise croissante des règles de la
perspective linéaire et les possibilités techniques ouvertes par la peinture à
l’huile conduisent peu à peu les peintres à abandonner l’idéalisation naïve du
gothique. Cette évolution commence en Flandre avec les artistes qualifiés de
primitifs flamands par les historiens de l’art.
La Renaissance marque un tournant dans l’histoire de l’Europe en
multipliant les échanges entre pays européens comme l’Italie, la France,
l’Angleterre, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Espagne et le Portugal. On entre
dans l’époque moderne et l’on peut clairement identifier des éléments de
rupture avec le Moyen Âge. C’est donc une période charnière pour notre
Histoire. L’humanisme est le mouvement littéraire et culturel qui se développe
pendant cette période. Des écrivains se retrouvent autour d’intérêts communs et
marquent par leurs œuvres un tournant fondamental dans l’évolution de la langue
et de la littérature française et européenne.
En juin 1816, La Méduse amirale, frégate de
quarante-quatre canons, quitte l’île d’Aix sous les ordres du comte de
Chaumareix, un émigré qui ne navigue plus depuis des années. À son bord, le
gouverneur Schmaltz, envoyé par Louis XVIII pour reprendre le Sénégal, restitué
à la France par l’Angleterre après le traité de Vienne de 1815.
Mal dirigée, elle s’échoue le 2 juillet sur le banc
d’Arguin, au nord du cap Blanc, dans l’océan Atlantique. Le commandant
abandonne à leur sort cent cinquante des quatre cents hommes de l’équipage.
Sans rames, munis de biscuit trempé et de vin pour seuls vivres, ils prennent
place sur un radeau de fortune (20 m × 7 m), halé par les canots de sauvetage,
sous la responsabilité de l’aspirant Coudin. Les amarres se rompent. Les naufragés
meurent noyés ou, ivres et pris de désespoir et de folie, s’entre-tuent,
mangent les cadavres, se massacrent entre eux. L’horreur s’accroît chaque jour.
Quand le brick l’Argus vient les secourir, seuls dix hommes pourront être
réanimés.
Le comte de Chaumareix comparaît devant le Conseil de
guerre à Paris. L’opinion libérale ne pardonne pas au gouvernement complaisant
du roi de l’avoir réemployé. Deux survivants, le chirurgien Savigny et
l’ingénieur Corréard, publient une relation qui défraye la chronique. La France
est horrifiée. En 1817, alors que la volonté de silence allait faire son œuvre,
Géricault rencontre les rescapés, accusés par la presse royaliste
d’anthropophagie. Il décide de défendre leur cause.
Un radeau sur une mer agitée. Des corps dénudés,
maltraités, torturés.
Un
mouvement qui rassemble la majeure partie des naufragés : tous s’entassent, se
pressent les uns contre les autres, laissant surgir au sommet un unique homme
noir, de dos, agitant un tissu rouge et blanc. Les visages, les regards, les
gestes, sont tendus vers l’horizon, vers ce minuscule point que l’on distingue
à peine, mais qui pourtant symbolise l’espoir.
Au-delà de ce mouvement, d’autres corps gisent, en marge. Des corps
abandonnés, pris dans le sommeil de la mort. Les vivants s’appuient sur eux
pour bâtir leur mouvement d’espoir ; ils sont ce qui leur est indispensable
pour continuer à vivre. Parmi les morts, un homme âgé, au regard hagard, perdu
dans des pensées morbides, dans ses souvenirs communs avec le jeune homme qu’il
tient dans ses bras. Le cadavre de ce jeune homme à l’identité floue, qui
pourrait tout aussi bien être son fils que son amant, ne doit pas disparaître
dans les flots ; le vieil homme ne veux pas laisser s’enfuir la dernière preuve
tangible de son existence. Les autres corps, étendus autour du duo, sont
laissés à l’abandon, la tête plongée dans l’eau pour l’un, les traits marqués
par la terreur et la douleur pour l’autre : plus personne ne fait attention à
eux.
L’espoir des personnages est celui de ceux qui ont peur de mourir: leur
vie ne tient plus qu’à un fils. Les planches sur lesquelles ils se tiennent se
détachent au grès des courants marins, créant des pièges fourbes dans lesquels
il est facile d’y perdre une jambe ou d’y sombrer entièrement. Et sur cet amas
de bois et de cordes, la voile sur laquelle ils semblaient compter est gonflée
par les vents, mais rien n’y fait, elle est trop petite et inutile sans
gouvernail.
CURIOSITÉ:Lorsqu’en
1940 les Allemands occupèrent la France, l’atelier de Picasso à Paris fut
perquisitionné. En trouvant quelques reproductions de Guernica, un officier
demanda au peintre : « C’est vous qui l’avez fait? » et Picasso du tac au tac :« Non, c’est vous ! ».
Souvent moteur, théoricien
et intellectuel dans l’éclosion du fauvisme, du cubisme et d’un retour précoce
au réalisme, l’œuvre d’avant-guerre d’André Derain fascine par sa très grande
inventivité, sa richesse, sa radicalité et son audace.
Nouveau
venu, qui cherches Rome en Rome
Et rien de Rome en Rome n’aperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois,
Et ces vieux murs, c’est ce que Rome on nomme.
Vois quel orgueil, quelle ruine et comme
Celle qui mit le monde sous ses lois,
Pour dompter tout, se dompta quelquefois,
Et devint proie au temps, qui tout consomme.
Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tibre seul, qui vers la mer s’enfuit,
Reste de Rome. Ô mondaine inconstance !
Ce qui est ferme est par le temps détruit,
Et ce qui fuit au temps fait résistance.
Ce groupe de marbre blanc de 1m de base et de 2 m de haut, d'un seul bloc, fut découvert en 1506 à Rome sur la colline de l'Esquilin dans la Domus Aurea de Neron.
L'oeuvre fut tout de suite identifiée comme étant celle dont parlait avec admiration Pline l'Ancien dans son" Histoire Naturelle" et qui se trouvait dans le palais de l'Empereur Titus.
Van Gogh aurait sans
doute adoré ce film peint entièrement à la main et qui est consacré au grand
maître néerlandais. La Passion Van Gogh est un tour de force réalisé par deux
metteurs en scène britannique et polonais.
Tout est parti d'une idée
folle de deux réalisateurs britannique et polonais. Amoureux de Van Gogh, ils
ont bâti un projet titanesque qui est sorti en salles mercredi 11 octobre : le
premier long métrage animé de l'histoire du cinéma réalisé uniquement avec
des toiles peintes à la main.120 tableauxde Vincent Van Gogh existants
apparaissent dans le film, mais d'autres peintres ont participé, jouant les
faussaires, inventant de nouveaux tableaux à animer. Pour davantage de
réalisme, il a fallu trouver des acteurs physiquement proches des modèles. Ils
interprètent les scènes du film et les images sont ensuite transmises aux
peintres qui s'inspirent des écrans.
62 450 plans du film
peints
À partir des séquences
filmées, les 90 peintres recrutés pour le film ont peint à l'huile chaque plan
sur de grandes toiles dans le style de Van Gogh. Pendant huit ans, ces artistes
du monde entier ont peint toile par toile les 62 450 plans du long métrage
animé. Outre la prouesse technique, le scénario nous fait vivre une enquête
autour de la mort mystérieuse du célèbre peintre. L'histoire est basée sur 800
lettres manuscrites de Van Gogh, racontées par la voix de Pierre Niney.La
Passion Van Gogh est une immersion sensorielle inégalée dans l'univers
de l'un des plus grands peintres de l'art moderne.
La course à
l'abîme est une biographie imaginaire
de Michelangelo Merisi. DominiqueFernadez
raconte la révolte personnelle et artistique de Caravaggio; tout
en suivant les grandes lignes de sa vie il nous offre un conte
magnifique sur son époque et surtout sur son Art. Roman
d' une grande éruditionet dont le regard caustique ne
se porte pas seulement sur l’époque qu’il décrit mais, au-delà, sur toutes les
époques, sur l’homme tel qu’il est.
Il imagine un
Caravage selon son cœur, scandaleux et révolté : époustouflant!
À lire absolument en préparation de notre visite à Milan ( II et III D ESABAC) pour la pièce "Moi Caravage" au théàtre Parenti le 23 novembre 2017
« C’est … une
époque que recrée Dominique Fernandezsur
les pas du Caravage. L’époque de la Contre-Réforme, durant laquelle
l’Eglise cherche à reconquérir les fidèles et a recours à l’art parmi d’autres
armes. La Rome des papes Clément VIII et
Paul V, dans laquelle vit et travaille le Caravage, a pour objectif de séduire les fidèles et de s’opposer à l’expansion du
protestantisme. La peinture et la sculpture sont au service de cette entreprise
de séduction… On voit fréquemment le Caravage citer les Textes pour y
trouver la caution indispensable à l’approbation de ses toiles – et, parfois,
les trahir délibérément dans une volonté explicite de provoquer l’Eglise. Cette
provocation est au cœur de la personnalité du Caravage. L’Histoire nous a
laissés avec un peintre doué et turbulent ... À cette révolte
personnelle, Fernandez ajoute la révolte artistique, plus
académique, elle, car désormais circonscrite par les historiens de l’art. Le
roman est aussi exégèse de l’œuvre du Caravage.Chaque tableau s’y
trouve « mis en contexte » dans la vie imaginée par l’écrivain, mais
également analysé à la lumière de ce que le Caravage a apporté à la peinture.Peintre
des ombres et de la lumière, dit-on, le Caravage a aussi voulu faire entrer la
réalité dans la peinture, rompre par conséquent avec l’académisme issu du
passé, et particulièrement avec l’imitation des Anciens … Le Caravage de
Fernandez se dit incapable de peindre autrement que d’après modèles, et il
trouve ceux-ci, le plus souvent, dans le peuple que l’Eglise feint de ne pas
voir. Ce sont des prostituées qui posent pour les saintes, ce sont les
garçons avec lesquels il couche qui figurent les saints et les amours, autant
de scandales en puissance dont s’amuse le peintre … La course à
l’abîme inscrit l’œuvre du Caravage dans l’Histoire de la peinture,
mentionnant Michel-Ange, Raphaël, le Titien et bien d’autres, dont bien sûr les
contemporains de Caravaggio, les Cavalier d’Arpin, les Carracci, les
Gentileschi. Déjà s’y dessine l’héritage caravagesque que l’on ne
nommera que bien plus tard, à travers les imitateurs qui se défendent de
« faire du Caravage » mais reprennent à leur profit les
« techniques » développées par ce dernier. Le roman de Dominique
Fernandez, donc, est tout à la fois un plaisir (forcément sulfureux) de boylover et
un commentaire de l’œuvre du Caravage. En mêlant ces deux aspects avec une
érudition étourdissante, l’écrivain exprime sa passion d’un personnage, d’une
œuvre, d’un pays (Rome n’est pas seule décrite, Naples, Florence, Malte le sont
aussi) et d’une époque, qu’il met en scène avec une ironie savante et
grinçante. Car si la vie du Caravage paraît scandaleuse, elle sert ici à
dénoncer les turpitudes des gens en place, leur fausse respectabilité, tant sur
le plan moral que sur le plan intellectuel : Fernandez s’amuse aussi à
stigmatiser les commentaires savants, les exégèses érudites, discréditées et
raillées par les motivations sensuelles de son Caravage. »
"Cette culture étalée dans
790 pages aurait pu devenir indigeste
si elle avait été moins bien maîtrisée par l'auteur mais justement, elle l'est
à la perfection. Connaissances
ethnologiques, picturales, théologiques, tout sonne juste dans ce roman. Pour
parler peinture et techniques picturales, Fernandez se fait peintre. Pour débattre, par l'intermédiaire
des cardinaux et des prélats pontificaux, de la religion et de la meilleure
manière de la représenter, au moyen de quels symboles et de quelles manières
admises et donc indiscutables, il se fait théologien de talent.
Mais en prêtant sa plume au peintre et
en rédigeant son récit à la première personne, il est sûr que c'est au Caravage
avant tout que Dominique Fernandez s'est identifié. Personnage ambivalent
et complexe, Le Caravage devient, sous la plume de celui qui lui rend
un si bel hommage, un personnage intemporel qui s'adresserait à nous, hommes du
XXIème siècle et nous ferait une longue confession, pour s'expliquer enfin après tant d'années d'incompréhension."
Le Sacrifice d'IsaacCollection
Piasecka-Johnson, Princeton
" À travers son commentaire des tableaux caravagesques, Fernandez s’amuse à inventer
une vie qui n’a pour point d’ancrage que l’oeuvre accomplie. Et comme pour
rendre un dernier hommage à celui qui innova en prenant pour modèle l’homme en lui-même
et non plus sa représentation statique et antique, l’auteur fait revivre les
toiles du peintre en les inscrivant à l’intérieur d’une histoire autre que
celle, figée, de l’art. L’oeuvre du Caravage devient, sous la plume de
l’auteur, l’expression de la vie de Merisi. Son histoire personnelle, jalonnée
d’aventures et de mésaventures, de luttes et d’obsessions, explique l’érotisme
de ses toiles."
"En écrivant La Course à
l’abîme, roman qui tente de ressusciter par l’écriture la figure du peintre
Caravage, je ne pensais pas voir jamais ressurgir celui-ci, sous mes yeux, en
chair et en os, cheveux noirs et mine torturée, tel que je me l’étais imaginé, brûlé
de désir, violent, insoumis, possédé par l’ivresse du sacrifice et de la mort.
Eh bien, c’est fait : Cesare Capitani réussit le tour de force, d’incarner sur
scène cet homme dévoré de passions. Il est Caravage, Moi, Caravage, c’est lui.
Il prend à bras le corps le destin du peintre pour le conduire, dans la fièvre
et l’impatience, jusqu’au désastre final."