Je vous invite à relire
ce chef-d'oeuvre de la littérature mondiale, ce
livre qui est sans conteste l'un des témoignages les plus bouleversants sur
l'expérience indicible des camps d'extermination, en italien bien sûr ou dans cette nouvelle édition avec une préface de Philippe Claudel
"Sur sa tombe son
nom et ses dates de naissance et de mort, Primo Levi a tenu à ce que soit gravé
son numéro de déporté : 174517. On raconte que lorsqu'il était en mission en
Allemagne après-guerrre pour son travail de chimiste, il portait le plus
souvent des chemises à manches courtes qui laissant voir à ses interlocuteurs
le numéro tatoué. Comme une double identité qui recouvre une vie fendue en deux
à la hache, le nom et le numéro témoignent qu'il a été un homme, avant et après que d'autres ont voulu qu'il
ne le soit plus.
Aujourd'hui son livre est là.
Toujours.
Comme un caillou perpétuel et nécessaire
glissé dans le soulier de l'humanité"
traduction
de Martine Schruoffeneger
et des Annexes très intéressants
Préface
à Commandant à Auschwitz
Interview
de Primo Levi par Philip Roth
Le
trou noir d’Auschwitz
« Si la géographie des
bourreaux a permis l’extermination de millions d’êtres humains, il ne reste
d’elle que ruines et musées. À l’opposé, la géographie du texte de Si c’est un
homme ne cesse de vivre et de vivre encore, à mesure que des mains de lecteurs
se saisissent du livre, et le lisent, s’en saisiront dans le futur et le
liront, géographie donc ô combien vivante, innervée, nourrie, palpitante,
humaine.
Humaine parce que jamais
le texte ne parle d’autre chose, même en creux, que d’humanité. C’est
l’humanité qui s’enfuit. C’est l’humanité que l’on malmène. C’est l’humanité
que l’on broie comme un grain dans un mortier. C’est l’humanité que l’on nie.
C’est l’humanité que l’on tente d’effacer, mais c’est l’humanité qui demeure.
Elle demeure dans la voix de Primo Levi qui ne cède que rarement à la colère et
qui fait le choix d’une description posée des faits, des actes, des lieux, des
états et des sentiments.
Exempt de hargne, vide de
rage et d’esprit de vengeance, le récit accueille les ombres, les silhouettes,
les visages, les souffrances de ceux dont “la vie est courte mais le nombre
infini”. »
Philippe Claudel