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mardi 29 mai 2018

Essai Bref : AMOURS





LES DOLOMITES  - Pralongià 



LICEO CLASSICO “E. CAIROLI” VARESE
SEZIONE ESABAC
BAC BLANC
Prova di  LINGUA E LETTERATURA FRANCESE

b) Saggio breve

Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto (circa 600 parole).

AMOURS

La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,                            5
Son vent mélancolique à l’entour de leurs marbres,
Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
À dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,                                         10
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s’égoutter les neiges de l’hiver
Et le siècle couler, sans qu’amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.

Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,                                                15
Calme, dans le fauteuil je la voyais s’asseoir,
Si, par une nuit bleue et froide de décembre,
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,
Grave, et venant du fond de son lit éternel
Couver l’enfant grandi de son œil maternel,                                             20
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse ?

Charles Baudelaire Les Fleurs du mal





Yseut se rend près du corps, elle se tourne vers l’orient et, saisie de pitié, prie pour Tristan : « Ami,  en vous voyant mort, je ne peux ni ne dois souhaiter vivre. Vous êtes mort par amour pour moi et je meurs de tendresse pour vous, mon ami, parce que je n’ai pu arriver à temps pour vous guérir et vous soulager de votre mal. Rien ne pourra jamais plus me consoler ni me réjouir, aucun plaisir, aucune réjouissance.  Maudit soit cet orage qui m’immobilisa sur la mer et  qui m’empêcha d’arriver ! Si j’étais venue à temps, ami, je vous aurais rendu la vie et je vous aurais parlé tendrement de notre amour. J’aurais plaint mon aventure, notre joie, nos plaisirs, la peine te la grande douleur que nous valut notre amour. Je vous aurais rappelé tout cela en vous baisant et en vous embrassant. Puisque je n’ai pu vous guérir, puissions-nous au moins mourir ensemble ! Puisque je n’ai pu arriver à temps ni déjouer le sort, puisque je suis arrivée après votre mort, je me consolerai en buvant le même breuvage que vous. Vous avez perdu la vie à cause de moi. Je me comporterai donc en véritable amie : je veux mourir pour vous de la même manière ».
   Elle le serre dans ses bras et s’étend à côté de lui. Elle lui baise la bouche, le visage et le tient étroitement enlacé. Elle s’étend, corps contre corps, bouche contre bouche, et rend l’âme. Elle meurt ainsi à  côté de lui pour la douleur causée par sa mort. Tristan mourut par amour pour Yseut qui ne put arriver à temps. Tristan mourut par amour pour elle et la belle Yseut par tendresse pour lui.
   Thomas achève ici son histoire. Il adresse son salut à tous les amants, aux pensifs et aux amoureux, à ceux qui ressentent l’envie et le désir d’aimer, aux voluptueux et même aux pervers, à tous ceux qui entendront ces vers.
   Tout le monde n’a peut-être pas eu son compte, mais j’ai fait du mieux que j’ai pu et j’ai dit toute la vérité comme je l’avais promis au début. J’ai rassemblé des contes et des vers. J’ai agi ainsi pour offrir un modèle et pour embellir l’histoire afin qu’elle puisse plaire aux amants et afin qu’ils puissent, en certains endroits, se souvenir d’eux-même. Puissent-ils y trouver une consolation envers l’inconstance, envers le tort, envers la peine, envers la douleur, envers tous les pièges de l’amour !
                                                            
Thomas, Tristan et Yseut, vers 1175
 (traduction de D. Lacroix et Ph. Walter. Éd. Le Livre de Poche)



M. de Charlus rencontre Jupien ….

PREMIÈRE APPARITION DES HOMMES-FEMMES, DESCENDANTS DE CEUX DES HABITANTS DE SODOME QUI FURENT ÉPARGNÉS PAR LE FEU DU CIEL.
«La femme aura Gomorrhe et l'homme aura Sodome.»

Face à face, dans cette cour où ils ne s'étaient certainement jamais rencontrés (M. de Charlus ne venant à l'hôtel Guermantes que dans l'après-midi, aux heures où Jupien était à son bureau), le baron, ayant soudain largement ouvert ses yeux mi-clos, regardait avec une attention extraordinaire l'ancien giletier sur le seuil de sa boutique, cependant que celui-ci, cloué subitement sur place devant M. de Charlus, enraciné comme une plante, contemplait d'un air émerveillé l'embonpoint du baron vieillissant. Mais, chose plus étonnante encore, l'attitude de M. de Charlus ayant changé, celle de Jupien se mit aussitôt, comme selon les lois d'un art secret, en harmonie avec elle…Cette scène n'était, du reste, pas positivement comique, elle était empreinte d'une étrangeté, ou si l'on veut d'un naturel, dont la beauté allait croissant… Toutes les deux minutes, la même question semblait intensément posée à Jupien dans l'oeillade de M. de Charlus, comme ces phrases interrogatives de Beethoven, répétées indéfiniment, à intervalles égaux, et destinées—avec un luxe exagéré de préparations—à amener un nouveau motif, un changement de ton, une «rentrée». Mais justement la beauté des regards de M. de Charlus et de Jupien venait, au contraire, de ce que, provisoirement du moins, ces regards ne semblaient pas avoir pour but de conduire à quelque chose. Cette beauté, c'était la première fois que je voyais le baron et Jupien la manifester. Dans les yeux de l'un et de l'autre, c'était le ciel, non pas de Zurich, mais de quelque cité orientale dont je n'avais pas encore deviné le nom, qui venait de se lever. Quel que fût le point qui pût retenir M. de Charlus et le giletier, leur accord semblait conclu et ces inutiles regards n'être que des préludes rituels, pareils aux fêtes qu'on donne avant un mariage décidé. Plus près de la nature encore—et la multiplicité de ces comparaisons est elle-même d'autant plus naturelle qu'un même homme, si on l'examine pendant quelques minutes, semble successivement un homme, un homme-oiseau ou un homme-insecte, etc.—on eût dit deux oiseaux, le mâle et la femelle, le mâle cherchant à s'avancer, la femelle—Jupien—ne répondant plus par aucun signe à ce manège, mais regardant son nouvel ami sans étonnement, avec une fixité inattentive, jugée sans doute plus troublante et seule utile, du moment que le mâle avait fait les premiers pas, et se contentant de lisser ses plumes. Enfin l'indifférence de Jupien ne parut plus lui suffire; de cette certitude d'avoir conquis à se faire poursuivre et désirer, il n'y avait qu'un pas et Jupien, se décidant à partir pour son travail, sortit par la porte cochère. Ce ne fut pourtant qu'après avoir retourné deux ou trois fois la tête, qu'il s'échappa dans la rue où le baron, tremblant de perdre sa piste (sifflotant d'un air fanfaron, non sans crier un «au revoir» au concierge qui, à demi saoul et traitant des invités dans son arrière-cuisine, ne l'entendit même pas), s'élança vivement pour le rattraper. Au même instant où M. de Charlus avait passé la porte en sifflant comme un gros bourdon, un autre, un vrai celui-là, entrait dans la cour. Qui sait si ce n'était pas celui attendu depuis si longtemps par l'orchidée, et qui venait lui apporter le pollen si rare sans lequel elle resterait vierge?

Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe 




Il gelsomino notturno

E s’aprono i fiori notturni,
nell’ora che penso a’ miei cari.
Sono apparsi in mezzo ai viburni
Le farfalle crepuscolari.

Da un pezzo si tacquero i gridi:
là sola una casa bisbiglia.
Sotto l’ali dormono i nidi,
come gli occhi sotto le ciglia.

Dai calici aperti si esala
L’odore di fragole rosse.
Splende un lume là nella sala.
Nasce l’erba sopra le fosse.

Un’ape tardiva sussurra
Trovando già prese le celle.
La Chioccetta per l’aia azzurra
Va col suo pigolìo di stelle.

Per tutta la notte s’esala
L’odore che passa col vento.
Passa il lume su per la scala;
brilla al primo piano: s’è spento…

E’ l’alba: si chiudono i petali
Un poco gualciti; si cova,
dentro l’urna molle e segreta,
non so che felicità nuova.


Giovanni Pascoli




AMOUR de Michael Anneke

Georges et Anne sont octogénaires, ce sont des gens cultivés, professeurs de musique à la retraite. Leur fille, également musicienne, vit à l’étranger avec sa famille. Un jour, Anne est victime d’une petite attaque cérébrale. Lorsqu’elle sort de l’hôpital et revient chez elle, elle est paralysée d’un côté. L’amour qui unit ce vieux couple va être mis à rude épreuve.






lundi 2 avril 2018

Ines Serpe : Essai bref " Solitude: l'enfer tout entier est dans ce mot?"






Solitude: l'enfer tout entier est dans ce mot?

“I'm so lonely, but that's okay” chante Kurt Cobain dans la deuxième strophe de “Lithium”. La solitude, donc, n'est pas une condition infernale pour lui, au contraire il la supporte sans difficultés. Mais est-ce que la solitude est vraiment “okay”? Et surtout, est-elle “okay” pour tous?

Selon l'homme inconnu, enterré au Père Lachaise, la solitude est absolument positive. On pourrait aussi la considérer comme une exigence de cet homme, qui peut l'apercevoir seulement après la mort. C'est sa tombe qui le temoigne, avec l'épitaphe “Enfin seul!”.
Ces deux mots sont les mêmes utilisés par Baudelaire comme ouverture pour “À une heure du matin”. L'écrivain parisien, à différence de l'inconnu du Père Lachaise, arrive à trouver la solitude avant la mort: la nuit lui offre “quelques heures” de silence et de repos, dans lesquelles il peut “produire quelques beaux vers”.
La solitude est douce aussi pour Georges Moustaki. Toutefois, elle est pour ce chanteur “fidèle comme une ombre” qui l'accompagne partout, fidèle comme une amante. Elle sera donc sa “dernière compagne”.
Au contraire, le seul être qui manque à Lamartine et qui rend tout “dépeuplé” est exactement sa compagne, Elvire. La solitude lui est insupportable parce qu'elle revouvelle sans cesse la douleur de ce manque, mais elle est en même temps inévitable, parce qu'Elvire ne reviendra jamais.
Quasimodo, comme Lamartine, trouve cette condition atroce, mais sa solitude dépend seulement du fait qu'il est un homme: “ognuno sta solo sul cuor della terra”. Cette souffrance existentielle est exprimée avec le mot “trafitto”, qui communique toute la douleur des hommes, qui sont, malgré tout, seuls.

Pour conclure, la solitude, que quelques uns recherchent, dont d'autres fuient, peut être considérée positive ou négative selon les idées et les expériences personnelles de chacun. Elle peut être un supplice, comme pour Lamartine, ou une condition paradisiaque, comme pour Baudelaire, mais elle est inséparable de la vie de tout homme. Peut-être faudrait-it accepter cette condition pour vivre plus heureusement, ou avec moins de souffrances. “I'm so lonely, but that's okay”: la solitude est une condition humaine.

Ines Serpe



 LICEO CLASSICO “E. CAIROLI” VARESE
SEZIONE ESABAC
BAC BLANC
Prova di  LINGUA E LETTERATURA FRANCESE
  
Saggio breve

Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto.
(circa 600 parole).

« Solitude :  L’enfer  tout entier est   dans ce mot ? »

Documento 1
À UNE HEURE DU MATIN


Enfin ! seul ! On n'entend plus que le roulement de quelques fiacres attardés et éreintés. Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos. Enfin! la tyrannie de la face humaine a disparu, et je ne souffrirai plus que par moi-même. Enfin ! il m'est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres! D'abord, un double tour à la serrure. Il me semble que ce tour de clef augmentera ma solitude et fortifiera les barricades qui me séparent actuellement du monde. Horrible vie ! Horrible ville ! Récapitulons la journée : avoir vu plusieurs hommes de lettres, dont l'un m'a demandé si l'on pouvait aller en Russie par voie de terre (il prenait sans doute la Russie pour une île) ; avoir disputé généreusement contre le directeur d'une revue, qui à chaque objection répondait : «C'est ici le parti des honnêtes gens», ce qui implique que tous les autres joumaux sont rédigés par des coquins ; avoir salué une vingtaine de personnes, dont quinze me sont inconnues ; avoir distribué des poignées de main dans la même proportion, et cela sans avoir pris la précaution d'acheter des gants ; être monté pour tuer le temps, pendant une averse, chez une sauteuse qui m'a prié de lui dessiner un costume de Vénustre ; avoir fait ma cour à un directeur de théâtre, qui m'a dit en me congédiant : « - Vous feriez peut-être bien de vous adresser à Z... ; c'est le plus lourd, le plus sot et le plus célèbre de tous mes auteurs, avec lui vous pourriez peut-être aboutir à quelque chose. Voyez-le, et puis nous verrons » ; m'être vanté (pourquoi ?) de plusieurs vilaines actions que je n'à jamais commises, et avoir lâchement nié quelques autres méfaits que j'ai accomplis avec joie, délit de fanfaronnade, crime de respect humain ; avoir refusé à un ami un service facile, et donné une recommandation écrite à un parfait drôle ; ouf ! est-ce bien fini ?

Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m'enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. Ames de ceux que j'ai aimés, âmes de ceux que j'ai chantés, fortifiez-moi, soutenez-moi, éloignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde, et vous, Seigneur mon Dieu ! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise !


Charles Baudelaire  Le Spleen de Paris (1869)

Documento 2

L’isolement


Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.


Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.

Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs,
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.


Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports,
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.


De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend. »


Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.


Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.


Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ;
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire,
Je ne demande rien à l’immense univers.


Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !


Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ;
Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !


Que ne puis-je, porté sur le char de l’Aurore,
Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi !
Sur la terre d’exil pourquoi restè-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.


Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !


Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques (1820)


Documento 3
Georges Moustaki — Ma Solitude

Pour avoir si souvent dormi avec ma solitude,
Je m'en suis fait presque une amie, une douce habitude
Elle ne me quitte pas d'un pas, fidèle comme une ombre
Elle m'a suivi ca et la , aux quatre coins du monde

Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude

Quand elle est au creux de mon lit, elle prend toute la place,
Et nous passons de longues nuits, tous les deux face a face
Je ne sais vraiment pas jusqu' oui ra cette complice,
Faudra-t-il que j' y prenne gout ou que je réagisse?


Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude

Par elle, j'ai autant appris que j'ai verse de larmes
Si parfois je la répudie, jamais elle ne désarme
Et, si je préfère l'amour d'une autre courtisane,
Elle sera a mon dernier jour, ma dernière compagne



Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude
Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude



Documento 4

Ed è subito sera

Ognuno sta solo sul cuor della terra
Trafitto da un raggio di sole:
ed è subito sera

Salvatore Quasimodo Acque e Terra (1930)




  

cz




vendredi 26 mai 2017

ESSAI BREF: Vies et poésies : un concert d’enfers



La tombe de Jim Morrison, au cimetière du Père-Lachaise à Paris le 8 décembre 2003


LICEO CLASSICO “E. CAIROLI” VARESE

SEZIONE ESABAC

BAC BLANC

Prova di  LINGUA E LETTERATURA FRANCESE

 saggio breve

Vies et poésies : un concert d’enfers


Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto (circa 600 parole).

Je ne sais pourquoi…

Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D’une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m’est cher,
D’une aile d’effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?
Mouette à l’essor mélancolique,
Elle suit la vague, ma pensée,
À tous les vents du ciel balancée,
Et biaisant quand la marée oblique,
Mouette à l’essor mélancolique.
Ivre de soleil
Et de liberté,
Un instinct la guide à travers cette immensité.
La brise d’été
Sur le flot vermeil
Doucement la porte en un tiède demi-sommeil.
Parfois si tristement elle crie
Qu’elle alarme au lointain le pilote,
Puis au gré du vent se livre et flotte
Et plonge, et l’aile toute meurtrie
Revole, et puis si tristement crie !
Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D’une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m’est cher,
D’une aile d’effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?

Paul Verlaine, Sagesse (1881)


Le goût du néant

Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur,
Ne veut plus t'enfourcher ! Couche-toi sans pudeur,
Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte.

Résigne-toi, mon cœur ; dors ton sommeil de brute.

Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur,
L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute ;
Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte !
Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur !

Le Printemps adorable a perdu son odeur !

Et le Temps m'engloutit minute par minute,
Comme la neige immense un corps pris de roideur ;
Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur
Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.

Avalanche, veux-tu m'emporter dans ta chute ?

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal (1861)


Nuit de l’enfer

J’ai avalé une fameuse gorgée de poison. – Trois fois béni soit le conseil qui m’est arrivé ! – Les entrailles me brûlent. La violence du venin tord mes membres, me rend difforme, me terrasse. Je meurs de soif, j’étouffe, je ne puis crier. C’est l’enfer, l’éternelle peine ! Voyez comme le feu se relève ! Je brûle comme il faut. Va, démon ! (…)
Et c’est encore la vie ! – Si la damnation est éternelle ! Un homme qui veut se mutiler est bien damné, n’est-ce pas ? Je me crois en enfer, donc j’y suis. C’est l’exécution du catéchisme. Je suis esclave de mon baptême. Parents, vous avez fait mon malheur et vous avez fait le vôtre. Pauvre innocent ! – L’enfer ne peut attaquer les païens. – C’est la vie encore ! Plus tard, les délices de la damnation seront plus profondes. Un crime, vite, que je tombe au néant, de par la loi humaine. (…)

Arthur Rimbaud Une saison en enfer (1873)



Verrà la morte e avrà i tuoi occhi
questa morte che ci accompagna
dal mattino alla sera, insonne,
sorda, come un vecchio rimorso
o un vizio assurdo. I tuoi occhi
saranno una vana parola
un grido taciuto, un silenzio.
Così li vedi ogni mattina
quando su te sola ti pieghi
nello specchio. O cara speranza,
quel giorno sapremo anche noi
che sei la vita e sei il nulla.

Per tutti la morte ha uno sguardo.
Verrà la morte e avrà i tuoi occhi.
Sarà come smettere un vizio,
come vedere nello specchio
riemergere un viso morto,
come ascoltare un labbro chiuso.
Scenderemo nel gorgo muti.

Cesare Pavese, Verrà la morte e avrà i tuoi occhi ( 1951)



 
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Le tombeau de Jim Morrisson (1943-1971)

au cimetière du Père La Chaise

Sexx-symbol et idole incontestée de la musique rock des années 60, Jim Morrison représente un élément phare du cimetière. Il est visité chaque jour par des milliers de fans, sa concession est la plus “décorée” du lieu: Lampadaire orné de chewing gum, cœurs, graffitis, des tickets de métros, des lettres d’amour…Pourtant, lors de ses funérailles, ils n’étaient que cinq: Agnès Varda, Pamela sa compagne, le producteur du groupe The Doors, la jeune assistante-secrétaire de Jim et un ami américain, photographe et bilingue.



jeudi 27 octobre 2016

ESSAI BREF : L' Europe .. une " isola non trovata" ? ( BAC BLANC )


Tout passe et tout demeure, 

Mais notre affaire est de passer, 

De passer en traçant des chemins,

 Des chemins sur la mer.

Antonio Machado Proverbes et Chants XLIV



« Messieurs, si quelqu'un, il y quatre siècles, à l'époque où la guerre existait de commune à commune, de ville à ville, de province à province, si quelqu'un eût dit à la Lorraine, à la Picardie, à la Normandie, à la Bretagne, à l'Auvergne, à la Provence, au Dauphiné, à la Bourgogne: Un jour viendra où vous ne vous ferez plus la guerre, un jour viendra où vous ne lèverez plus d'hommes d'armes les uns contre les autres...
Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l'Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n'y aura plus d'autres champs de bataille que les marchés s'ouvrant au commerce et les esprits s'ouvrant aux idées. Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d'un grand Sénat souverain qui sera à l'Europe ce que le parlement est à l'Angleterre, ce que la diète est à l'Allemagne, ce que l'Assemblée législative est à la France ! Un jour viendra où l'on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd'hui un instrument de torture, en s'étonnant que cela ait pu être ! Un jour viendra où l'on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d'Amérique, les États-Unis d'Europe, placés en face l'un de l'autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies.
Et ce jour-là, il ne faudra pas quatre cents ans pour l’amener, car nous vivons dans un temps rapide, nous vivons dans le, courant d'événements et d'idées le plus impétueux qui ait encore entraîné les peuples, et, à l'époque où nous sommes, une année fait parfois l'ouvrage d’un siècle...
Dans notre vieille Europe, l'Angleterre a fait le premier pas, et par son exemple séculaire, elle a dit aux peuples : Vous êtes libre. La France a fait le second pas et elle a dit aux peuples: Vous êtes souverains. Maintenant faisons le troisième pas, et tous ensemble, France Angleterre, Belgique, Allemagne, Italie, Europe Amérique, disons aux peuples : Vous êtes frères ! »

Victor Hugo


Avant l'exil, Congrès de la Paix , 21 août 1849.




Tard dans la nuit, Janek reprit le chemin du retour. Dobranski l’accompagna. Le vent soufflait dans la forêt, les branches chantaient. Janek écoutait rêveusement ce murmure ; on pouvait lui faire dire n’importe quoi. Il suffisait d’un peu d’imagination. Il faisait un grand froid sec, le froid des premières nuits d’hiver.
-          Ça sent la neige, dit Jane.
-          Peut-être bien. Tu ne t’es pas ennuyé ?
-          Non.
Dobranski marcha un instant en silence.
-          J’espère que je me ferai pas descendre avant d’avoir fini mon livre.
-          Ça doit être bien difficile d’écrire.
-          Oh !Tout est difficile maintenant. C’est moins difficile que de demeurer vivant, que de continuer à croire…
-          Quel est le sujet ?
-          Les hommes qui souffrent, luttent et se rapprochent les uns les autres …
-          Les Allemands aussi ?
Dobranski ne répondit pas.
-          Pourquoi les Allemands nous font-ils ça ?
-          Par désespoir. Tu as entendu ce que Pech a dit, tout à l’heure ? Que les hommes se racontent des jolies histoires et puis il font tuer pour elles, ils s’imaginent qu’ainsi le mythe se fera réalité … Il est tout près du désespoir lui aussi. Il n’y a pas que les Allemands. Ça rode partout, depuis toujours, autour de l’humanité … Dès que ça se rapproche trop, dès que ça pénètre en vous, l’homme se fait Allemand … même s’il est un patriote polonais. La question est de savoir si l’homme est allemand ou non … s’il lui arrive seulement de l’être parfois. C’est ce que j’essaie de mettre dans mon livre. Tu ne me demande pas le titre ?
-          Dis-le-moi.
-          Ça s’appelle Éducation européenne. C’est Tadek Chmura qui m’a suggéré ce titre. Il lui donnait évidemment un sens ironique … Éducation européenne, pour lui ce sont les bombes, les massacres, les otages fusillés, les hommes obligés de vivre dans des trous comme des bêtes … Mais moi, je relève le défi. On peut me dire tant qu’on voudra que la liberté, la dignité, l’honneur d’être un homme, tout ça, enfin, c’est seulement un conte de nourrice, un conte de fées pour lequel on se fait tuer. La vérité, c’est qu’il y a des moments dans l’histoire, des moments comme celui que nous vivons, où tout ce qui empêche l’homme de désespérer, tout ce qui lui permet de croire et de continuer à vivre, a besoin d’une cachette, d’un refuge. Ce refuge, parfois, c’est seulement une chanson, un poème,  une musique, un livre. Je voudrais que mon livre soit un de ces refuges, qu’en l’ouvrant, après la guerre, quand tout sera fini, les hommes retrouvent leur bien intact, qu’ils sachent qu’on a pu nous forcer à vivre comme des bêtes, mais qu’on n’a pas pu nous forcer à désespérer. Il n’y a pas d’art désespéré - le désespoir, c’est seulement un manque de talent.
           
Romain Gary Éducation européenne, Gallimard, 1956.








Dans ce bassin où jouent


 Des enfants aux yeux noirs,


 Il y a trois continents


 Et des siècles d'histoire,


 Des prophètes des dieux,


 Le Messie en personne.


 Il y a un bel été


 Qui ne craint pas l'automne,


 En Méditerranée.




Il y a l'odeur du sang


 Qui flotte sur ses rives


 Et des pays meurtris


 Comme autant de plaies vives,


 Des îles barbelées,


 Des murs qui emprisonnent.


 Il y a un bel été


 Qui ne craint pas l'automne,


 En Méditerranée.




Il y a des oliviers


 Qui meurent sous les bombes


 Là où est apparue


 La première colombe,


 Des peuples oubliés


 Que la guerre moissonne.


 Il y a un bel été


 Qui ne craint pas l'automne,


 En Méditerranée.




Dans ce bassin, je jouais


 Lorsque j'étais enfant.


 J'avais les pieds dans l'eau.


 Je respirais le vent.


 Mes compagnons de jeux


 Sont devenus des hommes,


 Les frères de ceux-là


 Que le monde abandonne,


 En Méditerranée.



Le ciel est endeuillé,

Par-dessus l'Acropole


Et liberté ne se dit plus

En espagnol.

On peut toujours rêver,

D'Athènes et Barcelone.

Il reste un bel été

Qui ne craint pas l'automne,

En Méditerranée.




Ma bella più di tutte l' isola non trovata,

quella che il Re di Spagna s' ebbe da suo cugino,

il Re di Portogallo,con firma suggellata

e "bulla" del pontefice in Gotico-Latino...

 Il Re di Spagna fece vela cercando l' isola incantata,

però quell' isola non c'era 

e mai nessuno l'ha trovata:

svanì di prua dalla galea come un' idea,

come una splendida utopia,

è andata via e non tornerà mai più...

 Le antiche carte dei corsari

portano un segno misterioso

e ne parlan piano i marinai 

con un timor superstizioso:

nessuno sa se c'è davvero od  è un pensiero,

se, a volte, il vento ne ha il profumo

è come il fumo che non prendi mai!



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