vendredi 26 décembre 2014

Emile Zola "Germinal"





Mes élèves de V D sont en train de lire 


Voici quelques liens qui pourraient les aider 



Edouard Manet Portrait d'Emile Zola

et la présentation du roman de 

ASSISTANCE SCOLAIRE

La vie harassante des « gueules noires », l'émergence de la classe ouvrière, 
la nécessité d'une lutte sociale, tels sont les thèmes que tisse Zola dans Germinal.
Ce roman naturaliste n'est-il pas aussi un roman engagé ? Que dénonce-t-il ?
I. Les caractéristiques de Germinal
1. Un roman naturaliste
• Germinal est un roman naturaliste  : il a l'ambition de décrire la vie réelle. Au peuple, Zola emprunte ainsi son langage et ses mœurs ; il décrit avec beaucoup de minutie le monde de la mine et ne recule pas devant les termes techniques. L'histoire est réaliste mais développée de façon suggestive, pour que les lecteurs sentent ce qui se passe, comme s'ils le vivaient eux-mêmes.
Le centre minier de Montsou n'a jamais existé : pourtant, Zola le situe très précisément, dans le nord de la France, à dix kilomètres de Marchiennes. Il s'est soigneusement documenté sur cette région minière et s'est même rendu à Anzin, en 1884, au moment d'une grève des mineurs.
• Germinal est aussi un roman engagé parce qu'il défend une cause : il prend parti pour que changent les conditions de vie des mineurs qu'il décrit. Zola attribue au peuple des attitudes animales, la résignation d'un cheval de labour, puis la brutalité et la violence, mais il insiste sur le fait que ce peuple est d'abord une victime.
2. Le résumé de l'histoire
Germinal fait partie d'un ensemble de vingt romans, intitulé les Rougon-Macquart : Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire.
L'action se déroule de mars 1866 à avril 1867.
• Première partie : Étienne Lantier se fait embaucher, à Montsou, par la Compagnie qui exploite les mines de charbon. Il travaille dans l'équipe de Maheu et de sa fille Catherine, dont il tombe amoureux. Il découvre le travail de la mine, dur et fatiguant, les longues journées sous terre, la poussière de charbon et les salaires de misère. Lantier, révolté, veut quitter la mine mais rencontre Rasseneur, ancien mineur qui tente d'unir les mécontents.
• Deuxième partie : La famille Grégoire est riche, grâce aux actions qu'elle possède dans la Compagnie. La mère Maheu, la Maheude, vient les voir parce que l'épicier ne veut plus lui faire crédit. Mais les Grégoire ne donnent pas d'argent aux pauvres, seulement des vêtements. L'épicier finit par accepter de servir les Maheu à condition que Catherine vienne chercher les provisions.
• Troisième partie : Chez Rasseneur, Lantier discute avec des socialistes, qui veulent de meilleures conditions de travail et de vie pour les ouvriers. Il crée une association ouvrière. Chef d'équipe, il prend avec lui Maheu, chez qui il vit. Toujours amoureux de Catherine, Étienne lit beaucoup et parle en famille de ses rêves d'une société plus juste. Le mécontentement des mineurs s'aggrave : la Compagnie décide de baisser leurs salaires. On parle de grève. Jeanlin Maheu, onze ans, a les jambes cassées dans la mine et ne peut plus travailler. Catherine doit alors accepter de vivre avec Chaval.
• Quatrième partie : La grève est déclarée. Les mineurs exposent leurs revendications à Hennebeau, le directeur. La grève dure et c'est l'hiver. L'argent que les mineurs avaient mis de côté ensemble est bientôt épuisé. Des disputes éclatent entre Chaval et Lantier… Celui-ci décide de demander l'aide de l'Internationale sSocialiste, pour poursuivre la grève. Les dix milles mineurs de Montsou adhèrent alors à l'Internationale et continuent la grève malgré la faim et le froid.
• Cinquième partie : Le patron de l'un des puits, Deneulin, offre à Chaval une place de chef et fait reprendre le travail. Mais les grévistes de Montsou envahissent la mine et cassent le matériel. De plus en plus violente, la foule va de puits en puits, en fuyant les gendarmes. ElleIls réclament du pain, devant chez Hennebeau, le directeur, qui fait appel à l'armée. La colère est à son comble, les mineurs s'attaquent à l'épicier, qui est tué.
• Sixième partie : L'armée occupe les fosses. Des ouvriers sont licenciés. Étienne se cache. Chaval annonce qu'il va diriger une équipe de mineurs belges pour casser la grève. Étienne et lui se battent. Catherine désarme Chaval mais, malgré son amour pour Étienne, refuse de vivre avec lui. Les grévistes font face à l'armée, qui tire.
• Septième partie : Beaucoup d'hommes (dont Maheu) sont morts ; les mineurs en veulent à Lantier. Ils reprennent le travail sans avoir rien obtenu. Un anarchiste a saboté la mine, les galeries s'effondrent. Étienne est prisonnier sous terre avec Chaval, son ennemi, et Catherine, la femme qu'ils aiment tous les deux. Lantier le tue mais Catherine meurt à son tour, par manque d'air et de nourriture. Étienne est sauvé mais ses cheveux ont entièrement blanchi. Restée seule avec trois enfants en bas âge et un infirme, la Maheude doit retourner à la mine. Avant de partir pour Paris, pour faire une carrière politique, Étienne Lantier vient la saluer et elle lui pardonne. Tous deux veulent croire à une revanche et à une victoire future des syndicats.
II. Les personnages
1. Étienne Lantier
• « Il devait avoir vingt et un ans, très brun, joli homme, l'air fort malgré ses membres menus. » Né en 1846, fils de Gervaise Macquart-Coupeau et d'Auguste Lantier, personnages de l'Assommoir, Étienne Lantier échappe à la folie familiale. Sa jeunesse explique en partie son idéalisme et sa volonté de changer le monde. Surtout, contrairement aux autres mineurs, il n'est pas né à la mine : elle ne lui apparaît pas comme une fatalité. Il aime convaincre et entraîner ses camarades. Les épreuves, la violence et la mort de Catherine le rendent plus mûr, ce que symbolisent ses cheveux blancs de rescapé, à la fin du roman.
2. Bonnemort
• Le père de Toussaint Maheu, Vincent, surnommé Bonnemort, parce qu'il a été sauvé trois fois lors d'accidents dans la mine, représente toutes les familles de mineurs. Il est fier que son grand-père ait trouvé un filon qui porte son prénom. Comme tout le monde, il y a perdu des parents : son père, ses frères. Il y voit mourir fils et petit-fils. Sa résignation, au début du roman, puis sa colère sauvage, à la fin, rendent compte de l'évolution psychologique des mineurs de Montsou.
3. La Maheude
• La femme de Toussaint Maheu a travaillé dans la mine jusqu'à vingt ans et élève sept enfants : les trois aînés, Zacharie, Catherine et Jeanlin, travaillent à la mine ; Alzire est bossue ; Lénore, Henri et Estelle n'ont encore, au début du roman, que six, quatre ans et trois mois. La Maheude n'est pas résignée à la misère mais sait se débrouiller, trouver des solutions pour nourrir les siens. D'abord méfiante vis-à-vis des rêves d'ÉÉtienne, c'est elle qui pousse ensuite sa famille à la révolte : la Maheude veut croire en un avenir meilleur pour ses plus jeunes enfants.
4. Les bourgeois
• Ni le directeur de la mine, M. Hennebeau, ni les Grégoire ne sont des caricatures : le premier n'est pas un méchant patron mais un homme faible, qui craint sa femme et redoute de perdre sa place à cause de la grève. Les seconds, rentiers et oisifs, ne sont pas malhonnêtes mais coupés de toute réalité. C'est le contraste entre leur existence douillette et la vie terrible des mineurs qui est insupportable. La mort de Cécile Grégoire, leur fille chérie, apparaît comme un signe de changement…
III. Les thèmes principaux
1. La parole
• Le rêve de justice sociale prend forme avec la parole, le discours. Comme les rêves, les mots sont d'abord simples : « si l'on avait du pain seulement. » Au début du roman, les mineurs se taisent, de peur d'être renvoyés. Puis viennent les discussions, le soir, et les « causeries » d'Étienne chez les Maheu. Ses discours devant les mineurs libèrent, enfin, la parole et avec elle s'exprime l'espoir d'un monde plus juste.
2. La mort
• La mort est toujours présente dans le roman. Les mineurs résignés meurent dans un éboulement ou les poumons usés par la poussière de charbon. Les mineurs révoltés meurent encore : de froid, de faim, ou des balles de l'armée.
La mort frappe aussi l'épicier, sauvagement tué par la foule excédée. Zola souligne ainsi l'égalité de tous devant la mort.
IV. Les techniques
1. Comparaison et métaphore filée
• « C'était comme… » est une expression très fréquente du roman. Les comparaisons chez Zola sont simples et bien choisies, donc faciles à retenir par le lecteur. Zola peut donc ensuite abandonner le comme : la mine est devenue un ogre, les mineurs sont des fourmis. Il ne s'agit plus de comparaisons mais de métaphores. À chaque fois qu'il les évoque, Zola reprend des termes propres aux ogres ou aux fourmis : on dit qu'il file la métaphore.
2. Symboles
• Dans le roman, certains éléments sont symboliques, c'est-à-dire qu'ils expriment une idée, un sentiment. Le paysage par exemple, tout plat, « sans un mât » (sans arbres), représente l'immobilité, la résignation. Mais ce sont surtout les couleurs que Zola utilise comme symboles. Le noir du charbon envahit tout : c'est le deuil, le désespoir. Le blanc des riches ne ressemble pas à celui des pauvres. Le premier est éclatant de lumière, le second pâle et maladif. Le rouge, bien sûr, symbolise le feu et le sang, c'est-à-dire à la fois la vie et la violence.
3. Antithèses
• Les personnages, les thèmes, les symboles s'opposent deux à deux dans le roman. Lantier et Chaval, Lantier et Souvarine (le socialisme et l'anarchisme), les Maheu et les Grégoire mais aussi les Grégoire et les Hennebeau, les Maheu et les Pierron…
V. Qui est Zola ?
• Émile Zola est le chef de file du naturalisme : il s'attache à décrire la réalité avec une minutie qu'il voudrait scientifique.
Il est emballeur de livres chez Hachette lorsqu'il dépose un recueil de poèmes sur le bureau de son patron. Celui-ci lui conseille d'écrire des romans et lui confie la publicité des livres édités. En 1869, Zola élabore le plan des Rougon-Macquart. Il publie Germinal, treizième volume des Rougon-Macquart en 1885.
En 1898, Zola écrit un article, J'accuse, pour défendre le capitaine Dreyfus, injustement accusé de trahison. Condamné à la prison, il s'exile en Angleterre. Il meurt en 1902.