mardi 9 février 2016

Paul Verlaine : "Marine", "La lune blanche", "Sur les eaux"






Marine


L'Océan sonore
Palpite sous l'oeil
De la lune en deuil
Et palpite encore,

Tandis qu'un éclair
Brutal et sinistre
Fend le ciel de bistre
D'un long zigzag clair,

Et que chaque lame,
En bonds convulsifs,
Le long des récifs
Va, vient, luit et clame,

Et qu'au firmament,
Où l'ouragan erre,
Rugit le tonnerre
Formidablement. 







La lune blanche








La lune blanche
Luit dans les bois;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée...


Ô bien-aimée.


L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...


Rêvons, c’est l’heure.


Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise...


C’est l’heure exquise.



Analyse









Sur les eaux


Je ne sais pourquoi 

 Mon esprit amer 
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer. 
 Tout ce qui m'est cher,
 D'une aile d'effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?


 Mouette à l'essor mélancolique, 
 Elle suit la vague, ma pensée, 
 À tous les vents du ciel balancée,
 Et biaisant quand la marée oblique 
 Mouette à l'essor mélancolique.


 Ivre de soleil 
 Et de liberté, 
Un instinct la guide à travers cette immensité.
 La brise d'été
 Sur le flot vermeil
 Doucement la porte en un tiède demi-sommeil. 


 Parfois si tristement elle crie 
 Qu'elle alarme au loin le pilote, 
 Puis au gré du vent se livre et flotte 
 Et plonge, et l'aile toute meurtrie 
 Revole, et puis si tristement crie ! 


 Je ne sais pourquoi 
 Mon esprit amer
 D'une aile inquiète et folle vole sur la mer
. Tout ce qui m'est cher, 
 D'une aile d'effroi 
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?  

Analyse