Le COLLOQUE DES ELEVES ESABAC
a été reporté au mercredi 23 mars prochain
“RENCONTRES:
L’AUTRE, LE HASARD ET LA NECESSITE”
“I wonder if I’ll ever see you
again”. Cette
phrase de Lenny Kravitz résume les émotions, les attentes et le désir d’une
rencontre avec l’Autre. Mais qui est l’Autre ? Qu’est-ce qui reste d’une
rencontre ? Pourquoi nous en avons besoin ?
Les réponses à ces questions sont plusieures.
L’Autre est une personne différente de nous, avec une histoire que nous pouvons
seluement imaginer en le regardant accomplir des actions. Généralement, avec se
terme, on indique un inconnu : Mme de Rênal ne connaît pas Julien au point
qu’il lui semble une “jeune fille deguisée” ; le maître nageur Simon ne
connaît ni le jeune Kurde ni son histoire.
Mais l’Autre peut être aussi quelqu’un dont on a
entendu parler ou qui nous rappelle un épisode de notre vie : Federigo “connaît”
de quelque façon l’Innomainato, parce qu’il est un“ frère” qu’il a “tanto amato
e pianto” mais, surtout, il est celui qu’il aurait “più desiderato d’accogliere
e d’abbracciare” ; Cosette retrouve dans l’homme une figure paternelle qui
lui donne de l’espérance tandis que l’homme tremble dans sa voix comme si elle
lui rappellait un moment de sa vie.
Enfin, l’Autre peut être une personne qui nous
aimons : Barbara est aimée du poète même s’ils ne se connaient pas complètement.
Pendant notre vie on est “obligé” de rencontrer
quelqu’un, soit pour quelques seconds à travers un échange de regards, soit
pour une vie entière, soit pour une partie de l’existence. Les documents 1 et 4
expriment l’importance du regard : l’insistance sur le champ lexical de la
vue débouche sur une phrase : “Ils étaient fort près l’un de l’autre à se
regarder” : les émotions des protagonistes convergent sur cette action, à
la base de leur future relation. La même importance du regard est donnée par
Manzoni à travers une étrange rencontre. “L’occhio” montre une partie de la
personnalité du personnage : dans les yeux de l’Innominato on voit un
contraste entre le feu du “tormento interno” et le désir de
l’espoir ; dans ceux de Federigo on aperçoit un âme sévère et, en meme
temps, en paix. Même dans le film “Welcome” Simon et le jeune Kurde jouent avec
les regards pour se trouver et se comprendre ; cet aspect est évident
aussi dans la photo du document.
Dans les documents 2 et 3, une majeure attention
est donnée à la voix : le poète “a crié” son “nom”, il a dit de leur amour
à tout le monde ; l’espérance et la joie de Cosette sont possibles
seulement après un échange de paroles et de silences aussi. En réalité
n’importe quel sens ouvre la rencontre. Tousjours l’homme subit un changement,
en apprenant quelque chose. Les joues de Julien deviennent “roses” tandis
qu’elles étaient “pâles” d’abord : il prend de la ‘couleur’ parce que la
vie de l’homme est composée d’infinies rencontres qui lui donne un sens.
Barbara laisse au poète le souvenir de leur amour que personne ne doit
oublier : il a peur que le temps puisse effacer ces moments qui ont changé
sa vie et que “il ne rest rien”. Cosette découvre un sentiment de joie et
d’espoir qui s’éleve “vers le ciel”, comme un prière, même si elle ne l’avait
jamais apprise ; l’homme tremble dans la voix, il ne peut rester
indifférent : il suffit d’un mot ou d’une expression pour être frappé dans
son âme. L’âme de l’Innominato l’opprime, elle est en flammes pour sa rencontre
avec Dieu : même si on ne veut pas, certaines rencontres sont celles qui
nous changent le plus. Et enfin, Simon comprend le sens de l’amour et de la
solidarité avec le rapport qui s’instaure avec le jeune Kurde.
On se demande souvent pourquoi les rencontres
arrivent. Quelquefois par hasard, on se rencontre sous la pluie comme
Prévert ; quelquefois par nécessité, on doit accomplir une tâche comme
Julien, Mais on pourrait plutôt penser que leur interprétation est une
nécessité : Cosette avait besoin de cette figure, c’est pourquoi elle a
acquis de l’espérance ; l’Innominato cherchait des réponses et il a été
éclairé dans l’âme par cette double rencontre (avec Dieu et avec Federigo).
On peut donc conclure que l’Autre est une
nécessité pour comprendre nous même, mais les rencontres avec cette source de
lumière peuvent arriver par hasard ou par nécessité. En tous cas, l’Autre
devient une partie de notre histoire, partie que nous ne pouvons et que nous ne
voulons pas oublier.
Rizzi Beatrice, III D ESABAC
a)
saggio
breve
Dopo
avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in
riferimento al tema posto (circa 600 parole).
« Rencontres : L’Autre,
le hasard et la nécessité … »
Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était
loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon
qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d'entrée la
figure d'un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait
de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste
fort propre de ratine violette.
Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit
un peu romanesque de Mme de Rênal eut d'abord l'idée que ce pouvait être une
jeune fille deguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut
pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d'entrée, et qui évidemment
n'osait pas lever la main jusqu'à la sonnette. Mme de Rênal s'approcha,
distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur.
Julien tourné vers la porte, ne la voyait pas s'avancer. Il tressaillit quand
une voix douce lui dit tout près de l'oreille :
– Que voulez-vous ici, mon enfant
?
Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme
de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il
oublia tout, même ce qu'il venait faire. Mme de Rénal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux
de ses larmes qu'il essuyait de son mieux.
Mme de Rênal resta interdite; ils étaient fort près l'un de l'autre à se
regarder. Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme
avec un teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Rênal regardait
les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et
maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute
la gaieté folle d'une jeune fille; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se
figurer tout son bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré
comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants
!
Stendhal Le Rouge et le Noir
Barbara
Rappelle-toi
Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
Jacques
Prévert, Paroles
Cosette, nous l’avons dit, n’avait pas eu peur.
L’homme lui adressa la parole. Il parlait d’une voix grave et presque
basse.
– Mon enfant, c’est bien lourd pour vous ce que vous portez là.
Cosette leva la tête et répondit :
– Oui, monsieur.
– Donnez, reprit l’homme. Je vais vous le porter.
Cosette lâcha le seau. L’homme se mit à cheminer près d’elle.
– C’est très lourd, en effet, dit-il entre ses dents. Puis il
ajouta :
– Petite, quel âge as-tu?
– Huit ans, monsieur.
– Et viens-tu de loin comme cela?
– De la source qui est dans le bois.
– Et est-ce loin où tu vas?
– A un bon quart d’heure d’ici.
L’homme resta un moment sans parler, puis il dit brusquement :
– Tu n’as donc pas de mère?
– Je ne sais pas, répondit l’enfant.
Avant que l’homme eût eu le temps de reprendre la parole, elle
ajouta :
– Je ne crois pas. Les autres en ont. Moi, je n’en ai pas.
Et après un silence, elle reprit :
– Je crois que je n’en ai jamais eu.
L’homme s’arrêta, il posa le seau à terre, se pencha et mit ses deux
mains sur les deux épaules de l’enfant, faisant effort pour la regarder et voir
son visage dans l’obscurité.
La figure maigre et chétive de Cosette se dessinait vaguement à le lueur
livide du ciel.
– Comment t’appelles-tu? dit l’homme.
– Cosette.
L’homme eut comme une secousse électrique. Il
la regarda encore, puis il ôta ses mains de dessus les épaules de Cosette,
saisit le seau, et se remit à marcher.
Au bout d’un instant, il demanda :
– Petite, où demeures-tu?
– A Montfermeil, si vous connaissez.
– C’est là que nous allons?
– Oui, monsieur.
Il fit encore une pause, puis recommença :
– Qui est-ce donc qui t’a envoyée à cette heure chercher de l’eau
dans le bois?
– C’est madame Thénardier.
L’homme repartit d’un son de voix qu’il voulait
s’efforcer de rendre indifférent, mais où il y avait pourtant un
tremblement singulier :
– Qu’est-ce qu’elle fait, ta madame Thénardier?
– C’est ma bourgeoise, dit l’enfant. Elle tient l’auberge.
– L’auberge? dit l’homme. Eh bien, je vais aller y loger cette nuit.
– Conduis-moi.
– Nous y allons, dit l’enfant.
L’homme marchait assez vite. Cosette le suivait sans peine. Elle ne
sentait plus la fatigue. De temps en temps, elle levait les yeux vers cet homme
avec une sorte de tranquillité et d’abandon inexprimables. Jamais on ne lui
avait appris à se tourner vers la providence et à prier. Cependant elle sentait
en elle quelque chose qui ressemblait à de l’espérance et à de la joie et qui
s’en allait vers le ciel.
Victor Hugo Les Misérables
Appena introdotto l'innominato, Federigo gli andò
incontro, con un volto premuroso e sereno, e con le braccia aperte, come a una
persona desiderata, e fece subito cenno al cappellano che uscisse: il quale
ubbidì.
I due rimasti stettero alquanto senza parlare, e
diversamente sospesi. L'innominato, ch'era stato come portato lì per forza da
una smania inesplicabile, piuttosto che condotto da un determinato disegno, ci
stava anche come per forza, straziato da due passioni opposte, quel desiderio e
quella speranza confusa di trovare un refrigerio al tormento interno, e
dall'altra parte una stizza, una vergogna di venir lì come un pentito, come un
sottomesso, come un miserabile, a confessarsi in colpa, a implorare un uomo: e
non trovava parole, né quasi ne cercava. Però, alzando gli occhi in viso a
quell'uomo, si sentiva sempre più penetrare da un sentimento di venerazione
imperioso insieme e soave, che, aumentando la fiducia, mitigava il dispetto, e
senza prender l'orgoglio di fronte, l'abbatteva, e, dirò così, gl'imponeva
silenzio.
La presenza di Federigo era infatti di quelle che
annunziano una superiorità, e la fanno amare. Il portamento era naturalmente
composto, e quasi involontariamente maestoso, non incurvato né impigrito punto
dagli anni; l'occhio grave e vivace, la fronte serena e pensierosa; con la
canizie, nel pallore, tra i segni dell'astinenza, della meditazione, della
fatica, una specie di floridezza verginale: tutte le forme del volto indicavano
che, in altre età, c'era stata quella che più propriamente si chiama bellezza;
l'abitudine de' pensieri solenni e benevoli, la pace interna d'una lunga vita,
l'amore degli uomini, la gioia continua d'una speranza ineffabile, vi avevano
sostituita una, direi quasi, bellezza senile, che spiccava ancor più in quella
magnifica semplicità della porpora.
Tenne anche lui, qualche momento, fisso nell'aspetto
dell'innominato il suo sguardo penetrante, ed esercitato da lungo tempo a
ritrarre dai sembianti i pensieri; e, sotto a quel fosco e a quel turbato,
parendogli di scoprire sempre più qualcosa di conforme alla speranza da lui
concepita al primo annunzio d'una tal visita, tutt'animato, - oh! - disse: -
che preziosa visita è questa! e quanto vi devo esser grato d'una sì buona
risoluzione; quantunque per me abbia un po' del rimprovero!
- Rimprovero! - esclamò il signore maravigliato, ma
raddolcito da quelle parole e da quel fare, e contento che il cardinale avesse
rotto il ghiaccio, e avviato un discorso qualunque.
- Certo, m'è un rimprovero, - riprese questo, -
ch'io mi sia lasciato prevenir da voi; quando, da tanto tempo, tante volte,
avrei dovuto venir da voi io.
- Da me, voi! Sapete chi sono? V'hanno detto bene il
mio nome?
- E questa consolazione ch'io sento, e che, certo,
vi si manifesta nel mio aspetto, vi par egli ch'io dovessi provarla
all'annunzio, alla vista d'uno sconosciuto? Siete voi che me la fate provare;
voi, dico, che avrei dovuto cercare; voi che almeno ho tanto amato e pianto,
per cui ho tanto pregato; voi, de' miei figli, che pure amo tutti e di cuore,
quello che avrei più desiderato d'accogliere e d'abbracciare, se avessi creduto
di poterlo sperare. Ma Dio sa fare Egli solo le maraviglie, e supplisce alla
debolezza, alla lentezza de' suoi poveri servi.
L'innominato stava attonito a quel dire così
infiammato, a quelle parole, che rispondevano tanto risolutamente a ciò che non
aveva ancor detto, né era ben determinato di dire; e commosso ma sbalordito,
stava in silenzio. - E che? - riprese, ancor più affettuosamente, Federigo: -
voi avete una buona nuova da darmi, e me la fate tanto sospirare?
- Una buona nuova, io? Ho l'inferno nel cuore; e vi
darò una buona nuova? Ditemi voi, se lo sapete, qual è questa buona nuova che
aspettate da un par mio.
- Che Dio v'ha toccato il cuore, e vuol farvi suo, -
rispose pacatamente il cardinale.
- Dio! Dio! Dio! Se lo vedessi! Se lo sentissi!
Dov'è questo Dio?
- Voi me lo domandate? voi? E chi più di voi l'ha
vicino? Non ve lo sentite in cuore, che v'opprime, che v'agita, che non vi
lascia stare, e nello stesso tempo v'attira, vi fa presentire una speranza di
quiete, di consolazione, d'una consolazione che sarà piena, immensa, subito che
voi lo riconosciate, lo confessiate, l'imploriate?
- Oh, certo! ho qui qualche cosa che m'opprime, che
mi rode! Ma Dio! Se c'è questo Dio, se è quello che dicono, cosa volete che
faccia di me?
Alessandro Manzoni I Promessi Sposi XXIII