De Alexandre Arcady 2012 (2h. 39 minutes)
Avec Nora
Arnezeder, Fu'ad
Ait Aattou,
Genres Drame, Historique, Romance
Nationalité Français
Liceo classico "Cairoli" Varese
Salle de Géo
lundi le 15 janvier 2018
Algérie, années 1930.
Younes a 9 ans lorsqu'il est confié à son oncle pharmacien à Oran. Rebaptisé
Jonas, il grandit parmi les jeunes de Rio Salado dont il devient l'ami. Dans la
bande, il y a Emilie, la fille dont tous sont amoureux. Entre Jonas et elle naîtra
une grande histoire d'amour, qui sera bientôt troublée par les conflits qui
agitent le pays.
« À Oran comme ailleurs, faute de temps et de
réflexion,
on est bien obligé de s’aimer sans le savoir. »
on est bien obligé de s’aimer sans le savoir. »
Albert Camus, La
Peste.
« J’aime l’Algérie, car je l’ai bien ressentie. »
Gabriel García Márquez
Le titre du film est une
métaphore dont la compréhension nécessiterait une compétence interprétative et
un sens critique. Il est en quelque sorte un condensé de sens enveloppé de
mystères pour celles et ceux qui s’interrogent sur son lien avec l’histoire
racontée, car qu’est-ce que le jour pourrait bien devoir à la nuit ? On n’en
sait rien, dès lors qu’ils n’ont pas de langage à nous livrer. Cela dit, les
romanciers, les poètes et les cinéastes, à l’instar des persuasives paraboles
bibliques et coraniques, attribuent au jour et à la nuit des caractéristiques
humaines. Il semble que l’écrivain, Yasmina Khadra, recourt, en suivant le
modèle d’écriture des livres classiques, à ce style imagé pour inscrire son
roman dans la durée, afin qu’il soit gravé dans les mémoires collectives et
individuelles des lecteurs et spectateurs amoureux de la langue française. Par
ailleurs, si l’on mettait à la place de la dichotomie « Jour/Nuit », celle qui
rime avec « Jonas/Émilie », le titre paraîtrait sans doute moins ambigu, Ce que
Jonas doit à Émilie, mais le sens reste cependant moins dénoté que l’on
pourrait le croire. En d’autres termes, dire que Jonas représente le « jour »
et Émilie la « nuit » ne résout pas le problème, parce que les deux
protagonistes incarnent dans le roman et le film les irréductibles liens
passionnels entre l’Algérie et la France, depuis au moins l’année 1830. Le
titre Ce que l’Algérie doit à la France, dans ce cas, aurait été plus explicite
et plus significatif. Il appartient désormais à un lecteur/spectateur idéal de
parcourir tous ces détours sémantiques, de réunir toutes les isotopies idoines,
pour rendre compte des liens d’amour et de fraternité, mis en scène, reliant
les deux patries respectives. À défaut d’être un critique littéraire, analyste
quelconque ou sémioticien, une simple comparaison suffit de symboliser Ce
que le jour doit à la nuit cette nécessaire relation cyclique : comme les
amoureux, le jour et la nuit ne se croisent que pour se séparer et ne se
séparent que pour se retrouver. À proprement parler, même si le jour et la nuit
expriment, dans leur course, le temps qui passe et qui ne revient pas, le titre
de ce long métrage suggère éloquemment une autre réalité ; il nous fait
comprendre que le jour, c’est-à-dire le présent, doit quelque chose à la nuit
qui le précède, le passé, pour la construction d’un avenir meilleur. Dans
d’autres langues que le français, le titre serait probablement terne et plat.
La culture française en Algérie à l’époque
Atmane Seghir
La langue et culture françaises dans l’œuvre cinématographique, Ce que le jour doit à la nuit, Université de Bejaia, Algérie (2013)