Je remercie Carola qui a bien voulu donner son avis,
sur la lecture de cette année
No et moi de Delphine de Vigan
voici son commentaire paru dans le dernier numéro des
"Quaderni del Cairoli"
No ] "Jamais tu t'arrêtes?"
[ Lou ] "M'arrêter de quoi?"
"De gamberger."
"Ben non, justement, c'est ce que je suis en train de t'expliquer, en fait, quand tu y réfléchis, ce n'est pas possible."
"Si, quand tu dors."
"Mais quand on dort on rêve..."
"T'as qu'à faire comme moi, je rêve jamais, c'est mauvais pour la santé."
[ No et moi ]
Les rêves, surtout quand il s’agit de rêveries faites les yeux ouverts, ont des effets secondaires: quand ils se brisent, ils font toujours plus mal, surtout s’ils sont ambitieux. No et moi, traduit en italien Gli effetti secondari dei sogni, est un roman sur un rêve partagé qui commence avec la rencontre de deux âmes semblables, mais qui habitent deux corps et deux vies totalement différentes: Lou Bertignac, jeune fille de treize ans avec une intelligence précoce, qui sent sa vie passer, sans arriver à rien changer, et No, adolescente sans abri, fille de l'émargination et de la souffrance, fuyant tout et tous et encore plus soi-même. D'abord Lou réussit à lier à soi l'adolescente inexpérimentée : il en naît une intense amitié qu’ aucune d'elles n’ est capable d'expliquer, même pas a soi-même. Mais quand tout semble aller pour le mieux, No s'enfuit, engloutie par ses trous noirs, que l'amour de Lou n’avait pas réussi à remplir.
Lou se réveille seule, face à une réalité de profonde solitude; il y a pourtant quelque chose dans sa vie qui a changé. Comme un rêve brisé qui remplit le cœur d'amertume laisse un goût amer, son réveil est traumatique, mais elle a grandi, elle a la force pour affronter cette réalité. Il est vrai que les rêves font mal quand ils ne se réalisent pas, mais il est également vrai que notre vie n'aurait pas de sens sans eux: ils laissent des traces ineffaçables; le temps que nous y mettons pour essayer de les accomplir n'est jamais du temps perdu. Les effets secondaires d'une vie de rêves ne sont pas toujours collatéraux, au contraire, quelquefois ils sont bienfaisants.
Delphine de Vigan, nous rappelle, dans ce roman raconté avec fraîcheur, l'importance de continuer à rêver, malgré les effets secondaires. Ils seront claires à posteriori seulement à celui ou à celle qui aura eu la force et le courage de vivre, et surtout, l'envie de continuer à rêver.
Carola Cauzzo I D
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