vendredi 19 septembre 2014

BAC BLANC: Commentaire dirigé de Chimento Federica, Andrea Folco - Essai bref de Maddalena Andreoli, Luke Gjoka, Stefano Zanzi







  




III D ESABAC

BAC BLANC

Prova di: LINGUA E LETTERATURA FRANCESE
                                   
Svolga il candidato una delle seguenti prove a scelta tra:
a)       analisi di un testo
b)       saggio breve

a)analisi di un testo

Dopo avere letto il testo rispondete alle domande e elaborate una riflessione personale sul tema proposto.

Grâce à l'exorbitance de mes années, mon monument est achevé. Ce m'est un grand soulagement; je sentais quelqu'un qui me poussait; le patron de la barque sur laquelle ma place est retenue m'avertissait qu'il ne me restait qu'un moment pour monter à bord. Si j'avais été le maître de Rome, je dirais comme Sylla que je finis mes Mémoires la veille même de ma mort; mais je ne conclurais pas mon récit par ces mots comme il conclut le sien: "J'ai vu en songe un de mes enfants qui me  montrait Métella sa mère, et m'exhortait à venir jouir du repos dans le sein de la félicité éternelle." Si j'eusse été Sylla, la gloire ne m'aurait jamais pu donner le repos et la félicité.
Des orages nouveaux se formeront; on croit pressentir des calamités qui  l'emporteront sur les afflictions dont nous avons été comblés; déjà, pour retourner  au champs  de bataille, on songe à rebander ses vieilles blessures. Cependant je ne pense pas que des malheurs prochains éclatent: peuples et rois sont également recrus; des catastrophes imprévues ne fondront pas sur la France: ce qui me suivra ne sera que l'effet de la transformation générale. On touchera sans doute à des stations   pénibles; le monde ne saurait changer de face (et il faut qu'il change) sans qu'il y ait douleur. Mais, encore un coup, ce ne seront points des révolutions à part; ce sera la grande révolution allant à son terme. Les scènes de demain ne me regardent plus; elles appellent d'autres peintres: à vous, messieurs.
En traçant ces derniers mots, ce 16 novembre 1841, ma fenêtre, qui donne à  l'ouest sur les jardins des Missions étrangères, est ouverte: il est six heures du matin; j'aperçois la lune pâle et élargie; elle s'abaisse sur la flèche des Invalides à peine révélée par le premier rayon doré de l'Orient: on dirait que l'ancien monde finit et que le nouveau commence. Je vois les reflets d'une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil. Il ne me reste qu'à m'asseoir au bord de ma fosse, après quoi je descendrai   hardiment, le Crucifix à la main, dans l'Eternité.
Chateaubriand, fin des Mémoires d'Outre-Tombe (4e partie, livre XII, 10)
COMPREHENSION 
1)Expliquez la métaphore à la ligne 1.

2) Relevez  les expressions se rapportant à la souffrance et  à la difficulté  et discutez  les connotations qui y sont rattachées

INTERPRETATION
1) Étudiez le lieu de l’écriture  aux lignes 19-25.

2) « Crucifix » et « Eternité » prennent des majuscules que le langage n’impose pas : commentez cet usage.

3)Nombre d’images renvoient  à  ce  sentiment de la fin,  l’attente de la mort qui devient la  conquête de l’éternité : précisez en quoi

REFLEXION PERSONNELLE
À partir des Mémoires d’Outre-tombe   de  Chateaubriand  vous présenterez le rôle du souvenir et des Mémoires dans les œuvres  littéraires des écrivains romantiques.  
(300 mots environ).


CHIMENTO FEDERICA

Analisi del testo

COMPREHENSION 
1) A la ligne 1 Chateaubriand a placé une métaphore qui est la clef pour comprendre l'importance et la grandeur de son oeuvre. Il ne dit pas qu'il a complété ses Mémoires, mais il utilise le mot « monument" pour les indiquer, pour souligner le fait que il a terminé le travail d'une vie, c'est-à-dire son chef-d'oeuvre: "Les Mémoires d'Outre Tombe" sont ce qui restera de lui aux hommes du futur, ils doivent être parfaits pour éterniser son souvenir. Voilà la fonction impérissable de la poésie, très chère aux Romantiques à partirde Chateaubriand jusqu'à Foscolo en Italie.

2) Chateaubriand présente le thème de la souffrance et de la difficulté dans le deuxième paragraphe. Ici il fait référence à tout ce que le peuple français a dû supporter pendant la recherche de la liberté: batailles, pressentiment de calamités "orages nouveaux se formeront", c'est-à-dire une situation difficile à vivre. Mais tout cela, selon l'auteur, est nécessaire pour rejoindre la liberté et changer la société corrompue et dans laquelle les romantiques ne se reconnaissent pas, pour en créer une meilleure. Chateaubriand ici joue le rôle d’inspirateur: il faut ne pas rester indifférents devant cette situation, il souhaite un développement, tout cela  est souligné avec une exhortation claire:
"A vous, messieurs", c'est-à-dire c'est à vous maintenant.

INTERPRETATION

1) A la fin de cet extrait Chateaubriand nous brosse  une description très romantique de son lieu d'écriture. Le premier élément est la lumière: "Il est six heures du matin" donc il n'y a pas  le soleil dans le ciel mais une lumière diffuse qui éclaire à peine le lieu. Il y a la "lune pâle" aussi, élément très cher aux romantiques, elle est vie comme une confidente, un témoin un "objet magique" qui inspire le poète. Et à la fin la métaphore qui indique la nuit et le jour "l'ancien monde" et "le nouveau monde", il y a un sens de nostalgie dans le mot "ancien", le poète ne veut pas se détacher de la nuit où il se sent sûr, l'ensemble de ses certitudes s'évanouissent avec le jour.

2) A la fin de l'extrait Chateaubriand écrit deux mots avec la majuscule même si le langage ne l'impose pas: Crucifix et Eternité. Probablement il fait  ce choix pour souligner  l'importance jouée par la mort, il veut personnifier deux symboles qui sont liés à elle dans l'imaginaire collectif. Le Crucifix signifie sacrifice, qui peut être pour Chateaubriand le sacrifice qu'il a fait pour supporter un monde dont il ne partage presque rien et l'Eternité le prix de tout ce  qu’il peut obtenir  à travers la poésie.

3) Nous savons que le thème de la mort et de la recherche de la liberté sont très importantes dans le Romantisme. Souvent une grande partie des oeuvres de ces poètes  sont liées  au thème de la liberté qui peut être obtenue seulement à travers la mort qui éternise ce geste comme Chateaubriand dit à la ligne 7.
REFLEXION PERSONNELLE

Dans la période du Romantisme nous assistons à un phénomène qui est le développement des Mémoires. On avait déjà des témoignages d'ouvres qui racontaient de la vie de personnages connus, comme Montaigne, mais la réflexion intérieure n'était pas si développée comme dans le Romantisme. On peut dire que les mémoires, dans le sens que nous donnons à ce mot aujourd'hui, commencent avec Rousseau en particulier avec "Les confessions". Pour la première fois nous avons une introspection très précise: les pensées, les sentiments et les événements de la vie jouent un rôle fondamental dans l'expérience romantique. Dans les Mémoires il y a l'autobiographie de l'écrivain et souvent une dénonciation de la société: avec les mémoires les romantiques veulent laisser un témoignage de leurs convictions et de leurs idées pour perpétuer leur rôle d'éducateurs :perpétuer signifie rendre éternel leur pensée, voilà une autre caractéristique des Mémoires: la fonction impérissable de l'ouvre littéraire, comme dit Foscolo dans "A Zacinto": "Tu non altro che il canto avrai del figlio, o materna mia terra" dans ce cas est seulement la poésie qui peut rendre éternelle la terre du poète. De la  même façon Chateaubriand veut transmettre ses expériences de vie et le chemin qui l'a porté à être ce qu'il est devenu.

ANDREA FOLCO

Analisi del testo

COMPREHENSION 

1)Avec cette métaphore à la ligne 1, le poète souligne le fait qu'après avoir vécu beaucoup d'années le "monument", c'est à dire le souvenir qu'il laisse de sa vie, est complet. Monument: un mot qui vient du verbe latin "moneo" qui signifie "se souvenir", est un concept utilisé par le poète pour indiquer que son œuvre autobiographique, "Mémoires d’Outre-Tombe", est achevée et que l'humanité pourra se souvenir de lui en lisant "l'œuvre de sa vie".

2)"Des orages nouveaux se formeront; on croit pressentir des calamités qui l'emporteront sur les afflictions dont nous avons été comblés." La souffrance d'une vie vécue isolée par la société, incompris par la plupart dans une solitude intime sont les sentiments du poète qu'on peut comprendre en lisant ces lignes. Une souffrance qui accable le poète dans ce moment de fragilité qui caractérise son dernier moments de vie, rendu encore plus douloureux par cette conscience.

INTERPRETATION

1)Le poète écrit "ces derniers mots" dans sa maison, devant sa fenêtre ouverte qui donne à l'ouest. On peut relever beaucoup de significations cachées: sa maison est le lieu de sa jeunesse, de son intimité, de ses souvenirs les plus doux et agréables pendant ce moment qu'il ressent être le dernier de sa vie. C'est dans ce "concret souvenir de sa vie passée", sa maison, qu'il prend le courage pour faire face à la mort. La fenêtre: c'est le regard et les yeux du poète qui donnent à l'ouest, direction où le soleil se couche, destination de sa vie.   

2)Crucifix, écrit avec le C majuscule qui le langage n'impose pas mais l'impose l'intimité et l'âme religieuse du poète. Il cherche à donner une importance concrète et réelle à cet objet, pas seulement liée à sa signification religieuse. Il essaie de chercher un réconfort dans cet objet dans lequel il mêle sa croyance religieuse qu'y est attachée et l'espoir d'un appui que le Crucifix   peut lui donner. Éternité: une dimension temporelle impossible à comprendre pour les hommes, une conception incompatible avec la pensée humaine. La tentative du poète en utilisant la majuscule a une double signification: exalter cette dimension du temps et même essayer de la rendre "plus humaine", plus proche de l'humanité, en cherchant de la "concrétiser".

3)La mort est un passage inévitable de la vie auquel on doit tous se soumettre. Le poète réfléchit sur ce thème de l'avènement de la fin de la vie et la conséquence de la "conquête" de l'éternité grâce à la mort.

REFLEXION PERSONNELLE

"Tu non altro che il canto avrai del figlio, o materna mia terra, a noi prescrisse il fato illacrimata sepoltura." (Foscolo, A Zacinto) Le rôle qui rend éternelle la poésie qui devient un instrument fondamental pour les poètes pour essayer de faire face à l'inévitable fin de la vie. La volonté et la possibilité que la littérature offre aux hommes de conquérir l'immortalité et l'éternité est un thème très commun chez les romantiques. Chateaubriand, avec son œuvre "Mémoires d'Outre-tombe", essaie de donner aux hommes un portrait et un souvenir de sa vie et de sa jeunesse passées en essayant d'être rappelés par les générations futures. "Les scènes de demain ne » le « regardent plus; elles appellent d'autres peintres: à vous, messieurs." Foscolo, dans son sonnet "A Zacinto" souligne cette "divine possibilité" que les hommes possèdent pour se rendre immortels. Lamartine souligne cette thématique de manière différente, car il considère la Nature comme la seule qui peut se souvenir et donner un souvenir des hommes passés; la littérature pour lui, avec les mots, ne peut que donner une trace des actions et pas des sentiments et des états d'âme. Le thème inévitablement lié à ce du souvenir est la fuite du temps et la bataille incessante conduite par l'humanité contre elle. "E l'uomo e le sue tombe e l'estreme sembianze e le reliquie della terra e del ciel traveste il tempo" (Foscolo, I Sepolcri),  le temps éternel ennemi des hommes. Qu'est-ce que peuvent faire les hommes contre lui? Ils peuvent donner leur souvenir à la littérature, à la Nature, à toutes les choses qui n'ont ni présent ni passé, qui vivent éternellement et qui éternellement pourront être un témoignage du souvenir des temps passés. πάντα ες ποταμός (Eraclito), c'est le cycle de la vie, qui ne peut exister sans la mort car cette dernière est un instrument indispensable pour la vie sur la terre: "le monde ne saurait changer de face sans qu'il y ait douleur."
La mort est associée à la douleur mais ici le poète reprend la conception chrétienne de la vie après la mort et c'est grâce à cette croyance qu'on peut trouver un réconfort même dans la mort.
La Nature est le témoigne de cela et même dans elle le poète trouve une sorte de "confirmation métaphysique" de sa croyance: "j'aperçois la lune pâle et élargie; [...] on dirait que l'ancien monde finit et que le nouveau commence."

b)  saggio breve

Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto (circa 600 parole).

La Nature chez les poètes romantiques : analogies  et différences


J'allais alors d'un pas plus tranquille chercher quelque lieu sauvage dans la forêt, quelque lieu désert où rien ne montrant la main des hommes n'annonçait la servitude et la domination, quelque asile où je pusse croire avoir pénétré le premier, et où nul tiers opportun ne vint s'interposer entre la nature et moi. C'était là qu'elle semblait déployer à mes yeux une magnificence toujours nouvelle. L'or des genêts et la pourpre des bruyères frappaient mes yeux d'un luxe qui touchait mon coeur; la majesté des arbres qui me couvraient de leur ombre, la délicatesse des arbustes qui m'environnaient, l'étonnante variété des herbes et des fleurs que je foulais sous mes pieds, tenaient mon esprit dans une alternative continuelle d'observation et d'admiration: le concours de tant d'objets intéressants qui se disputaient mon attention, m'attirant sans cesse de l'un à l'autre, favorisait mon humeur rêveuse et paresseuse, et me faisait souvent redire en moi-même: «Non, Salomon dans toute sa gloire ne fut jamais vêtu comme l'un d'eux. »
Mon imagination ne laissait pas longtemps déserte la terre ainsi parée. Je la peuplais bientôt d'êtres selon mon coeur, et, chassant bien loin l'opinion, les préjugés, toutes les passions factices, je transportais dans des asiles de la nature des hommes dignes de les habiter.

J-J Rousseau Correspondance, Troisième lettre à M.de Malesherbes (26 janvier 1762)


Un caractère moral s'attache aux scènes de l'automne : ces feuilles qui tombent comme nos ans, ces fleurs qui se fanent comme nos heures, ces nuages qui fuient comme nos illusions, cette lumière qui s'affaiblit comme notre intelligence, ce soleil qui se refroidit comme nos amours, ces fleuves qui se glacent comme notre vie, ont des rapports secrets avec nos destinées.
Je voyais avec un plaisir indicible le retour de la saison des tempêtes, le passage des cygnes et des ramiers, le rassemblement des corneilles dans la prairie de l'étang, et leur perchée à l'entrée de la nuit sur les plus hauts chênes du grand Mail. Lorsque le soir élevait une vapeur bleuâtre au carrefour des forêts, que les complaintes ou les lais du vent gémissaient dans les mousses flétries, j'entrais en pleine possession des sympathies de ma nature. Rencontrais-je quelque laboureur au bout d'un guéret ? je m'arrêtais pour regarder cet homme germé à l'ombre des épis parmi lesquels il devait être moissonné, et qui retournant la terre de sa tombe avec le soc de la charrue, mêlait ses sueurs brûlantes aux pluies glacées de l'automne : le sillon qu'il creusait était le monument destiné à lui survivre.

François-René  de Chateaubriand  Mémoires d’Outre-tombe , 1848 (première partie, livre III, chapitre XIII)

Elle me dit : "Je suis l'impassible théâtre
Que ne peut remuer le pied de ses acteurs ;
Mes marches d'émeraude et mes parvis d'albâtre,
Mes colonnes de marbre ont les dieux pour sculpteurs.
Je n'entends ni vos cris ni vos soupirs ; à peine
Je sens passer sur moi la comédie humaine
Qui cherche en vain au ciel ses muets spectateurs.

"Je roule avec dédain, sans voir et sans entendre,
A côté des fourmis les populations ;
Je ne distingue pas leur terrier de leur cendre,
J'ignore en les portant les noms des nations.
On me dit une mère et je suis une tombe.
Mon hiver prend vos morts comme son hécatombe,
Mon printemps ne sent pas vos adorations.

"Avant vous j'étais belle et toujours parfumée,
J'abandonnais au vent mes cheveux tout entiers,
Je suivais dans les cieux ma route accoutumée,
Sur l'axe harmonieux des divins balanciers.
Après vous, traversant l'espace où tout s'élance,
J'irai seule et sereine, en un chaste silence
Je fendrai l'air du front et de mes seins altiers.
 "

Alfred de Vigny La maison du berger, 1844


Sono salito su la più alta montagna: i venti imperversavano; io vedeva le querce ondeggiar sotto a' miei piedi; la selva fremeva come mar burrascoso, e la valle ne rimbombava; su le rupi dell'erta sedevano le nuvole - nella terribile maestà della Natura la mia anima attonita e sbalordita ha dimenticato i suoi mali, ed è tornata alcun poco in pace con se medesima.
Vorrei dirti di grandi cose: mi passano per la mente; vi sto pensando! - m'ingombrano il cuore, s'affollano, si confondono: non so più da quale io mi debba incominciare; poi tutto a un tratto mi sfuggono, e prorompo in un pianto dirotto. Vado correndo come un pazzo senza saper dove, e perché: non m'accorgo, e i miei piedi mi trascinano fra precipizi. Io domino le valli e le campagne soggette; magnifica ed inesausta creazione! I miei sguardi e i miei pensieri si perdono nel lontano orizzonte. - Vo salendo, e sto lì - ritto - anelante - guardo ingiù; ahi voragine! - alzo gli occhi inorridito e scendo precipitoso appiè del colle dove la valle è più fosca. Un boschetto di giovani querce mi protegge dai venti e dal sole; due rivi d'acqua mormorano qua e là sommessamente: i rami bisbigliano, e un rosignuolo - ho sgridato un pastore che era venuto per rapire dal nido i suoi pargoletti: il pianto, la desolazione, la morte di quei deboli innocenti dovevano essere venduti per una moneta di rame; così va! or bench'io l'abbia compensato del guadagno che sperava di trarne e mi abbia promesso di non disturbare più i rosignuoli, tu credi ch'ei non tornerà a desolarli? - e là io mi riposo. - Dove se' ito, o buon tempo di prima! la mia ragione è malata e non può fidarsi che nel sopore, e guai se sentisse tutta la sua infermità! Quasi quasi - povera Lauretta! tu forse mi chiami - e forse fra non molto io verrò. Tutto, tutto quello ch'esiste per gli uomini non è che la lor fantasia. Dianzi fra le rupi la morte mi era spavento; e all'ombra di quel boschetto io avrei chiusi gli occhi volentieri in sonno eterno. Ci fabbrichiamo la realtà a nostro modo; i nostri desideri si vanno moltiplicando con le nostre idee; sudiamo per quello che vestito diversamente ci annoja; e le nostre passioni non sono alla stretta del conto che gli effetti delle nostre illusioni. Quanto mi sta d'intorno richiama al mio cuore quel dolce sogno della mia fanciullezza. O! come io scorreva teco queste campagne aggrappandomi or a questo or a quell'arbuscello di frutta, immemore del passato, non curando che del presente, esultando di cose che la mia immaginazione ingrandiva e che dopo un'ora non erano più, e riponendo tutte le mie speranze ne' giuochi della prossima festa. Ma quel sogno è svanito! e chi m'accerta che in questo momento io non sogni? Ben tu, mio Dio, tu che creasti gli umani cuori, tu solo, sai che sonno spaventevole è questo ch'io dormo; sai che non altro m'avanza fuorché il pianto e la morte. 

Ugo Foscolo Ultime lettere di Jacopo Ortis , 1802





MADDALENA ANDREOLI

Essai bref :  La Nature chez les Romantiques: analogies et différences

La nature a toujours eu un rapport privilégié avec les Romantiques: elle est l'objet de leur poésie, elle est leur scénario préféré, elle est leur interlocutrice intime et exclusive, avec laquelle ils instaurent des dialogues toujours différents.
Dans cette vision, Rousseau déjà en 1762 écrit que "nul tiers opportun" ne va "s'interposer entre la Nature et moi" (Correspondance). C'est seulement dans la solitude et la tranquillité de "quelque lieu sauvage dans la forêt" que ce dialogue peut commencer. Et ce n'est pas seulement la Nature qui est interlocutrice exclusive du poète, mais aussi le contraire. Les Romantiques sont les seuls qui peuvent l'écouter et la comprendre: "Elle me dit", écrit Alfred de Vigny, en surlignant le pronom personnel "me". Pas "elle dit" ni "elle dit aux autres": la Nature ne parle qu’ au "moi" romantique. Ainsi, dans le tableau de Friedrich l'homme qui nous donne les épaules est seul, face à face avec les nuages. 
Toutefois, ce dialogue a souvent une conclusion différente chez les auteurs. En étant toujours majestueuse et puissante ("Salomon dans toute sa gloire ne fut jamais vêtu comme l'un d'eux, dit Rousseau, alors que Ugo Foscolo écrit "Nella terribile maestà della natura"), la Nature peut avoir des connotations même opposées. 

Elle est parfois un refuge: "une demeure", un "lieu désert où rien ne montrant la main des hommes n'annonçait la servitude" (Rousseau). Elle protège le poète romantique de la société et des malheurs, un lieu où "l'anima attonita ha dimenticato i suoi mali" (Foscolo). Dans ces deux cas, dont les écrivains pourraient être appelés préromantiques, la nature est d'une certaine façon considérée positive.

Parfois, elle est un miroir qui reflète les émotions du poète, et qui les exprime; métaphore en général de la vie humaine en Chateaubriand ("un caractère moral s'attache aux scènes de l'automne"), elle devient dans les Méditations Poétiques de Lamartine le témoin qui participe du malheur du narrateur. Enfin, dans la "Lettera da Ventimiglia" de Ugo Foscolo, elle est l'hostile manifestation des inquiétudes de Iacopo. 

Parfois encore, elle est un "impassible théâtre" des disgrâces de l'homme, qu'elle appelle "comédie" dans un ton en même temps indifférent et ironique.
Chez Vigny, la nature n'est ni amie ni mère. Elle nous "ignore" et au même temps elle ignore aussi la mort et la décadence qui ne la touchent pas dans son éternité ("mon hiver prend vos morts", avec l'opposition entre les pronoms personnels "mon" et "vos").
Puis encore, elle est le lieu qui réveille nos souvenirs heureux pour Nerval et sera chez Baudelaire un "temple" avec ses "vivants piliers" (et dans le poème Correspondances de Baudelaire, le mot Nature est placé tout au début, pour surligner son importance: "La Nature est un Temple où des vivants piliers...").

Enfin, la mort. Quand l'automne approche, les feuilles "tombent comme nos ans" (Chateaubriand), et la Nature est inévitablement rapportée à la fin de tout. "On me dit une mère et je suis une tombe", dit Vigny, et "Dianzi fra le rupi la morte m'era spavento; e all'ombra di quel boschetto io avrei chiusi gli occhi volentieri in sonno eterno" (Foscolo). "Even from the tombs the voice of nature cries", écrit Thomas Gray dans son "Elegy written in a country churchyard": cette mort qui nous accompagne toujours est l'autre côté de la Nature vivante, et cela les Romantiques l'ont compris et assimilé parfaitement. 


LUKE  GJOKA     

Essai bref : La nature chez le Romantiques : analogies et différences

Dans l’atmosphère  conservatrice  et  écrasante du dix-neuvième siècle, l’intellectuel romantique se sent prisonnier d’une tragique solitude et d’un système politique autoritaire. Tous les arts mais surtout la poésie, la musique et la peinture, dans le Romantisme veulent exprimer les sentiments et les inquiétudes de l’âme humaine. L’homme est considéré comme un voyageur, et  l’expérience de la vie est un parcours fatigant, que la raison n’aide pas à aborder ; la nature sauvage et mystérieuse, dans laquelle s’aventurer et peut-être se perdre , devient un topos littéraire, parce que elle évoque le sens de solitude et de faiblesse  de l’homme, la mélancolie et le besoin d’élever l’âme vers l’infini. Dans les tableaux de l’artiste allemand Caspar Friedrich les immenses décors naturels sont souvent dénués de présences humaines ; quand elles paraissent , elles représentent  généralement des figures petites et en contre-jour. L’attitude des figures souligne leur émotions : immobiles, avec les épaules révoltées à l’observateur , c’est comme si elles l’ invitaient   à rester en silence, en se joignant à elles dans la contemplation d’une nature si infiniment grandiose. La Nature est donc l'incarnation la plus tangible de Dieu. C'est par elle que, comme on le voit chez Hugo et Lamartine, le divin manifeste le mieux de sa grandeur. Foscolo, en effet, dans les  « Ultime lettere di Iacopo Ortis » dit « Ben tu, mio Dio, tu che creasti gli umani cuori, tu solo sai che sonno spaventevole é questo ch’io dormo ; sai che non altro m’avanza fuorché il pianto e la morte ». La nuit s’associe au sommeil, pendant lequel l’âme erre dans la région inexplorée  des rêveries et  des cauchemars, les expressions de nos désirs plus cachés et de nos peurs. La nuit comme fin du jour évoque la fin de la vie, la mort comme paix rattrapée, la fin des souffrances humaines.  Dans le sonnet de Foscolo « Alla Sera » le descente  de la nuit, traditionnellement interprété comme le départ de la vie, est évoqué dans ses couleurs et dans sa sensible réalité. En même temps la nuit devient moyen  pour voyager avec l’imagination (« Vagar mi fai co’ miei pensier »). La même imagination que nous retrouvons aussi dans les Correspondances « Mon imagination ne laissant pas longtemps déserte la terre ainsi parée. » représente  la divine faculté d’aller au de-là de la réalité  pour découvrir le vrai  spectacle de la Nature: l'automne et les soleils couchants deviennent dès lors des images du déclin de nos vies, alors que le vent qui gémit et le roseau qui soupire symbolisent bien entendu les émotions du poète lui-même. La Nature, enfin, est un lieu de repos, de recueillement (« Je voyais avec un plaisir indicible de la saison des tempêtes » Mémoires d’Outre-tombe de Chateaubriand)  ; en s'y arrêtant, on oublie la société, les tracas de la vie mondaine. Il est d'ailleurs conséquent à l'esprit romantique qu'on se confie plus aisément à un lac qu'à un ami en chair et en os. C'est bien là le signe, à la fois, du dédain des romantiques pour l'univers social et du goût de ces poètes pour la méditation, pour un retour sur soi que la Nature, comme un miroir, ne fait que favoriser. Dans la « Maison du berger » de Vigny la Nature est indifférente aux exigences  humaines : l’homme tente inutilement de s’enfuir pour éviter la douleur (« sempre ebbi ed ho intenzione a tutt’altro, che alla felicità degli uomini o all’infelicità » Dialogo della Natura e di un Islandese, Operette Morali de Leopardi) mais la souffrance fait  partie du voyage de l’homme vers la mort . L’homme face à la nature comprend sa faiblesse par rapport au mystère de la création et à l’instabilité de son existence.    


STEFANO ZANZI             
                                              
Essai bref : La nature chez les Romantiques: analogies et différences

La nature est un thème majeur chez les Romantiques. En effet, presque tous les auteurs de cette époque ont développé des réflexions sur elle dans leurs œuvres.
Tout d’abord, il faut souligner que la nature Romantique est sauvage, totalement éloignée d’un intervention humaine. En effet, selon la plupart de Romantiques la nature est un refuge pour l’auteur, qui peut ainsi abandonner les hommes : comme ils n’arrivent presque jamais à comprendre le génie du poète, il veut les laisser. Donc la nature (par exemple celle de Foscolo, de Chateaubriand, de Rousseau, des tableaux de Friedrich) ne peut qu’être sauvage : Rousseau en particulier souligne cet élément : il voudrait aller « où je pusse croire avoir pénétré le premier ». D’autre part, à cette époque les jardins anglais, qui semblent naturelles, sans aucune intervention humaine, sont à la mode, en opposition avec les jardins italiens (où la nature est évidemment modifiée par l’homme).
En outre, la nature est une source d’inspiration. C’est-à-dire que l’auteur, lorsqu’il est dans ce milieu, peut composer de la poésie et des œuvres littéraires. Par exemple, lorsque le jeune Jacopo Ortis se trouve dans un paysage complètement naturelle, il ressent qu’il a beaucoup de choses à dire et à raconter. La nature, donc, a généralement une signification positive ; elle correspond aux états d’âme des auteurs, elle les comprends. Par exemple, Chateaubriand développe une correspondance entre la Nature et les hommes : selon lui, chaque élément naturel a une correspondance dans le physique ou bien l’âme des hommes. Peut-être que la nature soit en tempête, ou bien dans un état de calme ; cela dépend souvent de l’état d’âme de l’auteur. L’homme, dans cette vision est une créature de la Nature, qui est une véritable mère, amoureuse. Certains voient dans la Nature l’œuvre de Dieu, ou bien Dieu lui-même (cela dépend de leur foi ) ; dans toute cas, la Nature aime et aide les hommes. Au moins, elle écoute leurs souffrances ; elle est présente et  intervient dans leur  vie.
Cependant, certains écrivains  donnent une autre signification, négative, à la nature. En particulier Vigny, dans ses œuvres, remarque l’indifférence de la Nature par rapport aux souffrances humaines. Selon sa pensée, la Nature est « impassible » ; il n’y a plus de correspondance entre le poète et elle. C’est-à-dire que nos souffrances n’ont aucune cause spécifique, ni la Nature ne peut de quelque façon nous aider, ou consoler ; l’homme est dans un monde où il n’a aucune importance. Cette position est proche de celle de Leopardi (son « pessimismo cosmico », où il soutient que tout est mal dans ce monde). Cette vision est radicalement différent par rapport à celle des autres auteurs.
La Nature, selon la plupart des auteurs Romantiques, est un élément pour la félicité de l’homme ; au contraire, selon Vigny, la Nature non seulement ne nous apporte que  des malheurs , elle est aussi indifférente. L’homme donc n’a d’autres choix si non de supporter avec dignité, en silence, les maux qui lui arrivent.
La Nature, enfin, est fondamentale chez les Romantiques. Tous les auteurs de cette époque en ont parlé, avec leurs différentes visions. Il faut remarquer la nouvelle conception de la Nature ; pour la première fois, des poètes décrivent  la Nature, qui est non seulement le cadre des actions, mais aussi le lieu de correspondance avec l’âme du poète. Cette innovation sera un des héritages de cette époque.

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