lundi 2 avril 2018

Ines Serpe : Essai bref " Solitude: l'enfer tout entier est dans ce mot?"






Solitude: l'enfer tout entier est dans ce mot?

“I'm so lonely, but that's okay” chante Kurt Cobain dans la deuxième strophe de “Lithium”. La solitude, donc, n'est pas une condition infernale pour lui, au contraire il la supporte sans difficultés. Mais est-ce que la solitude est vraiment “okay”? Et surtout, est-elle “okay” pour tous?

Selon l'homme inconnu, enterré au Père Lachaise, la solitude est absolument positive. On pourrait aussi la considérer comme une exigence de cet homme, qui peut l'apercevoir seulement après la mort. C'est sa tombe qui le temoigne, avec l'épitaphe “Enfin seul!”.
Ces deux mots sont les mêmes utilisés par Baudelaire comme ouverture pour “À une heure du matin”. L'écrivain parisien, à différence de l'inconnu du Père Lachaise, arrive à trouver la solitude avant la mort: la nuit lui offre “quelques heures” de silence et de repos, dans lesquelles il peut “produire quelques beaux vers”.
La solitude est douce aussi pour Georges Moustaki. Toutefois, elle est pour ce chanteur “fidèle comme une ombre” qui l'accompagne partout, fidèle comme une amante. Elle sera donc sa “dernière compagne”.
Au contraire, le seul être qui manque à Lamartine et qui rend tout “dépeuplé” est exactement sa compagne, Elvire. La solitude lui est insupportable parce qu'elle revouvelle sans cesse la douleur de ce manque, mais elle est en même temps inévitable, parce qu'Elvire ne reviendra jamais.
Quasimodo, comme Lamartine, trouve cette condition atroce, mais sa solitude dépend seulement du fait qu'il est un homme: “ognuno sta solo sul cuor della terra”. Cette souffrance existentielle est exprimée avec le mot “trafitto”, qui communique toute la douleur des hommes, qui sont, malgré tout, seuls.

Pour conclure, la solitude, que quelques uns recherchent, dont d'autres fuient, peut être considérée positive ou négative selon les idées et les expériences personnelles de chacun. Elle peut être un supplice, comme pour Lamartine, ou une condition paradisiaque, comme pour Baudelaire, mais elle est inséparable de la vie de tout homme. Peut-être faudrait-it accepter cette condition pour vivre plus heureusement, ou avec moins de souffrances. “I'm so lonely, but that's okay”: la solitude est une condition humaine.

Ines Serpe



 LICEO CLASSICO “E. CAIROLI” VARESE
SEZIONE ESABAC
BAC BLANC
Prova di  LINGUA E LETTERATURA FRANCESE
  
Saggio breve

Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto.
(circa 600 parole).

« Solitude :  L’enfer  tout entier est   dans ce mot ? »

Documento 1
À UNE HEURE DU MATIN


Enfin ! seul ! On n'entend plus que le roulement de quelques fiacres attardés et éreintés. Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos. Enfin! la tyrannie de la face humaine a disparu, et je ne souffrirai plus que par moi-même. Enfin ! il m'est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres! D'abord, un double tour à la serrure. Il me semble que ce tour de clef augmentera ma solitude et fortifiera les barricades qui me séparent actuellement du monde. Horrible vie ! Horrible ville ! Récapitulons la journée : avoir vu plusieurs hommes de lettres, dont l'un m'a demandé si l'on pouvait aller en Russie par voie de terre (il prenait sans doute la Russie pour une île) ; avoir disputé généreusement contre le directeur d'une revue, qui à chaque objection répondait : «C'est ici le parti des honnêtes gens», ce qui implique que tous les autres joumaux sont rédigés par des coquins ; avoir salué une vingtaine de personnes, dont quinze me sont inconnues ; avoir distribué des poignées de main dans la même proportion, et cela sans avoir pris la précaution d'acheter des gants ; être monté pour tuer le temps, pendant une averse, chez une sauteuse qui m'a prié de lui dessiner un costume de Vénustre ; avoir fait ma cour à un directeur de théâtre, qui m'a dit en me congédiant : « - Vous feriez peut-être bien de vous adresser à Z... ; c'est le plus lourd, le plus sot et le plus célèbre de tous mes auteurs, avec lui vous pourriez peut-être aboutir à quelque chose. Voyez-le, et puis nous verrons » ; m'être vanté (pourquoi ?) de plusieurs vilaines actions que je n'à jamais commises, et avoir lâchement nié quelques autres méfaits que j'ai accomplis avec joie, délit de fanfaronnade, crime de respect humain ; avoir refusé à un ami un service facile, et donné une recommandation écrite à un parfait drôle ; ouf ! est-ce bien fini ?

Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m'enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. Ames de ceux que j'ai aimés, âmes de ceux que j'ai chantés, fortifiez-moi, soutenez-moi, éloignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde, et vous, Seigneur mon Dieu ! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise !


Charles Baudelaire  Le Spleen de Paris (1869)

Documento 2

L’isolement


Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.


Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.

Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs,
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.


Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports,
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.


De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend. »


Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.


Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.


Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ;
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire,
Je ne demande rien à l’immense univers.


Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !


Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ;
Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !


Que ne puis-je, porté sur le char de l’Aurore,
Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi !
Sur la terre d’exil pourquoi restè-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.


Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !


Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques (1820)


Documento 3
Georges Moustaki — Ma Solitude

Pour avoir si souvent dormi avec ma solitude,
Je m'en suis fait presque une amie, une douce habitude
Elle ne me quitte pas d'un pas, fidèle comme une ombre
Elle m'a suivi ca et la , aux quatre coins du monde

Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude

Quand elle est au creux de mon lit, elle prend toute la place,
Et nous passons de longues nuits, tous les deux face a face
Je ne sais vraiment pas jusqu' oui ra cette complice,
Faudra-t-il que j' y prenne gout ou que je réagisse?


Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude

Par elle, j'ai autant appris que j'ai verse de larmes
Si parfois je la répudie, jamais elle ne désarme
Et, si je préfère l'amour d'une autre courtisane,
Elle sera a mon dernier jour, ma dernière compagne



Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude
Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude



Documento 4

Ed è subito sera

Ognuno sta solo sul cuor della terra
Trafitto da un raggio di sole:
ed è subito sera

Salvatore Quasimodo Acque e Terra (1930)




  

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