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mardi 7 avril 2015

ESSAI BREF : L'essence du sens dans les chansons : SENS, CONTRESENS, SENS INTERDIT





A' Vous d'en retrouver le sens !!!













La mer sans arrêt
Roulait ses galets
Les cheveux défaits
Ils se regardaient
Dans l'odeur des pins
Du sable et du thym
Qui baignait la plage
Ils se regardaient
Tous deux sans parler
Comme s'ils buvaient l'eau de leurs visages
Et c'était comme si tout recommençait
La même innocence les faisait trembler
Devant le merveilleux
Le miraculeux
Voyage de l'amour

Dehors ils ont passé la nuit
L'un contre l'autre ils ont dormi
La mer longtemps les a bercés
Et quand ils se sont éveillés
C'était comme s'ils venaient au monde
Dans le premier matin du monde

La mer sans arrêt
Roulait ses galets
Quand ils ont couru
Dans l'eau les pieds nus
À l'ombre des pins
Se sont pris la main
Et sans se défendre
Sont tombés dans l'eau
Comme deux oiseaux
Sous le baiser chaud de leurs bouches tendres
Et c'était comme si tout recommençait
La vie, l'espérance et la liberté
Avec le merveilleux
Le miraculeux
Voyage de l'amour






Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter

Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer






Cara maestra, un giorno m'insegnavi
che a questo mondo noi, noi siamo tutti uguali;
ma quando entrava in classe il Direttore
tu ci facevi alzare tutti in piedi,
e quando entrava in classe il bidello
ci permettevi di restar seduti...

Mio buon curato, dicevi che la chiesa
è la casa dei poveri, della povera gente;
però hai rivestito la tua chiesa
di tende d'oro e marmi colorati;
come può adesso un povero che entra
sentirsi come fosse a casa sua?...

Egregio sindaco, m'hanno detto che un giorno
tu gridavi alla gente: Vincere o morire!
Ora vorrei sapere come mai
vinto non hai eppure non sei morto,
e al posto tuo è morta tanta gente
che non voleva né vincere né morire...




Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?
Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?

J'ai appris qu'il n'faut mentir jamais
Qu'il y a des bons et des mauvais
Que je suis libre comme tout le monde
Même si le maître parfois me gronde
C'est ça qu'on m'a dit à l'école, Papa
C'est ça qu'on m'a dit à l'école

Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?
Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?

Que les gendarmes sont mes amis
Et tous les juges très gentils
Que les criminels sont punis pourtant
Même si on s'trompe de temps en temps
C'est ça qu'on m'a dit à l'école, Papa
C'est ça qu'on m'a dit à l'école

Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?
Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?

Que le gouvernement doit être fort
A toujours raison et jamais tort
Nos chefs sont tous très forts en thème
Et on élit toujours les mêmes
C'est ça qu'on m'a dit à l'école, Papa
C'est ça qu'on m'a dit à l'école

Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?
Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?

J'ai appris que la guerre n'est pas si mal
Qu'il y a des grandes et des spéciales
Qu'on s'bat souvent pour son pays
Et p't'être j'aurais ma chance aussi
C'est ça qu'on m'a dit à l'école, Papa
C'est ça qu'on m'a dit à l'école





mardi 13 janvier 2015

MOULOUDJI : Faut vivre












Il y a peut-être 150 millions de galaxies
contenant chacune 120, 150 millions d´étoiles...
A des centaines de milliers d´années lumières...
Il y a des centaines d´autres galaxies
contenant encore des milliards d´étoiles...
Poussière dans un Sahara d´étoiles...





Malgré les grands yeux du néant
c´est pour mieux nous manger enfant
et les silences et les boucans...
faut vivre

bien qu´aveugles sur fond de nuit
entre les gouffres infinis
des milliards d´étoiles qui rient...
faut vivre...

malgré qu´on soit pas toujours beau
et que l´on ait plus ses seize ans
et sur l´espoir un chèque en blanc
faut vivre...

malgré le cœur qui perd le nord
au vent d´amour qui souffle encore
et qui parfois encore nous grise
faut vivre...

malgré qu´on ait pas de génie
n´est pas Rimbaud qui peut pardi
et qu´on se cherche un alibi
malgré tous nos morts en goguette
qui errent dans les rues de nos têtes
faut vivre...

malgré qu´on soit brave et salaud
qu´on est des complexes à gogo
et qu´on les aime c´est ça le pire
faut vivre...

malgré l´idéal du jeune temps
qui c´est usé au nerf du temps
et par d´autre repris en chantant
faut vivre...

malgré qu´en s´tournant vers l´passé
on est effrayé de s´avouer
qu´on a tout de même un peu changer
faut vivre...

malgré qu´on soit du même voyage
qu´on vive en fou, qu´on vive en sage
tout finira dans un naufrage
faut vivre...

malgré qu´au ciel de nos poitrines
en nous sentinelle endormie
dans un bruit d´usine gémit
le cœur aveugle qui funambule
sur le fil du présent qui fuit
faut vivre...

malgré qu´en nous un enfant mort
parfois si peu sourit encore
comme un vieux rêve qui agonise
faut vivre...

malgré qu´on soit dans l´engrenage
des notaires et des héritages
ou le cœur s´écœure et s´enlise
faut vivre...

malgré qu´on fasse de l´humour noir
sur l´amour qui nous en fera voir
jusqu´à ce qu´il nous dise au revoir
faut vivre...

malgré qu´à tous les horizons
comme un point d´interrogation
la mort nous regarde d´un œil ivre
faut vivre...

malgré tous nos serments d´amour
tous nos mensonges jour après jour
et bien que l´on ait qu´une vie
une seule pour l´éternité
malgré qu´on la sache ratée....

Faut vivre...











lundi 15 décembre 2014

Mouloudji : Un jour je m'en irai ...


















Un jour je m'en irai

(Mouloudji/Musy)

Un jour je m'en irai sur un bateau tout blanc
Aux îles sous le vent, au pays des enfants
Ah oui je m'en irai, m'en irai pour la vie
Pour les jours et les soirs, les matins et les nuits

Je quitterai Paris, je quitterai la Seine
Notre Dame les quais, ma jeunesse et la tienne
Je n'irai plus jamais acheter de château,
En Espagne ou ailleurs ni faire le zigoto

Ni trainer ma mollesse de vieux cargo usé
Au long des noirs canaux de Paris enfiévré
Ni ne finirai plus à minuit Place Blanche
Ah je voudrais goûter à mes anciens dimanches

Je quitterai Paris sans même une valise
Pour larguer mon passé et toutes mes sottises
Je quitterai les fleurs du jardin de ton corps
Et ta bouche anonyme et ton cœur qui m'endort

Je trainerai ma vie au long des continents
Au long des rêveries, au long des océans
Et peut être au fin fond d'une mer verticale
Entre cieux et nuages et va viendra le calme

Un jour je m'en irai sur un bateau tout blanc
Aux îles sous le vent au pays des enfants
Ah oui je m'en irai, m'en irai pour la vie
Pour les jours et les soirs, les matins et les nuits

Un jour je m'en irai sur un bateau tout blanc
Aux îles sous le vent au loin, loin oui mais quand
Ah oui je m'enfuirai m'enfuirai pour la vie
Pour les jours, pour les nuits, pour la mort sans soucis.











dimanche 30 novembre 2014

Mouloudji - Le Conscrit (Boris Vian's Allons z'enfants !)









L'aut' jour dans mon courrier
J'ai reçu des papiers
J'en suis
J'vous l'dis
J'en suis resté tout pâle
On me disait tout dret
D'aller me présenter
A la
Casern'
Qui s'trouv' dans mon quartier.

Je m'en vais donc là-bas
Et je leur dis c'est moi
Je viens
C'matin
M'en voir de quoi qu'y r'tourne
On m'a donc fait rentrer
Et je leur ai d'mandé
A voir
Cui-là
Qui m'avait convoqué.

Me v'là dans un bureau
Qui n'était pas bien beau
Y avait
C'est vrai
Un' petit' secrétaire
Avec un uniforme
Qui collait à ses formes
J'm'en suis
Senti
Bientôt
Ragaillardi.

Mais y avait aussi
Un militaire assis
Qui m'dit
Mon p'tit
Qu'est-c' que vous venez faire
Moi j'y ai répondu
C'est qu'on m'a convoqué
Monsieur
L'soldat
C'est pour ça que j'suis là.

Il m'a dit: Gardavou !
Mais où vous croyez-vous
Je vois
Ma foi
Vous êt' un' forte tête
Vous assoir devant moi
Ca s'pass'ra pas comm' ça
Debout
Sans r'tard
Ou j'vous fourre au mitard.

Moi j'y ai répondi
Je n'suis qu'un jeun' conscrit
Y a pas
D'offens'
Si j'connais pas l'usage
Je vous voyais-t-assis
Je m'suis assis-z-aussi
Voici
Voici
Pourquoi j'agis ainsi.

Je me suis relevé
Et je lui ai-z-avoué
Qu'j'étais
Pincé
Pour sa p'tit' secrétaire
Pis j'ai voulu savoir
Si ell' sortait le soir
Et si
Les bleus
Avaient l'jeudi pour eux.

Il est dev'nu tout noir
C'était pas beau a voir
Il s'est
Levé
Et m'a botté les fesses
Et puis il m'a conduit
Chez un ami à lui
Un a
Djudant
Qui m'a fourré dedans.

On m'a rééduqué
Toute la matinée
L'après
Midi
J'ai balayé les chiottes
Et ça a continué
Pendant des mois entiers
Jamais
Jamais
J'avais tant balayé.

Je vois les autres gars
Marcher sans s'tromper d'pas
Mais moi
Je crois
Que j'suis-t-un incapable
J'ai pas d'goût au fusil
Et dans ma compagnie
On dit
Que j'suis
Le plus con des conscrits.

Je suis même trop con
Pour jouer du clairon
J'en tir'
Des sons
Qui les mett'tous en rage
Moi ça m'intéress' pas
De jouer lèv'toi soldat
Quand j'suis
Tout seul
J'y joue l'grand air d'Aïda.

Mon vieux copain Dubois
Qu'était un bleu comm' moi
Avait
Je l'sais
Le goût du militaire
Il a des galons neufs
Ca fait un effet boeuf
Voilà
C'que c'est
D'écouter les gradés.

Ils me l'ont répété
Pour êtr' un bon troupier
Obé
Issez
Aux officiers d'carrière
Dubois est adjudant
Il finira yeut'nant
Pourvu
Qu'on trouv'
L'moyen d'vivre cent ans.

Pour émerger du rang
Un seul commandemant
Travail
Constant
Devoir et discipline
Moi si pendant vingt ans
Je balaie les latrines
J'vois pas pourquoi
Que j's'rai pas commandant !



lundi 22 septembre 2014

Marcel Mouloudji : "Faut vivre"... Poussière dans un Sahara d'étoiles.



"Il y a peu être 150 millions de galaxies
contenant chacune 120, 150 millions d'étoiles...
A des centaines de milliers d'années lumières...
Il y a des centaines d'autres galaxies
contenant encore des milliards d'étoiles...
Poussière dans un Sahara d'étoiles..."



  








Malgré les grands yeux du néant
c'est pour mieux nous manger enfant
et les silences et les boucans...
faut vivre

bien qu'aveugles sur fond de nuit
entre les gouffres infinis
des milliards d'étoiles qui rient...
faut vivre...

malgré qu'on soit pas toujours beau
et que l'on ait plus ses seize ans
et sur l'espoir un chèque en blanc
faut vivre...

malgré le coeur qui perd le nord
au vent d'amour qui souffle encore
et qui parfois encore nous grise
faut vivre...

malgré qu'on ait pas de génie
n'est pas Rimbaud qui peut pardi
et qu'on se cherche un alibi
malgré tous nos morts en goguette
qui errent dans les rues de nos têtes
faut vivre...

malgré qu'on soit brave et salaud
qu'on est des complexes à gogo
et qu'on les aime c'est ça le pire
faut vivre...

malgré l'idéal du jeune temps
qui s'est usé au nerf du temps
et par d'autre repris en chantant
faut vivre...

malgré qu'en s'tournant vers l'passé
on est effrayé de s'avouer
qu'on a tout de même un peu changer
faut vivre...
malgré qu'on soit du même voyage
qu'on vive en fou, qu'on vive en sage
tout finira dans un naufrage
faut vivre...

malgré qu'au ciel de nos poitrines
en nous sentinelle endormie
dans un bruit d'usine gémit
le coeur aveugle qui funambule
sur le fil du présent qui fuit
faut vivre...

malgré qu'en nous un enfant mort
si peu parfois sourit encore
comme un vieux rêve qui agonise
faut vivre...

malgré qu'on soit dans l'engrenage
des notaires et des héritages
ou le coeur s'écoeure et s'enlise
faut vivre...

malgré qu'on fasse de l'humour noir
sur l'amour qui nous en fera voir
jusqu'à ce qu'il nous dise au revoir
faut vivre...

malgré qu'à tous les horizons
comme un point d'interrogation
la mort nous regarde d'un oeil ivre
faut vivre...

malgré tous nos serments d'amour
tous nos mensonges jour après jour
et bien que l'on ait qu'une vie
une seule pour l'éternité
malgré qu'on la sache ratée....
faut vivre...





"Un jour je m'en irai" Mouloudji (Poème de Jacques Prévert ?)








   Un jour je m'en irai sur un bateau tout blanc
   Aux îles sous le vent, au pays des enfants
Ah oui je m'en irai,       m'en irai pour la vie
Pour les jours et les soirs, les matins et les nuits
 
 
   Je quitterai Paris, je quitterai la Seine
   Notre Dame les quais, ma jeunesse et la tienne
Je n'irai plus jamais     acheter de château,
En Espagne ou ailleurs ni faire le zigoto
 
 
   Ni traîner ma mollesse de vieux cargo usé
   Au long des noirs canaux de Paris enfiévré
   Ni ne finirai plus à minuit Place Blanche
   Ah je voudrais goûter à mes anciens dimanches
 
 
   Je quitterai Paris sans même une valise
   Pour larguer mon passé et toutes mes sottises
Je quitterai les fleurs       du jardin de ton corps
Et ta bouche anonyme et ton cœur qui m'endort
 
 
   Je traînerai ma vie au long des continents
   Au long des rêveries, au long des océans
   Et peut être au fin fond d'une mer verticale
   Entre cieux et nuages et va viendra le calme
 
 
   Un jour je m'en irai sur un bateau tout blanc
   Aux îles sous le vent au pays des enfants
Ah oui je m'en irai,      m'en irai pour la vie
Pour les jours et les soirs, les matins et les nuits
 
 
   Un jour je m'en irai sur un bateau tout blanc
   Aux îles sous le vent  au loin, loin oui mais quand
Ah oui je m'enfuirai       m'enfuirai pour la vie
Pour les jours, pour les nuits, pour la mort sans soucis








mercredi 3 septembre 2014

Boris Vian à la Bibliothèque Nationale de France ... voici sa chanson culte "Monsieur le Président..."


















Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter

Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer

La  version initiale des 2 derniers vers :
"que je tiendrai une arme ,
et que je sais tirer ..."
A été modifiée  de son ami Mouloudji,
pour conserver le côté pacifiste de la chanson.
Mais pour bien comprendre la dispute il faut lire la lettre 
que Boris Vian écrivit à M Faber,  un conseiller municipal…
comme on en trouve souvent partout…


en réponse à la censure du Déserteur (1954)










La première interprétation a été diffusée


en mai 1954 créée par Mouloudji...









Celle de Marc Robine










Et celle de Renaud







Monsieur le président
Je vous fais une bafouille
Que vous lirez sûrement
Si vous avez des couilles
Je viens de recevoir
Un coup d´fil de mes vieux
Pour m´prévenir qu´les gemdarmes
S´étaient pointés chez eux
J´ose pas imaginer
C´que leur a dit mon père
Lui, les flics, les curés
Et pis les militaires
Les a vraiment dans l´nez
P´t-être encore plus que moi
Dès qu´il peut en bouffer
L´vieil anar´ y s´gêne pas
L´vieil anar´ y s´gêne pas

Alors y parait qu´on m´cherche
Qu´la France a besoin d´moi
C´est con, j´suis en Ardèche
Y fait beau, tu crois pas
J´suis là avec des potes
Des écolos marrants
On a une vieille bicoque
On la retappe tranquillement
On fait pousser des chèvres
On fabrique des bijoux
On peut pas dire qu´on s´crève
L´travail, c´est pas pour nous
On a des plantations
Pas énormes, trois hectares
D´une herbe qui rend moins con
Non, c´est pas du ricard
Non, c´est pas du ricard

Monsieur le président
Je suis un déserteur
De ton armée de glands
De ton troupeau d´branleurs
Ils auront pas ma peau
Toucheront pas à mes cheveux
J´saluerai pas l´drapeau
J´marcherai pas comme les bœufs
J´irai pas en Allemagne
Faire le con pendant douze mois
Dans une caserne infame
Avec des plus cons qu´moi
J´aime pas recevoir des ordres
J´aime pas me lever tôt
J´aime pas étrangler le borgne
Plus souvent qu´il ne faut
Plus souvent qu´il ne faut

Puis surtout c´qui m´déplait
C´est que j´aime pas la guerre
Et qui c´est qui la fait
Ben c´est les militaires
Ils sont nuls, ils sont moches
Et pis ils sont teigneux
Maintenant j´vais t´dire pourquoi
J´veux jamais être comme eux
Quand les Russes, les Ricains
Feront péter la planete
Moi, j´aurais l´air malin
Avec ma bicyclette
Mon pantalon trop court
Mon fusil, mon calot
Ma ration d´topinambour
Et ma ligne Maginot
Et ma ligne Maginot

Alors me gonfle pas
Ni moi, ni tous mes potes
Je serai jamais soldat
J´aime pas les bruits de bottes
T´as plus qu´a pas t´en faire
Et construire tranquilos
Tes centrales nucléaire
Tes sous-marins craignos
Mais va pas t´imaginer
Monsieur le président
Que j´suis manipulé
Par les rouges ou les blancs
Je n´suis qu´un militant
Du parti des oiseaux
Des baleines, des enfants
De la terre et de l´eau
De la terre et de l´eau

Monsieur le président
Pour finir ma bafouille
J´voulais t´dire simplement
Ce soir on fait des nouilles
A la ferme c´est l´panard
Si tu veux, viens bouffer
On fumera un pétard
Et on pourra causer
On fumera un pétard
Et on pourra causer










samedi 14 juin 2014

Marcel Mouloudji, disparu il y a 20 ans, mais toujours vivant








En haut de la rue St-Vincent


Un poète et une inconnue

S'aimèrent l'espace d'un instant

Mais il ne l'a jamais revue



Cette chanson il composa

Espérant que son inconnue

Un matin d'printemps l'entendra

Quelque part au coin d'une rue



La lune trop blême

Pose un diadème

Sur tes cheveux roux

La lune trop rousse

De gloire éclabousse

Ton jupon plein d'trous



La lune trop pâle

Caresse l'opale

De tes yeux blasés

Princesse de la rue

Soit la bienvenue

Dans mon cœur blessé



Les escaliers de la butte sont durs aux miséreux

Les ailes des moulins protègent les amoureux



Petite mandigote

Je sens ta menotte

Qui cherche ma main

Je sens ta poitrine

Et ta taille fine

J'oublie mon chagrin



Je sens sur tes lèvres

Une odeur de fièvre

De gosse mal nourri

Et sous ta caresse

Je sens une ivresse

Qui m'anéantit



Les escaliers de la butte sont durs aux miséreux

Les ailes des moulins protègent les amoureux



Mais voilà qu'il flotte

La lune se trotte

La princesse aussi

Sous le ciel sans lune

Je pleure à la brune

Mon rêve évanoui