mardi 30 juin 2015

De GEORGES BRASSENS à NANNI SAMPA "LES AMOUREUX DES BANCS PUBLICS"










Les gens qui voient de travers
Pensent que les bancs verts
Qu'on voit sur les trottoirs 
Les gens qui voient de travers
Pensent que les bancs verts
Qu'on voit sur les trottoirs
Sont faits pour les impotents ou les ventripotents
Mais c'est une absurdité
Car à la vérité
Ils sont là c'est notoire
Pour accueillir quelque temps les amours débutants

Les amoureux qui s'bécott'nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s'fouttant pas mal du regard oblique
Des passants honnêtes
Les amoureux qui s'bécott'nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s'disant des "Je t'aime" pathétiques
Ont des p'tit's gueul' bien sympatiques

Ils se tiennent par la main
Parlent du lendemain
Du papier bleu d'azur
Que revêtiront les murs de leur chambre à coucher
Ils se voient déjà doucement
Ell' cousant, lui fumant
Dans un bien-être sûr
Et choisissent les prénoms de leur premier bébé

Les amoureux qui s'bécott'nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s'fouttant pas mal du regard oblique
Des passants honnêtes
Les amoureux qui s'bécott'nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s'disant des "Je t'aime" pathétiques
Ont des p'tit's gueul' bien sympatiques

Quand la saint' famill' machin
Croise sur son chemin
Deux de ces malappris
Ell' leur décoche hardiment des propos venimeux
N'empêch' que tout' la famille
Le pèr', la mèr', la fille
Le fils, le Saint Esprit
Voudraient bien de temps en temps pouvoir 
s'conduir' comme eux

Les amoureux qui s'bécott'nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s'fouttant pas mal du regard oblique
Des passants honnêtes
Les amoureux qui s'bécott'nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s'disant des "Je t'aime" pathétiques
Ont des p'tit's gueul' bien sympatiques

Quand les mois auront passé
Quand seront apaisés
Leurs beaux rêves flambants
Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds
Ils s'apercevront émus
Qu' c'est au hasard des rues
Sur un d'ces fameux bancs
Qu'ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour

Les amoureux qui s'bécott'nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s'fouttant pas mal du regard oblique
Des passants honnêtes
Les amoureux qui s'bécott'nt sur les bancs publics
Bancs publics, bancs publics
En s'disant des "Je t'aime" pathétiques
Ont des p'tit's gueul' bien sympatiques

















I Panchett

(Les amoreux sur le bancs pubblic)

Quej cont on cervell ristrett
Pensen che ‘sti panchett
Che vedom per i strad
Hinn miss lì domà
per fà settà giò i disgraziaa
Ma però l’è minga inscì
Se propi devi dì
Perché i hann sistemaa:
L’è per fà settà
i moros che voeuren limonà

Ritornell:                                            
A i ‘namoraa settaa giò lì in su quej panchètt
Semper lì su i panchètt
Ghe ne importa no de fà dispètt
A la gent che passa.
I ‘namoraa settaa giò lì in su quej panchètt
Semper lì su i panchètt
Quand che lee l’è ‘dree a mangià on sorbètt
Lù’l ghe va intorna a fà el gallèt

Poeu se tègnen per la man
E parlen del doman
Discuten di color
De mètt su sora i paret
in camera de lètt
Già se veden sistemaa
Lee quietta a rammendà
E lù che’l passa i or
A cercàgh el nòmm
del primm de tanti ciappinètt

(ritornell)

Quand che mamma, fioeu e papà,
La zia cont el curaa
Ghe passen li dedree,
Van adree a sbragià che ormai
gh’è pù de religion,
Ma però voeuri scommètt
Che specie a quej donnètt
Ghe piasaria podè
Settas giò anca lor
lì inscì cont on giovinotton

(ritornell)

Quand i ann sarànn passaa
 Se sarànn brusaa
I sògn in del cassètt,
Quand el ciel sora de lor
el sarà brutt e scur
Se ne accorgerànn de cert
Che su qej panchètt verd
Settaa a fàss dispètt
Hann passaa i moment miglior
de tutt el lor amor

(ritornell)

dimanche 28 juin 2015

FRANCESCO GUCCINI : "VORREI"....







Oui, oui,  je voudrais bien ....





Vorrei conoscer l’ odore del tuo paese,
camminare di casa nel tuo giardino,
respirare nell’ aria sale e maggese,
gli aromi della tua salvia e del rosmarino.
Vorrei che tutti gli anziani mi salutassero
parlando con me del tempo e dei giorni andati,
vorrei che gli amici tuoi tutti mi parlassero,
come se amici fossimo sempre stati.
Vorrei incontrare le pietre, le strade, gli usci
e i ciuffi di parietaria attaccati ai muri,
le strisce delle lumache nei loro gusci,
capire tutti gli sguardi dietro agli scuri

e lo vorrei
perchè non sono quando non ci sei
e resto solo coi pensieri miei ed io…
Vorrei con te da solo sempre viaggiare,
scoprire quello che intorno c’è da scoprire
per raccontarti e poi farmi raccontare
il senso d’ un rabbuiarsi e del tuo gioire;
vorrei tornare nei posti dove son stato,
spiegarti di quanto tutto sia poi diverso
e per farmi da te spiegare cos’è cambiato
e quale sapore nuovo abbia l’ universo.
Vedere di nuovo Istanbul o Barcellona
o il mare di una remota spiaggia cubana
o un greppe dell’ Appennino dove risuona
fra gli alberi un’ usata e semplice tramontana
e lo vorrei
perchè non sono quando non ci sei
e resto solo coi pensieri miei ed io…
Vorrei restare per sempre in un posto solo
per ascoltare il suono del tuo parlare
e guardare stupito il lancio, la grazia, il volo
impliciti dentro al semplice tuo camminare
e restare in silenzio al suono della tua voce
o parlare, parlare, parlare, parlarmi addosso
dimenticando il tempo troppo veloce o nascondere
 in due sciocchezze che son commosso.
Vorrei cantare il canto delle tue mani,
giocare con te un eterno gioco proibito
che l’ oggi restasse oggi senza domani
o domani potesse tendere all’ infinito
e lo vorrei
perchè non sono quando non ci sei
e resto solo coi pensieri miei ed io…






samedi 27 juin 2015

ESABAC EPREUVES D' HISTOIRE 2015





ESB1 - ESAMI DI STATO DI LICEO INTERNAZIONALE

Prova di: STORIA IN LINGUA FRANCESE
Svolga il candidato una delle seguenti prove a scelta tra:
a)                 composizione
b)                studio e analisi di un insieme di documenti

a)    composizione
Les relations internationales  de  la fin du XXème siècle  à nos jours : un nouvel ordre ou un nouveau désordre mondial ? (600 mots environ)

b)    studio e analisi di un insieme di documenti
Quelles sont les relations entre l’Union Soviétique et les démocraties populaires en Europe de 1945 à 1990 ? »

Dopo avere analizzato i  documenti proposti:
1) Rispondete alle domande della prima parte dell’esercizio.
2) Formulate una risposta organica in riferimento al tema posto.

Dossier documentaire:
Document 1 : Les démocraties populaires au milieu des années 1950 (carte)                              
Document 2 :  Une statue de Staline mise à terre à Budapest, lors de la révolution hongroise de 1956 (photo)                                                                                                                                                            Document 3  : La doctrine Brejnev. Discours au meeting de l’amitié soviéto-hongroise, 3 juillet 1968.  
Document 4 : Discours de Vaclav Havel devant le Parlement polonais du 25 janvier 1990.

Première partie :

Analysez l’ensemble documentaire en répondant  aux questions :

1.     Que pouvez-vous dire des liens géographiques, politiques, économiques et militaires entre l’URSS et les démocraties populaires ? (documents 1, 3 et 4)
2.     Comment s’exprime la contestation de l’influence soviétique dans les démocraties populaires ? (documents 2 et 4)
3.     À quels changements importants en URSS et dans les démocraties populaires Vaclav Havel fait-il allusion ? (document 4)

Deuxième partie :
En vous aidant des réponses aux questions, des informations contenues dans les documents et de vos
connaissances, rédigez une réponse organisée au sujet :Quelles sont les relations entre l’Union Soviétique et les démocraties populaires en Europe de 1945 à 1990 ? (300 mots environ)




Document 1 : Les démocraties populaires au milieu des années 1950 (carte)








D’après Serge Bernstein et Pierre Milza, Histoire du XXe siècle, tome II : le Monde entre guerre et paix, Paris, Hatier, 1996.

Document 2 : Une statue de Staline mise à terre le 24 octobre 1956 à Budapest, lors de la révolution hongroise de 1956







Document 3 : La doctrine Brejnev. Discours au meeting de l’amitié soviéto-hongroise, 3 juillet  1968. Cité dans « URSS, faits et documents », n°5, sept-oct. 1968.

Les pays socialistes pratiquent la plus étroite coopération en matière de sécurité et à cet égard le pacte de Varsovie joue un rôle considérable. Que tous sachent que le pacte de Varsovie dispose de moyens suffisants pour défendre efficacement les positions socialistes et pour assurer la sécurité de tous les membres. Parallèlement à la coopération militaire et politique entre les pays socialistes frères, la coopération économique occupe une place de premier plan. Le monde du socialisme vit intensément et se trouve dans une situation de progrès et de développement constants [...].
Il ne saurait y avoir de socialisme sans la propriété collective des moyens de production. Il ne saurait  y avoir de socialisme sans la participation des masses populaires  les plus vastes à la gestion de la société et de l’État. Il ne saurait y avoir de socialisme sans que le Parti communiste, fort des idées du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, joue le rôle dirigeant. Nous autres communistes, nous édifions le socialisme et le communisme dans nos pays respectifs : c’est pour nous le devoir le plus urgent.  Mais nous demeurons néanmoins des internationalistes par nos convictions, par notre éducation, par le cœur, et jamais l’avenir de l’édification socialiste dans d’autres pays, ni la cause commune du socialisme et du communisme sur terre ne nous laisserons indifférents.

Document  4 : Discours de Vaclav Havel devant le Parlement polonais du 25 janvier 1990

Pour la première fois il semble certain que la démocratie et la liberté, la justice et la souveraineté nationale sont en train de gagner, et que ce processus est irréversible. Cette certitude vient du fait que nos efforts  pour nous libérer ne sont pas isolés au milieu d’un océan d’incompréhension  mais au contraire confluent  pour former un seul fleuve.  Les changements obtenus par la nation polonaise  en dépit de revers temporaires, les changements importants en URSS, les tentatives de démocratisation en Hongrie et en RDA suivis de notre révolution pacifique en Tchécoslovaquie, la victoire héroïque et coûteuse des Roumains sur l’autocratie de Dracula, et enfin les changements auxquels nous assistons en Bulgarie, tout ceci forme un seul torrent qu’aucun barrage ne peut stopper.
[...] Nous savons que sans les longues années de lutte des Polonais, sans les efforts des peuples de l’URSS pour se libérer, sans le souvenir du soulèvement allemand de 1953, de la révolte hongroise de 1956, notre liberté fraîchement acquise et la relative facilité avec laquelle  nous l’avons gagnée, tout cela serait difficile à imaginer. Nous savons aussi bien sûr que le mouvement polonais  Solidarnosc, conduit par Lech Walesa, a le premier trouvé un moyen pacifique et efficace pour opposer une résistance continue au système totalitaire. Nous n’oublions pas non plus  que c’est vous  [...] qui l’an dernier, avez été les premiers à condamner la scandaleuse invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 [...].
La soi-disant «Droujba1» , cette façade  d’amitié  organisée et protocolaire  au sein du pacte de Varsovie et du Comecon, disparaît en même temps que les systèmes totalitaires. De même, ces encouragements insidieux, discrets, malveillants, aux tendances nationalistes et égoïstes, afin de «diviser pour régner», tout ceci disparaît aussi.

1Amitié




                  

vendredi 26 juin 2015

ESABAC EPREUVES DE LITTERATURE 2015





Esabac ordinaria 2015
ESB1 - ESAMI DI STATO DI LICEO INTERNAZIONALE

SEZIONI ESABAC
La seguente prova di esame è costituita da una prova di lingua e letteratura francese e da una prova di storia in lingua francese. La somministrazione della prova di storia deve avvenire dopo l’effettuazione della prova scritta di lingua e letteratura francese.

Prova di: LINGUA E LETTERATURA FRANCESE
Svolga il candidato una delle seguenti prove a scelta tra:
a)     analisi di un testo
b)    saggiobreve

a)    analisi di un testo

Dopo avere letto il testo rispondete alle domande e elaborate una riflessione personale sul tema proposto

Dans le haut quartier[1] n’habitaient que des blancs qui avaient fait fortune. Pour marquer la mesure surhumaine de la démarche blanche, les rues et les trottoirs du haut quartier étaient immenses. Un espace orgiaque, inutile, était offert aux pas négligents des puissants au repos.[…]. Arrosées plusieurs fois par jour, vertes, fleuries, ces rues étaient aussi bien entretenues que les  allées d’un immense jardin zoologique où les espèces rares veillaient sur elles-mêmes. Le centre du haut quartier était leur vrai sanctuaire. C’était au centre seulement qu’à l’ombre des tamariniers s’étalaient les immenses terrasses de leurs cafés. Là, le soir, ils se retrouvaient entre eux. Seuls les garçons de café étaient encore indigènes, mais déguisés en blancs, ils avaient été mis dans des smokings, de même qu’auprès d’eux les palmiers des terrasses étaient en pots. Jusque tard dans la nuit, installés dans des fauteuils de rotin derrière les palmiers et les garçons en pot, on pouvait voir les blancs suçant pernods, whisky-soda ou martel-perrier, se faire, en harmonie avec le reste, un foie bien colonial. La luisance des autos, des vitrines, du macadam arrosé, l’éclatante blancheur des costumes, la fraîcheur ruisselante des parterres  faisaient du haut quartier un bordel magique où la race blanche pouvait se donner, dans une paix sans mélange, le spectacle sacré de sa propre présence. Les magasins de cette rue, modes, parfumeries, tabacs américains, ne vendaient rien d’utilitaire. L’argent même, ici, ne devait servir à rien. Il ne fallait pas que la richesse des blancs leur pèse. Tout y était noblesse.
C’était la grande époque. Des centaines de milliers de travailleurs indigènes saignaient les arbres des cent mille hectares de terres rouges, se saignaient à ouvrir les arbres des cent mille hectares de terres qui par hasard s’appelaient déjà rouges avant d’être la possession des quelques centaines de planteurs blancs aux fortunes colossales. Le latex2 coulait. Le sang aussi. Mais le latex seul était précieux, recueilli, et recueilli, payait. Le sang se perdait. On évitait encore d’imaginer qu’il s’en trouverait un grand nombre pour venir un jour en demander le prix.

                                                                                                            Marguerite Duras, Un Barrage contre le Pacifique (1950)

1 Ce quartier se trouve dans une ville du sud de l’Indochine française.
2 Du latex on tire le caoutchouc.



I.               COMPREHENSION
                 
1) En vous appuyant sur les adjectifs et les images (comparaisons, métaphores…), précisez les caractéristiques de cette ville.
2) Observez les verbes employés : que nous apprennent-ils sur les activités des colons et des indigènes ?
3) Repérez la couleur présente dans les deux paragraphes du texte(lignes 1-16 et 17-22). Quelle est la valeur symbolique?

II.             INTERPRETATION

1)  Quelle est la place réservée aux indigènes dans la ville ?
2) Quels aspects du système colonial sont critiqués par cette description du « haut quartier » ?

III.           REFLEXION PERSONNELLE

D’après Marguerite Duras elle-même « Très longtemps, […]UnBarrage contre le Pacifique  a été pris comme […] un livre de dénonciation de l’état colonial » : le roman et l’art en généralsont-ils des moyens efficaces de lutter contre les injustices sociales et les  inégalités ?
Développez une réflexion personnelle (300 mots environ).


b) Saggio breve
Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto (circa 600 parole)

Paysages : reflet du monde, reflet de l’âme ?

Document 1 

Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !

Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
J'aime à revoir encore, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !

Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,
C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !

Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d'un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;
L'air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d'un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?

Peut-être l'avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore
Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? ...

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire,
S'exhale comme un son triste et mélodieux.

Alphonse de Lamartine, « L'Automne »,
Méditations poétiques (1820)


Document 2 

Julien poursuivait son chemin gaiement au milieu des plus beaux aspects que puissent présenter les scènes de montagnes. Il fallait traverser la grande chaîne au nord de Vergy. Le sentier qu’il suivait, s’élevant peu à peu parmi de grands bois de hêtres, forme des zigzags infinis sur la pente de la haute montagne qui dessine au nord la vallée du Doubs. Bientôt les regards du voyageur, passant par-dessus les coteaux moins élevés qui contiennent le cours du Doubs vers le midi, s’étendirent jusqu’aux plaines fertiles de la Bourgogne et du Beaujolais. Quelque insensible que l’âme de ce jeune ambitieux fût à ce genre de beauté, il ne pouvait s’empêcher de s’arrêter de temps à autre, pour regarder un spectacle si vaste et si imposant.
Enfin il atteignit le sommet de la grande montagne, près duquel il fallait passer pour arriver, par cette route de traverse, à la vallée solitaire qu’habitait Fouqué, le jeune marchand de bois son ami. Julien n’était point pressé de le voir, ni aucun autre être humain. Caché comme un oiseau de proie, au milieu des roches nues qui couronnent la grande montagne, il pouvait apercevoir de bien loin tout homme qui se serait approché de lui. Il découvrit une petite grotte au milieu de la pente presque verticale d’un des rochers. Il prit sa course, et bientôt fut établi dans cette retraite. Ici, dit-il avec des yeux brillants de joie, les hommes ne sauraient me faire de mal.

Stendhal, Le Rouge et le Noir(1830)


Document 3

Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c'était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était1 on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous...
Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout.  On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux mêmes.  Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l'Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante2 du tout, raide à faire peur.
On en a donc rigolé comme des cornichons. Ça fait drôle forcément, une ville bâtie en raideur.  Mais on n'en pouvait rigoler nous du spectacle qu'à partir du cou, à cause du froid qui venait du large pendant ce temps-là à travers une grosse brume grise et rose et rapide et piquante à l'assaut de nos pantalons et des crevasses de cette muraille, les rues de la ville, où les nuages s'engouffraient aussi à la charge du vent. 

1 Malgré notre situation de galérien.
2La ville couchée évoque la femme couchée.

Céline, Le Voyage au bout de la nuit(1932)



Document 4  

Un bubbolio lontano...

Rosseggia l'orizzonte,
Come affocato, a mare;
Nero di pece, a monte,
Stracci di nubi chiare:
Tra il nero un casolare:
Un'ala di gabbiano.

Giovanni Pascoli, “Temporale”, Myricae(1891)

Un roulement dans le lointain...

L'horizon qui rougeoie,
Tel un brasier, du côté de la mer;
D'un noir de poix, vers les montagnes,
Des lambeaux de nuages clairs:
Dans tout ce noir une chaumière:
Une aile éployée de mouette.

Giovanni Pascoli, “Temps d'orage”, Myricae (1891)

Traduction de Maurice Javion
(Anthologie bilingue de la poésie italienne, La Pléiade, Gallimard)



Document 5



Caspar David Friedrich,
Kunsthalle de Hambourg (1817)




Pour cet artiste  « l’art se présente comme médiateur entre la nature et l’homme », et  « le peintre ne doit pas peindre seulement ce qu’il voit en face de lui, mais aussi ce qu’il voit en lui ».