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lundi 26 mars 2018

Guillaume Apollinaire "Il pleut" - Gabriele D'Annunzio "La pioggia nel pineto"





Nouvelle Zélande 

https://lut.im/pLUQS6Cv/URPhn0xO

Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir
C'est vous aussi qu'il pleut merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes
Et ces nuages cabrés  se prennent à  hennir  tout un univers de villes auriculaires
Écoute s'il pleut tandis que le regret  et le dédain  pleurent une ancienne musique
Écoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas.






 


Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !

Paul Verlaine Romances sans paroles (1874)







G. D'Annunzio La pioggia nel pineto 
(Vittorio Gassman)








lundi 27 février 2017

Guillaume Apollinaire "Vitam impendere amori"



Apollinaire a publié Vitam impendere amori, avec la mention poèmes et dessins, Paris, Mercure de France, 1917. Cette plaquette a été illustrée par André Rouveyre. Cette alliance de dessins et de vers semble préparer Calligrammes, qui paraîtra l'année suivante.





L’image du jardin comme lieu paradisiaque, comme lieu du souvenir, comme lieu hors du monde.  


Ô ma jeunesse abandonnée
    Comme une guirlande fanée
    Voici que s'en vient la saison
    Des regrets et de la raison


Vitam impendere amori

(consacrer sa vie à l’amour)


    Dans le crépuscule fané
    Où plusieurs amours se bousculent
    Ton souvenir gît enchaîné
    Loin de nos ombres qui reculent

    Ô mains qu'enchaîne la mémoire
    Et brûlantes comme un bûcher
    Où le dernier des phénix noire
    Perfection vient se jucher

    La chaîne s'use maille à maille
    Ton souvenir riant de nous 
    S'enfuir l'entends-tu qui nous raille
    Et je retombe à tes genoux

    Le soir tombe et dans le jardin
    Elles racontent des histoires
    À la nuit qui non sans dédain
    Répand leurs chevelures noires

    Petits enfants petits enfants
    Vos ailes se sont envolées
    Mais rose toi qui te défends
    Perds tes odeurs inégalées

    Car voici l'heure du larcin
    De plumes de fleurs et de tresses
    Cueillez le jet d'eau du bassin
    Dont les roses sont les maîtresses

    Ô ma jeunesse abandonnée
    Comme une guirlande fanée
    Voici que s'en vient la saison
    Et des dédains et du soupçon

    Le paysage est fait de toiles
    Il coule un faux fleuve de sang
    Et sous l'arbre fleuri d'étoiles
    Un clown est l'unique passant

    Un froid rayon poudroie et joue
    Sur les décors et sur ta joue
    Un coup de revolver un cri
    Dans l'ombre un portrait a souri

    La vitre du cadre est brisée
    Un air qu'on ne peut définir
    Hésite entre son et pensée
    Entre avenir et souvenir

    Ô ma jeunesse abandonnée
    Comme une guirlande fanée
    Voici que s'en vient la saison
    Des regrets et de la raison


Guillaume Apollinaire, Alcools 



Voici le site où je retrouvé ce beau poème
 d' Apollinaire 




Maria Callas 
Casta Diva (Norma - Bellini)

mercredi 6 avril 2016

"Les jours s'en vont je demeure" (Apollinaire) : Le Temps en Poésie








Objet d'étude 

Écriture poétique et quête du sens, 
du Moyen Âge à nos jours


Problématique 
Comment les poètes ont-ils exprimé leur mélancolie, voire leur angoisse, devant l'écoulement du temps et son corollaire, la mort ?

Objectifs :
     quels sentiments parfois contradictoires fait naître cette fuite du temps?
      par quels procédés, formes et langages poétiques les poètes rendent-ils compte de ce passage éternel du temps et de leurs propres émotions ?



Lectures :





Textes complémentaires :


HUGO : "Demain dès l'aube ..." Les contemplations (1856)

LAMARTINE : "Le lac" Les Méditations (1820)



Image du Blog dreamlovearts.centerblog.net






dimanche 7 février 2016

Guillaume Apollinaire " Mai"








Mai


Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains


Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières


Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment


Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes



Apollinaire, Alcools





mardi 20 janvier 2015

Guillaume Apolllinaire "L'Adieu"











"L'adieu"
Guillaume Appolinaire

J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t-en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps Brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends.




























dimanche 21 septembre 2014

Apollinaire Guillaume "Le pont Mirabeau"








  


Le poème Le Pont Mirabeau est un extrait du recueil Alcools paru en 1913. Apollinaire y fait allusion à sa rupture avec Marie Laurencin, une peintre avec qui il eut une liaison, et au-delà évoque la fuite du temps semblable à l'eau qui s'en va. L'eau est un thème romantique et lyrique qui renvoie au passage du temps et à la fuite de l'amour.


Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Et nos amours


Faut-il qu'il m'en souvienne


La joie venait toujours après la peine


         Vienne la nuit sonne l'heure


         Les jours s'en vont je demeure


Les mains dans les mains restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l'onde si lasse


         Vienne la nuit sonne l'heure

         Les jours s'en vont je demeure


L'amour s'en va comme cette eau courante

L'amour s'en va

Comme la vie est lente

Et comme l'Espérance est violente


         Vienne la nuit sonne l'heure

         Les jours s'en vont je demeure


Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine


         Vienne la nuit sonne l'heure

         Les jours s'en vont je demeure



"Le Pont Mirabeau" Apollinaire, Alcools (1912)




Raphaëlle, Baptiste, Lisa, Luke, Clémence, Bleuenn M.
  

Marc Lavoine






Léo Ferré






Serge Reggiani
  











Nuit Rhénane, Alcools ( 1913) de Guillaume Apollinaire










Nuit rhénane


Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d’un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds
  
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n’entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
  
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été

Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire


"Nuit rhénane", comme "Mai", appartient à la suite des Rhénanes du recueil Alcools(1913). Ce sont neuf poèmes inspirés par le séjour d'Apollinaire au bord du Rhin et, de manière allusive, par son amour pour Annie Playden. La spécificité de "Nuit rhénane" tient à sa mise en œuvre de figures empruntées à la mythologie germanique, les Ondines. Elles ont une séduction certaine et un pouvoir maléfique qui entraînent le poète dans un univers surnaturel inquiétant.
Nous étudierons tout d'abord la progression dramatique, remarquable dans un poème où rien ne se passe jusqu'au dernier vers. Puis nous analyserons l'expression des diverses manifestations du surnaturel. Enfin, nous nous attacherons, au double plan de l'énoncé et de l'énonciation. à la puissance magique du verbe : au plan de l'énoncé, à la magie du chant du batelier dans le poème ; au plan de l'énonciation, à la magie dans l'écriture d'Apollinaire.
1) La progression dramatique
· Strophe 1
Le poème s'ouvre sur l'évocation d'une scène paisible dans un cabaret, le soir au bord du Rhin, comme l'indique le titre: "Nuit rhénane". Le protagoniste - le personnage qui dit "je" et qui, dès le deuxième vers, nous invite à partager ses impressions "Écoutez") - contemple son verre empli de vin en écoutant "la chanson lente d'un batelier" (v. 2). Ce dernier célèbre l'apparition de "sept femmes" aux " cheveux verts" (v. 3-4). Ondines que la mythologie germanique fait vivre au fond des fleuves dans un palais de cristal où elles attirent et gardent prisonniers pêcheurs et chevaliers.
· Strophe 2
Abruptement, la deuxième strophe exprime l'effroi du protagoniste. S'adressant cette fois à ses compagnons de boisson: "Debout chantez plus haut en dansant une ronde" (v. 5), il révèle que c'est précisément "le chant du batelier", avec les Ondines qu'il décrit, qui est la cause de sa trayeur. Et il tente de conjurer leur puissance maléfique en s'entourant de jeunes filles ordinaires, "blondes 3 (v. 7), inexpressives "Au regard immobile ", v. 8) et sages (" aux nattes repliées ", v. 8).
· Strophe 3
La troisième strophe marque encore une progression dans l'ordre de l'étrange et de l'inquiétant. Le jeune homme (le protagoniste) y découvre l'ivresse du fleuve lui-même; et la répétition ("Le Rhin le Rhin est ivre", v. 9) traduit justement son saisissement et son appréhension que partagent aussi les étoiles ( "l'or des nuits , v. 10) qui e tombe[nt] en tremblant [s]e refléter" (v. 10) au fond du Rhin.
Au chant du batelier est associé un thème de mort ("à en râle mourir, v. 11) tandis que se révèle la nature véritable des Ondines : ce sont des sorcières jeteuses de sorts ("incantent", v. 12).
· Strophe4
La quatrième strophe, constituée d'un seul alexandrin, contraste par sa brièveté avec les quatrains précédents. Elle traduit précisément l'éclatement inattendu du verre: "Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire (v. 13), comme sous l'effet des Sorts des "fées aux cheveux verts (v. 12) de la strophe précédente ou de la chanson qui les célèbre.
L'absence de commentaire prouve la stupeur du protagoniste atterré par le triomphe du surnaturel. Le poème s'achève de manière abrupte, laissant le lecteur partager l'incrédulité du jeune homme.



"Nuit rhénane" est en fait un poème très complexe : il entraîne le lecteur dans une série d'interprétations que remettent en cause, à chaque fois, le bris du verre qui le clôt,  Rêverie dramatique née des vapeurs du vin, chanson glorifiant des sorcières à la fois belles et dangereuses, évocation voilée d'une femme aimée et cruelle.
Ce poème célèbre l'action magique par excellence, la création poétique qui renouvelle le monde. En ce sens, le bris du verre symbolise l'irruption de la poésie dans la réalité banale qu'elle fait voler en éclats.











L'Esprit Nouveau et les Poètes (1918)

L'ESPRIT NOUVEAU QUI DOMINERA  le monde entier ne s'est fait jour dans la poésie nulle part comme en France. La forte discipline intellectuelle que se sont imposée de tout temps les Français leur permet, à eux et à ceux qui leur appartiennent spirituellement, d'avoir une conception de la vie, des Arts et des Lettres qui, sans être la simple constatation de l'Antiquité, ne soit pas non plus un pendant du beau décor romantique.
L'esprit nouveau qui s'annonce prétend avant tout hériter des classiques un solide bon sens, un esprit critique assuré, des vues d'ensemble sur l'univers et dans l'âme humaine, et le sens du devoir qui dépouille les sentiments et en limite ou plutôt en contient les manifestations.
Il prétend encore hériter des romantiques une curiosité qui le pousse à explorer tous les domaines propres à fournir une matière littéraire qui permette d'exalter la vie sous quelque forme qu'elle se présente.
Explorer la vérité, la chercher, aussi bien dans le domaine ethnique, par exemple, que dans celui de l'imagination, voilà les principaux caractères de cet esprit nouveau.Cette tendance du reste a toujours eu ses représentants audacieux qui l'ignoraient; il y a longtemps qu'elle se forme, qu'elle est en marche (…)
 Le vers libre donna un libre essor au lyrisme; mais il n'était qu'une étape 

   des explorations qu'on pouvait faire dans le domaine de la forme.



 Les recherches dans la forme ont repris désormais une grande importance.
     Elle est légitime(…)
 

L'esprit nouveau est celui du temps même où nous vivons. Un temps fertile en surprises. Les poètes veulent dompter la prophétie, cette ardente cavale que l'on n'a jamais maîtrisée.
Ils veulent enfin, un jour, machiner la poésie comme on a machiné le monde.
 Ils veulent être les premiers à fournir un lyrisme tout neuf à ces nouveaux moyens d'expression qui ajoutent à l'art le mouvement et qui sont 1e phonographe et le cinéma. Ils n'en sont encore qu'à la période des incunables. Mais attendez, les prodiges parleront d'eux-mêmes et l'esprit nouveau, qui gonfle de vie l'univers, se manifestera formidablement dans les lettres, dans les arts et dans toutes les choses que l'on connaisse.