dimanche 24 avril 2016

VALENTINA VITALE III D ESABAC : "La petite fille de Monsieur Linh" de Philippe Claudel







Monsieur Linh est un réfugié qui vient probablement du Vietnam (dans le livre le pays d’origine n’est jamais révélé). Son pays a été dévasté et son fils a été tué, avec sa femme, à cause des bombes. Sa petite fille de six semaines, qu’il a trouvé pas loin des corps de ses parents, devient sa seule motivation pour continuer à vivre. Avec cette petite fille, Monsieur Linh réussit à arriver en France en bateau (probablement à Marseille).
Il a vécu toute sa vie dans son petit village et pour cette raison il est vraiment confus et anxieux dans la nouvelle ville.

Mais un évènement en particulier, changera cette prospective : par  chance ou par destin, il s’assied dans un parc sur un banc à côté d’un homme français de son  âge. L’homme aime fréquenter le parc parce que juste en face d'où ils sont assis, sa femme tenait un manège, mais elle est morte il y a 2 mois. Les deux hommes, dévastés par leur perte, vivent plus dans le passé que dans le présent, mais ils trouvent une connexion même s’ils ne parlent pas  la même langue. Pourtant, ils se comprennent et communiquent par la seule force de leurs émotions et de leurs expériences.

Cette amitié inattendue devient le point principal du livre. Elle est axée sur la bonté d’esprit, sur la mémoire des relations, sur les liens avec les lieux du cœur. Si la solitude et la perte d'un être cher séparent les hommes, ce sont ces deux sentiments qui réuniront Monsieur Linh et Monsieur Bark dès leur première rencontre fortuite. Leur amitié devient si puissante qu’elle sera capable de surmonter un étonnant mensonge qui va choquer le lecteur juste à la fin avec une révélation qui change la perspective du récit.

Le lecteur peut apprécier le sens de mystère de l’histoire qui manque volontairement d’informations précises sur les lieux et le temps.
L’histoire marque la pensée. Peut-être parce que Monsieur Linh est un personnage simple, brisé par les guerres et les deuils : il arrive juste au cœur des lecteurs.

C’est un récit mais  pas un mot n’est gaspillé. L’écriture essentiel et poétique de Philippe Claudel suit l’histoire des personnages pour raconter leur  dignité et leur humanité. Il utilise des mots efficaces et tenaces pour faire gagner l’espoir au-delà de la douleur et de l’absurdité de la vie.

L’auteur accompagne ses personnages avec respect et délicatesse. Il célèbre les thèmes universels de l’amitié, de la compassion, de la solitude, de la folie et de la migration.

Ce roman possède la grâce et la limpidité des grands classiques.
Cette histoire de deux vieux hommes venant de mondes différents fait chaud au cœur autant qu'il nous bouleverse : c’est une lecture rapide qui va toucher notre cœur et notre âme.
C'est une belle histoire qui se lit aussi facilement qu'elle est difficile à oublier.


En conclusion, la phrase de Delphine Peras résume l’esprit du roman : “L’abandon, la mémoire, le regard sur l’autre habitent ce troublant roman. Des thèmes que Philippe Claudel explore ici avec une intensité poignante.”




Valentina Vitale 





Saint-Honorat cz