jeudi 25 septembre 2014

Levertparadisdesamoursenfantines: avec 2 chansons "L'enfance" de Jacques Brel et "Mon enfance" de Barbara














  
Enfance à Castagnola ...



L´enfance

Il est midi tous les quarts d´heure






  L´enfance
Qui peut nous dire quand c’est fini
Qui peut nous dire quand ça commence
C´est rien avec de l´imprudence
C´est tout ce qui n´est pas écrit

L´enfance
Qui nous empêche de la vivre
De la revivre infiniment
De vivre à remonter le temps
De déchirer la fin du livre

L´enfance
Qui se dépose sur nos rides
Pour faire de nous de vieux enfants
Nous revoilà jeunes amants
Le cœur est plein, la tête est vide
L´enfance
L´enfance

L´enfance
C´est encore le droit de rêver
Et le droit de rêver encore
Mon père était un chercheur d´or
L´ennui c´est qu´il en a trouvé

L´enfance
Il est midi tous les quarts d´heure
Il est jeudi tous les matins
Les adultes sont déserteurs
Tous les bourgeois sont des Indiens

L´enfance
L´enfance



Si les parents savaient l´enfance

Si les moindres amants savaient
Si par chance ils savaient l´enfance
Il n´y aurait plus d´enfants jamais.








J´ai eu tort, je suis revenue
dans cette ville loin perdue
ou j´avais passe mon enfance.
J´ai eu tort, j´ai voulu revoir
le coteau ou glissaient le soir
bleus et gris ombres de silence.
Et je retrouvais comme avant,
longtemps apres,
le coteau, l´arbre se dressant,
comme au passe.
J´ai marche les tempes brulantes,
croyant etouffer sous mes pas.
Les voies du passe qui nous hantent
et reviennent sonner le glas.
Et je me suis couchee sous l´arbre
et c´etaient les memes odeurs.
Et j´ai laisse couler mes pleurs,
mes pleurs.
J´ai mis mon dos nu a l´ecorce,
l´arbre m´a redonne des forces
tout comme au temps de mon enfance.
Et longtemps j´ai ferme les yeux,
je crois que j´ai prie un peu,
je retrouvais mon innocence.
Avant que le soir ne se pose
j´ai voulu voir
les maisons fleuries sous les roses,
j´ai voulu voir
le jardin ou nos cris d´enfants
jaillissaient comme source claire.
Jean-Claude, Regine, et puis Jean -
tout redevenait comme hier -
le parfum lourd des sauges rouges,
les dahlias fauves dans l´allee,
le puits, tout, j´ai tout retrouve.
Helas
La guerre nous avait jete la,
d´autres furent moins heureux, je crois,
au temps joli de leur enfance.
La guerre nous avait jetes la,
nous vivions comme hors la loi.
Et j´aimais cela. Quand j´y pense
ou mes printemps, ou mes soleils,
ou mes folles annees perdues,
ou mes quinze ans, ou mes merveilles -
que j´ai mal d´etre revenue -
ou les noix fraiches de septembre
et l´odeur des mures ecrasees,
c´est fou, tout, j´ai tout retrouve.
Helas
Il ne faut jamais revenir
aux temps caches des souvenirs
du temps beni de son enfance.
Car parmi tous les souvenirs
ceux de l´enfance sont les pires,
ceux de l´enfance nous dechirent.
Oh ma tres cherie, oh ma mere,
ou etes-vous donc aujourd´hui?
Vous dormez au chaud de la terre.
Et moi je suis venue ici
pour y retrouver votre rire,
vos coleres et votre jeunesse.
Et je suis seule avec ma detresse.
Helas
Pourquoi suis-je donc revenue
et seule au detour de ces rues?
J´ai froid, j´ai peur, le soir se penche.
Pourquoi suis-je venue ici,
ou mon passe me crucifie?
Elle dort a jamais mon enfance.








Goncourt des lycéens ESABAC 2013 : Les lectures de Sonia Calabrò et Emanuele Castoldi




   
Calabrò Sonia et Castoldi Emanuele

 Goncourt des lycéens italiens 2013












Sonia calabrò 
 Naissance : un roman qui tue
Naissance, le nouveau roman de Yann Moix, édité par Grasset en 2013, est un roman qui nous contraint à réfléchir  sur des thèmes que nous préférons  ignorer . Qu'est-ce que la vie? Qu'est-ce que la mort? Naître, qu’est-ce que cela signifie ? Et être un père? Et un fils? Est-ce qu’il existe vraiment le bonheur ou l’homme est destiné à souffrir ?
En nous racontant l’histoire de sa vie, ou plutôt, de sa naissance, Yann Moix s’ invente, ou mieux,  il  nous raconte l’histoire de l’homme universel. Avec un style sûrement originel, très ironique, parfois fou et vulgaire, incroyablement violent et cru dans certains moments, un style qui semble n’avoir aucune pudeur, aucune retenue, à travers une reconstruction de la pensée philosophique, métaphysique et  religieuse du monde occidental, qu’il médite et qu’il propose de façon très personnelle, en opérant un éclectisme qui étonne par son génie,  l’auteur parvient à une conception excessivement  pessimiste de la vie, à un mépris de l’existence qui, pourtant, paradoxalement nous oblige à vivre.
Quand on lit ce livre, on naît et on meurt à chaque page, ainsi que on renaît et on meurt chaque jour. Naissance,  c’est une appel à ne pas vivre dans le passé et dans le regret,  à cueillir  “ dès aujourd’hui les roses de la  vie ”, qui s’accomplie à travers son contraire : la haine de la vie même. Yann Moix révèle une étonnante habilité à pénétrer la psychologie et l’âme humaine, ce qui  renvoie le portrait d’un homme qui incarne la cancérisation de la société moderne, un homme qui est le contraire du Christ, qui se croit au-dessus de tous.
Il pose, dans une lecture qui pèse non seulement par la dimension du livre, mais aussi par la gravité des réflexions que ce livre contient, des réflexions qui concernent, comme nous avons déjà dit, la naissance, la mort, mais aussi le judaïsme, le christianisme, la littérature, l’écriture, le suicide, la procréation, une question à laquelle l’auteur même ne répond pas : est-ce qu’on est tous les jours en train d’exister ou est-ce qu’on est tous les jours en train de mourir?
«  Ce livre est gros comme une femme enceinte de neuf mois » : c’est ainsi que Yann Moix a défini son propre roman. On peut dire, en effet, qu’il s’agit d’un roman excessif d’un excès évident aussi bien pour son style répétitif et prolixe que pour  le nombre des pages et pour les digressions philosophiques, excès qui est incarné par la figure de Marc-Astolphe Oh, un homme “excessivement excessif”.








Emauele Castoldi 

Une pierre: fondement des lieux, des sociétés, moyen de violence


"Tu as été amputé de toi-même. D'un lieu qui est toi-même."
Voilà comment , Pierre Jourde, auteur de "La première pierre", s'adresse directement au lecteur, pour lui faire  comprendre les événements qui ont drastiquement changé sa vie en 2005, après la parution de "Pays perdu",  livre concernant le village du Cantal où il a grandi: livre qui a été considéré une sorte d'ode pour cette terre sauvage par la critique, alors   qu’il a été mal interprété et vu par beaucoup d'habitants du village comme une  attaque, une diffamation, une action contre eux même. Donc ce déshonneur et cette honte, qu'ils croyaient  avoir acquis, deviendront la raison d'une haine profonde qui les amènera à une tentative de lynchage contre  l'auteur et sa famille entière, c'est-à-dire même contre ses enfants, pendant leur vacances au village.
 Et voilà les sujets principaux du livre, d'une coté la rudesse du village, qui veut se venger violemment d'un homme  si lié à ce lieu et à ses habitants auxquels il ressent appartenir, de l'autre l'écrivain, déçu par ceux qu' il croyait  des amis, si prêts à utiliser la violence contre l'innocence des enfants aussi, injustifiés, injustifiables mais quand  même unis dans leurs actions sauvages.
Ce qui souligne encore  plus la déception et le regret éprouvés, c’est l'ironie de Jourde, une ironie  pas débonnaire, mais amère constatant la lucide facilité avec laquelle les gens du village arrivent à le détester  et à l'exiler.
Et encore plus , pendant le procès au tribunal, il  élève la critique du village à la société entière: l'apparence, même si  elle est souvent fondée sur des préjudices, comme celui selon lequel les villageois n'ont pas de moyens linguistiques ni de connaissances nécessaires à se défendre, est l'aspect le plus important de la vie d'une personne et d'un groupe, plus important que les affections et les liens entre des hommes. Et une apparence lésée devient une  raison  suffisante de haine dans une société renfermée dont le village devient le symbole  et où les critiques sont inacceptables.
Voilà enfin ce qui  est vraiment admirable, c'est-à-dire la franchise et la simplicité avec lesquelles l'auteur défend  ses idées, sa position et sa famille.