samedi 27 décembre 2014

Jehan Jonas : Le manège










Il y a toujours un manège

qui nous attend quelque part ...



Le manège

de Jehan Jonas





Dans mon quartier un manège
A ouvert le cortège
Aux souvenirs évanouis
Une musique de métronome
Architecte économe
Ouvre ses châteaux gris

Tant de gens sont passés
Sans jamais regarder
La crinière des chevaux
Tant de gens qui oublient
Que jadis eux aussi
Ont chevauché Broncho

Dans mon quartier, le manège
A eut le privilège
D'enraciner sa vie
Sur la place, sa musique
Étire ses cantiques
Aux enfants de Paris

Tant de gens ont pris place
Pour gagner les espaces
Sur ces chevaux fanés
Que bien après le naufrage
Sous les écueils de l'âge
Il continue de tourner

Dans mon quartier, le manège
Oublié sous la neige
A bouclé ses regrets
Seule sa musique s'étonne
De n'avoir plus personne
Pour compter ses couplets

Tous les gens périclitent
Les enfants gravitent
Autour d'un vieux phono
Qui tourne obstinément
Sous un bras de cent ans
Un vieux disque à rouleau

J'ai oublié le manège
Depuis que j'ai levé le siège
Pour changer de quartier
Mais quelque chose d'inconnu
Dans mon coeur continue
A s'écouter tourner











Lynda Lemay : L'architecte ...Comment on fait des papas ?





Comment on fait des papas ?


Après Papaoutai de Stromae 

un belle chanson de Linda Lemay 
---
Est-ce qu' on comprend le choix de nos enfants?

Il aurait pu vivre de théâtre 
Il est devenu architecte 

Qu'il est difficile de devenir papa!!!






Il avait du talent en danse
Il est devenu architecte
Il était doué pour les lettres et les langues
Il parlait à ses plantes
Il faisait des miracles en cuisine
Mélangeait des épices divines

Mais son père, le dimanche, occupé à boire son apéro
N’a jamais, semble-t-il, remarqué que son fils était beau

Il était mordu de musique
Il est devenu architecte
Il était à ses heures poète et pianiste
Il s’entourait d’artistes
Il finissait toujours en cuisine
À jongler avec des clémentines

Mais son père, le dimanche, au souper, devant

 son numéro n'a jamais, semble-t-il, remarqué
 que son fils était beau

Il aurait pu vivre de théâtre
Il est devenu architecte
Il citait par cœur tant Camus que Socrate
Qu’il avait lus en cachette
Il jetait ses vestons, ses cravates 


Torse nu, il faisait l’acrobate

Mais son père, le dimanche, ignorait les prouesses 

de son fils Et ne parlait jamais que du prochain 
projet d’édifice

Il est demeuré architecte
Il a dessiné des merveilles
A jonglé avec des compas et des règles
Un crayon sur l’oreille
Le veston, la cravate bien en place
En attendant son whisky sur glace

Comme son père le dimanche, quand sonnait

 l’heure de son apéro

Il avait du talent en danse
Il est devenu un peu raide
Mais parfois encore il se lève et s’élance
Et les pas se succèdent
Le voilà qui tournoie devant la glace
Il revoit le petit gars, le gymnaste

Que son père, le dimanche, semble-t-il,

 n’a jamais trouvé beau !

Et son père, un dimanche, s’est enfui dans son 

dernier repos Sans jamais avoir vu, semble-t-il, 
que son fils était beau