Affichage des articles dont le libellé est BREL JACQUES. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est BREL JACQUES. Afficher tous les articles

dimanche 28 octobre 2018

Jacques Brel : La Légende - 3 chansons : Amsterdam, Quand on n'a que l'amour, Le plat pays




Risultati immagini per Jacques Brel



Il y a 40 ans, le 9 octobre 1978, 
mourait à Bobigny près de Paris
le chanteur Jacques Brel 
une légende de la chanson française.


Il repose dans le cimetière marin d’Hiva-Oa,


[graf brel[3].jpg]


auprès de Gauguin, aux îles Marquises 




La Légende 






Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui meurent
Pleins de bière et de drames
Aux premières lueurs
Mais dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants
Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune
A décroisser la lune
A bouffer des haubans
Et ça sent la morue
Jusque dans le coeur des frites
Que leurs grosses mains invitent
A revenir en plus
Puis se lèvent en riant
Dans un bruit de tempête
Referment leur braguette
Et sortent en rotant
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes
Et ils tournent et ils dansent
Comme des soleils crachés
Dans le son déchiré
D'un accordéon rance
Ils se tordent le cou
Pour mieux s'entendre rire
Jusqu'à ce que tout à coup
L'accordéon expire
Alors le geste grave
Alors le regard fier
Ils ramènent leur batave
Jusqu'en pleine lumière
Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore
Ils boivent à la santé
Des putains d'Amsterdam
De Hambourg ou d'ailleurs
Enfin ils boivent aux dames
Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or
Et quand ils ont bien bu
Se plantent le nez au ciel
Se mouchent dans les étoiles
Et ils pissent comme je pleure
Sur les femmes infidèles
Dans le port d'Amsterdam










Quand on a que l'amour
A s'offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu'est notre grand amour
Quand on a que l'amour
Mon amour toi et moi
Pour qu'éclatent de joie
Chaque heure et chaque jour
Quand on a que l'amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d'y croire toujours
Quand on a que l'amour
Pour meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs
Quand on a que l'amour
Pour unique raison
Pour unique chanson
Et unique secours
Quand on a que l'amour
Pour habiller matin
Pauvres et malandrins
De manteaux de velours
Quand on a que l'amour
A offrir en prière
Pour les maux de la terre
En simple troubadour
Quand on a que l'amour
A offrir à ceux là
Dont l'unique combat
Est de chercher le jour
Quand on a que l'amour
Pour tracer un chemin
Et forcer le destin
A chaque carrefour
Quand on a que l'amour
Pour parler aux canons
Et rien qu'une chanson
Pour convaincre un tambour
Alors sans avoir rien
Que la force d'aimer
Nous aurons dans nos mains
Amis le monde entier








Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague,
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues,
Et de vagues rochers que les marées dépassent,
Et qui ont à jamais le coeur à marée basse.
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent d'ouest écoutez le tenir
Le plat pays qui est le mien.

Avec des cathédrales pour uniques montagnes,
Et de noirs clochers comme mats de cocagne
Ou des diables en pierres décrochent les nuages,
Avec le fil des jours pour unique voyage,
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir,
Avec le vent de l'est écoutez le vouloir,
Le plat pays qui est le mien.

Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu,
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu,
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner.
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler,
Avec le vent du nord écoutez le craquer,
Le plat pays qui est le mien.

Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut,
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot,
Quand les fils de Novembre nous reviennent en Mai,
Quand la plaine est fumante et tremble sous Juillet,
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé,
Quand le vent est sud écoutez le chanter,
Le plat pays qui est le mien.

lundi 30 avril 2018

Jacques Brel : On n'oublie rien








On n'oublie rien de rien
On n'oublie rien du tout
On n'oublie rien de rien
On s'habitue c'est tout


Ni ces départs ni ces navires
Ni ces voyages qui nous chavirent
De paysages en paysages
Et de visages en visages
Ni tous ces ports ni tous ces bars
Ni tous ces attrape-cafard
Où l'on attend le matin gris
Au cinéma de son whisky


Ni tout cela ni rien au monde
Ne sait pas nous faire oublier
Ne peut pas nous faire oublier
Qu'aussi vrai que la terre est ronde
On n'oublie rien de rien
On n'oublie rien du tout
On n'oublie rien de rien
On s'habitue c'est tout


Ni ces jamais ni ces toujours
Ni ces je t'aime ni ces amours
Que l'on poursuit à travers cœurs
De gris en gris de pleurs en pleurs
Ni ces bras blancs d'une seule nuit
Collier de femme pour notre ennui
Que l'on dénoue au petit jour
Par des promesses de retour



Ni tout cela ni rien au monde
Ne sait pas nous faire oublier
Ne peut pas nous faire oublier
Qu'aussi vrai que la terre est ronde
On n'oublie rien de rien
On n'oublie rien du tout
On n'oublie rien de rien
On s'habitue c'est tout


Ni même ce temps où j'aurais fait
Mille chansons de mes regrets
Ni même ce temps où mes souvenirs
Prendront mes rides pour un sourire
Ni ce grand lit où mes remords
Ont rendez-vous avec la mort
Ni ce grand lit que je souhaite
A certains jours comme une fête



Ni tout cela ni rien au monde
Ne sait pas nous faire oublier
Ne peut pas nous faire oublier
Qu'aussi vrai que la terre est ronde
On n'oublie rien de rien
On n'oublie rien du tout
On n'oublie rien de rien
On s'habitue c'est tout







dimanche 4 juin 2017

Jacques Brel "La chanson des vieux amants" - Charles Baudelaire "La mort des amants"







Bien sûr, nous eûmes des orages
Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol
Mille fois tu pris ton bagage 
Mille fois je pris mon envol
Et chaque meuble se souvient
Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes
Plus rien ne ressemblait à rien
Tu avais perdu le goût de l'eau
Et moi celui de la conquête

{Refrain:}
Mais mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime

Moi, je sais tous tes sortilèges
Tu sais tous mes envoûtements
Tu m'as gardé de pièges en pièges
Je t'ai perdue de temps en temps
Bien sûr tu pris quelques amants
Il fallait bien passer le temps
Il faut bien que le corps exulte
Finalement finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes

{Refrain}

Oh, mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime

Et plus le temps nous fait cortège
Et plus le temps nous fait tourment
Mais n'est-ce pas le pire piège
Que vivre en paix pour des amants
Bien sûr tu pleures un peu moins tôt
Je me déchire un peu plus tard
Nous protégeons moins nos mystères
On laisse moins faire le hasard
On se méfie du fil de l'eau
Mais c'est toujours la tendre guerre

{Refrain}

Oh, mon amour...
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime



File:Atala au tombeau,1808,Girodet de Roussy -Trioson, Louvre..JPG

Atala au tombeau,1808,Girodet de Roussy -Trioson, Louvre


La mort des amants

Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ;

Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.

Charles Baudelaire "Les fleurs du mal "(1857)






vendredi 14 novembre 2014

"Mais où sont les neiges d'antan?" - Béranger Le vieux, Brassens La ballades des dames du temps jadis , Brel Les vieux




 "... Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,

Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
  
Les miroirs ternis et les flammes mortes."

CXXI - LA MORT DES AMANTS


  Charles Baudelaire






Combien d'entre nous ont vu
Le vieux qui passe dans la rue
Épouvantail tout gris
Que la cité a exclu
La rue et les gens et le monde
Vont bien trop vite pour lui
Dans ses yeux absents d'enfant
Ne passe que l'effroi du temps

Pour descendre et remonter
Six étages d'escaliers
Il faut l'éternité
Quelle faute a-t-il pu commettre
Le vieux tout gris qui traîne
Ses vieux membres rassis ?

Combien d'entre nous ont fait
Quoi que ce soit de palpable
Un geste, un mot, un sourire
Pour le raccrocher à nous ?
La vieillesse nous fait frémir
On ne veut pas croire au pire
Nos yeux ne retiennent d'elle
Qu'une image irréelle

Mon vieux à moi, tous les mois
Va à tout petits pas
Empocher sa pension
Il se ménage au retour
Un détour insolite
Chez le glacier du coin

Quand je serai vieux et tout seul
Demain ou après demain
Je voudrais comme celui-là,
Au moins une fois par mois
Avec mes sous, si j'en ai
M'acheter une glace à deux boules
Et rêver sur leur saveur
A un monde rempli d'enfants

Mais peut-être que pour nous
Nous les vieux de demain
La vie aura changé
En s'y prenant maintenant
Nous-mêmes et sans attendre
A refaire le présent

Je donne à ceux qui sourient
Et qu'ont bien l'droit de sourire
Rendez-vous dans vingt, trente ans,
Pour reparler du bon temps.






Dites moy ou, n'en quel pays
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, né Thaïs
Qui fut sa cousine germaine,
Echo parlant quand bruyt on maine
Dessus rivière ou sus estan
Qui beaulté ot trop plus qu'humaine.
Mais ou sont les neiges d'antan?
Qui beaulté ot trop plus qu'humaine.
Mais ou sont les neiges d'antan?

Ou est très sage Hélloïs,
Pour qui chastré fut et puis moyne
Pierre Esbaillart a Saint Denis?
Pour son amour ot ceste essoyne.
Semblablement, ou est royne
Qui commanda que buridan
Fut geté en ung sac en Saine?
Mais ou sont les neiges d'antan?
Fut geté en ung sac en Saine?
Mais ou sont les neiges d'antan?

La royne blanche comme lis
Qui chantoit a voix de seraine,
Berte au grand pié, Bietris, Alis
Haremburgis qui tient le Maine,
Et Jehanne la bonne Lorraine
Qu'Englois brûlèrent a Rouen;
Où sont ils, ou Vierge souveraine?
Mais où sont les neiges d'antan?
Où sont ils ou Vierge souveraine?
Mais où sont les neiges d'antan?

Prince, n'enquérez de sepmaine
Ou elles sont, ne de cest an,
Qu'a ce refrain ne vous remaine:
Mais ou sont les neiges d'antan?
Qu'a ce refrain en vous remaine;
Mais ou sont les neiges d'antan?







Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un coeur pour deux
Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan
Que l'on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps
Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier
Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières
Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit: je vous attends

Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés
Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter
Les vieux ne bougent plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit
Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit
Et s'ils sortent encore bras dessus bras dessous tout habillés de raide
C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide
Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend

Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
Et l'autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer
Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
Traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin
Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit: je t'attends
Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend.









jeudi 25 septembre 2014

Levertparadisdesamoursenfantines: avec 2 chansons "L'enfance" de Jacques Brel et "Mon enfance" de Barbara














  
Enfance à Castagnola ...



L´enfance

Il est midi tous les quarts d´heure






  L´enfance
Qui peut nous dire quand c’est fini
Qui peut nous dire quand ça commence
C´est rien avec de l´imprudence
C´est tout ce qui n´est pas écrit

L´enfance
Qui nous empêche de la vivre
De la revivre infiniment
De vivre à remonter le temps
De déchirer la fin du livre

L´enfance
Qui se dépose sur nos rides
Pour faire de nous de vieux enfants
Nous revoilà jeunes amants
Le cœur est plein, la tête est vide
L´enfance
L´enfance

L´enfance
C´est encore le droit de rêver
Et le droit de rêver encore
Mon père était un chercheur d´or
L´ennui c´est qu´il en a trouvé

L´enfance
Il est midi tous les quarts d´heure
Il est jeudi tous les matins
Les adultes sont déserteurs
Tous les bourgeois sont des Indiens

L´enfance
L´enfance



Si les parents savaient l´enfance

Si les moindres amants savaient
Si par chance ils savaient l´enfance
Il n´y aurait plus d´enfants jamais.








J´ai eu tort, je suis revenue
dans cette ville loin perdue
ou j´avais passe mon enfance.
J´ai eu tort, j´ai voulu revoir
le coteau ou glissaient le soir
bleus et gris ombres de silence.
Et je retrouvais comme avant,
longtemps apres,
le coteau, l´arbre se dressant,
comme au passe.
J´ai marche les tempes brulantes,
croyant etouffer sous mes pas.
Les voies du passe qui nous hantent
et reviennent sonner le glas.
Et je me suis couchee sous l´arbre
et c´etaient les memes odeurs.
Et j´ai laisse couler mes pleurs,
mes pleurs.
J´ai mis mon dos nu a l´ecorce,
l´arbre m´a redonne des forces
tout comme au temps de mon enfance.
Et longtemps j´ai ferme les yeux,
je crois que j´ai prie un peu,
je retrouvais mon innocence.
Avant que le soir ne se pose
j´ai voulu voir
les maisons fleuries sous les roses,
j´ai voulu voir
le jardin ou nos cris d´enfants
jaillissaient comme source claire.
Jean-Claude, Regine, et puis Jean -
tout redevenait comme hier -
le parfum lourd des sauges rouges,
les dahlias fauves dans l´allee,
le puits, tout, j´ai tout retrouve.
Helas
La guerre nous avait jete la,
d´autres furent moins heureux, je crois,
au temps joli de leur enfance.
La guerre nous avait jetes la,
nous vivions comme hors la loi.
Et j´aimais cela. Quand j´y pense
ou mes printemps, ou mes soleils,
ou mes folles annees perdues,
ou mes quinze ans, ou mes merveilles -
que j´ai mal d´etre revenue -
ou les noix fraiches de septembre
et l´odeur des mures ecrasees,
c´est fou, tout, j´ai tout retrouve.
Helas
Il ne faut jamais revenir
aux temps caches des souvenirs
du temps beni de son enfance.
Car parmi tous les souvenirs
ceux de l´enfance sont les pires,
ceux de l´enfance nous dechirent.
Oh ma tres cherie, oh ma mere,
ou etes-vous donc aujourd´hui?
Vous dormez au chaud de la terre.
Et moi je suis venue ici
pour y retrouver votre rire,
vos coleres et votre jeunesse.
Et je suis seule avec ma detresse.
Helas
Pourquoi suis-je donc revenue
et seule au detour de ces rues?
J´ai froid, j´ai peur, le soir se penche.
Pourquoi suis-je venue ici,
ou mon passe me crucifie?
Elle dort a jamais mon enfance.








dimanche 21 septembre 2014

Mourir de ne pas mourir : Boulevard des airs : Cielo Ciego / Jacques Brel : Le moribond / Barbara : À mourir pour mourir












Cielo ciego

C’est pas quand je serai sous terre
Que mes idées moisiront
Je choisis les vers à vos prières
Une honnête décomposition

Le jour de ma mise en bière
Ne touchez pas à mon âme
Elle trinquera encore sur Terre
A la vie, à la mort, au vin, aux femmes

Ne lui parlez pas de vos cieux
Ni de la paix de vos églises
Les péchés qui vous scandalisent
Auront été ce qu’il y a de mieux

El cielo no puede hacer nada
El pueblo puede soñar y cantar
El cielo no puede hacer nada
El pueblo puede soñar y gritar

Je ne boirai pas vos paroles
Moi infidèle des premiers temps
Et je dégueule sur votre rôle
De mauvaise conscience des innocents

Pour vous le bonheur est l’Ailleurs
Pour moi il fut dans chaque main
Sur chaque lèvre maladroite
A mille lieues de vos salades

Je me demande encore pourquoi
On vous implore par tous les noms
C’est vous qui devriez je crois
Au diable, nous demander pardon

refrain


Et comme ce soir je reste mort
Je danserai sur mes cendres
Eparpillées très loin de Rome
Sans qu’elles ne puissent plus descendre

Sans qu’elles ne sachent plus l’enfer
D’un Ave gâché par le pécule
Des fins de blagues ridicules
Versées dans vos poches de missionnaires

Le ciel n’a jamais pu grand chose
Il ne m’envoie pas sur les roses
Il ne m’en voudra pas si ce soir
Je le détache de l’espoir









Le moribond

Adieu l´Émile je t´aimais bien
Adieu l´Émile je t´aimais bien, tu sais
On a chanté les mêmes vins
On a chanté les mêmes filles
On a chanté les mêmes chagrins
Adieu l´Émile je vais mourir
C´est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j´pars aux fleurs la paix dans l´âme
Car vu qu´t´es bon comme du pain blanc
Je sais qu´tu prendras soin d´ma femme
J´veux qu´on rie
J´veux qu´on danse
J´veux qu´on s´amuse comme des fous
J´veux qu´on rie
J´veux qu´on danse
Quand c´est qu´on m´mettra dans l´trou

Adieu Curé je t´aimais bien
Adieu Curé je t´aimais bien, tu sais
On n´était pas du même bord
On n´était pas du même chemin
Mais on cherchait le même port
Adieu Curé je vais mourir
C´est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j´pars aux fleurs la paix dans l´âme
Car vu que t´étais son confident
Je sais qu´tu prendras soin d´ma femme
J´veux qu´on rie
J´veux qu´on danse
J´veux qu´on s´amuse comme des fous
J´veux qu´on rie
J´veux qu´on danse
Quand c´est qu´on m´mettra dans l´trou

Adieu l´Antoine je t´aimais pas bien
Adieu l´Antoine je t´aimais pas bien, tu sais
J´en crève de crever aujourd´hui
Alors que toi tu es bien vivant
Et même plus solide que l´ennui
Adieu l´Antoine je vais mourir
C´est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j´pars aux fleurs la paix dans l´âme
Car vu que tu étais son amant
Je sais qu´tu prendras soin d´ma femme
J´veux qu´on rie
J´veux qu´on danse
J´veux qu´on s´amuse comme des fous
J´veux qu´on rie
J´veux qu´on danse
Quand c´est qu´on m´mettra dans l´trou

Adieu ma femme je t´aimais bien
Adieu ma femme je t´aimais bien, tu sais
Mais je prends l´train pour le bon Dieu
Je prends le train qui est avant l´tien
Mais on prend tous le train qu´on peut
Adieu ma femme, je vais mourir
C´est dur de mourir au printemps, tu sais
Mais j´pars aux fleurs les yeux fermés, ma femme
Car vu qu´j´les ai fermés souvent
Je sais qu´tu prendras soin d´mon âme
J´veux qu´on rie
J´veux qu´on danse
J´veux qu´on s´amuse comme des fous
J´veux qu´on rie
J´veux qu´on danse
Quand c´est qu´on m´mettra dans l´trou













À mourir pour mourir
Je choisis l'âge tendre
Et partir pour partir
Je ne veux pas attendre
Je ne veux pas attendre

J'aime mieux m'en aller
Du temps que je suis belle
Qu'on ne me voit jamais
Fanée sous ma dentelle
Fanée sous ma dentelle

Et ne venez pas me dire
Qu'il est trop tôt pour mourir
Avec vos aubes plus claires
Vous pouvez vous faire lanlaire

J'ai vu l'or et la pluie
Sur des forêts d'automne
Les jardins alanguis
La vague qui se cogne
La vague qui se cogne

Et je sais, sur mon cou
La main nue qui se pose
Et j'ai su, à genoux
La beauté d'une rose
La beauté d'une rose

Et tant mieux s'il y en a
Qui, les yeux pleins de lumière
Ont préféré les combats
Pour aller se faire lanlaire

Au jardin du bon Dieu
On n'a plus d'importance
Qu'on s'y couche amoureux
Ou tombé pour la France
Ou tombé pour la France

Il est d'autres combats
Que le feu des mitrailles
On ne se blesse pas
Qu'à vos champs de bataille
Qu'à vos champs de bataille

Et ne comptez pas sur moi
S'il faut soulager mes frères
Et, pour mes frères, ça ira
J'ai fait ce que j'ai pu faire

Si c'est peu, si c'est rien
Qu'ils décident eux-mêmes
Je n'espère plus rien
Mais je m'en vais sereine
Mais je m'en vais sereine

Sur un long voilier noir
La mort pour équipage
Demain, c'est l'au revoir
Je quitte vos rivages
Je quitte vos rivages

Car mourir pour mourir
Je ne veux pas attendre
Et partir pour partir
J'ai choisi l'âge tendre