jeudi 28 août 2014

Barbara "Souvenance"








Quand les ans t´auront courbée,
Tes amis abandonnée,
Que les serments, les chimères
T´auront seule ainsi laissée,
Souviens-toi du temps passé,
De nos vingt ans, de ma prière.

Viens-t´en. La lune éclaire
Toutes les primevères
Si lourdes de rosée.
De toutes nos nuits belles,
Un bouquet d´immortelles,
Nous feront, mon aimée.

Quand reviennent les saisons,
Les lilas et les moissons,
Dans ta solitude blême,
Souviens-toi de nos beaux jours,
Nos jeux, nos ris, nos amours.
On ne dit qu´une fois "je t´aime".

Viens-t´en. La lune éclaire
Toutes les primevères
Si lourdes de rosée.
De toutes nos nuits belles,
Un bouquet d´immortelles,
Nous feront, mon aimée.

Ou es-tu en ce moment,
Partageant le même tourment
D´une vie par nous gâchée?
Riche et laide suis devenue
Et toi même n´as pas voulu
Tant de larmes épanchées.

Dis moi que tu as songé,
En ce monde désolé
Au souvenir d´une image,
Cailloux blancs et cailloux noirs.
Oh dis moi qu´un fol esppoir
Te fit chercher mon visage.

Viens-t´en. La lune éclaire
Toutes les primevères
Si lourdes de rosée.
De toutes nos nuits belles,
Un bouquet d´immortelles,
Nous feront, mon aimée.

Ma chanson n´a pas de fin.
Si tu n´me tends pas la main
Du plus profond de la terre,
Mon amour cherchant le tien,
Ton pardon trouvant le mien.

Entendons cette prière.

Mais reviens. La lune éclaire
Toutes les primevères
Si lourdes de rosée.
De toutes nos nuits belles,
Un bouquet d´immortelles,
Nous feront, mon aimée.




BNF La Légende du Roi Arthur





Je vous invite à relire  la légende du Roi Arthur

à travers cette  magnifique exposition sur le site  
  
de la  BNF




Lire la légende


Visite guidée - Les oeuvres commentées



Parcours enfant







Merlin l'Enchanteur - 

L'Épée dans l'Enclume








Merlin le cambrioleur







Roland meurt à Roncevaux : 15 août 778














Pour les élèves de I D ESABAC voici l'article sur Hérodote.net


de Camille Vignolle concernant la mort de Roland à Roncevaux







que  vous trouverez bien sûr dans votre manuel  Écritures I  p.185 


"Roland et son épée Durendal"




À lire aussi à propos de la Chanson de Roland



                                                               RolandRoncevaux











Exposition BNF 

Fouquet peintre et enlumineur du XVe siècle



                                                                 expositions.bnf


Alionor d'Aquitaine (1120 - 1204)










Gisants d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri II à Fontevrault


Née en 1120 ou 1122, la reine Aliénor accueille la mort
à quatre-vingts ans passés


dans sa chère abbaye de Fontevraud, près de Saumur.



Aliénor est la petite-fille du troubadour  Guillaume IX d'Aquitaine,
 qui célébrait l'amour courtois et accueillait les poètes à la cour de
Poitiers. La duchesse ne manque pas à la tradition familiale et,
 sa vie durant,  entretient autour d'elle une cour de poètes.





Arnaut Daniel dans le XXVIe chant du Purgatoire de la "Divina Commedia" de Dante





Dante rencontre le troubadour



« Ieu sui Arnautz qu’amas l'aura
e chatz la lebre ab lo bou
e nadi contra suberna. »

je suis Arnaut qui amasse l'air
et chasse le lièvre avec le beuf
et qui nage contre courant

dans le XXVI chant du Purgatoire


El cominciò liberamente a dire: 
«Tan m’abellis vostre cortes deman, 
            qu’ieu no me puesc ni voill a vos cobrire.     141

Ieu sui Arnaut, que plor e vau cantan; 
consiros vei la passada folor, (1) 
                 vei jausen lo joi qu’esper, denan.             144

Ara vos prec, per aquella valor 
que vos guida al som de l’escalina, 
                sovenha vos a temps de ma dolor!».        147

Poi s’ascose nel foco che li affina

 1)l'amour qui amène à la folie  



 Salué par Dante:

   voilà comment Guido Guinizzelli présente à Dante Arnaut

"le meilleur forgeron du parler maternel"

(vers 117 : "Il miglior fabbro del parlar materno")
  
 et par Petrarque,

Trionfo d'amore :

« Fra tutti il primo Arnaldo Daniello
gran maestro d'amor; ch’alla sua terra
Ancor fa onor col suo dir novo e bello. »


... "dont le style 

 fait encore honneur au pays qui l’a vu naître".


 il fut redécouvert entre autre

 par Aragon dans un texte écrit en 1941 et intitulé



  





La canso d’Arnaut Daniel

Lo ferm voler q’el cor m’intra
no-m pot jes becs escoissendre ni ongla
de lausengier qui pert per maldir s’arma
e car non l’aus batr’ab ram ni ab verga
sivals a frau lai on non aurai oncle
jauzirai joi en vergier o dinz cambra.

Qan mi soven de la cambra
on a mon dan sai que nuills hom non intra
anz me son tuich plus que fraire ni oncle
non ai membre no-m fremisca neis l’ongla
aissi cum fai l’enfas denant la verga
tal paor ai no-l sia trop de l’arma

Del cor li fos non de l’arma
e cossentis m’a celat dinz sa cambra
que plus mi nafra-l cor que colps de verga
car lo sieus sers lai on ill es non intra
totz temps serai ab lieis cum carns et ongla
e non creirai chastic d’amic ni d’oncle.

Anc la seror de mon oncle
non amei plus ni tant per aquest’arma
c’aitant vezis cum es lo detz de l’ongla
s’a liei plagues volgr’esser de sa cambra
de mi pot far l’amors q’inz el cor m’intra
mieills a son vol c’om fortz de frevol verga.

Pois flori la seca verga
ni d’En Adam mogron nebot ni oncle
tan fin amors cum cella q’el cor m’intra
non cuig fos anc en cors ni neis en arma
on qu’ill estai fors en plaz’ o dins cambra
mos cors no-is part de lieis tan cum ten l’ongla.

C’aissi s’enpren e s’enongla
mos cors en lei cum l’escross’en la verga
qu’ill m’es de joi tors e palaitz e cambra
e non am tan fraire paren ni oncle
q’en paradis n’aura doble joi m’arma
si ja nuills hom per ben amar lai intra.

Arnaut tramet sa chansson d’ongl’ e d’oncle
a grat de lieis que de sa verg’ a l’arma,
son Desirat cui pretz  en cambra intra.


Traduction de Jacques Roubaud

La ferme volonté qui au coeur m’entre 
ne peut ni langue la briser ni ongle
de médisant qui perd à mal dire son âme
n’osant le battre de rameau ou de verge
en fraude seulement où je n’ai nul oncle
je jouirai de ma joie en verger ou chambre

Quand je me souviens de la chambre
où pour mon mal je sais que nul homme n’entre
mais tous me sont pires que frère ou qu’oncle
tremblent tous les membres jusqu’à l’ongle
ainsi que fait l’enfant devant la verge
tant j’ai peur de n’être assez sien dans mon âme 

Ah que je sois sien dans le corps non l’âme 
et qu’elle m’accueille en secret dans sa chambre
plus me blesse le coeur que coup de verge
d’être son serf qui là où elle est n’entre 
toujours je serai près d’elle comme chair et ongle
n’écoutant aucun reproche d’ami ni d’oncle 

Jamais la soeur de mon oncle
 je n’aimerai tant ou plus par mon âme
aussi proche qu’est le doigt de l’ongle 
s’il lui plaisait je voudrais être dans sa chambre
il peut faire de moi l’amour qui dans mon coeur entre
à son gré comme homme fort de faible verge

Depuis qu’a fleuri la sèche verge
que du seigneur Adam est descendu nain ou oncle
en amour comme celui qui dans mon coeur entre
je ne crois pas qu’il en fut dans un corps ni dans une âme
où qu’elle soit sur la place ou dans la chambre
on coeur sera moins loin que l’épaisseur d’un ongle 

Qu’ainsi s’enracine revienne ongle
mon coeur en elle comme écorce en la verge
elle m’est de joie tour et palais et chambre 
je n’aime tant frère parent ni oncle 
en paradis aura double joie mon âme
si jamais homme d’avoir aimé y entre

Arnault finit sa chanson d’ongle et d’oncle
pour plaire à celle dont la verge est l’âme
son Desirat son prix entre sa chambre





Quelques notes sur le texte – ce que dit le poète

Outre qu’il est capital dans l’histoire de la littérature universelle (les Troubadours, fondateurs de la langue occitane, sont des poètes universels), ce texte, cettecanso nous en apprend sur l’érotique d’Arnaut Daniel. Et si d’aucuns avaient encore des doutes sur la dimension charnelle de l’érotique des troubadours, la réponse se trouve dans ce vers sans ambiguïté, placé en tête de la strophe III du poème : Del cors li fos non de l’arma (Ah que je sois sien dans le corps non l’âme)…
Le drame de la séparation que vit le troubadour se retrouve ici traité ainsi que dans nombre d’autres cansos. C’est l’un des thèmes de prédilection du trobar : le poète aime sa Dame qui le tient éloigné. Ici, Arnaut ne peut pénétrer dans la chambre de l’Aimée dont l’entrée lui est interdite (Quand je me souviens de la chambre / où pour mon mal nul homme n’entre… strophe II). Pourtant, le poète ne perd pas espoir. Une union est encore espérée, possible. Où ? En paradis où son âme aura double joie "si jamais homme d’avoir aimé y entre". 
A la même époque, les cathares croyaient que nous vivions dans le monde séparés de notre âme originelle dont nous ne détenions qu’une parcelle emprisonnée dans nos corps de chair. Ils enseignaient que l’homme devait faire, par le Consolament, le salut de son âme afin de retrouver en paradis l’unité principielle d’où il avait chuté pour devenir l’Adam terrestre. Peut-on lire, ici, une évocation à mots couverts de la doctrine cathare ? Chacun est libre de son interprétation…

(c) Serge Bonnery, 2012

"Je ferai chansonnette nouvelle", Guillaume de Poitiers











  

Voici une des œuvres composées par le comte duc, 
en langue d'oc, en limousin, accompagnée de la traduction française:


Farai chansoneta nueva,
Ans que vent ni gel ni plueva:
Ma dona m'assaya e-m prueva,
Quossi de qual guiza l'am;
E ja per plag que m'en mueva
No-m solvera de son liam.
 Ferai chansonnette nouvelle
Avant qu'il vente, pleuve ou gèle
Ma dame m'éprouve, tente
De savoir combien je l'aime ;
Mais elle a beau chercher querelle,
Je ne renoncerai pas à son lien
Qu'ans mi rent a lieys e-m liure,
Qu'en sa carta-m pot escriure.
E no m'en tenguatz per yure,
S'ieu ma bona dompna am!
Quar senes lieys non puesc viure,
Tant ai pres de s'amor gran fam.


Je me rends à elle, je me livre,
Elle peut m'inscrire en sa charte ;
Et ne me tenez pour ivre
Si j'aime ma bonne dame,
Car sans elle je ne puis vivre,
Tant de son amour j'ai grand faim.
Que plus es blanca qu'evori,
Per qu'ieu autra non azori:
Si-m breu non ai aiutori,
Cum ma bona dompna m'am,
Morrai, pel cap sanh Gregori,
Si no-m bayza en cambr'o sotz ram.
Elle est plus blanche qu'ivoire,
Je n'adorerai qu'elle !
Mais, si je n'ai prompt secours,
Si ma bonne dame ne m'aime,
Je mourrai, par la tête de
 Saint Grégoire,
Un baiser en chambre ou sous l'arbre !


Qual pro-y auretz, dompna conja,
Si vostr'amors mi deslonja
Par que-us vulhatz metre monja!
E sapchatz, quar tan vos am,
Tem que la dolors me ponja,
Si no-m faitz dreg dels tortz q'ie-us clam.
Qu'y gagnerez-vous, belle dame,
Si de votre amour vous m'éloignez ?
Vous semblez vous mettre nonne,
Mais sachez que je vous aime tant
Que je crains la douleur blessante
Si vous ne faites droit des torts dont je me plains.


  
Qual pro i auretz s'ieu m'enclostre
E no-m retenetz per vostre
Totz lo joys del mon es nostre,
Dompna, s'amduy nos amam.
Lay al mieu amic Daurostre,
Dic e man que chan e bram.
Que gagnerez-vous si je me cloître,
Si vous ne me tenez pas pour vôtre ?
Toute la joie du monde est nôtre,
Dame, si nous nous aimons,
Je demande à l'ami Daurostre
De chanter, et non plus crier.


Per aquesta fri e tremble,
Quar de tam bon'amor l'am,
Qu'anc no cug qu'en nasques semble
En semblan del gran linh n'Adam.
Pour elle je frissonne et tremble,
Je l'aime tant de si bon amour !
Je n'en crois jamais née de si belle
En la lignée du seigneur Adam.



Les plus anciennes chansons d'amour connues écrites en langue dite "vulgaire", c'est à dire autre que le latin, apparaissent à la charnière du XIe et du XIIe siècle dans l'oeuvre de l'inventeur connu du trobar; le duc Guillaume IX d'Aquitaine. Né en 1071, il règne de 1086 à 1127, date de sa mort.
Ses chansons d'amours accusent nettement la forme et les caractéristiques des chansons qui vont être composées dans les deux siècles qui vont suivre. Elles ne sont pas de vagues essais balbutiants. Au contraire, elles apparaissent comme un art déjà mûri par des poètes de générations précédentes. Mais de cette lente maturation, rien ne nous est parvenu. Il faut l'accepter et l'admettre. Guillaume IX est le premier troubadour dont on possède les oeuvres et cela en fait l'inventeur du Trobar.
Guillaume est le plus puissant seigneur de son temps. Il participe à la croisade de 1101 à 1102. Ce fut un désastre non seulement pour lui-même et ses troupes, mais aussi pour tous les alliés de cette période. Il fut même captif un certain temps. Orderic Vital ; un chroniqueur de ces temps ; dit qu'à son retour Guillaume raconta sa captivité "en vers rimés, avec de plaisantes modulations". Mais des chansons de ce genre, aucune n'est conservée. De cette épopée, il faut retenir son passage à Constantinople, cour impériale raffinée où se produisaient de nombreux "artistes" de toutes nationalités qui influencèrent certainement le Duc.
Il participa à plusieurs expéditions en Espagne pour aider les rois dans leur reconquète de la péninsule. A la bataille de Cutanda, il arborait, paraît-il, un bouclier sur lequel était peint le corps de sa maîtresse. Dans les cours espagnoles, en période de paix, des artistes juifs, chrétiens et musulmans se produisaient. Parfois ils formaient une même groupe.
Il reçut à Poitiers Blédri ap Davidor, chevalier et barde d'origine galloise qui (ré-)introduisit l'histoire de Tristan et Iseut en Gaule à cette époque. Or, beaucoup de troubadours connaissaient cette légende et certains y feront nettement référence.
On peut diviser les chansons de Guillaume en trois groupes : les chansons courtoises , les chansons grossières et un chanson dite d'adieu. 
L'homme courtois
Goût particulier pour une cour bien policée ? Souhait de plaire aux Dames de sa cour plus raffinées que leurs rustres de maris ? Impossible à savoir. Les poèmes sont là pour le prouver : à l'aurore du XIIe siècle ce grand seigneur, Guillaume, chante avec les plus beaux mots de la langue d'Oc qu'il manipule avec aisance et maîtrise. Dans ses chansons courtoises, la note de sensualité n'est pas absente, mais la note dominante est celle d'une conception idéale de l'amour. Pour Guillaume, cet amour idéal provoque une sorte de joie extatique, le "joy", puissance d'amour qui peut tout transformer et opère des miracles :
"Sa joie peut guérir les malades, Sa colère faire mourir les biens portants ; Elle peut rendre sot un sage et transformer la beauté d'un bel homme ; Elle peut faire d'un courtois un rustre et d'un rustre un homme de cour".
Cette puissance d'amour, c'est la Dame qui la génère. Ce "joy" objet de la quête des Troubadours doit être rapproché du "gaudia" des moines. Comme le moine, le troubadour doit se soumettre aux lois d'amour (et donc à sa Dame) pour être un parfait serviteur d’amour, être distingué dans ses actions et en paroles :
"Il doit montrer obédience à maintes gens celui qui veut aimer et il lui convient de savoir accomplir des faits avenants et de se garder, à la cour, de parler comme un vilain."
Guillaume invente les mots-clefs et les règles du trobar, et il se vante d'être le premier, l'inventeur. Sûr de sa valeur de trobador e d'amador, il tient à exposer son "métier" et il revendique sa propriété artistique :
"Car je porte de ce métier la fleur !"
Il se donne lui-même le titre de maistre certa, maître infaillible, en amour comme en poésie :
"J'ai nom maître infaillible ! Et jamais ma maîtresse ne m'aura une nuit sans vouloir m'avoir le lendemain, car je suis si bien instruit en ce métier, et je m'en vante, que je puis gagner mon pain sur tous les marchés."
Il annonce le thème de la Dame aimée de loin, sans jamais avoir été vue ; amour mystérieux. Jaufré Rudel, troubadour de la génération suivante, sera le maître de ce thème.
"J'ai une amie, je ne sais qui elle est, Car par ma foi ! je ne la vis jamais... Jamais je ne la vis et je l'aime fort ..."
Philosophe, il est un des rares poètes à avoir écrit une chanson sur le "néant", qui fut "trouvée en dormant sur un cheval", à l'état de rêve, en dehors de toute réalité. Faut-il voir là une possible influence du dualisme latent du XIIe siècle ? Car le néant est un thème cher aux cathares et c'est sur ce thème que les premières disputes entre docteurs cathares et saint Dominique eurent lieu un siècle plus tard. Chez Guillaume, la chanson courtoise contient déjà tous les thèmes répétés plus tard par ses successeurs.


"Je vais faire un poème sur le pur néant"

  


Je vais faire un poème sur le pur néant :Ce ne sera pas sur moi ni sur d’autres gens,Ce ne sera pas sur l’amour, sur la jeunesse,Ni sur rien d’autre,Il vient d’être trouvé tandis que je dormais
Sur mon cheval.
  

Je ne sais pas à que l heure je vins au jour :

Je ne suis ni allègre ni chagriné,
Je ne suis ni sauvage ni familier,
Et n’y puis rien :
Ainsi je fus de nuit doué par une fée
Sur un haut puy.


Je ne sais pas l’instant ou j’ai pris mon sommeil,

Ni l’instant ou je veille, à moins qu’on me le dise.
Peu s’en faut si mon cœur n’est pas parti
D’un deuil cruel ;
Mais voilà qui m’importe autant qu’une souris,
Par saint Martial !


Je suis malade et tremble de mourir,

Et je sais seulement ce que j’en entends dire ;
Un médecin je chercherai à mon plaisir,
Je n’en sais de pareil .
On est bon médecin quand on sait me guérir,
Non, si j’ai mal .
  

Une amie, j’en ai une, et je ne sais qui elle est,

Jamais je ne la vis, je le dis par ma foi ;
Elle ne m’a rien fait qui me plaise ou me pèse,
Ca m’est égal,
Car jamais il n’y eut ni Normand ni Français
Dans ma maison.


Jamais je ne la vis, pourtant je l’aime fort,

Jamais elle ne me fit un tort, ni mon droit,
Quand je ne la vois pas, m’en porté-je plus mal ?
Qu’importe un coq !
Car j’en connais une plus aimable et plus belle,
Et qui vaut mieux .
  

Je ne sais pas l’endroit ou elle est établie,

Si c’est dans la montagne ou si c’est dans la plaine ;
Je n’ose pas dire le tort qu’elle m’a fait

Mais il m’importe,

Et je suis affecté qu’elle demeure ici
Quand je m’en vais.


Je l’ai fait ce poème, et je ne sais sur qui ;

Et je vais le faire parvenir à celui
Qui me le fera parvenir par autrui
Là vers l’Anjou,
Pour qu’il me fasse parvenir de son étui
La contre-clé .