mercredi 29 mai 2019

Anne Sylvestre ; Une sorcière comme les autres (1975 : une sorcière comme les autres )





San Galgano, Siena

Voici une magnifique chanson sur la condition féminine

qui pourrait bien   être reliée à ce très beau poème  de 

Sanguineti  Ballata delle Donne 
 jadis proposé par Madame Carla Soresina

Edoardo Sanguineti






S'il vous plaît
Soyez comme le 
duvet

Soyez comme la plume d'oie
Des oreillers d'autrefois

J'aimerais
Ne pas être 
portefaix

S'il vous plaît
Faîtes vous léger
Moi je ne peux plus bouger

Je vous ai porté vivant
Je vous ai porté enfant
Dieu comme vous étiez lourd
Pesant votre poids d'amour

Je vous ai porté encore
À l'heure de votre mort
Je vous ai porté des fleurs
Je vous ai morcelé mon coeur

Quand vous jouiez à la guerre
Moi je gardais la maison
J'ai usé de mes prières
Les  
barreaux  de vos prisons




San Galgano, Siena



Me voilà comme une tombe
Et tout le malheur dedans

Ce n'est que moi
C'est elle ou moi
Celle qui parle
Ou qui se tait

Celle qui pleure
Ou qui est gaie
C'est Jeanne d'Arc
Ou bien Margot

Fille de vague
Ou de ruisseau
Et c'est mon coeur
Ou bien le leur

Et c'est la soeur
Ou l'inconnue
Celle qui n'est
Jamais venue

Celle qui est
Venue trop tard
Fille de rêve
Ou de hasard





Refrain

Et c'est ma mère
Ou la vôtre
Une sorcière
Comme les autres

Il vous faut
Être comme le ruisseau
Comme l'eau claire de l'étang
Qui reflète et qui attend

S'il vous plaît
Regardez-moi je suis vraie
Je vous prie
Ne m'inventez pas
Vous l'avez tant fait déjà

Vous m'avez aimée servante
M'avez voulue ignorante
Forte vous me combattiez
Faible vous me méprisiez

Vous m'avez aimée putain
Et couverte de satin
Vous m'avez faite statue
Et toujours je me suis tue

Quand j'étais vieille et trop laide
Vous me jetiez au rebut
Vous me refusiez votre aide
Quand je ne vous servais plus

Quand j'étais belle et soumise
Vous m'adoriez à genoux
Me voilà comme une église
Toute la honte dessous

Ce n'est que moi
C'est elle ou moi
Celle qui aime
Ou n'aime pas

Celle qui règne
Ou se débat
C'est Joséphine
Ou la Dupont

Fille de nacre
Ou de coton
Et c'est mon cœur
Ou bien le leur

Celle qui attend
Sur le port
Celle des monuments
Aux morts

Celle qui danse
Et qui en meurt
Fille bitume
Ou fille fleur

Refrain
Et c'est ma mère
Ou la vôtre
Une sorcière
Comme les autres

S'il vous plaît
Soyez comme je vous ai
Vous ai rêvé depuis longtemps
Libre et fort comme le vent

Libre aussi
Regardez je suis ainsi
Apprenez-moi n'ayez pas peur
Pour moi je vous sais par coeur

J'étais celle qui attend
Mais je peux marcher devant
J'étais la bûche et le feu
L'incendie aussi je peux

J'étais la déesse mère
Mais je n'étais que poussière
J'étais le sol sous vos pas
Et je ne le savais pas

Mais un jour la terre s'ouvre
Et le volcan n'en peut plus
Le sol se rompant
Découvre des richesses inconnues

La mer à son tour divague
De violence 
inemployée
Me voilà comme une vague
Vous ne serez pas noyé

Ce n'est que moi
C'est elle ou moi
Et c'est l'ancêtre
Ou c'est l'enfant

Celle qui cède
Ou se défend
C'est Gabrielle
Ou bien Eva

Fille d'amour
Ou de combat
Et c'est mon cœur
Ou bien le leur

Celle qui est
Dans son printemps
Celle que personne
N'attend

Et c'est la moche
Ou c'est la belle
Fille de brume
Ou de plein ciel

Refrain


Et c'est ma mère
Ou la vôtre
Une sorcière
Comme les autres

S'il vous plaît
S'il vous plaît
Faites-vous léger
Moi je ne peux plus bouger.





Une sorcière comme les autres est une chanson sur la condition féminine en particulier sur la maternité..
La chanson rappelle aux hommes la condition féminine à travers les âges. 


Le refrain (dont le dernier vers sert de titre à la chanson) montre la communauté de destin de toutes les femmes, en particulier à travers la maternité. L'image de la sorcière souligne les pouvoirs que demandent le rôle de mère, en même temps que le sort obscur dans lequel elles restent.

analyse