vendredi 19 septembre 2014

BAC BLANC : Carola Cauzzo analyse d'un extrait tiré de Madame Bovary - Federica Randazzo essai bref "Aimer à la folie : Les fous d’amour… ou les amours fous"









Prova di: LINGUA E LETTERATURA FRANCESE

Svolga il candidato una delle seguenti prove a scelta tra:
a)      analisi di un testo
b)      saggio breve

a)Analisi di un testo
Dopo avere letto il testo rispondete alle domande e elaborate una riflessione personale sul tema proposto.
Charles Bovary, médecin, rentre chez lui le soir et retrouve sa femme Emma et sa fille Berthe.
Quand il rentrait au milieu de la nuit, il n'osait pas la réveiller. La veilleuse de porcelaine arrondissait au plafond une clarté tremblante, et les rideaux fermés du petit berceau faisaient comme une hutte blanche qui se bombait dans l'ombre, au bord du lit. Charles les regardait. Il croyait entendre l'haleine légère de son enfant. Elle allait grandir maintenant ; chaque saison, vite, amènerait un progrès. Il la voyait déjà revenant de l'école à la tombée du jour, toute rieuse, avec sa brassière tachée d'encre, et portant au bras son panier ; puis il faudrait la mettre en pension, cela coûterait beaucoup ; comment faire ? Alors il réfléchissait. Il pensait à louer une petite ferme aux environs, et qu'il surveillerait lui-même, tous les matins, en allant voir ses malades. Il en économiserait le revenu, il le placerait à la caisse d'épargne ; ensuite il achèterait des actions, quelque part, n'importe où ; d'ailleurs, la clientèle augmenterait ;   il y comptait, car il voulait que Berthe fût bien élevée, qu'elle eût des talents, qu'elle apprît le piano. Ah ! qu'elle serait jolie, plus tard, à quinze ans, quand, ressemblant à sa mère, elle porterait comme elle, dans l'été, de grands chapeaux de paille ! on les prendrait pour les deux soeurs. Il se la figurait travaillant le soir auprès d'eux, sous la lumière de la lampe ; elle lui broderait des pantoufles ; elle s'occuperait du ménage ; elle emplirait toute la maison de sa gentillesse et de sa gaieté. Enfin, ils songeraient à son établissement : on lui trouverait quelque brave garçon ayant un état solide ; il la rendrait heureuse ; cela durerait toujours.
Emma ne dormait pas, elle faisait semblant d'être endormie ; et, tandis qu'il s'assoupissait (1) à ses côtés, elle se réveillait en d'autres rêves.
Au galop de quatre chevaux, elle était emportée depuis huit jours vers un pays nouveau, d'où ils(2) ne reviendraient plus. Ils  allaient, ils allaient, les bras enlacés, sans parler. Souvent, du haut d'une montagne, ils apercevaient tout à coup quelque cité splendide avec des dômes, des ponts, des navires, des forêts de citronniers et des cathédrales de marbre blanc, dont les clochers aigus portaient des nids de cigognes. On marchait au pas, à cause des grandes dalles, et il y avait par terre des bouquets de fleurs que vous offraient des femmes habillées en corset rouge. On entendait sonner des cloches, hennir les mulets, avec le murmure des guitares et le bruit des fontaines, dont la vapeur s'envolant rafraîchissait des tas de fruits, disposés en pyramide au pied des statues pâles, qui souriaient sous les jets d'eau. Et puis ils arrivaient, un soir, dans un village de pêcheurs, où des filets bruns séchaient au vent, le long de la falaise et des cabanes. C'est là qu'ils s'arrêteraient pour vivre ; ils habiteraient une maison basse, à toit plat, ombragée d'un palmier, au fond d'un golfe, au bord de la mer. Ils se promèneraient en gondole, ils se balanceraient en hamac(3) ; et leur existence serait facile et large comme leurs vêtements de soie, toute chaude et étoilée comme les nuits douces qu'ils contempleraient. Cependant, sur l'immensité de cet avenir qu'elle se faisait apparaître, rien de particulier ne surgissait ; les jours, tous magnifiques, se ressemblaient comme des flots ; et cela se balançait à l'horizon, infini, harmonieux, bleuâtre et couvert de soleil. Mais l'enfant(4) se mettait à tousser dans son berceau, ou bien Bovary ronflait plus fort, et Emma ne s'endormait que le matin, quand l'aube blanchissait les carreaux et que déjà le petit Justin(5), sur la place, ouvrait les auvents de la pharmacie.
1)s’endormait 2)Emma s’imagine avec Rodolphe  3)Toile ou filet suspendu et utilisé comme lit  4)La petite fille d’Emma 5)L’employé du pharmacien

Gustave Flaubert, Madame Bovary, (1857)

COMPREHENSION 
1.      Ces deux discours sont exprimés par Flaubert avec des conditionnels. Quelle est leur valeur ?  
2.      Présentez les caractéristiques du discours de Charles.
  1. Quels sont les stéréotypes des pensées de Charles et de Emma ? À quoi font-ils référence ?

INTERPRETATION 
1.      Quelles sont les différences de niveau (social ?) dans les ambitions de Charles et d’Emma ?
2.      Par quels procédés Flaubert rend-il grotesque ce double rêve ?

REFLEXION PERSONNELLE
Flaubert raconte l’ histoire d’un mariage   au milieu du XIXe siècle. En vous appuyant sur vos réponses aux questions précédentes, présentez le deux visions de l’amour que propose ce texte. Développez  une réflexion personnelle sur ce thème, en faisantréférence à d’autres œuvres littéraires que vous avez lues (300 mots environ).


b)Saggio breve
Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto (circa 600 parole).

Aimer à la folie : Les fous d’amour… ou les amours fous 

Documento 1

XVI -Tant que mes yeux pourront larmes épandre
Tant que mes yeux pourront larmes épandre
À l'heur passé avec toi regretter:
Et qu'aux sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre:

Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignard Luth, pour tes grâces chanter:
Tant que l'esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre:

Je ne souhaite encore point mourir.
Mais quand mes yeux je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,

Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante:
Prierai la mort noircir mon plus clair jour

Louise Labé,  Sonnets (1555)


Documento 2

Le dernier poème
J'ai rêvé tellement fort de toi,
J'ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu'il ne me reste plus rien de toi,
Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres
D'être cent fois plus ombre que l'ombre
D'être l'ombre qui viendra et reviendra
dans ta vie ensoleillée.

Robert Desnos
Domaine public, 1953


Documento 3

Aimer à perdre la raison
Aimer à perdre la raison
Aimer à n’en savoir que dire
A n’avoir que toi d’horizon
Et ne connaître de saisons
Que par la couleur du partir
Aimer à perdre la raison

Ah c’est toujours toi que l’on blesse
C’est toujours ton miroir brisé
Mon pauvre bonheur, ma faiblesse
Toi qu’on insulte et qu’on délaisse
Dans toute ta chair martyrisée
Ah c’est toujours toi que l’on blesse

La faim, la fatigue et le froid
Toutes les misères du monde
C’est par mon amour que j’y crois
En elle je porte ma croix
Et de leurs nuits ma nuit se fonde
La faim, la fatigue et le froid

Louis Aragon,  La croix pour l’ombre, in  Chants du Medjnoûn 


Documento 4

Sono solo una fanciulla

Sono folle di te, amore
che vieni a rintracciare
nei miei trascorsi
questi giocattoli rotti delle mie parole.

Ti faccio dono di tutto
se vuoi,
tanto io sono solo una fanciulla
piena di poesia
e coperta di lacrime salate,
io voglio solo addormentarmi
sulla ripa del cielo stellato
e diventare un dolce vento
di canti d'amore per te.

Alda Merini


Documento 5





Carola Cauzzo

COMPREHENSION

1.      Les deux discours sont exprimés au conditionnel, le mode des désirs, loin de la certitude de l’indicatif; le conditionnel indique le futur dans le passé aussi: le choix de Flaubert rend donc parfaitement l’ambiance réelle de la scène. Il est intéressent d’ajouter que le discours de Charles est plein de conditionnels, tandis que celui d’Emma a une alternance entre imparfait et conditionnel: Flaubert semble insister sur le caractère romanesque des rêveries d’Emma et le conditionnel assume ici une valeur encore plus intense.

2.      Flaubert rend le caractère de Charles à travers ses désirs aussi bien qu’à travers une riche ponctuation. Les phrases sont brèves et simples, le ton plat, miroirs de la nature du personnage, un homme médiocre, calme et vide. Il y a donc un exemple de polyphonie dans cet extrait car l’auteur adapte le style et le ton du discours à ses personnages.

3.      Les deux discours réfléchissent les profonds différences entre Charles et Emma. Charles ne va pas au de-là de la quotidienneté, ses désirs pour le futur de sa fille sont renfermés entre les murs de sa condition sociale et économique et de sa médiocrité. Médiocre est le mot qui résume le plus sa nature. L’école, l’étude du piano, les travaux domestiques, le mariage : ce ne sont que les pensées d’un homme qui a toujours vécu sous la guide d’une mère oppressive et matérialiste. Emma au contraire est une rêveuse. La première partie, à l’imparfait, semble être tirée d’un roman, la description du panorama rappelle un peintre romantique : le ton est donc sans aucun doute celui romanesque, plein d’amour, d’aventures et de passions. Emma vit dans un conflit intérieur entre ses rêveries et l’ennui de sa vie à coté de Charles : ses pensées sont en effet interrompues brusquement avec un « mais » à la ligne 38 qui la reconduit à la réalité .


INTERPRETATION

1.      Le discours de Charles ne sort pas des limites de sa condition sociale ; son attachement à la réalité et à la quotidienneté est une conséquence de sa médiocrité. En autre il est bien matérialiste car il fait dépendre le bonheur de sa fille surtout d’une aise économique. Emma est complètement différente : elle songe à l’amour, à la passion, à l’aventure, elle rêve  d’un autre monde « dans un village de pêcheurs ».

2.      Ces deux rêves peuvent être vus comme des paradoxes en considérant le fait que les deux rêveurs sont mariés. Les différences naissent du style mais aussi du contenu des deux discours : ce couple n’a rien en commun. D’abord Flaubert présente Charles qui n’ose pas réveiller sa femme dans sa splendeur et qui songe qu’un jour sa fille aura la même beauté que sa mère. En même temps Emma songe à un autre homme, à une autre vie. Tandis que Charles rêve de la famille, Emma rêve d’évasion.


REFLEXION PERSONNELLE

L’amour a été le sujet de plusieurs œuvres dans tous les temps ; toutefois dans ce cas Flaubert présente l’échec de l’amour. « Madame Bovary » est le roman de la faillite amoureuse du point de vue de Charles aussi bien que du point de vue d’Emma.

D’un coté il y a un homme renfermé dans la médiocrité de sa nature, amoureux d’une femme qu’il ne comprend pas et incapable de se rendre compte de la distance entre eux. De l’autre coté il y a une femme qui s’est mariée pour s’évader de la quotidienneté chez son père, tombée toutefois dans une monotonie encore plus intense, une femme qui rêve de l’amour pur et passionnel. Le parallèle avec Anne Karénine, héroïne d’un autre roman du XIXe siècle est immédiat. Toutes les deux  ne pouvant plus tolérer leur vie conjugale, trouvent dans d’autres relations amoureuses une évasion, toutes les deux procèdent en climax de la folie, à la perte de leur dignité, au suicide quand elles sont face à la réalité. Toutefois elles se donnent la mort pour des raisons différentes : Emma est obsédée par l’ennui et l’incapacité d’en sortir, alors que Anna Karénine est bouleversée par la profondeur de son sentiment et le suspect de n’être plus correspondue.  Le suicide d’Emma est loin d’autres exemples littéraires : Jocaste est débordée du sentiment de culpabilité, Phèdre est poussé par l’incapacité de contrôler et d’apaiser son amour incestueux, Didone est choquée par l’abandon imprévu d’Enée. Emma est la seule qui vit le conflit entre les rêveries d’un amour omnicompréhensif et la solitude qui remplit son existence.

Pourtant  l’amour de Charles est unique lui-aussi, même si ce personnage n’a pas la même épaisseur psychologique qu’Emma. L’amour de Charles est pur, mais il n’a pas la même conscience que celui entre Renzo et Lucia. C’est un amour aveugle qui va au de-là de la simple naïveté et qui correspond parfaitement à la nature de cet homme.
Ces deux visions de l’amour, égales et opposées en même temps, rendent cette œuvre un roman suis generis, un chef-d’œuvre.  




Federica Randazzo

  Aimer à la folie : Les fous d’amour… ou les amours fous

Deux amoureux dans une crypte. Un garçon vient de boire du poison qui lui donnera la mort; la fille se réveille et elle voit son amant mourant. Elle ne peut pas accepter de vivre sans son amour, sans une partie d'elle: elle se tue. Celle-ci, c'est la tragédie la plus connue de la littérature occidentale: c'est l'histoire de Roméo et Juliette, deux jeunes qui ont préféré la mort à une vie sans l'autre. Tous ceux qui lisent ces merveilleuses page écrites par l'auteur anglais William Shakespeare sont touchés par la force de cet amour, mais si on regarde bien, sous l'histoire superficielle, on peut faire une réflexion sur la relation profonde qui existe entre l'amour et la folie. Dans l'imaginaire collectif deux amoureux qui se suicident pour sauver leur amour en deviennent l'expression la plus émouvant, pourtant  personne n'a jamais critiqué le choix de Roméo et Juliette comme dictée par la folie. Mais si on analyse rationnellement la situation, on pourrait dire qu'ils étaient des fous d'amour dans un amour fou. Toute la littérature qui s'occupe de ce sujet montre que les confins entre amour et folie sont fort subtils et faciles à dépasser, tomber amoureux est devenir fou.


L'amour absorbe toutes nos pensées, nos énergies, nos émotions: notre tête se perd dans un monde imaginaire ou nous pouvons rester tout le temps avec notre amant; face à la réalité nous cherchons toutes les souvenirs  des instants vécus  avec lui ou elle et ils deviennent  refuge pour nous.
Le poète Robert Desnos décrit avec ces mots l'effet totalisant de l'amour: “J'ai rêvé tellement fort de toi/ (…) tellement parlé”. La répétition de l'adverbe “tellement” donne l'idée de la force et de l'intensité avec lesquelles l'amour nous frappe jusqu'à nous amener à la folie, à l'obsession. Il ne s'agit pas d'une folie malade, malsaine; c'est plutôt un désir qui brûle et qui nous pousse à parler de l'autre, à le rêver, le penser. On devient comme une “ombre parmi les ombres” pour venir et revenir dans la “vie ensoleillé” de l'autre, une présence assidue qui apporte du plaisir aux amoureux.
Aimer à la folie; cela signifie “perdre la raison”, ne “savoir que dire”, “n'avoir” que l'autre “d'horizon” (Louis Aragon, “La croix pour l'ombre”). On perd la raison, et on la trouve dans l'autre personne; c'est quand l'amour charnel se mélange avec un plus profond, spirituel, mental. Quand on est amoureux de cette façon, on ne peut pas vivre sans l'autre, mais quand notre amoureux  est prés de nous on peut supporter tout (“la faim, la fatigue et le froid”) parce qu'on a tout ce dont on a besoin. Louis Aragon utilise l'image chrétienne de la croix: elle symbolise la souffrance, la douleur et tous les problèmes que l'homme doit affronter pendant sa vie. Le Christ l'a portée avec dignité guidé par l'amour pour l'humanité, selon le poète, ce qui nous permet de porter notre croix personnelle, c'est peut-être l'amour, même pour une seule personne. On perd la raison, on devient fous...et les fous ne se rendent pas compte de la fatigue de leur vie.
Qu'est-ce qu'il nous arrive quand nous restons seuls?Nos yeux versent des “larmes” pour le regret de “l'heure passée” avec l'autre. L'esprit arrive à souhaiter de mourir. Ceux-ci sont les sentiment décrits par le sonnet de Louise Labé déjà au XVI siècle. Elle dit quelle sent son esprit “ne pouvant plus montrer signe d'amante” et donc elle prierait “la mort noircir” son “plus clair jour”. Prier la mort est une folie, mais pas pour un fou d'amour. Pour un amoureux la seule chose qui a de la valeur,  c'est être dans les bras de l'autre, comme dans la sculpture “l'abandon”: les deux amants s'embrassent, les yeux fermés, comme si le reste du monde n'existait pas; dans un enlacement ils ont tout ce qu'il faut. La femme a une main sur son coeur, d'ou l'amour naît, et l'autre complètement abandonnée, comme son âme envers l'amour. Si elle pouvait parler, elle dirait peut-être un vers du poème d'Alda Merini: “Sono folle di te, amore.”


L'amour est folie, il nous plaît de penser que nous resterons sains, même si amoureux, mais toute la littérature (tragédie, romans, poèmes) nous montre que cela n'est pas possible. Aimer signifie se transformer, il signifie devenir des fous d'amour, renfermés dans des amours fous.    







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