Mes élèves de 4e D doivent rédiger une fiche de présenation d'un/e copain/copine,
acteur / actrice...au choix . Voici la présentation de Renée au chapitre 2, Les miracles
de l'Art p. 15-16, de Lélégance du hérisson de Muriel Barbery, Ed. Gallimard 2006,
je crois que cela pourra les aider.
“Je m’appelle Renée. J’ai cinquante-quatre ans. Depuis 27 ans je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un bel hôtel particulier avec cour et jardins intérieurs, scindé en huit appartements de grand luxe, tous habités, tous gigantesques. Je suis veuve, petite laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Je n’ai pas fait d’études, ai toujours été pauvre, discrète et insignifiante. Je vis seule avec mon chat, un gros matou paresseux, qui n’a pour particularité notable que de sentir mauvais des pattes lorsqu’il est contrarié. Lui comme moi ne faisons guère d’efforts pour nous intégrer à la ronde de nos semblables. Comme je suis rarement aimable, quoique toujours polie on ne m’aime pas, mais on me tolère tout de même parce que je correspond si bien à ce que la croyance sociale a aggloméré en paradigme de la concierge d’immeuble que je suis un des multiples rouages qui font tourner la grande illusion universelle selon laquelle la vie a un sens qui peut être aisément déchiffré. Et puisqu’il est écrit quelque part que les concierges sont vieilles, laides et revêches, il est aussi gravé en lettres de feu au front du même firmament imbécile que lesdites concierges velléitaires ont de gros chats qui somnolent tout le jour sur des coussins recouverts de taies au crochet.
À semblable chapitre, il est dit que les concierges regardent interminablement la télévision pendant que leurs gros chats sommeillent et que le vestibule de l’immeuble doit sentir le pot-au-feu, la soupe aux choux ou le cassoulet des familles. J’ai la chance inouïe d’être concierge dans une résidence de grand standing. Il m’était si humiliant de devoir cuisiner ces mets infâmes que l’intervention de Monsieur de Broglie, le conseiller d’État du premier, qu’il dut qualifier auprès de sa femme de courtoise mais ferme et qui visait à chasser de l’existence commune ces relents plébéiens, fut un soulagement immense que je dissimulai du mieux que je le pus sous l’apparence d’une obéissance contrainte.
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