Franciscae meae Laudes
Nouis te cantabo chordis,
O nouelletum quod ludis
In solitudine cordis.
Esto sertis implicata,
O femina delicata
Per quam soluuntur peccata !
Sicut beneficum Lethe,
Hauriam oscula de te,
Quae imbuta es magnete.
Quum uitiorum tempestas
Turbabat omnes semitas,
Apparuisti, Deitas,
Velut stella salutaris
In naufragiis amaris...
– Suspendam cor tuis aris !
Piscina plena uirtutis,
Fons aeternae iuuentutis,
Labris uocem redde mutis !
Quod erat spurcum, cremasti ;
Quod rudius, exaequasti ;
Quod debile, confirmasti.
In fame mea taberna,
In nocte mea lucerna,
Recte me semper guberna.
Adde nunc uires uiribus,
Dulce balneum suauibus
Unguentatum odoribus !
Meos circa lumbos mica,
O castitatis lorica,
Aqua tincta seraphica ;
Patera gemmis corusca,
Panis salsus, mollis esca,
Diuinum uinum, Francisca !
Charles Baudelaire "Les Fleurs du Mal" (LX, Speen et Idéal)
Louanges à ma Françoise
Mes cordes neuves te loueront,
Ô ma puce qui te folâtres
Dans la réclusion de mon cœur.
Sois enveloppée de couronnes,
Ô créature délicieuse
Par qui les péchés sont remis !
Comme d'un bienfaisant Léthé,
Je boirai des baisers de toi
Qui d'aimant es désaltérée.
Lorsque la tempête des vices
Tourmentait tous les sentiers,
Tu m'es apparue, Déité,
Telle une étoile salutaire
Dans l'amertume des naufrages...
– Mon cœur sera pour tes autels !
Piscine pleine de vertu,
Source de jouvence éternelle,
Rends la voix aux lèvres muettes !
Ce qui était vil, tu brûlas ;
Le plus rude, tu l'aplanis ;
Le débile, tu l'affermis.
Dans l'avidité mon auberge,
Dans le sommeil ma luciole,
Guide-moi toujours comme il faut.
Revigore à présent mes forces,
Onctueux bain par de suaves
Fragrances aromatisé !
Ondule à l'entour de mes reins,
Ô ceinture de chasteté,
Mouillée par une eau séraphique ;
Coupe étincelante de gemmes,
Pain salé, douce nourriture,
Vin divin, ma tendre Françoise !
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