mercredi 3 septembre 2014

Boris Vian à la Bibliothèque Nationale de France ... voici sa chanson culte "Monsieur le Président..."


















Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter

Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens:
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer

La  version initiale des 2 derniers vers :
"que je tiendrai une arme ,
et que je sais tirer ..."
A été modifiée  de son ami Mouloudji,
pour conserver le côté pacifiste de la chanson.
Mais pour bien comprendre la dispute il faut lire la lettre 
que Boris Vian écrivit à M Faber,  un conseiller municipal…
comme on en trouve souvent partout…


en réponse à la censure du Déserteur (1954)










La première interprétation a été diffusée


en mai 1954 créée par Mouloudji...









Celle de Marc Robine










Et celle de Renaud







Monsieur le président
Je vous fais une bafouille
Que vous lirez sûrement
Si vous avez des couilles
Je viens de recevoir
Un coup d´fil de mes vieux
Pour m´prévenir qu´les gemdarmes
S´étaient pointés chez eux
J´ose pas imaginer
C´que leur a dit mon père
Lui, les flics, les curés
Et pis les militaires
Les a vraiment dans l´nez
P´t-être encore plus que moi
Dès qu´il peut en bouffer
L´vieil anar´ y s´gêne pas
L´vieil anar´ y s´gêne pas

Alors y parait qu´on m´cherche
Qu´la France a besoin d´moi
C´est con, j´suis en Ardèche
Y fait beau, tu crois pas
J´suis là avec des potes
Des écolos marrants
On a une vieille bicoque
On la retappe tranquillement
On fait pousser des chèvres
On fabrique des bijoux
On peut pas dire qu´on s´crève
L´travail, c´est pas pour nous
On a des plantations
Pas énormes, trois hectares
D´une herbe qui rend moins con
Non, c´est pas du ricard
Non, c´est pas du ricard

Monsieur le président
Je suis un déserteur
De ton armée de glands
De ton troupeau d´branleurs
Ils auront pas ma peau
Toucheront pas à mes cheveux
J´saluerai pas l´drapeau
J´marcherai pas comme les bœufs
J´irai pas en Allemagne
Faire le con pendant douze mois
Dans une caserne infame
Avec des plus cons qu´moi
J´aime pas recevoir des ordres
J´aime pas me lever tôt
J´aime pas étrangler le borgne
Plus souvent qu´il ne faut
Plus souvent qu´il ne faut

Puis surtout c´qui m´déplait
C´est que j´aime pas la guerre
Et qui c´est qui la fait
Ben c´est les militaires
Ils sont nuls, ils sont moches
Et pis ils sont teigneux
Maintenant j´vais t´dire pourquoi
J´veux jamais être comme eux
Quand les Russes, les Ricains
Feront péter la planete
Moi, j´aurais l´air malin
Avec ma bicyclette
Mon pantalon trop court
Mon fusil, mon calot
Ma ration d´topinambour
Et ma ligne Maginot
Et ma ligne Maginot

Alors me gonfle pas
Ni moi, ni tous mes potes
Je serai jamais soldat
J´aime pas les bruits de bottes
T´as plus qu´a pas t´en faire
Et construire tranquilos
Tes centrales nucléaire
Tes sous-marins craignos
Mais va pas t´imaginer
Monsieur le président
Que j´suis manipulé
Par les rouges ou les blancs
Je n´suis qu´un militant
Du parti des oiseaux
Des baleines, des enfants
De la terre et de l´eau
De la terre et de l´eau

Monsieur le président
Pour finir ma bafouille
J´voulais t´dire simplement
Ce soir on fait des nouilles
A la ferme c´est l´panard
Si tu veux, viens bouffer
On fumera un pétard
Et on pourra causer
On fumera un pétard
Et on pourra causer










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