dimanche 19 juillet 2015

Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique, 1950 (BAC 2010)







 [Dans Un barrage contre le Pacifique, roman inspiré de son enfance, Marguerite Duras raconte l’histoire d’une famille. Une mère, son fils (Joseph) et sa fille (Suzanne), colons en Indochine française, sont confrontés à la misère ; en cause, les terres impropres à la culture qui leur ont été attribuées par l’administration française L’extrait qui suit ouvre la seconde partie de l’œuvre. Il s’agit de montrer la grande ville coloniale, ses rues, son quartier blanc, ses trafics, ses lieux de loisirs.]
  Les quartiers blancs de toutes les villes coloniales du monde étaient toujours, dans ces années-là, d’une impeccable propreté. Il n’y avait pas que les villes. Les blancs aussi étaient très propres. Dès qu’ils arrivaient, ils apprenaient à se baigner tous les jours, comme on fait des petits enfants, et à s’habiller de l’uniforme colonial, du costume blanc, couleur d’immunité1 et d’innocence. Dès lors, le premier pas était fait. La distance augmentait d’autant, la différence première était multipliée, blanc sur blanc, entre eux et les autres, qui se nettoyaient avec la pluie du ciel et les eaux limoneuses1 des fleuves et des rivières. Le blanc est en effet extrêmement salissant.
Aussi les blancs se découvraient-ils du jour au lendemain plus blancs que jamais, baignés, neufs, siestant à l’ombre de leurs villas, grands fauves à la robe fragile.
Dans le haut quartier n’habitaient que les blancs qui avaient fait fortune. Pour marquer la mesure surhumaine de la démarche blanche, les rues et les trottoirs du haut du quartier étaient immenses. Un espace orgiaque3, inutile était offert aux pas négligents des puissants au repos. Et dans les avenues glissaient leurs autos caoutchoutées4, suspendues, dans un demi-silence impressionnant.
Tout cela était asphalté5, large, bordé de trottoirs plantés d’arbres rares et séparés en deux par des gazons et des parterres de fleurs le long desquels stationnaient les files rutilantes des taxis torpédos6. Arrosées plusieurs fois par jour, vertes, fleuries, ces rues étaient aussi bien entretenues que les allées d’un immense jardin zoologique où les espèces rares des blancs veillaient sur elles-mêmes. Le centre du haut quartier était leur vrai sanctuaire. C’était au centre seulement qu’à l’ombre des tamariniers7s’étalaient les immenses terrasses de leurs cafés. Là, le soir, ils se retrouvaient entre eux. Seuls les garçons de café étaient encore indigènes, mais déguisés en blancs, ils avaient été mis dans des smokings, de même qu’auprès d’eux les palmiers des terrasses étaient en pots. Jusque tard dans la nuit, installés dans des fauteuils en rotin derrière les palmiers et les garçons en pots et en smokings8, on pouvait voir les blancs, suçant pernod9, whisky-soda, ou martel-perrier10, se faire, en harmonie avec le reste, un foie bien colonial.
1. immunité : privilège dont bénéficient les diplomates étrangers, leur famille, le personnel étranger des ambassades et certains membres d’organismes internationaux, les soustrayant à la législation du pays où ils résident.
2. limoneuses : boueuses.
3. orgiaque : l’adjectif est à prendre ici dans le sens de « excessif ».
4. caoutchoutées : garnies de caoutchouc. On fait ici référence aux pneus des voitures qui leur permettent de se déplacer silencieusement et confortablement.
5. asphalté : recouvert de bitume.
6. torpédos : automobiles anciennes décapotables.
7. tamariniers : grands arbres pouvant atteindre vingt mètres de hauteur, poussant dans les régions tropicales.
8. « les palmiers et les garçons en pots et en smokings » : la phrase précédente éclaire le sens. Les indigènes ont été « déguisés » et « mis dans des smokings » comme les palmiers avaient « été mis en pots ».
9. pernod : boisson alcoolisée à base d’anis.
10. martel-perrier : cocktail à base de cognac et d’eau minérale gazeuse.


















jeudi 16 juillet 2015

Michel Houellebecq "La carte et le territoire" , Ed. Flammarion, 2010



Michel Houellebecq ne faisait pas partie de mes 
écrivains préférés, mais j’avoue que ce roman,
 d’une richesse impressionnante, m’a bouleversé,
 bien plus que



« La Carte et le Territoire est un formidable autoportrait de Michel Houellebecq, en écrivain, en artiste, en enquêteur, en homme ou en chien, en solitaire qui n’a plus rien à attendre de l’humain passé de la société du spectacle à celle de la consommation. »



« Il est Jed Martin, cet artiste sur lequel s’ouvre le roman, et qui fera fortune en exposant d’abord des reproductions de cartes Michelin représentant la France, puis des peintures de “métiers … Il est Jasselin, dans la dernière partie du livre, le flic chargé de mener l’enquête sur le meurtre sauvage de Michel Houellebecq, qui vit seul avec sa femme, sans enfant, et qui a dû “apprendre” à regarder la mort en face, à scruter ces cadavres en décomposition auxquels il est constamment confronté. Chacun représentant une facette de la démarche de l’écrivain.




  
 Chapitre VII p.183


En effet, un matin du 31 octobre, Jed reçut un mail accompagné d’un

texte sans titre, d’une cinquantaine de pages, qu’il transféra

immédiatement à Marylin et à Franz, tout en s’inquiétant : est-ce que ce

n’était pas trop long ? Celle-ci le rassura immédiatement : au contraire, lui

dit-elle, c’était toujours préférable « d’avoir du volume ».

Même s’il est plutôt considéré aujourd’hui comme une curiosité

historique, ce texte de Houellebecq – le premier de cette importance

consacré à l’oeuvre de Martin – n’en contient pas moins certaines

intuitions intéressantes. Au-delà des variations de thèmes et de

techniques, il affirme pour la première fois l’unité du travail de l’artiste, et

découvre une profonde logique au fait qu’après avoir consacré ses

années de formation à traquer l’essence des produits manufacturés du

monde, il s’intéresse, dans une deuxième partie de sa vie, à leurs

producteurs.

Le regard que Jed Martin porte sur la société de son temps, souligne

Houellebecq, est celui d’un ethnologue bien plus que d’un commentateur

politique. Martin, insiste-t-il, n’a rien d’un artiste engagé, et même si

« L’introduction en bourse de l’action Beate Uhse », une de ses rares

scènes de foule, peut évoquer la période expressionniste, nous sommes

très loin du traitement grinçant, caustique d’un George Grosz ou d’un Otto

Dix. Ses traders en jogging et sweat-shirt à capuche qui acclament avec

une lassitude blasée la grande industrielle du porno allemand sont les

héritiers directs des bourgeois en jaquette qui se croisent,

interminablement, dans les réceptions mises en scène par le Fritz Lang

des Mabuse ; ils sont traités avec le même détachement, la même froideur

objective. Dans ses titres comme dans sa peinture elle-même, Martin est

toujours simple et direct : il décrit le monde, ne s’autorisant que rarement

une notation poétique, un sous-titre servant de commentaire. Il le fait,

pourtant, dans une de ses oeuvres les plus abouties, « Bill Gates et Steve

Jobs s’entretenant du futur de l’informatique », qu’il a choisi de sous-titrer

La conversation de Palo Alto.

Enfoncé dans un siège en osier, Bill Gates écartait largement les bras

en souriant à son interlocuteur. Il était vêtu d’un pantalon de toile, d’une

chemisette kaki à manches courtes, les pieds nus dans des tongs. Ce

n’était plus le Bill Gates en costume bleu marine de l’époque où Microsoft

affermissait sa domination sur le monde, et où lui-même, détrônant le

sultan de Brunei, s’élevait au rang de première fortune mondiale. Ce

n’était pas encore le Bill Gates concerné, douloureux, visitant des

orphelinats sri-lankais ou appelant la communauté internationale à la

vigilance devant la recrudescence de la variole dans les pays de l’Ouest

africain. C’était un Bill Gates intermédiaire, décontracté, manifestement

heureux d’avoir abandonné son poste de chairman de la première

entreprise mondiale de logiciels, un Bill Gates en vacances en somme.

Seules les lunettes à la monture métallique, aux verres fortement

grossissants, pouvaient rappeler son passé de nerd.

Face à lui, Steve Jobs, quoique assis en tailleur sur le canapé de cuir

blanc, semblait paradoxalement une incarnation de l’austérité, du Sorge

traditionnellement associés au capitalisme protestant. Il n’y avait rien de

californien dans la manière dont sa main droite enserrait sa mâchoire

comme pour l’aider dans une réflexion difficile, dans le regard plein

d’incertitude qu’il posait sur son interlocuteur ; et même la chemise

hawaiienne dont Martin l’avait affublé ne parvenait pas à dissiper

l’impression de tristesse générale produite par sa position légèrement

voûtée, par l’expression de désarroi qu’on lisait sur ses traits.

La rencontre, de toute évidence, avait lieu chez Jobs. Mélange de

meubles blancs au design épuré et de tentures ethniques aux couleurs

vives : tout dans la pièce évoquait l’univers esthétique du fondateur

d’Apple, aux antipodes de la débauche de gadgets high-tech, à la limite

de la science-fiction, qui caractérisait selon la légende la maison que le

fondateur de Microsoft s’était fait construire dans la banlieue de Seattle.

Entre les deux hommes, un jeu d’échecs aux pièces artisanales en bois

était posé sur une table basse ; ils venaient d’interrompre la partie dans

une position très défavorable pour les Noirs – c’est-à-dire pour Jobs.

Dans certaines pages de son autobiographie, La Route du futur; Bill

Gates laisse parfois transparaître ce qu’on pourrait considérer comme un

cynisme complet – en particulier dans le passage où il avoue tout uniment

qu’il n’est pas forcément avantageux, pour une entreprise, de proposer les

produits les plus innovants. Le plus souvent il est préférable d’observer ce

que font les entreprises concurrentes (et il fait alors clairement référence,

sans le citer, à son concurrent Apple), de les laisser sortir leurs produits,

affronter les difficultés inhérentes à toute innovation, essuyer les plâtres en

quelque sorte ; puis, dans un deuxième temps, d’inonder le marché en

proposant des copies à bas prix des produits de la concurrence. Ce

cynisme apparent n’est pourtant pas, souligne Houellebecq dans son

texte, la vérité profonde de Gates ; celle-ci s’exprime plutôt dans ces

passages surprenants, et presque touchants, où il réaffirme sa foi dans le

capitalisme, dans la mystérieuse « main invisible » ; sa conviction

absolue, inébranlable, que quels que soient les vicissitudes et les

apparents contre-exemples le marché, au bout du compte, a toujours

raison, le bien du marché s’identifie toujours au bien général. C’est alors

que Bill Gates apparaît, dans sa vérité profonde, comme un être de foi, et

c’est cette foi, cette candeur du capitaliste sincère que Jed Martin a su

rendre en le représentant, les bras largement ouverts, chaleureux et

amical, ses lunettes brillant dans les derniers rayons du soleil couchant sur

l’océan Pacifique. Jobs au contraire, amaigri par la maladie, son visage

soucieux, piqué d’une barbe clairsemée, douloureusement posé sur sa

main droite, évoque un de ces évangélistes itinérants au moment où, se

retrouvant pour la dixième fois peut-être à débiter ses prêches devant une

assistance clairsemée et indifférente, il est tout à coup envahi par le doute.

C’était pourtant Jobs, immobile, affaibli, en position perdante, qui

donnait l’impression d’être le maître du jeu ; tel était, souligne Houellebecq

dans son texte, le profond paradoxe de cette toile. Dans son regard brillait

toujours cette flamme qui n’est pas seulement celle des prédicateurs et

des prophètes, mais aussi celle de ces inventeurs si souvent décrits par

Jules Verne. À regarder plus attentivement la position d’échecs

représentée par Martin, on se rendait compte qu’elle n’était pas

nécessairement perdante ; et que Jobs pouvait, en se lançant dans un

sacrifice de la reine, conclure en trois coups par un audacieux mat foucavalier.

De même on avait l’impression qu’il pouvait, par l’intuition

fulgurante d’un nouveau produit, imposer subitement au marché de

nouvelles normes. Par la baie vitrée derrière les deux hommes on

distinguait un paysage de prairies, d’un vert émeraude presque surréel,

descendant en pente douce jusqu’à une rangée de falaises, où elles

rejoignaient une forêt de conifères. Plus loin l’océan Pacifique déroulait

ses vagues mordorées, interminables. Des petites filles, au loin sur la

pelouse, avaient entamé une partie de frisbee. Le soir tombait,

magnifiquement, dans l’explosion d’un soleil couchant que Martin avait

voulu presque improbable dans sa magnificence orangée, sur la Californie

du Nord, et le soir tombait sur la partie la plus avancée du monde ; c’était

cela aussi, cette tristesse indéfinie des adieux, que l’on pouvait lire dans le

regard de Jobs.

Deux partisans convaincus de l’économie de marché ; deux soutiens

résolus, aussi, du Parti démocrate, et pourtant deux facettes opposées du

capitalisme, aussi différentes entre elles qu’un banquier de Balzac pouvait

l’être d’un ingénieur de Verne. La conversation de Palo Alto, soulignait

Houellebecq en conclusion, était un sous-titre par trop modeste ; c’est

plutôt Une brève histoire du capitalisme que Jed Martin aurait pu intituler

son tableau ; car c’est bien cela qu’il était, en effet.
















mercredi 15 juillet 2015

Hubert Revees “L’Univers expliqué à mes petits-enfants” Ed. du Seuil , 2011







« La contemplation de la voûte céleste et le sentiment de

notre présence parmi les astres provoquent un désir partagé

d’en savoir plus sur ce mystérieux cosmos que nous habitons.

Il sera ici question de science, ce qui n’exclut pas la poésie. »



Mes élèves de III D ESABAC seront les invités du

Centre Culturel de Milan

à la Bibliothèque SORMANI

le 21 octobre prochain



pour la conférence de



HUBERT REEVES







Je sais que Cristina Mangano, prof de physique,

et Giuseppe Maglione, prof de sciences,

apprécieront bien cette proposition …






Quand je pense à Hubert Reeves, j’ai tout de suite en tête l’image de ce vieux monsieur à la barbe blanche, le son de sa voix à l’accent québécois décrivant de la manière la plus claire et passionnante possible l’histoire de la Terre, du ciel ou des hommes… Ce monsieur a le don de rendre clairs ces sujets pourtant si vastes et compliqués. J’aime également la place qu’il donne dans ses ouvrages au rôle et aux devoirs de l’homme sur la planète. Dans « L’univers expliqué à mes petits-enfants », il a beau traiter du fonctionnement de l’univers, des étoiles, de l’apparition de la vie sur Terre ou des atomes, les questionnements sur l’Homme, nos responsabilités et nos connaissances sont toujours sous-jacents… Le but n’est pas seulement ici de donner à sa petite-fille (et donc aux adolescents auxquels est directement destiné cet ouvrage) des connaissances sur l’univers, mais également de faire d’elle une adulte responsable et consciente du monde qui l’entoure.

LAISSEZPARLERLESPETITSPAPIERS





Voici alors ce petit magnifique bouquin à lire absolument




« Je dédie ce livre à mes petits-enfants. En commençant à l'écrire, j'ai pris conscience de la valeur symbolique que je pouvais lui donner : celle d'un testament spirituel. Que voudrais-je leur raconter sur ce grand Univers qu'ils continueront à habiter après moi ? J'ai alors songé à ces conversations avec l'une de mes petites-filles, où nous observons, étendus sur des chaises longues, le ciel étoilé. Je me suis senti revivre ces soirées de mois d'août avec mes enfants qui me bombardaient de questions pendant que nous attendions les étoiles filantes. »





mardi 14 juillet 2015

Raphaëlle Bacqué "Richie" ED. Grasset, 2015


"S'il n'était pas si inventif, s'il n'avait une intelligence si vive,

un charme si évident, personne ne le suivrait"



On est sous la séduction  de ce satrape innovant et déviant,

Raphaëlle Bacqué raconte tambour battant "l'histoire

de l'ascension vertigineuse d'un fils de bonne famille,

tenté par tous les trasgressions."



Richie est à la fois le diable et  l'ange ,

le prince italien, comme l'appelle l'écrivaine,

d'une Nomenklatura où tout est permis,

tout est honnête au nom du  Pouvoir !


Pourtant... Ce regard indulgent envers les étudiants,

envers les lycéens des ZEP, cette démocratisation des écoles 

 font de Richard Descoings un Prince Charmant

aux idées éclatantes  pour  TOUS,

tout particulièrement pour ceux  qui pensent sacrifier

sur le Maître-Autel des Banques l'Avenir de l'Europe !!!


 RICHIE. C’est ainsi que ses étudiants le surnommaient, scandant ce prénom, brandissant sa photo, comme s’il s’agissait d’une rock star ou d’un gourou. Le soir de sa mort énigmatique dans un hôtel de New-York, une foule de jeunes gens se retrouva, une bougie à la main, devant le temple de la nomenklatura française, Sciences Po. Quelques jours plus tard, le visage mélancolique de Richard Descoings couvrait la façade de l’église Saint-Sulpice. Sur le parvis, politiques, grands patrons et professeurs défilèrent silencieusement, comme si l’on enterrait un roi secret. Au premier rang, l’épouse et le compagnon pleurèrent ensemble sa disparition.


Après des années d’enquête, Raphaëlle Bacqué nous livre ce destin balzacien : l’ascension vertigineuse au cœur de la vie politique française d’un fils de bonne famille, amateur de transgression. Un de ces hommes qui traversent leur temps et le transforment. Il a fait de Sciences Po le vivier de tous les pouvoirs. Distribuant à l’élite des cours rémunérés, faisant de son conseil d’administration une pièce maîtresse de l’échiquier politique, le Tout Paris l’adorait. Mais il a aussi ouvert les amphithéâtres aux élèves des banlieues. Envoyé ses étudiants dans les universités les plus prestigieuses du monde. Changé la vie de milliers de jeunes gens. Tout juste s’interrogeait-on sur ce directeur homosexuel, pourtant marié à une femme dont il avait fait sa principale adjointe.

Monarque éclairé mais omnipotent, encensé par les médias puis brûlé avec le même entrain, personne ne l’a percé à jour. Raphaëlle Bacqué nous entraîne aujourd’hui sur ses pas ; dans les boîtes du Marais, les cabinets ministériels de la gauche et les salons sarkozystes ; dans les soirées étudiantes déjantées, les bureaux du conseil d’Etat, les couloirs de la Cour des comptes et les plus grandes universités du monde ; dans ses nuits solitaires réchauffées par des substances interdites… Personne n’a résisté à la folie de Richard Descoings. Surtout pas lui.

 







Bernard Pivot « Oui, mais quelle est la question ?» Ed. Pocket, 2012



                                                                                       

"La réponse est oui.

Mais quelle était la question?"

Woody Allen
       





Bernard Pivot « Oui, mais quelle est la question ? »




J’ai eu la chance de rencontrer Bernard Pivot Président de 

l’Académie Goncourt lors du prix Goncourt des lycéens 

à Rome le 4 décembre 2014,







Je ne le connaissais qu’ à travers ses émissions .. vous vous
 souvenez d’ « Apostrophes » ? C’était et c’est un mythe vivant pour ma génération brillant, sympa, hyper-intelligent
je le revois encore questionner Marguerite Yourcenar sur
 l’île de Mont Désert …

Voilà pourquoi quand j’ai vu sur un banc de la Fnac de
 Cannes son livre il a tout de suite attiré mon attention : 
 « une vie pour une question »


« Ma mère m’a rapporté que je ne manifestais ma présence dans son ventre que lorsque, debout, elle bavarder » voilà comment il débute le chapitre « ? »










lundi 13 juillet 2015

Zoufris Maracas "Un gamin"



Naadir

"Du plus loin qu'il me souvienne
j'ai rêvé de l'école et de ses mystères"

Fabrice Humbert "Avant la chute"




Si tu savais d'où je venais


Tu me parlerais pas pour rien

Tu déposerais ton képis

Tu me détacherais les mains

Tu me laisserais du répit au moins jusqu'à après demain

Tu me laisserais vivre ici vu qu'toi aussi t'es un gamin



Un gamin, deux gamins, 6 milliards de gamins

Plus un, plus un

Plus un, plus un

Plus un, plus un

Mais tu es un flic

(?) représentant de la force publique.



Si tu savais d'où je venais

Tu me demanderais si je vais bien

Tu m'offrirais un déjeuner

Tu me détacherais les mains

Tu me laisserais du répit au moins jusqu'à l'été prochain

Tu me laisserais vivre ici vu qu'toi aussi t'es un gamin



Un gamin, deux gamins, 6 milliards de gamins

Plus un, plus un

Plus un, plus un

Plus un, plus un

Mais tu es un flic

Affamé de bandit, salop de vendu de représentant de la force publique.



Si tu étais où je suis né

Tu te d'mandrais si tout va bien

Autant de temps colonisé

A présent traité comme un chien

Tu continues à me voler, mon peuple et mon continent

Tu distribues à la voler, du pognon à mes dirigeants

Tu sponsorises les dictateurs

Tu vides mon sol de ses richesses

Pour quelques gisements prometteurs

Des peuples entiers dans la détresse.



Et toi tu es flic,

(Yeah, c'est les arbres que tu as coupé chez moi)

Soi-disant l'exécutant de la volonté de l'autorité publique.

(Yeah, les armes que tu as vendu chez moi)



Et tu voudrais que je te tiennes pour irresponsable?

Mais tu es le bras de l'idée,

Et cette idée sans toi, n'est qu'une idée.

Et cette idée sans toi, n'est qu'une idée.



Un gamin, deux gamins, 6 milliards de gamins.

Plus un, plus un

Plus un, plus un

Plus un, plus un

Mais tu es un flic

Affamé de bandit, salop de vendu de représentant de la force publique.



Si tu savais d'où je venais, tu ne ferais pas ton malin,

Ton autoritaire, le gars qui me dit que je dois me taire.

(6 milliards de gamins)

Tu déposerais ton mépris, tu me détacherais les mains,

Tu me laisserais du répit au moins jusqu'au siècle prochain,

Tu me laisserais vivre ici avec ma femme et mes gamins.



Un gamin, deux gamins, 6 milliards de gamins.

Plus un, plus un

Plus un, plus un

Plus un, plus un



6 milliards de gamins.

6 milliards de gamins.

6 milliards de gamins.

Un gamin, deux gamins, 6 milliards de gamins.

Plus un, plus un

Plus un, plus un

Plus un, plus un

Plus un, plus un