LE Monde du 29 mai 2015
"Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part"
"Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part"
C'est
vrai qu'ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous
ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec
leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils
n'ont qu'un seul point faible et c'est être habités
Et
c'est être habités par des gens qui regardent
Le
reste avec mépris du haut de leurs remparts
La
race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les
imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les
imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Maudits
soient ces enfants de leur mère patrie
Empalés
une fois pour toutes sur leur clocher
Qui
vous montrent leurs tours leurs musées leur mairie
Vous
font voir du pays natal jusqu'à loucher
Qu'ils
sortent de Paris ou de Rome ou de Sète
Ou
du diable vauvert ou de Zanzibar
Ou
même de Montcuq il s'en flattent mazette
Les
imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les
imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Le
sable dans lequel douillettes leurs autruches
Enfouissent
la tête on trouve pas plus fin
Quand
à l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches
Leurs
bulles de savon c'est du souffle divin
Et
petit à petit les voilà qui se montent
Le
cou jusqu'à penser que le crottin fait par
Les
chevaux même en bois rend jaloux tout le monde
Les
imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les
imbéciles heureux qui sont nés quelque part
C'est
pas un lieu commun celui de leur connaissance
Ils
plaignent de tout coeur les malchanceux
Les
petits maladroits qui n'eurent pas la présence
La
présence d'esprit de voir le jour chez eux
Quand
sonne le tocsin sur leur bonheur précaire
Contre
les étrangers tous plus ou moins barbares
Ils
sortent de leur trou pour mourir à la guerre
Les
imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les
imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Mon
Dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
Si
on y rencontrait cette race incongrue
Cette
race importune et qui partout foisonne
La
race des gens du terroir des gens du cru
Que
la vie serait belle en toutes circonstances
Si
vous n'aviez tiré du néant tous ces jobards
Preuve
peut-être bien de votre inexistence
Les
imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les
imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Tempête dans un bénitier
Le souverain pontife avecque
Les évêques, les archevêques
Nous font un satané chantier
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent
Tous ces fichus calotins
Sans le latin, sans le latin
La messe nous emmerde
A la fête liturgique
Plus de grand's pompes, soudain
Sans le latin, sans le latin
Plus de mystère magique
Le rite qui nous envoûte
S'avère alors anodin
Sans le latin, sans le latin
Et les fidèl's s'en foutent
O très Sainte Marie mèr' de
Dieu, dites à ces putains
De moines qu'ils nous emmerdent
Sans le latin
Je ne suis pas le seul, morbleu
Depuis que ces règles sévissent
A ne plus me rendre à l'office
Dominical que quand il pleut
Il ne savent pas ce qu'ils perdent
Tous ces fichus calotins
Sans le latin, sans le latin
La messe nous emmerde
En renonçant à l'occulte
Faudra qu'ils fassent tintin
Sans le latin, sans le latin
Pour le denier du culte
A la saison printanière
Suisse, bedeau, sacristain
Sans le latin, sans le latin
F'ront l'églis' buissonnière
O très Sainte Marie mèr' de
Dieu, dites à ces putains
De moines qu'ils nous emmerdent
Sans le latin.
Ces oiseaux sont des enragés
Ces corbeaux qui scient, rognent, tranchent
La saine et bonne vieille branche
De la croix où ils sont perchés
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent
Tous ces fichus calotins
Sans le latin, sans le latin
La messe nous emmerde
Le vin du sacré calice
Se change en eau de boudin
Sans le latin, sans le latin
Et ses vertus faiblissent
A Lourdes, Sète ou bien Parme
Comme à Quimper Corentin
Le presbytère sans le latin
A perdu de son charme
O très Sainte Marie mèr' de
Dieu, dites à ces putains
De moines qu'ils nous emmerdent
Sans le latin
Le souverain pontife avecque
Les évêques, les archevêques
Nous font un satané chantier
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent
Tous ces fichus calotins
Sans le latin, sans le latin
La messe nous emmerde
A la fête liturgique
Plus de grand's pompes, soudain
Sans le latin, sans le latin
Plus de mystère magique
Le rite qui nous envoûte
S'avère alors anodin
Sans le latin, sans le latin
Et les fidèl's s'en foutent
O très Sainte Marie mèr' de
Dieu, dites à ces putains
De moines qu'ils nous emmerdent
Sans le latin
Je ne suis pas le seul, morbleu
Depuis que ces règles sévissent
A ne plus me rendre à l'office
Dominical que quand il pleut
Il ne savent pas ce qu'ils perdent
Tous ces fichus calotins
Sans le latin, sans le latin
La messe nous emmerde
En renonçant à l'occulte
Faudra qu'ils fassent tintin
Sans le latin, sans le latin
Pour le denier du culte
A la saison printanière
Suisse, bedeau, sacristain
Sans le latin, sans le latin
F'ront l'églis' buissonnière
O très Sainte Marie mèr' de
Dieu, dites à ces putains
De moines qu'ils nous emmerdent
Sans le latin.
Ces oiseaux sont des enragés
Ces corbeaux qui scient, rognent, tranchent
La saine et bonne vieille branche
De la croix où ils sont perchés
Ils ne savent pas ce qu'ils perdent
Tous ces fichus calotins
Sans le latin, sans le latin
La messe nous emmerde
Le vin du sacré calice
Se change en eau de boudin
Sans le latin, sans le latin
Et ses vertus faiblissent
A Lourdes, Sète ou bien Parme
Comme à Quimper Corentin
Le presbytère sans le latin
A perdu de son charme
O très Sainte Marie mèr' de
Dieu, dites à ces putains
De moines qu'ils nous emmerdent
Sans le latin
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