lundi 19 juin 2017

Ludovica Montana V D " Yeux mélancoliques..."








Yeux mélancoliques, couleur de la fougère


Striés de la mer si le soleil les allume

Longs sourcils se posent sur eux

Pour créer un jeu de lumières et reflets


Joues rosées

Comme les  fleurs de lotus en été

Lèvres à cœur

Pour parler d'amour,


Visage ronde, sincère et heureux

Brune tresse

Âme gentille


Sourire délicat

Comme le germe dans un pré

Je regarde en avant, jamais au passé.


Ludovica Montana




Il fallait bien qu’un visage 

Réponde à tous les noms du monde


Paul Éluard « Premièrement » in L’amour de la poésie



dimanche 18 juin 2017

Louis Aragon : Le domaine privé : "Le mot"



Costa Piana (Castagnola) 


Aragon a souvent déclaré à propos de sa mère 
"Ma famille, c'était elle, personne d'autre"



Paru d'abord en Poésie 43 et repris en 1946 "Le domaine privé"
(En étrange pays dans mon pays lui-même) représente 
le  "tombeau poétique" de cette mère tant aimée. 
Le poème est intégralement construit autour du mot maman
que l'enfant ne se donna jamais le droit de prononcer 
(Philippe Forest)

Le mot na pas franchi mes lèvres
Le mot na pas touché mon cœur
Est-ce un lait dont la mort nous sèvre
Est-ce une drogue une liqueur

Jamais je ne lai dit quen songe
Ce lourd secret pèse entre nous
Et tu me vouais au mensonge
 A tes genoux

Nous le portions comme une honte
Quand mes yeux n’étaient pas ouverts
Et les tiens à la fin du compte
Demandaient pardon d’être verts

Te nommer ma sœur me désarme
Jai trop respecté ton chagrin
Le silence a le poids des larmes
 Et leur refrain

Puisque tu dors et que leurs rires
Ne peuvent blesser ton sommeil
Permets-moi devant tous de dire
Que le soleil est le soleil

Que si jai feint cest pour toi seule
Jusqu’à la fin fait linnocent
Pour toi seule jusquau linceul
 Caché mon sang

Javais naissant le tort de vivre
Jirai jusquau bout de mes torts
La vie est une histoire à suivre
Et la mort en est le remords

Ceux peut-être qui me comprennent
Ne feront pas les triomphants
Car une morte est une reine
 A son enfant







samedi 17 juin 2017

Lucrezia Bagnoli V D " Enigmatique l'apparence ..."





Enigmatique l'apparence, éphémère le coup d'œil
douce la crinière, roses les joues, réservée  l'expression
sourire caché, bouche cœur


entraîné le corps avec abnégation
rapide le mouvement, prête au sacrifice, éduquée a la fatigue
franche et généreuse dans les relations avec affliction aussi
ponctuelle et attentive, jamais négligée


intransigeante avec moi-même, sensible au excès
fragile, ferme, persévérante
jamais craintive d' incertitude ou mortifiée pour la renonciation.


Pour tous mes jours je croirai en l'équité et en la justice
 avec confiance irrépressible
sans jamais être paresseuse
et de l'intelligence de ceux qui comprendront mon secret je serai toujours garante.



Enigma l' aspetto fuggevole l'occhiata,
Morbida la chioma, rosee le gote, schiva l' espressione
Sorriso nascosto, bocca abbozzante un cuore.

Allenato il corpo con abnegazione
Rapido il movimento, pronta al sacrifico, alla fatica educata
Schietta e generosa nei rapporti anche con grande afflizione
Puntale, attenta, mai trascurata.

Intransigente con me stessa, all' eccesso sensibile
Fragile, ferma, perseverante,
Mai timorosa del sacrificio o mortificata per la rinuncia

Per tutti i miei giorni crederó nell' equitá, nella giustizia
Con fiducia incoercibile,
Senza mai essere accidiosa,
E dell' intelligenza di chi comprenderà il mio segreto saró sempre garante.

Lucrezia Bagnoli




Ô corps sans poids pose dans un songe de toile

Louis Aragon Elsa


vendredi 16 juin 2017

Louis Aragon "Strophes pour se souvenir"




Je m'immerge ces jours-ci dans la lecture de


"Je ne peux plus vous faire d'autres cadeaux que ceux 
de cette lumière sombre
Hommes de demain soufflez sur les charbons
À vous de dire ce que je vois"

Louis Aragon Épilogue 




Et si  c'était l'épreuve ESABAC 2017 ?!?! 






Strophes pour se souvenir


Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant.


Louis Aragon Le Roman Inachevé










jeudi 15 juin 2017

Mario Gervasini V D "Elle souffle..."



Ier prix de poésie 2017
Liceo classico "Cairoli" Varese





Elle souffle
elle vole
elle plane
elle vient chez moi
elle arrive comme un voleur elle s’en va 
comme un flot

tu ne peux pas la voir mais je peux la flairer 

tu veux la connaître.

Pas une fille,
mais frivole,
pas une fleur,
mais faible,
pas le vent,
mais fraise,
pas d’eau,
mais comme une gorgée sous le soleil.


Au café de la place
je regarde le monde entier, je la cherche,
elle n’est pas là.
Merveille du monde.





Elle a passé, la jeune fille,
Vive et preste comme un oiseau

Gérad de Nerval Une allée du Luxembourg


mercredi 14 juin 2017

Soirée Synesthésique chez Andrea à Bocca di lupo d' Albiolo



"Les parfums ... les sons" 

et les goûts 


"se répondent"



Soirée Synesthésique  à 
Bocca di lupo d' Albiolo 

avec Andrea Polmonari


et Franco Barbera



et les chansons d'antan














































mardi 13 juin 2017

Alessandra Tosi V D : "Autoritratto / Autoportrait"


Voici le magnifique poème 

d' Alessandra Tosi

aussi maîtrisé  et surprenant    

que la  vigne à Castagnola




AUTORITRATTO

Gli occhi ho di selvatica angelica,
Vividi, velati di bruna umida terra;
il labbro ho teso alla parola autentica,
castano il capello che sfiora gote e spalle afferra.

Lunghe ho le membra, i piedi in lievi passi sempre per terra;
L’accento è di una tesa melodia malinconica,
d’un torbido pensier che sgretolandomi m’afferra
e si sbriciola alla luce d’una pallida quiete arcaica

L’iracondo e l’inquieto mi scavan più del tempo,
mentre un mare di parole in burrasca
s’acquieta e sulle labbra s’assopisce

E nella mia ragione spesso vi è il maltempo,
quando vedo d’un fior il colore che appassisce
e il cuor comincia a pesar in tasca.






Autoportrait


Les yeux j’ai de sauvage angélique,
vifs, embués de brune terre humide ;
la lèvre j’ai tendue vers la parole authentique,
châtain le cheveu qui effleure les joues et les épaules saisit.

Longs j’ai les membres, les pieds aux faibles pas toujours par terre.
L’accent est d’une tendue mélodie mélancolique,
d’une torve pensée qui en s’effritant me saisit
et s’émiette à la lueur d’une blafarde quiétude archaïque.

Le coléreux et l’inquiet  me fouillent plus que le temps,
pendant qu’un flot de paroles en furie
s’apaise et sur les lèvres s’assoupit.

Et dans ma raison souvent il y a le mauvais temps,
quand je vois d’une fleur la couleur qui se flétrit
et dans la poche commence à peser le cœur.






J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal 

Arthur Rimbaud  Ma Bohème


dimanche 4 juin 2017

Jacques Brel "La chanson des vieux amants" - Charles Baudelaire "La mort des amants"







Bien sûr, nous eûmes des orages
Vingt ans d'amour, c'est l'amour fol
Mille fois tu pris ton bagage 
Mille fois je pris mon envol
Et chaque meuble se souvient
Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes
Plus rien ne ressemblait à rien
Tu avais perdu le goût de l'eau
Et moi celui de la conquête

{Refrain:}
Mais mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime

Moi, je sais tous tes sortilèges
Tu sais tous mes envoûtements
Tu m'as gardé de pièges en pièges
Je t'ai perdue de temps en temps
Bien sûr tu pris quelques amants
Il fallait bien passer le temps
Il faut bien que le corps exulte
Finalement finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes

{Refrain}

Oh, mon amour
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore, tu sais, je t'aime

Et plus le temps nous fait cortège
Et plus le temps nous fait tourment
Mais n'est-ce pas le pire piège
Que vivre en paix pour des amants
Bien sûr tu pleures un peu moins tôt
Je me déchire un peu plus tard
Nous protégeons moins nos mystères
On laisse moins faire le hasard
On se méfie du fil de l'eau
Mais c'est toujours la tendre guerre

{Refrain}

Oh, mon amour...
Mon doux mon tendre mon merveilleux amour
De l'aube claire jusqu'à la fin du jour
Je t'aime encore tu sais je t'aime



File:Atala au tombeau,1808,Girodet de Roussy -Trioson, Louvre..JPG

Atala au tombeau,1808,Girodet de Roussy -Trioson, Louvre


La mort des amants

Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ;

Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.

Charles Baudelaire "Les fleurs du mal "(1857)






samedi 3 juin 2017

Anna Fortini et Beatrice Falcone II D ESABAC "La Cordillera" - Festival de Cannes 2017 : "Un certain regard"






La politique et les difficiles rapports familiales sont les thèmes principaux du film La Cordillera, de Santiago Mitre. Le Président Argentin, Hérnan Blanco, est un homme politique considéré correct. Après un voyage au Chili, il participe à un sommet pour créer l’Union du pétrole des Amériques du Sud. Pendant son séjour il doit prendre de nombreuses décisions, alors que sa situation familiale est tragique. Son accord à cette  alliance pétrolière est controversée, d’un côté ses ministres de l’autre les offres de pays tels que les États-Unis ou le Mexique. Cependant sa fille Marina a une rupture psychique, si grave d’avoir besoin de l’aide d’un psychologue, ce qui cause au  Président une sévère préoccupation.
Les personnages sont fort bien caractérisés. En particulier,  Blanco fait son  chemin évolutif pendant le développement de l’histoire: au début il se montre détaché de sa vie privée,  mais en  suite il comprend l'importance de sa famille. Marina en revanche est un personnage ambigu: elle a une image déformée de la réalité et elle est psychologiquement fragile. 
Le réalisateur choisit des cadrages incisifs qui soulignent les sentiments et les moments dramatiques du film. Cela est mis en valeur par un thème musical efficace. Par exemple dans la scène  de l'hypnose, le premier plan sur Marina explique sa souffrance et son inquiétude alors qu’elle doit raconter des souvenirs pleins de douleur, qui pourraient menacer la carrière politique de Blanco. Le thème aussi de la corruption a un rôle très important dans le film et offre de nombreuses pistes de réflexion.


Anna Fortini et Beatrice Falcone












lundi 29 mai 2017

II D ESABAC à la montée des marches à Cannes pour Bulhandang de Byun Sung-Hyun, critique de Marina Kisbvarday







Bulhandang (Sans Pitié)
de Byun Sung-Hyun


La soirée du 24 mai, nous avons eu l’occasion de participer à la première projection de Bulhandang, realisé par Byun Sung-Hyun,  à la Salle Lumière.



Le film, dont l’histoire se situe en Corée du Sud, pivote autour d’ une enquête faite par les services secrets, qui sont en train de chercher des preuves pour arrêter des narcotrafiquants. Le protagoniste est un jeune agent de police qui travaille dans une prison avec l’objectif de s’intégrer dans la bande de malfaiteurs. Mais entre le policier et le chef des contrebandiers s’instaure un rapport profond mais ambigu. Le garçon, influencé par sa double vie, affronte un parcours de changement intérieur grâce aux enseignements qu’il reçoit des deux cotés. Ce qui le  frappe davantage est la leçon du boss, que le jeune intériorise de plus en plus pendant son  expérience “ Ne fais confiance à personne, fais confiance aux circonstances”.
Le scénario se partage en séquences signalées par des indications temporelles qui aide le spectateur à suivre l’intrigue composé  de flash-back. Le montage soutenu des scènes donne un rythme pressant aux actions qui sont souvent violentes. La musique aussi contribue à réaliser un climax ascendant des émotions jusqu’ à rejoindre une fin inattendue et dramatique.
Dans l’ensemble le film est tantôt assez réussi et capable de toucher les spectateurs désireux de scènes de plus en plus brutales,  tantôt il rappeler d’autres films de Scorsese, Mann, Tarantino et Woo :
Sans trop  d’intérêt.
Marina Kisvarday







vendredi 26 mai 2017

Mario Gervasini V D (biennio ESABAC) "Wallay" Festival de Cannes 2017 (Alexandre III, le 22 mai )




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Wallay est un film né d’ une collaboration France/Burkina Faso,  dirigé par Bernie Goldblat, qui  va sortir dans les salles  le 28 juin prochain mais il a déjà été présenté en février à Berlin.
C’est l’histoire d’ Ady, un jeune garçon burkinabé de 13 ans qui vit dans une banlieue d’une ville française et qui a été élevé par son père après la mort de sa mère.    
L’été le père décide de l’envoyer chez  son vieux frère Amadou dans leur pays d’origine, mais il ne dit pas le vrai motif de à Ady qui pense d’y aller pour ses grandes vacances. En effet il veut faire circoncire le garçon :  rite,  qui selon la tradition de ce pays, représente le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Ady  va connaître le village de son père et là il se retrouve dans une culture totalement différente et inconnue. Les gars du village le voient comme un exemple utopique, tandis que les adultes le considèrent une menace pour leurs traditions. En peu de temps il s’intègre dans la vie du village  et son oncle croit que le temps de la circoncision est arrivé, mais il le cache à son  neveu :  celui-ci panique et fait tomber Amadou dans le fleuve, mais, finalement, il le sauve, ce qui lui permet d’être considéré comme un adulte,  et il peut retourner en France sans se faire circoncire                                            
Ce film est certainement très touchant, mais son vrai message est quelquefois caché par la lenteur de la mise en scène, qui ne s'adapte pas toujours  aux circonstances.
La bande sonore  fusionne parfaitement avec les images parce qu’elle rappelle des rythmes autant africains que pop,  ce qui exprime assez bien l’opposition entre  deux cultures.

J’ai trouvé le film par moments lent et par d’ autres trop expéditif dans la narration, mais généralement bien réussi. Pouvoir parler avec le producteur, le directeur et aussi l’acteur principal a été très intéressant pour découvrir comment le film a été réalisé et combien de temps il a fallu pour  récupérer les fonds nécessaires, mais aussi pour écouter l’expérience d’un jeune acteur dans le monde du cinéma qui n’est jamais facile mais qui pour lui sera sûrement inoubliable.

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