vendredi 20 octobre 2017

Thomas Mann " La montagne magique"


Un classique est un livre qui propose au lecteur 
attentif la formule de construction du monde qui vient.
Italo Calvino

L'écrivain allemand Thomas Mann, le 11 mai 1950.

Un roman sublime sur le temps, sur l'attente,  sur la vie,  un conte philosophique que je range parmi les livres que je continue de (RE)lire à coté  de Montaigne, Marcel Proust,  Camus, Marguerite Yourcenar .....

Le lecteur, comme Castorp, observe-t-il les murs lisses d’où les bacilles seraient absents, prend-t-il le soleil, respire-t-il le bon air et savoure-t-il les bienfaits des hauteurs, seuls remèdes connus alors pour combattre la tuberculose. Il voit aussi les brouillards qui fermentent dans la vallée ou qui se forment en nuées sur les sommets, la neige tourbillonnante de l’hiver, le printemps qui autorise les femmes à revêtir leurs robes de mousseline, et il s’adapte peu à peu au rythme de ces longues journées à peine rehaussées par les promenades vers le village de Davos et, surtout, par les conversations entre pensionnaires.




Et Settembrini commença de déclamer en italien, en laissant fondre sur sa langue les belles syllabes, en tournant la tête d’un côté ou de l’autre et en fermant parfois les yeux, sans se soucier de ce que ses compagnons ne comprenaient pas un traître mot. Visiblement il s’efforçait de jouir lui-même de sa mémoire et de sa prononciation, tout en les mettant en valeur devant ses auditeurs. Enfin il dit :

« Mais vous ne comprenez pas, vous écoutez sans percevoir le sens douloureux de cela. L’infirme Léopardi, messieurs, pénétrez-vous-en bien, a été surtout privé de l’amour des femmes, et c’est cela qui l’a empêché d’obvier au dépérissement de son âme. L’éclat de la gloire et de la vertu pâlissait à ses yeux, la nature lui semblait méchante – d’ailleurs elle est mauvaise, bête et méchante, sur ce point je lui donne raison – et il désespéra, c’est terrible à dire, il désespéra de la science et du progrès. C’est ici que vous entrez dans la tragédie, ingénieur. C’est ici que vous avez votre « dilemme de l’âme humaine », mais non pas chez cette femme-là, je renonce à encombrer ma mémoire de ce nom… Ne me parlez pas de la « spiritualisation » qui peut résulter de la maladie, pour l’amour de Dieu, ne faites pas cela ! Une âme sans corps est aussi inhumaine et atroce qu’un corps sans âme, et, d’ailleurs, la première est l’exception rare et le second est la règle. En règle générale, c’est le corps qui prend le dessus, qui accapare toute la vie, toute l’importance et s’émancipe de la façon la plus répugnante. Un homme qui vit en malade n’est que corps, c’est là ce qu’il y a d’antihumain et d’humiliant, - dans la plupart des cas il ne vaut guère mieux qu’un cadavre… 
(chapitre IV)






Comment peut-on oublier la déclaration d’amour,  imprévue et formulée dans l’urgence,  de  Castorp pour Claudia Chauchat, une jeune femme énigmatique venue du Caucase :

Je t’aime, balbutia-t-il, je t’ai aimé de tout

 temps, car tu es le Toi de ma vie, mon rêve,

 mon sort, mon envie, mon éternel désir… 



Davos (Switzerland, Graubünden).

Schatzalp sanatorium with a view of Davos.

Photo postcard, coloured, c. 1905.

Davos (Suisse), vers 1905, carte postale colorisée. A droite, le sanatorium qui a inspiré Thomas Mann. (Photo AKG-Images)



En 1939, lors d’une conférence à Princeton, Thomas Mann définissait son roman comme un « document de l’état d’esprit et de la problématique spirituelle de l’Europe dans le premier quart du XXe siècle ». Un « document » qui contient des développements sur la notion de durée, sur la mort, la culture, et qui jette un éclairage sur les mentalités qui allaient affronter le carnage de la guerre.




mardi 17 octobre 2017

Jean-Roger Caussimon "Le jour viendra"










Texte original de Chalom Hanouk et Jacob Routbalit – Version française de Jean-Roger Caussimon


Eh, l'ami ! Prête-moi main forte
A deux, poussons la lourde porte
Sortons de l'abri de ciment
C'est la nuit, nous sommes de garde
Et tristement, toi qui regardes
Briller la lune au firmament

Ami, ne désespère pas
Le jour viendra, le jour viendra


C'est défendu mais en cachette
Allumons au creux de nos mains
Une cigarette
On a peur que le temps s'arrête
Il n'en est rien et nous aurons 

Des lendemains de fête
Quand nous irons le long du fleuve
Cueillir l'orange et le citron
Nous oublierons
Nos nuits d'épreuve
Nous oublierons les nuits de guerre
Où l'on croyait
Que plus jamais ne reviendrait
Une aube claire

Ami, ne désespère pas
Le jour viendra, le jour viendra
Ne désespère pas


Le ciel de chaque nuit sera douce lumière
Le ciel de chaque jour éblouissante clarté
Quand nous aurons la liberté
De vivre en paix sur cette Terre !

Le jour viendra, le jour viendra

Voici le soleil qui se lève
Et les copains de la relève
Qui viennent à nous en chantant
Frères, la nuit fut calme et belle
Mais nous l'avons crue éternelle
Et chantions pour passer le temps

Ami, ne désespère pas
Le jour viendra, le jour viendra
Ami, ne désespère pas


La ciel de chaque nuit sera douce lumière
Le ciel de chaque jour éblouissante clarté
Quand nous aurons la liberté
De vivre en paix sur cette Terre

Le jour, le jour, le jour viendra
Ami, ne désespère pas
Le jour, le jour, le jour viendra
Ami, ne désespère pas
Le jour viendra, le jour viendra








dimanche 15 octobre 2017

Francetv.éducation : Les toiles de Van Gogh en film d'animation



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education.francetv





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Van Gogh aurait sans doute adoré ce film peint entièrement à la main et qui est consacré au grand maître néerlandais. La Passion Van Gogh est un tour de force réalisé par deux metteurs en scène britannique et polonais.
Tout est parti d'une idée folle de deux réalisateurs britannique et polonais. Amoureux de Van Gogh, ils ont bâti un projet titanesque qui est sorti en salles mercredi 11 octobre : le premier long métrage animé de l'histoire du cinéma réalisé uniquement avec des toiles peintes à la main. 120 tableaux de Vincent Van Gogh existants apparaissent dans le film, mais d'autres peintres ont participé, jouant les faussaires, inventant de nouveaux tableaux à animer. Pour davantage de réalisme, il a fallu trouver des acteurs physiquement proches des modèles. Ils interprètent les scènes du film et les images sont ensuite transmises aux peintres qui s'inspirent des écrans.





62 450 plans du film peints





À partir des séquences filmées, les 90 peintres recrutés pour le film ont peint à l'huile chaque plan sur de grandes toiles dans le style de Van Gogh. Pendant huit ans, ces artistes du monde entier ont peint toile par toile les 62 450 plans du long métrage animé. Outre la prouesse technique, le scénario nous fait vivre une enquête autour de la mort mystérieuse du célèbre peintre. L'histoire est basée sur 800 lettres manuscrites de Van Gogh, racontées par la voix de Pierre Niney. La Passion Van Gogh est une immersion sensorielle inégalée dans l'univers de l'un des plus grands peintres de l'art moderne.






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jeudi 12 octobre 2017

Jacqueline de Romilly : La littérature ou le passé vivant


La lecture, c'est mon salut !


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"La mer, qui vous distrait de tout, nous savions bien que c'était la mer 
où navigua Ulysse, mais c’était aussi
 la joie de l’été, de l’air,  de notre jeunesse"


LE MONDE 






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C’est grâce à la littérature que se forme presque toute notre idée de la vie ; le détour par les textes conduit directement à la formation de l’homme. Ils nous apportent les analyses et les idées, mais aussi les images, les personnages, les mythes, et les rêves qui se sont succédé dans l’esprit des hommes : ils nous ont un jour émus parce qu’ils étaient exprimés ou décrits avec force ; et c’est de cette expérience que se nourrit la nôtre. » 
Jacqueline de Romilly, Enseignement et éducation  





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"Car ce que nous aimons en elle (la Grèce)

c'est cet effort incroyable  faire triompher

la lumière sur les ombres"


lundi 9 octobre 2017

Virginie Despentes : "Vernon Subutex 1"




 Le lac Majeur vu de la Linea Cadorna de Piancavallo 


C’est Patricia une amie et collègue  de Montpellier qui m’a proposé la lecture de ce roman de  Virginie Despentes : Vernon Subutex (le nom que l'écrivaine avait utilisé jadis sur facebook) est l'anti-héros du naufrage des idéaux de la génération rock.  Il suit une  lente plongée vers la condition de SDF, à travers le renoncement, le vide marqué par la  déchéance matérielle mais aussi physique, un conte sur la  fragilité  humaine.
L’auteure décortique  la société française. Il s'agit d'un  panorama stupéfiant de la France en 2015, une France qui périclite  dans la haine et la précarité.
À travers un  style vif, puissant,  Virginie Despentes dresse une galerie de portraits aimables ou détestables mais toujours aussi  attachants qui bouleversent le lecteur.

Roman dur, d'un lecture difficile  pour mes élèves,  mais qu'il faudra  lire dans l'attente de compléter  la saga avec les tomes II et III.




"Marcia dessinait à la carte Gold, sur la couverture d'un livre de photos, une série de traits impeccables, de taille régulière, espacés avec précision.... Vernon l’observait, se demandant si elle avait étudié chaque geste de la féminité pour l’exécuter à la perfection … Elle lui parlé de la cocaïne en prenant de la cocaïne :

-Chaque ligne qu’on se met dans le nez il faut penser qu’on sniffe le narcotrafic, le capitalisme le plus gore qu’on puisse imaginer, on se met dans le nez les corps des paysans qu’il faut maintenir dans la misère pour qu’ils n’augmentent pas les tarifs, on se met dans le nez les cartels et la police, les milices privées, les exactions des Kaibiles et la prostitution qui va avec …les mecs tranchent les têtes à la tronçonneuse. C’est l’argent de la cocaïne qui a sauvé les banques, tout le système ne sert qu’à blanchir cet argent. Tu sais où a été inventée, cette drogue ? En Autriche. Ne me dis pas que tu ne vois pas où je veux venir - (p.355)







Présentation  de Nathalie Crom 

A travers la dérive parisienne d'un antihéros mélancolique et désabusé, la romancière dresse une âpre radioscopie de la société contemporaine.

Sans domicile, sans famille, sans attaches — ses amis sont morts ou ont déserté Paris, trop chère, trop dure —, Vernon Subutex entame sa dérive. Projeté dans la ville comme une sonde, comme une sorte de caméra endoscopique par Virginie Despentes, qui, à travers cet antihéros radical, sa dé­ambulation au jour le jour, ses hébergements provisoires, ses rencontres éphémères, ses poursuivants dont il ignore l'existence — car le roman est un polar, et Vernon, en possession de précieux enregistrements vidéo inédits de feu Alex Bleach, un chanteur populaire mort récemment d'une over­dose, est recherché sans le savoir —, dresse de la société pleinement contemporaine une formidable radioscopie, rapide, âpre, crue, fourmillante, proliférante, et surtout remarquablement incarnée ...

La maîtrise avec laquelle Virginie Despentes orchestre cette polyphonie impressionne, autant que la justesse de son regard engagé et l'énergie folle qu'elle déploie pour faire entendre le malaise général qui étreint le vaste échantillon d'humanité peuplant ces pages — premier volume d'une trilogie annoncée (1) . Enfant du rock, comme son personnage, Despentes n'a pas remisé sagement sa colère sur l'étagère des accessoires désormais obsolètes. Une révolte continue de l'animer, lorsqu'elle regarde notre temps, en capte les injustices profondes et les égoïsmes et fait entendre les discours de haine ou de défaite





Comment as-tu commencé à écrire Vernon Subutex ?

Virginie Despentes – J’ai eu l’idée de Vernon en voyant des gens autour de moi se retrouver dans des situations compliquées à la cinquantaine. J’ai eu une expérience de disquaire quand j’étais gamine, et je faisais partie d’un groupe de rock. A l’époque, dans le rock, des gens se sont croisés qui n’avaient rien à voir ensemble. Ils ont changé au niveau social et politique. Il y a des évolutions qu’on n’aurait pas pu prévoir il y a trente ans… J’avais l’idée d’un livre-patchwork qui traverserait toutes les classes sociales. Je me suis rendu compte qu’il serait volumineux alors que j’étais déjà très avancée dans l’écriture. Il faisait 1 200 pages. C’est mon éditeur qui m’a suggéré de le découper en trois tomes.





culturebox


On peut  connecter le roman de Despentes à "Soumission", le roman de Michel Houellebecq, qui sort en même temps. Les deux romanciers parlent de la même chose : une certaine forme de décomposition de la société, de perte des valeurs. Il y a pourtant une ligne de partage très claire entre eux, qui passe par l'humanisme. Houellebecq ne croit pas (plus ?) en l'homme. Despentes, oui, qui sauve tous ses personnages jusqu'aux plus ignobles (Houellebecq aucun, sauf les femmes peut-être). Ces deux postures donnent le ton : d'un côté un Houellebecq désabusé, de l'autre une Despentes en colère.






"Passé quarante ans tout le monde 
ressemble à une ville bombardée" (p.106)



"Internet est l'instrument de la délation anonyme, de la fumé sans feu et du bruit qui court sans qu'on comprenne d'où il vient" (p.129)

Virginie Despentes, en 2010.

liberation

vendredi 6 octobre 2017

Julien Clerc : "Utile"





Je veux être utile à vivre et à rêver ...





Voici un magnifique chanson de 

Étienne Roda-Gil

  que Julien Clerc 

a chanté lors de l'attentat à Nice





"A quoi sert une chanson
Si elle est désarmée ?",
Me disaient des chiliens,
Bras ouverts, poings serrés.

Comme une langue ancienne
Qu'on voudrait massacrer,

Je veux être utile
À vivre et à rêver.

Comme la lune fidèle
A n'importe quel quartier,

Je veux être utile
À ceux qui m'ont aimé,

À ceux qui m'aimeront
Et à ceux qui m'aimaient.

Je veux être utile
À vivre et á chanter.

Dans n'importe quel quartier
D'une lune perdue,
Même si les maitres parlent
Et qu'on ne m'entend plus,

Même si c'est moi qui chante
À n'importe quel coin de rue,

Je veux être utile
À vivre et á rever.

À quoi sert une chanson
Si elle est désarmée ?



France Inter : J. Clerc :
 "Je me souviendrai toute ma vie de l'hommage aux attentats"



"Il y a toujours une sortie ..."




mercredi 4 octobre 2017

TRANSALP : Les premiers correspondants en classe dès demain !!!





Bienvenue 

à Beniamino Trapani

correspondant TRANSALP

de Chiara  Jacazzi

et

Elias Mezaber

correspondant de

Morgana Capasso


Lycée Tézenas du Montcel, Saint Étienne


Prof. Anne-Marie Vedeche 


















Henri TACHAN "L'histoire"












L'histoire,
Ce n'est jamais que des histoires
Racontées en bandes dessinées
Par des chroniqueurs de victoires
Aux générations d'écoliers.

L'histoire,
On l'enjolive un peu, beaucoup.
I1 faut bien qu'elle soit présentable.
Quelques médailles sous le cou,
Trois, quatre étoiles sur le râble.

L'histoire
Qu'on nous raconte c'est ce héros
Qui est tombé pour la patrie,
Cette armée pure de Zorros
Qui n'attendait plus que Grouchy...

L'histoire,
C'est ces statues de demi-dieux,
Le sabre au clair, encore debout,
Les souvenirs émus des vieux
Qui ne sont pas morts dans la boue.

L'histoire,
Ce n'est jamais que des histoires,
Même pas grivoises, même pas belges,
C'est le dernier carré d'grognards
Qui s'étripe encore dans la neige.

L'histoire,
C'est la plus cynique invention,
La machine à bourrer le mou,
A faire des p'tits napoléons,
Des hitlers, des amin-doudous.

L'histoire,
C'est le grand carrefour de la peur,
C'est le charnier, c'est l'abattoir,
Les craies blanches sur les champs d'horreur
Les mouches vertes sur le sang noir/

L'histoire,
C'est le mensonge number one,
La supercherie, la vérole,
L'insidieux picotin d'avoine
Qu'on distribue dans les écoles.

L'histoire,
Ce n'est jamais que des histoires,
Mais jamais des histoires d'amour.
Les violons restent dans l'armoire.
On n'y fait jouer que le tambour.

L'histoire,
C'est les coucheries de nos princes,
La couleur des selles du roi,
Les complots de bourgeois d'province
Au nom de leur raison d'état.

L'histoire,
C'est les patrons de nos grands hommes,
Tous Machiavel, tous militaires,
C'est le grand livre d'or, en somme,
De ceux qui nous font faire leurs guerres.

L'histoire...
Mais ceci est une autre histoire :
C'est l'histoire de la chanson
Que j'ai envie d'gueuler ce soir,
Histoire de ne pas vieillir trop con !



Meilleurs voeux à tous les 

François 

dimanche 1 octobre 2017

Patrick Deville "Taba-Taba" Ed. Seuil - Goncourt 2017



Taba-Taba :

Une histoire de France depuis Napoléon III jusqu’à nos jours.

Le roman commence à Mindin, en face de Saint-Nazaire, au début des années 1960. dans un lazaret devenu hôpital psychiatrique : un enfant boiteux, dont le père est administrateur du lieu, se lie d’amitié avec un des internés, un ancien de la marine qui, se balançant d’arrière en avant, répète sans cesse la même formule énigmatique : Taba-Taba.  


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Photo Nathalie Bourreau



Patrick Deville  se confronte à l’histoire de sa famille, fouillant à travers les archives laissées à sa mort par sa tante « Monne ».

À partir de là, il déroule son Histoire  à travers nombre de personnages et d’évènements : il  voyage en compagnie d’une bibliothèque, les citations nourrissent son livre – Victor Hugo, Cendrars, Vercors,  Proust, Rimbaud évidemment, mais aussi De Gaulle, Trotsky, ou bien Churchil, comment oublier sa clairvoyance lors de la rencontre à Munich en 1938 de Hitler , Mussolini, Daladier et Chamberlain :

« Ils ont eu le choix entre le déshonneur et la guerre. Ils ont eu le déshonneur et ils auront la guerre. »

Une grande fresque romanesque sur la France, du second  empire aux attentats qui ont ensanglanté récemment le pays, en passant par la Grande Guerre, par le Front populaire, la Débâcle, l’Occupation, la Résistance,  la Libération où il ne manque pas de rappeler le rôle des maquis qui


« ne cessent de harceler les Allemands, qui ne cessent de martyriser les civils. C’est la grande question de la violence dans l’Histoire résolue depuis la Révolution française. Le droit ne s’installe pas par les moyens du droit. L’action terroriste illégale peut n’être pas illégitime » 








À la question posée par le journaliste Frédérique BREHAUT visant son rapport plus personnel avec  ce roman

De tous vos livres, « Taba-Taba » est le plus intime. Est-ce plus difficile de raconter son histoire familiale que celle de Savorgnan de Brazza, Trotski, Yersin ou William Walker ?

Patrick Deville répond:

 « Tout est vrai, comme toujours dans mes romans sans fiction. La différence concerne les personnages, qui cette fois, me sont proches.  Mon père et ceux que je réunis dans « Taba-Taba » n’ont rien demandé… J’ai l’impression d’avoir troublé leur repos. »

Ce père dont il garde  un souvenir tendre et impérissable à travers une prose poétique rappelant Proust, bien sûr, et,  dirais-je,  Marguerite Yourcenar :

« Enfermé dans le studio de La Condesa » (Mexico) … « J’avais appris que Loulou allait mourir dans quelques heures. J’étais arrivé à temps …


S’il m’est difficile de me souvenir du visage de Loulou, nous parlons souvent , nous quittons le matin en sachant nous revoir une nuit prochaine, dans ces rêves assez rares qui sont durables et récurrents, en des lieux imaginaires, qu’on sait devoir abandonner au réveil mais avec l’assurance de bientôt le retrouver, guettant parfois la réminiscence d’un détail comme un petit poisson montant du fond, qu’on sent arriver et qui, juste avant d’atteindre la surface, comme effrayé par la lumière, virevolte et descend à nouveau vers les profondeurs, se tapit sur la vase et les feuilles mortes en attendant l’instant propice, ou bien meurt lentement au fond de l’hippocampe. »