dimanche 1 octobre 2017

Patrick Deville "Taba-Taba" Ed. Seuil - Goncourt 2017



Taba-Taba :

Une histoire de France depuis Napoléon III jusqu’à nos jours.

Le roman commence à Mindin, en face de Saint-Nazaire, au début des années 1960. dans un lazaret devenu hôpital psychiatrique : un enfant boiteux, dont le père est administrateur du lieu, se lie d’amitié avec un des internés, un ancien de la marine qui, se balançant d’arrière en avant, répète sans cesse la même formule énigmatique : Taba-Taba.  


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Photo Nathalie Bourreau



Patrick Deville  se confronte à l’histoire de sa famille, fouillant à travers les archives laissées à sa mort par sa tante « Monne ».

À partir de là, il déroule son Histoire  à travers nombre de personnages et d’évènements : il  voyage en compagnie d’une bibliothèque, les citations nourrissent son livre – Victor Hugo, Cendrars, Vercors,  Proust, Rimbaud évidemment, mais aussi De Gaulle, Trotsky, ou bien Churchil, comment oublier sa clairvoyance lors de la rencontre à Munich en 1938 de Hitler , Mussolini, Daladier et Chamberlain :

« Ils ont eu le choix entre le déshonneur et la guerre. Ils ont eu le déshonneur et ils auront la guerre. »

Une grande fresque romanesque sur la France, du second  empire aux attentats qui ont ensanglanté récemment le pays, en passant par la Grande Guerre, par le Front populaire, la Débâcle, l’Occupation, la Résistance,  la Libération où il ne manque pas de rappeler le rôle des maquis qui


« ne cessent de harceler les Allemands, qui ne cessent de martyriser les civils. C’est la grande question de la violence dans l’Histoire résolue depuis la Révolution française. Le droit ne s’installe pas par les moyens du droit. L’action terroriste illégale peut n’être pas illégitime » 








À la question posée par le journaliste Frédérique BREHAUT visant son rapport plus personnel avec  ce roman

De tous vos livres, « Taba-Taba » est le plus intime. Est-ce plus difficile de raconter son histoire familiale que celle de Savorgnan de Brazza, Trotski, Yersin ou William Walker ?

Patrick Deville répond:

 « Tout est vrai, comme toujours dans mes romans sans fiction. La différence concerne les personnages, qui cette fois, me sont proches.  Mon père et ceux que je réunis dans « Taba-Taba » n’ont rien demandé… J’ai l’impression d’avoir troublé leur repos. »

Ce père dont il garde  un souvenir tendre et impérissable à travers une prose poétique rappelant Proust, bien sûr, et,  dirais-je,  Marguerite Yourcenar :

« Enfermé dans le studio de La Condesa » (Mexico) … « J’avais appris que Loulou allait mourir dans quelques heures. J’étais arrivé à temps …


S’il m’est difficile de me souvenir du visage de Loulou, nous parlons souvent , nous quittons le matin en sachant nous revoir une nuit prochaine, dans ces rêves assez rares qui sont durables et récurrents, en des lieux imaginaires, qu’on sait devoir abandonner au réveil mais avec l’assurance de bientôt le retrouver, guettant parfois la réminiscence d’un détail comme un petit poisson montant du fond, qu’on sent arriver et qui, juste avant d’atteindre la surface, comme effrayé par la lumière, virevolte et descend à nouveau vers les profondeurs, se tapit sur la vase et les feuilles mortes en attendant l’instant propice, ou bien meurt lentement au fond de l’hippocampe. »




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