mardi 24 novembre 2015

Célina Ramsauer « ENSEMBLE », Hommage à la Francophonie





Kandinsky Bleu de Ciel


Quel plaisir que de rencontrer 

les élèves de III B et III C 

et leur prof Chiara Shiavi 

de la scuola media Pellico (Varese)

et d'écouter leur chorale !!!!

voilà pourquoi je vous  propose une chanson


dont le titre

ENSEMBLE


souligne très bien  le désir de nous tous 

face aux malheurs de nos jours 


"Que l'esprit de la langue française soit avec vous"






Regarde, on est pas pareil
Et pourtant le soleil
Brille pour toi et moi
Regarde, on a le même sourire
Quand on se tient la main
Sur le même chemin

Envie de vivre
Envie d’être libre
Se sentir léger
Se sentir accepté
Envie de vivre
Toutes nos différences
De corps et de sens
Véritables résonances
Ensemble

Regarde, tout au fond de nos yeux
Seulement le besoin d’être
Non celui de paraître
Regarde sous les doigts endoloris
La force et l’énergie
D’avoir encore envie

Envie de vivre
Envie d’être libre
Se sentir léger
Se sentir accepté
Envie de vivre
Toutes nos différences
De corps et de sens
Véritables résonances
Ensemble

Regarde toutes nos envies
Le chemin de nos vies
C’est le seul combat
Important ici bas






dimanche 22 novembre 2015

Victor Hugo "La fonction du poète"





Le poète :

 intermédiaire entre Dieu et les hommes



La Fonction de poète

Dieu le veut, dans les temps contraires,
Chacun travaille et chacun sert.
Malheur à qui dit à ses frères :
Je retourne dans le désert !
Malheur à qui prend ses sandales
Quand les haines et les scandales
Tourmentent le peuple agité !
Honte au penseur qui se mutile
Et s'en va, chanteur inutile,
Par la porte de la cité !

Le poète en des jours impies
Vient préparer des jours meilleurs.
ll est l'homme des utopies,
Les pieds ici, les yeux ailleurs.
C'est lui qui sur toutes les têtes,
En tout temps, pareil aux prophètes,
Dans sa main, où tout peut tenir,
Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue,
Comme une torche qu'il secoue,
Faire flamboyer l'avenir !

Il voit, quand les peuples végètent !
Ses rêves, toujours pleins d'amour,
Sont faits des ombres que lui jettent
Les choses qui seront un jour.
On le raille. Qu'importe ! il pense.
Plus d'une âme inscrit en silence
Ce que la foule n'entend pas.
Il plaint ses contempteurs frivoles ;
Et maint faux sage à ses paroles
Rit tout haut et songe tout bas !

Peuples! écoutez le poète !
Ecoutez le rêveur sacré !
Dans votre nuit, sans lui complète,
Lui seul a le front éclairé.
Des temps futurs perçant les ombres,
Lui seul distingue en leurs flancs sombres
Le germe qui n'est pas éclos.
Homme, il est doux comme une femme.
Dieu parle à voix basse à son âme
Comme aux forêts et comme aux flots.

C'est lui qui, malgré les épines,
L'envie et la dérision,
Marche, courbé dans vos ruines,
Ramassant la tradition.
De la tradition féconde
Sort tout ce qui couvre le monde,
Tout ce que le ciel peut bénir.
Toute idée, humaine ou divine,
Qui prend le passé pour racine,
A pour feuillage l'avenir.

Il rayonne! il jette sa flamme
Sur l'éternelle vérité !
Il la fait resplendir pour l'âme
D'une merveilleuse clarté.
Il inonde de sa lumière
Ville et désert, Louvre et chaumière,
Et les plaines et les hauteurs ;
A tous d'en haut il la dévoile;
Car la poésie est l'étoile
Qui mène à Dieu rois et pasteurs ! 

Victor HugoLes Rayons et les ombres, (1840)














vendredi 20 novembre 2015

Frédéric Boyer "Je ne renoncerai pas..." Le Monde, Vendredi 20 novembre 2015











Je ne renoncerai pas à aimer ce que j’aime.


Je ne renoncerai pas à effacer mes haines.


Je ne renoncerai pas au plaisir de vivre les 

 uns   parmi les autres.


Je ne renoncerai pas à boire un verre en terrasse,

 à écouter de la musique en concert, à rire et 

à parler de tout avec tous.


Je ne renoncerai pas à essayer d’aimer mes

 ennemis. 


Coûte que coûte.


Je ne renoncerai pas à lire,à aller au théâtre,

 au cinéma, à danser.


Je ne renoncerai pas à la démocratie,à ses

 faiblesses, à ses emmerdements, à sa grandeur.


Je ne renoncerai pas à la raison.


Je ne renoncerai pas à la déraison.


Je ne renoncerai pas à défendre la fragilité

 où qu’elle soit. . .


Je ne renoncerai pas à la diversitédes cultures.


Je ne renoncerai pas à dire que la pire idolâtrie

 est de justifier notre propre violence comme

 manifestation ou volonté divine.


Je ne renoncerai pas à l’entière liberté des artistes.


Je ne renoncerai pas à renoncer à la violence.

Je ne renoncerai pas à voyager...




Je ne renoncerai pas à la curiosité ...


je ne renoncerai pas à la joie ...


je ne renoncerai pas au doute ...


Je ne renoncerai pas à la sauvage douleur

 d'être un homme ...





Non, Nous ne renoncerons pas.





Castagnola (cz)


mercredi 18 novembre 2015

Jean-Baptiste Poquelin MOLIERE








Molière par Pierre Mignard (1658). « Il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle. Il marchait gravement, avait l'air très sérieux, le nez gros, la bouche grande, les lèvres épaisses, le teint brun, les sourcils noirs et forts, et les divers mouvements qu'il leur donnait lui rendaient la physionomie extrêmement comique. À l'égard de son caractère, il était doux, complaisant, généreux; il aimait fort à haranguer (Marie Du Croisy, comédienne de la troupe) »



L'école des femmes






LE BOURGEOIS GENTILHOMME 

(texte en français et en italien)





Voici un magnifique extrait 

 à ne pas rater

La leçon d'Orthographe




MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
Que voulez-vous donc que je vous apprenne ?

MONSIEUR JOURDAIN
Apprenez-moi l’orthographe.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
Très volontiers.

MONSIEUR JOURDAIN
Après vous m’apprendrez l’almanach, pour savoir quand il y a de la lune et quand il n’y en a point.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
Soit. Pour bien suivre votre pensée et traiter cette matière en philosophe, il faut commencer selon l’ordre des choses, par une exacte connaissance de la nature des lettres, et de la différente manière de les prononcer toutes. Et là-dessus j’ai à vous dire que les lettres sont divisées en voyelles, ainsi dites voyelles parce qu’elles expriment les voix ; et en consonnes, ainsi appelées consonnes parce qu’elles sonnent avec les voyelles, et ne font que marquer les diverses articulations des voix. Il y a cinq voyelles ou voix : a, e, i, o, u.

MONSIEUR JOURDAIN
J’entends tout cela.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
La voix A se forme en ouvrant fort la bouche : A.

MONSIEUR JOURDAIN
A, A. Oui.
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
La voix E se forme en rapprochant la mâchoire d’en bas de celle d’en haut : A, E.

MONSIEUR JOURDAIN
A, E, A, E. Ma foi ! oui. Ah ! que cela est beau !

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
Et la voix I en rapprochant encore davantage les mâchoires l’une de l’autre, et écartant les deux coins de la bouche vers les oreilles : A, E, I.

MONSIEUR JOURDAIN
A, e, i, i, i, i. Cela est vrai. Vive la science !

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
La voix o se forme en rouvrant les mâchoires, et rapprochant les lèvres par les deux coins, le haut et le bas : o.
MONSIEUR JOURDAIN
O, o. Il n’y a rien de plus juste. A, e, i, o, i, o. Cela est admirable ! I, o, i, o.
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
L’ouverture de la bouche fait justement comme un petit rond qui représente un o.
MONSIEUR JOURDAIN
O, o, o. Vous avez raison, o. Ah ! la belle chose, que de savoir quelque chose !

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
La voix u se forme en rapprochant les dents sans les joindre entièrement, et allongeant les deux lèvres en dehors, les approchant aussi l’une de l’autre sans les rejoindre tout à fait : u.



MONSIEUR JOURDAIN
U, u. Il n’y a rien de plus véritable : u.
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
Vos deux lèvres s’allongent comme si vous faisiez la moue : d’où vient que si vous la voulez faire à quelqu’un, et vous moquer de lui, vous ne sauriez lui dire que u.
MONSIEUR JOURDAIN
U, u. Cela est vrai. Ah ! que n’ai-je étudié plus tôt, pour savoir tout cela ?
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
Demain, nous verrons les autres lettres, qui sont les consonnes.
MONSIEUR JOURDAIN
Est-ce qu’il y a des choses aussi curieuses qu’à celles-ci ?
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
Sans doute. La consonne D, par exemple, se prononce en donnant du bout de la langue au-dessus des dents d’en haut : da.
MONSIEUR JOURDAIN
Da, da. Oui. Ah ! les belles choses ! les belles choses !
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
L’F en appuyant les dents d’en haut sur la lèvre de dessous : fa.
MONSIEUR JOURDAIN
Fa, fa. C’est la vérité. Ah ! mon père et ma mère, que je vous veux de mal !
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE
Et l’r, en portant le bout de la langue jusqu’au haut du palais, de sorte qu’étant frôlée par l’air qui sort avec force, elle lui cède, et revient toujours au même endroit, faisant une manière de tremblement : rra.
MONSIEUR JOURDAIN
R, r, ra ; r, r, r, r, r, ra. Cela est vrai. Ah ! l’habile homme que vous êtes ! et que j’ai perdu de temps ! R, r, r, ra.
[…]


"Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour"

Maître de philosophie : Je vous expliquerai à fond toutes ces curiosités.
Monsieur Jourdain : Je vous en prie. Au reste, il faut que je vous fasse une confidence. Je suis amoureux d’une personne de grande qualité, et je souhaiterais que vous m’aidassiez à lui écrire quelque chose dans un petit billet (2) que je veux laisser tomber à ses pieds.
Maître de philosophie : Fort bien.
Monsieur Jourdain : Cela sera galant (3), oui ?
Maître de philosophie : Sans doute. Sont-ce des vers que vous lui voulez écrire ?
Monsieur Jourdain : Non, non, point de vers.
Maître de philosophie : Vous ne voulez que de la prose ?
Monsieur Jourdain : Non, je ne veux ni prose ni vers.
Maître de philosophie : Il faut bien que ce soit l’un ou l’autre.
Monsieur Jourdain : Pourquoi ?
Maître de philosophie : Par la raison, Monsieur, qu’il n’y a pour s’exprimer que la prose ou les vers.
Monsieur Jourdain : Il n’y a que la prose ou les vers ?
Maître de philosophie : Non, Monsieur : tout ce qui n’est point prose est vers ; et tout ce qui n’est point vers est prose.
Monsieur Jourdain : Et comme l’on parle, qu’est-ce que c’est donc que cela ?
Maître de philosophie : De la prose.
Monsieur Jourdain : Quoi ? quand je dis : « Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit », c’est de la prose ?
Maître de philosophie : Oui, Monsieur.

Maître de philosophie :
 Mettre que les feux de ses yeux réduisent 

votre cœur en cendres ; que vous souffrez nuit et jour pour elle 
les violences d’un…
Monsieur Jourdain : Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j’en susse (4) rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m’avoir appris cela. Je voudrais donc lui mettre dans un billet : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour  ; mais je voudrais que cela fût mis d’une manière galante, que cela fût tourné gentiment (5).
Monsieur Jourdain : Non, non, non, je ne veux point tout cela ; je ne veux que ce que je vous ai dit : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour.
Maître de philosophie : Il faut bien étendre un peu la chose.
Monsieur Jourdain : Non, vous dis-je, je ne veux que ces seules paroles-là dans le billet ; mais tournées à la mode ; bien arrangées comme il faut. Je vous prie de me dire un peu, pour voir, les diverses manières dont on les peut mettre.
Maître de philosophie : On les peut mettre premièrement comme vous avez dit. Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. Ou bien : D’amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Vos yeux beaux d’amour me font, belle Marquise, mourir. Ou bien : Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font. Ou bien : Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d’amour.
Monsieur Jourdain : Mais de toutes ces façons-là, laquelle est la meilleure ?
Maître de philosophie: Celle que vous avez dite : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour.
Monsieur Jourdain : Cependant je n’ai point étudié, et j’ai fait cela tout du premier coup. Je vous remercie de tout mon cœur, et vous prie de venir demain de bonne heure.
Maître de philosophie : Je n’y manquerai pas.





lundi 16 novembre 2015

Que va-t-il rester de nous, si on détruit notre culture?: Enard "Palmyre, osasis des larmes" ( LE MONDE )




Que va-t-il rester de nous 

si l'on détruit notre culture?

Quelle folie que d' envisager 

d'anéantir la beauté !






une 

"identité de frontière"









Ils sont sans doute passés par là. Au VIIe siècle, les compagnons du Prophète, à la tête des armées de l’islam, en route pour la conquête du monde, se sont vraisemblablement arrêtés à Palmyre, dans sa palmeraie, avant de se lancer à l’assaut de la verte Damas et de ses richesses, Damas dont la dynastie omeyyade fera sa capitale, délaissant Médine et posant ainsi la première pierre de l’empire musulman qui, loin de détruire ce qui le précède, s’en nourrit, s’y forme, s’y modèle. Que restait-il à l’époque de l’antique cité caravanière  ? Un peu plus qu’aujourd’hui, ou un peu moins  ; quelques églises, un évêque, nous apprend Paul Veyne dans Palmyre. L’irremplaçable trésor. Est-ce qu’un noble guerrier arabe descendit de chameau pour pleurer sur ces ruines, dans la grande tradition de la poésie du désert, et chanter comme Imroul Qays quelques décennies plus tôt  : «  Arrêtons-nous pour pleurer au souvenir de cet amour, sur les traces de ce campement, au bas des dunes  » ? La poésie arabe s’ouvre avec cette déploration, elle naît de la nostalgie que provoquent les ruines des choses perdues.
Aujourd’hui nous pleurons tous, et il n’y a pas de chant funèbre plus juste et plus noble que celui que Paul Veyne consacre à Palmyre, thrène ­dédié à l’archéologue syrien Khaled Al-Asaad, qui en fut le gardien et l’explorateur quarante ans durant, avant...
Le souvenir de Palmyre est un hymne à la beauté.

Le Monde des LIVRES , vendredi 30 octobre 2015

Palmyre. L’irremplaçable trésor, de Paul Veyne, Albin Michel, 





dimanche 15 novembre 2015

CINEFORUM en langue française: "PERSEPOLIS"





L'automne à Castagnola (cz)

Comment répondre 

aux attentats de Paris ?

Commençons par un beau film !


PERSEPOLIS












Le 16 novembre à 14 heures