dimanche 4 janvier 2015

Qu’est-ce que un stage ? Ou mieux , un stage, ça sert à quoi ?








Qu’est-ce que  un  stage ?
Ou mieux , un stage,  ça sert à quoi ?

A «frotter et limer notre cervelle contre celle d’autruy »(1)





 « A cette cause, le commerce des hommes y est merveilleusement propre et la visite des pays estrangers…  pour en rapporter principalement les humeurs de ces nations et leurs façons, et pour frotter et limer notre cervelle contre celle d’autruy.»(2)
Nel XXVI capitoletto « De l’Institution des Enfants » degli Essais Montaigne esprime con questa pungente metafora il significato  del viaggio come conoscenza des pays estrangers… pour en rapporter …les humeurs …et leurs  façons utilizzando due verbi che nel francese moderno hanno in parte cambiato il loro significato: frotter: exercer une pression accompagnée de mouvement, soit en imposant un mouvement à un corps en contact avec un autre , soit en imposant à un corps la pression d’un autre corps en mouvement : onde evitare l’ambiguità della metafora  sarà bene interpretare in senso figurato mettre en contact, faire entrer en relation; limer: parfaire par un travail méticuleux, fignoler in francese moderno, exécuter dans les détails, polir (initier aux usages du monde - XVIe).Se si considera ,poi,  che è il COD(compl.ogg.) cervelle , che per effetto del  COI (compl. Ind.) retto da  contre (aurtuy) crea questo incredibile frottement, sfregamento,   si potrebbe rendere in modo più semplice, povero Montaigne !, ma spero  abbastanza comunicativo con La visite des pays étrangers permet d’ entrer en relation avec eux et de perfectionner  par un travail méticuleux notre esprit et nos jugements pour s’ initier aux usages du monde tout en douceur.(3)
Già  nel lontano 1580, 434 anni fa, il nostro grande Filosofo ed Umanista coglieva l’essenza di questo  irrefrenabile desiderio di conoscere e di  vivere che è proprio della giovinezza e di chi, pur augurandosi  di morire in tarda età,  non abbandona mai .
Se in questi ultimi anni ci siamo tuffati , io e miei ardimentosi alunni, in questa  travolgente esperienza  ad Angers, Londra, Cannes , Montpellier, Parigi, Rouen  credo che il motivo era , è, e spero sarà ancora  il seguente :

lo stage è diventato un altro modo di esistere!...
E non solo per imparare le lingue…


Siamo al giro di boa  e un lungo quadrimestre ci aspetta …ma poi …quasi quasi …ma si già si intravede una lucina  piccolina …l’estate… il tempo delle letture…. e dei viaggi sempre nuovi anche quando si ripercorre lo stesso sentiero e si rileggono gli stessi libri (4) ..e poi forse un altro stage? .. a settembre?…chissà?, .. forse… ma sì nel cuore c’è già!   Forse ancora Angers !…Forse Québec !! … Forse New York !!!…

E poi  in fondo  in fondo …

“Qui serait aussi insensé pour mourir sans avoir fait le tour de sa prison” ?(5) quando « On vit un peu dans l’instant comme les mouettes sur la crêtes d’une houle »(6)




cz
1)Michel de Montaigne (Essais I, XXV,  1580) p.223, Ed. Le Livre De Poche .
Pour ceux qui le désirent je reprends le passage en entier de façon que l’on puisse  cueillir pleinement  son sens qui mériterait beaucoup plus d’approfondissement :« A cette cause, le commerce des hommes y est merveilleusement propre et la visite des pays estrangers, non pour en rappeler seulement, à la mode de nostre noblesse Françoise, combien de pas a Santa Rotonda, ou la richesse des calessons de la Signora Livia, comme d’autres, combien le visage de Néron, de quelque vieille ruyne de là, est plus long ou plus large que celuy de quelque pareille medaille, mais pour en rapporter principalement les humeurs de ces nations et leurs façons, et pour frotter et limer notre cervelle contre celle d’autruy. Je voudrois qu’on commençast à le promener dès sa plus tendre enfance, et premierement, pour faire d’une pierre deux coups, par les nations voisines où le langage est le plus esloigné du nostre, et auquel, si vous ne la formez pas de bon’heure, la langue ne peut se plier. »
2)Ibidem
3)Le espressioni in   corsivo sono tratte dal  « Petit Robert 2008 », le espressioni in corsivo sottolineate  sono mie.
4) « Ogni rilettura d’un classico è una scoperta , come la prima lettura »I. Calvino Perché leggere i classici
5)L’œuvre au noir , Marguerite Yourcenar, in exergue à  Le tour de ma prison  , Gallimard 1991.
6)Lettres à ses amis et quelques autres, Marguerite Yourcenar, Gallimard Folio, 1995






samedi 3 janvier 2015

Tristan et Iseut





La littérature du Moyen-Age est de tradition orale. C'est le règne des troubadours, trouvères, chansons de geste et poèmes lyriques. Ils sont souvent accompagnés de musique. C'est dans ce contexte littéraire que s'inscrit Tristan et Iseult, récit initialement en octosyllabes. Légende médiévale celtique (appartenant  au cycle breton) datant du XIIe siècle Tristan et Iseult mêle poésie courtoise et épisodes guerriers. Tristan et Iseult n'est pas un ouvrage unique. Il existe plusieurs versions, chacune fragmentaire. Malgré quelques découvertes récentes, on ne dispose d'aucun manuscrit complet. Les deux versions les plus connues sont celles de Thomas (entre 1172 et 1176) et de Béroul (vers 1190).
Ce véritable mythe a été repris largement par ailleurs :
- dès le XIIe s., dans "Le lai du chèvrefeuille" de Marie de France et  dans l'oeuvre de Chrétien de Troyes.
- après le XIIe s., en Angleterre, en Italie, en Allemagne (avec Wagner et son opéra Tristan et Isolde).




II. Résumé

L'action se situe en des temps fort anciens. Tristan, fils de Rivalen et de Blanchefleur (soeur du roi Marc), est admiré de tous. Preux et courageux chevalier, il parvient notamment à vaincre quoiqu'en s'y blessant, le géant et redouté Morholt, symbole d'une sauvagerie cruelle et sans pitié. De retour auprès du roi Marc après cet exploit, il est prié de retrouver la fille aux cheveux d'or, dite Iseult la blonde, afin qu'elle épouse le roi MarcSur la nef qui les conduit vers ce dernier, Tristan et Iseult, assoiffés boivent par erreur un breuvage que leur donne Brangien, la servante d'Iseult : ce breuvage n'est autre que le philtre d'amour (qui n'est appelé ainsi d'ailleurs qu'au XIVe s. car au XIIe on parle de "vin herbé" ou de "breuvage d'amour"), boisson préparée par la reine d'Irlande (la mère d'Iseult) pour que le roi Marc et Iseult puissent se désirer et s'aimer passionnément et vivre ainsi un mariage d'amour. Suite à cette erreur, Tristan et Iseult vont donc s'aimer de manière indéfectible pendant 3 ans et se montrer donc coupables envers le roi Marc, époux d'Iseult et d'Iseult aux blanches mains que Tristan a épousé pour son prénom plutôt qu'autre chose. Usant de nombreux stratagèmes pour essayer de se revoir les amants seront souvent piégés ou pris en flagrant délit. Un jour, Tristan doit mener un combat qui va lui être fatal : il va être blessé mortellement et ne pourra pas embrasser sa belle une dernière fois alors qu'il avait tout fait pour la faire venir, mais en vain. Celle-ci arrivera trop tard et décidera de se laisser périr auprès de son amant.

III. Thèmes récurrents

L'amour qui est ici impossible et finalement fatal. C'est un amour passion assez proche du fin'amor (idéal amoureux chanté par les troubadours de l'époque). Cet amour innocent quand il naît, puisqu'il fait suite à une erreur qui conduit les tourtereaux à s'aimer, devient ensuite coupable dans la mesure où les deux amants conscients de leur faute ne luttent pas vraiment contre leur amour. En découle ainsi le thème de la culpabilité.
- La mort (dont la mort de l'amour ?)
- Le destin ou la fatalité (Tristan et Iseult ne peuvent s'empêcher de s'aimer)
- L'aventure
- La bravoure de Tristan
- La tristesse qui est d'ailleurs à la racine du nom Tristan, orphelin de naissance et la dimension tragique du sort du "héros".






Le Mythe de Tristan et Iseut est l'un des plus fascinants du monde occidental.
Valérie Lackovic nous indique "que cette mythologie était très vivante dans toute la Grande-Bretagne bien avant l'invasion normande. Essentiellement orale, elle n'est plus attestée que par des vestiges comme une pierre datée du Vème siècle et portant l'inscription "DRVSTANVS" (Tristan) ou la mention au Xème siècle , d'un lieu dit Cornouaillais appelé "Gué d'Iseut".
Le roman de Tristan , lui, date du douzième siècle. De nombreuses versions ont existé : plusieurs ont disparu ( notamment celle de Chrétien de Troyes et celle de La Chièvre ( avant 1170) ; d'autres ne nous sont parvenues que par fragments ( Béroul et Thomas) . Ce sont les textes de ces deux auteurs qui font référence aujourd'hui.
Du roman en vers de Béroul (entre 1150 et 1190), ne subsiste qu'un fragment d'environ 4000 vers. Mais il y manque le début et la fin . Il n'a été conservé qu'une copie unique de ce manuscrit. La version de Béroul débute par la scène du grand pin (lorsque le roi Marc vient se cacher près du grand pin, pour surprendre le rendez-vous clandestin de Tristan et Iseut) et se termine lorsque Tristan et Iseut se séparent ( Tristan offrant à Iseut son chien Husdent, tandis qu'Iseut donne à son amant son anneau de jaspe vert)
Le Tristan de Thomas d'Angleterre date de 1173 . Plusieurs versions ont été conservées qui restituent plusieurs fragments de l'histoire. Mystérieusement les fragments restant de l'œuvre de Thomas débutent par une scène de séparation ( légèrement contradictoire avec celle de Béroul, mais qui permet toutefois d'enchaîner les deux récits) et nous offrent la fin du roman; épilogue mythique qui a contribué à bâtir la légende éternelle des amants maudits .
On a souvent comparé les styles de Béroul et Thomas d'Angleterre. Comme l'écrit Anne Berthelot " traditionnellement ,on a tendance à dire que Béroul, sans doute un peu plus ancien, se fait l'écho d'une version "primitive" de la légende, plus violente et sauvage que celle de Thomas, qui au contraire adapterait son matériau de base aux exigences nouvelles de l'idéologie à la mode, à savoir "la courtoisie"." La version de Béroul est donc plus réaliste que la version de Thomas, mais l'on n'y trouve guère de traces de l'amour courtois qui domine l'œuvre de Thomas.
C'est au début du vingtième siècle (entre 1900 et 1905) que Joseph Bédier, spécialiste médiéval, a rassemblé ces différents textes , auxquels il a ajouté d'autres fragments ( Eilhat d'Oberg, fragments anonymes...) pour constituer un récit faisant aujourd'hui référence.
Les 19 chapitres du Roman de Tristan et Iseut de Joseph Bédier
  1. Les Enfances de Tristan : Anonyme
  2. Le Morholt d'Irlande : Eilhat d'Oberg
  3. La belle aux cheveux d'Or : Eilhat d'Oberg
  4. Le Philtre : Eilhat d'Oberg
  5. Brangien livrée aux cerfs : Eilhat d'Oberg
  6. Le Grand Pin : Béroul
  7. Le Nain Frocin : Béroul
  8. Le saut de la chapelle : Béroul
  9. La forêt de Morois : Béroul
  10. L'Ermite Ogrin : Béroul
  11. Le gué aventureux : Béroul
  12. Le jugement par le fer rouge : Anonyme
  13. La Voix du Rossignol : Anonyme
  14. Le grelot merveilleux : Anonyme
  15. Iseut aux blanches mains : Thomas d'Angleterre
  16. Kaherdin : Thomas d'Angleterre
  17. Dinas de Lidan : Thomas d'Angleterre
  18. Tristan fou : Thomas d'Angleterre
  19. La Mort : Thomas d'Angleterre

LES GRANDS THEMES
L’AMOUR

-              AMOUR FATAL : en effet, c’est par hasard , contre leur volonté, que T. et Y. s’aiment : la potion magique annihile l’exercice de la raison, les amants sont dépossédés de leur liberté. Ils subissent une attirance irrésistible et incontrôlable. En aucun cas on ne peut juger leur relation coupable. Les amants ne peuvent pas lutter contre leur sentiment. C’est la faillite du libre arbitre. Les amants constatent que depuis 3 ans ( la durée de l’effet du philtre) il n’ont eu que du malheur et souffrances. L’amour n’est donc pas synonyme de bonheur et d’épanouissement. Mais si les amants s’aiment dans un premier temps sans le vouloir, leur amour perdure par delà l’effet du philtre et devient une véritable passion.

-          AMOUR PASSION : il est certain que l’amour des amants est sincère et fort et que, conscient de leur amour ils ne tenteront jamais de lutter contre la passion. On peut parler alors de culpabilité, dans la mesure où c’est en toute connaissance de cause qu’il commettent adultère.

LE DESORDRE

-              DESORDRE SOCIAL : T. manque aux règles de la féodalité : le roi Marc est son suzerain, il lui doit respect, loyauté et obéissance. Par ailleurs, en qualité de futur héritier du trône T. devrait être un chevalier modèle, or il néglige ses devoirs   et il consacre toutes ses énergies à donner des rendez-vous à Y. Elle doit respect et fidélité à son mari, en le trompant elle ruine l’autorité du roi. Le retour à l’ordre établi est un désir soit de T. soit d’Y. Néanmoins nous sommes obligés de constater que si T. et Y. éprouvent des repentirs sincères, il continueront à bafouer les lois du mariage et poursuivront leur relation adultère.

-              DESORDRE MORAL : dans la société féodale du 12ème  siècle, le pouvoir politique  doit être en harmonie avec le pouvoir religieux : l’église  prie pour le salut du roi et de son royaume, le roi et sa cour doivent défendre l’église et ses principes. Y., femme adultère bafoue les lois du mariage et T. trahit le devoir d’obéissance. Tous deux vivent donc dans le pêché.  Ils ne sont pas responsables de leur amour, donc ils ne sont pas coupables, à la limite on pourrait les considérer comme des victimes ; c’est seulement quand ils seront libérés du philtre qu’ils reconnaîtront leur faute.

LA SOUFFRANCE

Amour et souffrance sont étroitement liés.
Sitôt que cesse l’effet du philtre, l’amour est vécu  comme un sentiment qui génère le mal et dès lors se quitter devient nécessaire au nom de la raison mais intolérable au nom de leur passion réciproque. La souffrance des amants résulte de la soumission à un ordre social et moral.

UN AMOUR COURTOIS ?
La fin’amor est un idéal amoureux chanté d’abord par les troubadours dès le 12ème siècle. Cet idéal invite à l’amour parfait ; c’est un art d’aimer qui a ses règles, ses codes et ses rites :
-          La dame aimée est noble et elle est mariée. Son amant est d’un niveau social inférieur et célibataire.
-          La dame n’est pas acquise à son amants, elle doit être conquise.
-          L’amant doit rendre hommage à sa dame et faire preuve d’un dévouement total
-          L’amant voue un véritable culte à sa dame et fait sans cesse l’éloge de sa beauté et de ses qualités
-          Pour mériter le cœur de sa dame l’Amant doit accomplir des prouesses et subir des épreuves pour valider sa fidélité et sa passion
-          La possession de la femme aimée n’est pas ce qui prévaut dans la fin’amor : c’est d’abord l’intensité des sentiments qui déterminent l’amant courtois.
-          La souffrance est le corollaire de la fin’amor

L’AMOUR DE TRISTAN ET YSEUT EST-IL COURTOIS ?
Tant que les amants sont sous l’effet du philtre nous ne pouvons en aucun cas évoquer l’amour courtois puisque c’est un amour fatal et indépendant de leur volonté qui les unit.
Même lorsque  cesse l’effet du breuvage on ne peut pas parler d’amour courtois :

-le code de conduite de T n’est pas véritablement celui d’un amant courtois : Yseut est déjà conquise.
Le danger et les obstacles sont vite évincés et la fin du texte laisse les aimant libres de s’aimer.
Mais surtout l’amour est réciproque.  Y. aime Tristan autant que T. aime Y. et ils éprouvent les mêmes souffrances.
Tristan et Yseut de Béroul et Thomas, Anne Berthelot ( Nathan)
Le Roman de Tristan et Iseut ,par Valérie Lackovic ( Ellipses)
  Influence des romans antiques
Même si les motifs de Tristan sont directement liés à ceux de mythes celtiques, d’établir des relations entre les romans antiques et les romans de Tristan, notamment celui de Thomas. En effet, les caractéristiques les plus originales de ce dernier par rapport à la version commune, comme la multiplication des monologues et des commentaires au détriment du récit pur, semblent empruntées au roman antique. Elles sont la base d’une réflexion sur l’amour au sein même du roman qui se rapproche des préoccupations de certains romans antiques. Surtout, et ici de façon plus générale, les romans de Tristan, même si aucun n'est complet, retracent le parcours du héros de sa naissance jusqu’à sa mort. Ils se caractérisent par ce que Baumgartner appelle dans son étude Tristan et Iseut : de la légende aux récits en vers une « structure biographique » qui calque « le temps du récit sur le modèle du temps humain ». Cette structure est héritée en droite ligne des romans antiques.

À partir de cette légende, Richard Wagner a composé un opéra intitulé Tristan und Isolde (création en 1865).











vendredi 2 janvier 2015

Bonne et Inutile Année 2015 !!!!







Je me souviens que j'avais  feuilleté en janvier dernier

 Le Monde des Livres  

et j'avais été  tout de suite sidéré par cet article 

de Jean Birbaum

 introduisant  la parution en France de


Je ne connais, malheureusement ,  ni l’auteur (italien ! pourtant )
ni son livre, mais je trouve que le commentaire du journaliste adhère
parfaitement à la fonction que l’école devrait avoir  « dans cette
période de crise … »


« Quand triomphent l’utilitarisme et l’égoïsme le plus sinistre … il faut réaffirmer la valeur essentielle des activités qui résistent à la pure logique marchande. En ce début d’une année qui s’annonce rude, gardons en tête ce précieux adage : la littérature et les idées sont d’autant plus fécondes qu’elles passent pour futiles ; c’est leur gratuité même qui donne du prix à nos existences »




Bonne et inutile année 2015 !






Un de ses élèves demanda un jour à Euclide quel avantage il pourrait retirer de son enseignement. Le grand mathématicien fit alors venir un esclave et lui ordonna de donner une obole à cet étudiant. "Parce qu'il a besoin de tirer un profit de ce qu'il apprend...", lança le Maître, cinglant. Nuccio Ordine commente la scène dans un bref essai intitulé L'Utilité de l'inutile, à paraître aux Belles Lettres (158 p., 5,50 €, en librairie le 16 janvier). Ce spécialiste des études littéraires et de la Renaissance, qui enseigne en Italie mais aussi aux Etats-Unis et en France, propose là un texte idéal pour bien commencer l'année.
Sous-titré Manifeste, son livre est composé comme un florilège de citations qui valent bonnes résolutions pour 2013. Signés Pétrarque, Kant, Leopardi ou Calvino, ces aphorismes convergent tous vers une même conviction : les amis de la littérature et du savoir ont le droit de refuser toute obligation de rendement immédiat, toute finalité purement pratique ou "profitable" ; ils ont donc le devoir de demeurer fidèles à l'éthique d'une recherche désintéressée. "Si on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art", tranchait Ionesco. Cela vaut tout autant pour les sciences, rappelait jadis le pédagogue américain Abraham Flexner dans un texte publié en annexe dans le même volume et traduit pour la première fois en français : la plupart des découvertes fondamentales qui ont fait progresser l'humanité ont été l'oeuvre d'individus qui étaient animés par la simple envie de satisfaire leur curiosité, écrivait Flexner en 1939.
C'est dans les périodes de crise, ajoute pour sa part Nuccio Ordine, quand triomphent"l'utilitarisme et l'égoïsme le plus sinistre", qu'il faut réaffirmer la valeur essentielle des activités qui résistent à la pure logique marchande. En ce début d'une année qui s'annonce rude, gardons en tête ce précieux adage : la littérature et les idées sont d'autant plus fécondes qu'elles passent pour futiles ; c'est leur gratuité même qui donne du prix à nos existences. En 2013, faisons voeu d'inutilité !


Jean Birnbaum










jeudi 1 janvier 2015

Bonne et Fructueuse Année 2015 : "Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends." Benjamin Franklin




Bonne et Fructueuse Année 2015 


d'abord à 

ceux qui participent fréquemment 

 Beatrice F., Imen D., Morgana C., 

Camilla G., Giulia D., 

Luca T., Paolo T., Michele C., 

Matilde V., Margherita C., de IV D






« Tu me dis, j'oublie. 

Tu m'enseignes, je me souviens. 

Tu m'impliques, j'apprends. »

 Benjamin Franklin


et après  à ceux qui croient s'en passer ...

S'il est vrai que M. Franklin a  conçu

le paratonnerre

je souhaite que mes élèves 

puissent utiliser ce site avant que la 

foudre ne les  attrape  !!!






. . .





Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine
Ça vaut mieux que d'avaler d'la mort-aux-rats
Ça vaut mieux que de sucer d'la naphtaline
Ça vaut mieux que d'faire le zouave au Pont d'l'Alma.


Nous avons plutôt tendance
À prendre la vie tristement
Et dans bien des circonstances
On s'affole inutilement
Quelle que soit notre malchance
Dites-vous que ce n'est rien
Tout ça n'a pas d'importance
Car si l'on réfléchit bien.

Dans l'métro quand il y a foule
On n'sait pas où s'accrocher
Et tandis que le train roule
On ne fait que trébucher
L'autre jour quelqu'un s'exclame:
- Mais vous m'attrapez les seins !
J'lui ai répondu: - Madame
Y a pas d'quoi faire ce potin.

On a la triste habitude
De couper la queue des chiens
Des gens plein d'sollicitude
Trouvent que cela n'fait pas bien
Cette p'tite queue que l'on mutile
Dit quelqu'un, c'est pas joli,
Mais d'une façon subtile
Blumenthal dit à Lévy:

Non chanté ici
Un vieil ami d'Angoulême
M'avait invité chez lui
Sa maison est du quinzième
C'est vieux mais c'est très gentil
Admirant ses jolies choses
Je lui demandai soudain:
- Où sont donc les water choses ?
Il me dit: chez le voisin.

Il y avait une dame 
qui pour avoir un enfant
Tous les jours à Notre dame
Allait implorer Saint Jean
Un beau jour elle devint’ mère
De trois enfants d’un seul coup
Ell’crie : Saint Jean t’exagères
Saint Jean lui dit Calmez vous



L'autre jour un vieux satyre
Devait être guillotiné
Pour avoir, c'est triste à dire
Violé un garçon boucher
Avant qu'on lui coupe la tête
Le bourreau sans s'affoler
Lui offrit une cigarette
Et lui dit pour l'consoler...

Dans un hôtel de province
Je n’pouvais dormir la nuit
Les cloisons étaient très minces
Mes voisins faisaient du bruit
Soudain j’entendis : Arrête 
Arrête un peu Nicolas
Tu m’as mordu la luette
L’autr dit : T’en fais pas pour ça 

Un soir chez une douairière
De soixante ans bien sonnés
Des bandits masqués entrèrent
Et voulurent la violenter
Son mari criait - Arrière !
J’aimerais mieux que l'on me tue
Mais noblement la douairière
Lui dit : De quoi te mêles-tu

Ma petite amie Sophie
Me trompe avec un lutteur
Oui mais moi je me méfie
Pour punir le séducteur
Je rentre sans crier gare
En pensant j’avais l’écorcher
Mais devant c’gars malabar
J’ai dit d’un air détaché

Je n’connais pas l’orthographe
J’suis pas la seul à Paris
Et souvent j’commets des gaffes
Ca déplait à mon mari
L’autr’ jour il me dit : caresse
Ca s’écrit avec un C
Je répondis tout d’un’ pièce
Avec un Q c’est plus gai 

Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine
Ça vaut mieux que d'avaler le Pont d'l'Alma
Ça vaut mieux que du vinaigre dans les sardines
Ça vaut mieux que d'faire le zouave chez Ventura.






[Baloo] 

Il en faut peu pour être heureux 
Vraiment très peu pour être heureux 
Il faut se satisfaire du nécessaire 
Un peu d'eau fraîche et de verdure 
Que nous prodigue la nature 
Quelques rayons de miel et de soleil. 

Je dors d'ordinaire sous les frondaisons 
Et toute la jungle est ma maison 
Toutes les abeilles de la forêt 
Butinent pour moi dans les bosquets 
Et quand je retourne un gros caillou 
Je sais trouver des fourmis dessous. 
- Essaye c'est bon, c'est doux, oh! 

Il en faut vraiment peu, 
Très peu pour être heureux ! 
[Mowgli] - Mais oui ! 
[Baloo] Pour être heureux. 

Il en faut peu pour être heureux 
Vraiment très peu pour être heureux 
Chassez de votre esprit tous vos soucis 
Prenez la vie du bon côté 
Riez, sautez, dansez, chantez 
Et vous serez un ours très bien léché ! 

Cueillir une banane, oui 
Ça se fait sans astuce 
[Mowgli] 
Aïe ! 


[Baloo] Mais c'est tout un drame 
Si c'est un cactus 
Si vous chipez des fruits sans épines 
Ce n'est pas la peine de faire attention 
Mais si le fruit de vos rapines 
Est tout plein d'épines 
C'est beaucoup moins bon ! 
- Alors petit, as-tu compris ? 
Il en faut vraiment peu, 
Très peu, pour être heureux ! 
[Mowgli] - Pour être heureux ? 
Pour être heureux ! 

[Baloo] 
Et tu verras qu' tout est résolu 
Lorsque l'on se passe 
Des choses superflues 
Alors tu ne t'en fais plus. 
Il en faut vraiment peu, très peu, pour être heureux. 

[Baloo & Mowgli] 
Il en faut peu pour être heureux 
Vraiment très peu pour être heureux 
Chassez de votre esprit 
Tous vos soucis ... Youpi 
Prenez la vie du bon côté 
Riez, sautez, dansez, chantez 
Et vous serez un ours très bien léché ! 
- Waouh ! 
Et vous serez un ours très bien léché. 

[Mowgli] 
Youpi !