Je me souviens que j'avais feuilleté en janvier dernier
Le Monde des Livres
et j'avais été tout de suite sidéré par cet article
de Jean Birbaum
introduisant la parution en France de
Je ne connais, malheureusement , ni l’auteur (italien ! pourtant )
ni son livre, mais je trouve que le commentaire du journaliste adhère
parfaitement à la fonction que l’école devrait avoir « dans cette
période de crise … »
« Quand triomphent l’utilitarisme et l’égoïsme le plus sinistre … il faut réaffirmer la valeur essentielle des activités qui résistent à la pure logique marchande. En ce début d’une année qui s’annonce rude, gardons en tête ce précieux adage : la littérature et les idées sont d’autant plus fécondes qu’elles passent pour futiles ; c’est leur gratuité même qui donne du prix à nos existences »
Bonne et inutile année 2015 !
Un de ses élèves demanda un jour à Euclide quel avantage il pourrait retirer de son enseignement. Le grand mathématicien fit alors venir un esclave et lui ordonna de donner une obole à cet étudiant. "Parce qu'il a besoin de tirer un profit de ce qu'il apprend...", lança le Maître, cinglant. Nuccio Ordine commente la scène dans un bref essai intitulé L'Utilité de l'inutile, à paraître aux Belles Lettres (158 p., 5,50 €, en librairie le 16 janvier). Ce spécialiste des études littéraires et de la Renaissance, qui enseigne en Italie mais aussi aux Etats-Unis et en France, propose là un texte idéal pour bien commencer l'année.
Sous-titré Manifeste, son livre est composé comme un florilège de citations qui valent bonnes résolutions pour 2013. Signés Pétrarque, Kant, Leopardi ou Calvino, ces aphorismes convergent tous vers une même conviction : les amis de la littérature et du savoir ont le droit de refuser toute obligation de rendement immédiat, toute finalité purement pratique ou "profitable" ; ils ont donc le devoir de demeurer fidèles à l'éthique d'une recherche désintéressée. "Si on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art", tranchait Ionesco. Cela vaut tout autant pour les sciences, rappelait jadis le pédagogue américain Abraham Flexner dans un texte publié en annexe dans le même volume et traduit pour la première fois en français : la plupart des découvertes fondamentales qui ont fait progresser l'humanité ont été l'oeuvre d'individus qui étaient animés par la simple envie de satisfaire leur curiosité, écrivait Flexner en 1939.
C'est dans les périodes de crise, ajoute pour sa part Nuccio Ordine, quand triomphent"l'utilitarisme et l'égoïsme le plus sinistre", qu'il faut réaffirmer la valeur essentielle des activités qui résistent à la pure logique marchande. En ce début d'une année qui s'annonce rude, gardons en tête ce précieux adage : la littérature et les idées sont d'autant plus fécondes qu'elles passent pour futiles ; c'est leur gratuité même qui donne du prix à nos existences. En 2013, faisons voeu d'inutilité !
Jean Birnbaum
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