jeudi 10 mars 2016

Massilia Sound System : "Tout le monde ment"



Voici la dernière proposition de Marie 

pour les  classes de IV et V D 

dédiée aux menteurs ...

d'autant plus qu'il y en a énormément!



Milan - Paolo Venturini





Tout Le Monde Ment

Tout le monde ment,
Tout le monde ment,
Le gouvernement
Ment énormément !

Le physique ment, le mental ment,
Le vulgaire ment et le poli ment,
Le béat te ment et le triste ment
Et le sage ment et l'idiot te ment.
Oui, l'idiot te ment et le sensé ment,
L'illogique ment et le carré ment,
La cruelle ment et la bonne ment,
Y a que ma maman qui ment rarement.

Le sauvage ment et le paisible ment,
Le social ment et l'isolé ment,
L'unanime ment et l'à part te ment,
Si le zélé ment, l'illégal ment.
L'illégal ment, le pénal ment,
Oui, le châtiment immédiat te ment,
Et le juge ment et l'amende ment.
Et le garnement ment certainement.

Le docile ment, l'affranchi se ment,
Le laïc ment, le dévot te ment,
L'éternel ment mais le diable ment,
Oui, assurément, cet enfer me ment.
C'est l'enfermement, le réel ment,
Le 3ème ment, la 2ème ment,
Sur l'événement la 1ère ment,
C'est du boniment continuellement.

Si la vache ment alors le pis ment
Et si le pis ment alors le lait ment,
Bien sur la jument et le caïman,
Dans l'eau, le sar ment, le chevesne ment,
Le Chevènement et l'Allègre ment
Et la droite ment et l'extrême ment,
Politiquement l'investi se ment
Et le Parlement ment communément.


Le terrible ment et le gentil ment,
Le brutal ment et le doux se ment,
Le tranquille ment, le féroce ment,
L'héroïque ment, l'ordinaire ment.
Ordinairement, bien sûr l'arme ment
Et, au régiment, le général ment,
Le stupide ment, pas de traitement,
Le médical ment, y a pas de calmant.


Milan - Paolo Venturini


mercredi 9 mars 2016

ESSAI BREF : BEATRICE RIZZI “RENCONTRES: L’AUTRE, LE HASARD ET LA NECESSITE”


Le COLLOQUE DES ELEVES ESABAC 

a été reporté au mercredi 23 mars prochain









“RENCONTRES: L’AUTRE, LE HASARD ET LA NECESSITE”

“I wonder if I’ll ever see you again”. Cette phrase de Lenny Kravitz résume les émotions, les attentes et le désir d’une rencontre avec l’Autre. Mais qui est l’Autre ? Qu’est-ce qui reste d’une rencontre ? Pourquoi nous en avons besoin ?

Les réponses à ces questions sont plusieures. L’Autre est une personne différente de nous, avec une histoire que nous pouvons seluement imaginer en le regardant accomplir des actions. Généralement, avec se terme, on indique un inconnu : Mme de Rênal ne connaît pas Julien au point qu’il lui semble une “jeune fille deguisée” ; le maître nageur Simon ne connaît ni le jeune Kurde ni son histoire.
Mais l’Autre peut être aussi quelqu’un dont on a entendu parler ou qui nous rappelle un épisode de notre vie : Federigo “connaît” de quelque façon l’Innomainato, parce qu’il est un“ frère” qu’il a “tanto amato e pianto” mais, surtout, il est celui qu’il aurait “più desiderato d’accogliere e d’abbracciare” ; Cosette retrouve dans l’homme une figure paternelle qui lui donne de l’espérance tandis que l’homme tremble dans sa voix comme si elle lui rappellait un moment de sa vie.
Enfin, l’Autre peut être une personne qui nous aimons : Barbara est aimée du poète même s’ils ne se connaient pas complètement.
Pendant notre vie on est “obligé” de rencontrer quelqu’un, soit pour quelques seconds à travers un échange de regards, soit pour une vie entière, soit pour une partie de l’existence. Les documents 1 et 4 expriment l’importance du regard : l’insistance sur le champ lexical de la vue débouche sur une phrase : “Ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder” : les émotions des protagonistes convergent sur cette action, à la base de leur future relation. La même importance du regard est donnée par Manzoni à travers une étrange rencontre. “L’occhio” montre une partie de la personnalité du personnage : dans les yeux de l’Innominato on voit un contraste entre le feu du “tormento interno” et le désir de l’espoir ; dans ceux de Federigo on aperçoit un âme sévère et, en meme temps, en paix. Même dans le film “Welcome” Simon et le jeune Kurde jouent avec les regards pour se trouver et se comprendre ; cet aspect est évident aussi dans la photo du document.
Dans les documents 2 et 3, une majeure attention est donnée à la voix : le poète “a crié” son “nom”, il a dit de leur amour à tout le monde ; l’espérance et la joie de Cosette sont possibles seulement après un échange de paroles et de silences aussi. En réalité n’importe quel sens ouvre la rencontre. Tousjours l’homme subit un changement, en apprenant quelque chose. Les joues de Julien deviennent “roses” tandis qu’elles étaient “pâles” d’abord : il prend de la ‘couleur’ parce que la vie de l’homme est composée d’infinies rencontres qui lui donne un sens. Barbara laisse au poète le souvenir de leur amour que personne ne doit oublier : il a peur que le temps puisse effacer ces moments qui ont changé sa vie et que “il ne rest rien”. Cosette découvre un sentiment de joie et d’espoir qui s’éleve “vers le ciel”, comme un prière, même si elle ne l’avait jamais apprise ; l’homme tremble dans la voix, il ne peut rester indifférent : il suffit d’un mot ou d’une expression pour être frappé dans son âme. L’âme de l’Innominato l’opprime, elle est en flammes pour sa rencontre avec Dieu : même si on ne veut pas, certaines rencontres sont celles qui nous changent le plus. Et enfin, Simon comprend le sens de l’amour et de la solidarité avec le rapport qui s’instaure avec le jeune Kurde.
On se demande souvent pourquoi les rencontres arrivent. Quelquefois par hasard, on se rencontre sous la pluie comme Prévert ; quelquefois par nécessité, on doit accomplir une tâche comme Julien, Mais on pourrait plutôt penser que leur interprétation est une nécessité : Cosette avait besoin de cette figure, c’est pourquoi elle a acquis de l’espérance ; l’Innominato cherchait des réponses et il a été éclairé dans l’âme par cette double rencontre (avec Dieu et avec Federigo).

On peut donc conclure que l’Autre est une nécessité pour comprendre nous même, mais les rencontres avec cette source de lumière peuvent arriver par hasard ou par nécessité. En tous cas, l’Autre devient une partie de notre histoire, partie que nous ne pouvons et que nous ne voulons pas oublier.

Rizzi Beatrice, III D  ESABAC  

a)    saggio breve

Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto (circa 600 parole).

« Rencontres :  L’Autre,  le hasard et la nécessité … »

Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d'entrée la figure d'un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette.
Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d'abord l'idée que ce pouvait être une jeune fille deguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d'entrée, et qui évidemment n'osait pas lever la main jusqu'à la sonnette. Mme de Rênal s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur. Julien tourné vers la porte, ne la voyait pas s'avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui dit tout près de l'oreille :
 – Que voulez-vous ici, mon enfant ?
Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait faire. Mme de Rénal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu'il essuyait de son mieux.
Mme de Rênal resta interdite; ils étaient fort près l'un de l'autre à se regarder. Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d'une jeune fille; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
Stendhal Le Rouge et le Noir


Barbara
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.                                                           
Jacques Prévert, Paroles



Cosette, nous l’avons dit, n’avait pas eu peur.
L’homme lui adressa la parole. Il parlait d’une voix grave et presque basse.
– Mon enfant, c’est bien lourd pour vous ce que vous portez là.
Cosette leva la tête et répondit :
– Oui, monsieur.
– Donnez, reprit l’homme. Je vais vous le porter.
Cosette lâcha le seau. L’homme se mit à cheminer près d’elle.
– C’est très lourd, en effet, dit-il entre ses dents. Puis il ajouta :
– Petite, quel âge as-tu?
– Huit ans, monsieur.
– Et viens-tu de loin comme cela?
– De la source qui est dans le bois.
– Et est-ce loin où tu vas?
– A un bon quart d’heure d’ici.
L’homme resta un moment sans parler, puis il dit brusquement :
– Tu n’as donc pas de mère?
– Je ne sais pas, répondit l’enfant.
Avant que l’homme eût eu le temps de reprendre la parole, elle ajouta :
– Je ne crois pas. Les autres en ont. Moi, je n’en ai pas.
Et après un silence, elle reprit :
– Je crois que je n’en ai jamais eu.
L’homme s’arrêta, il posa le seau à terre, se pencha et mit ses deux mains sur les deux épaules de l’enfant, faisant effort pour la regarder et voir son visage dans l’obscurité.
La figure maigre et chétive de Cosette se dessinait vaguement à le lueur livide du ciel.
– Comment t’appelles-tu? dit l’homme.
– Cosette.
L’homme eut comme une secousse électrique. Il la regarda encore, puis il ôta ses mains de dessus les épaules de Cosette, saisit le seau, et se remit à marcher.
Au bout d’un instant, il demanda :
– Petite, où demeures-tu?
– A Montfermeil, si vous connaissez.
– C’est là que nous allons?
– Oui, monsieur.
Il fit encore une pause, puis recommença :
– Qui est-ce donc qui t’a envoyée à cette heure chercher de l’eau dans le bois?
– C’est madame Thénardier.
L’homme repartit d’un son de voix qu’il voulait s’efforcer de rendre indifférent, mais où il y avait pourtant un tremblement singulier :
– Qu’est-ce qu’elle fait, ta madame Thénardier?
– C’est ma bourgeoise, dit l’enfant. Elle tient l’auberge.
– L’auberge? dit l’homme. Eh bien, je vais aller y loger cette nuit. – Conduis-moi.
– Nous y allons, dit l’enfant.
L’homme marchait assez vite. Cosette le suivait sans peine. Elle ne sentait plus la fatigue. De temps en temps, elle levait les yeux vers cet homme avec une sorte de tranquillité et d’abandon inexprimables. Jamais on ne lui avait appris à se tourner vers la providence et à prier. Cependant elle sentait en elle quelque chose qui ressemblait à de l’espérance et à de la joie et qui s’en allait vers le ciel.
 Victor Hugo Les Misérables


Appena introdotto l'innominato, Federigo gli andò incontro, con un volto premuroso e sereno, e con le braccia aperte, come a una persona desiderata, e fece subito cenno al cappellano che uscisse: il quale ubbidì.
I due rimasti stettero alquanto senza parlare, e diversamente sospesi. L'innominato, ch'era stato come portato lì per forza da una smania inesplicabile, piuttosto che condotto da un determinato disegno, ci stava anche come per forza, straziato da due passioni opposte, quel desiderio e quella speranza confusa di trovare un refrigerio al tormento interno, e dall'altra parte una stizza, una vergogna di venir lì come un pentito, come un sottomesso, come un miserabile, a confessarsi in colpa, a implorare un uomo: e non trovava parole, né quasi ne cercava. Però, alzando gli occhi in viso a quell'uomo, si sentiva sempre più penetrare da un sentimento di venerazione imperioso insieme e soave, che, aumentando la fiducia, mitigava il dispetto, e senza prender l'orgoglio di fronte, l'abbatteva, e, dirò così, gl'imponeva silenzio.
La presenza di Federigo era infatti di quelle che annunziano una superiorità, e la fanno amare. Il portamento era naturalmente composto, e quasi involontariamente maestoso, non incurvato né impigrito punto dagli anni; l'occhio grave e vivace, la fronte serena e pensierosa; con la canizie, nel pallore, tra i segni dell'astinenza, della meditazione, della fatica, una specie di floridezza verginale: tutte le forme del volto indicavano che, in altre età, c'era stata quella che più propriamente si chiama bellezza; l'abitudine de' pensieri solenni e benevoli, la pace interna d'una lunga vita, l'amore degli uomini, la gioia continua d'una speranza ineffabile, vi avevano sostituita una, direi quasi, bellezza senile, che spiccava ancor più in quella magnifica semplicità della porpora.
Tenne anche lui, qualche momento, fisso nell'aspetto dell'innominato il suo sguardo penetrante, ed esercitato da lungo tempo a ritrarre dai sembianti i pensieri; e, sotto a quel fosco e a quel turbato, parendogli di scoprire sempre più qualcosa di conforme alla speranza da lui concepita al primo annunzio d'una tal visita, tutt'animato, - oh! - disse: - che preziosa visita è questa! e quanto vi devo esser grato d'una sì buona risoluzione; quantunque per me abbia un po' del rimprovero!
- Rimprovero! - esclamò il signore maravigliato, ma raddolcito da quelle parole e da quel fare, e contento che il cardinale avesse rotto il ghiaccio, e avviato un discorso qualunque.
- Certo, m'è un rimprovero, - riprese questo, - ch'io mi sia lasciato prevenir da voi; quando, da tanto tempo, tante volte, avrei dovuto venir da voi io.
- Da me, voi! Sapete chi sono? V'hanno detto bene il mio nome?
- E questa consolazione ch'io sento, e che, certo, vi si manifesta nel mio aspetto, vi par egli ch'io dovessi provarla all'annunzio, alla vista d'uno sconosciuto? Siete voi che me la fate provare; voi, dico, che avrei dovuto cercare; voi che almeno ho tanto amato e pianto, per cui ho tanto pregato; voi, de' miei figli, che pure amo tutti e di cuore, quello che avrei più desiderato d'accogliere e d'abbracciare, se avessi creduto di poterlo sperare. Ma Dio sa fare Egli solo le maraviglie, e supplisce alla debolezza, alla lentezza de' suoi poveri servi.
L'innominato stava attonito a quel dire così infiammato, a quelle parole, che rispondevano tanto risolutamente a ciò che non aveva ancor detto, né era ben determinato di dire; e commosso ma sbalordito, stava in silenzio. - E che? - riprese, ancor più affettuosamente, Federigo: - voi avete una buona nuova da darmi, e me la fate tanto sospirare?
- Una buona nuova, io? Ho l'inferno nel cuore; e vi darò una buona nuova? Ditemi voi, se lo sapete, qual è questa buona nuova che aspettate da un par mio.
- Che Dio v'ha toccato il cuore, e vuol farvi suo, - rispose pacatamente il cardinale.
- Dio! Dio! Dio! Se lo vedessi! Se lo sentissi! Dov'è questo Dio?
- Voi me lo domandate? voi? E chi più di voi l'ha vicino? Non ve lo sentite in cuore, che v'opprime, che v'agita, che non vi lascia stare, e nello stesso tempo v'attira, vi fa presentire una speranza di quiete, di consolazione, d'una consolazione che sarà piena, immensa, subito che voi lo riconosciate, lo confessiate, l'imploriate?
- Oh, certo! ho qui qualche cosa che m'opprime, che mi rode! Ma Dio! Se c'è questo Dio, se è quello che dicono, cosa volete che faccia di me?
 Alessandro Manzoni I Promessi Sposi XXIII




lundi 7 mars 2016

Alessandro Leone "Che l’occhio buono aiuti l’occhio cattivo a guardare il vero" Fuocoammare.



Dans l'attente de voir ce film 

et de retrouver les portes ouvertes de 

FILMSTUDIO90



Voici la présentation de 

Alessandro Leone

qui va aider mes élèves à préparer de bonnes
 critiques dans notre prochaine aventure :
la participation 
au Festival de Cannes 2016




Sono tempi difficili a Varese, dove questa rivista “alloggia” da anni, stretta tra i guanciali di Filmstudio 90, associazione e cineclub. Sono tempi difficili a Filmstudio 90 (associazione e cineclub), costretti alla chiusura temporanea (quanto ancora?) dell’attività in Sala Macchi. La saletta in verità non è più sigillata, ma per noi rimane off-limits. Il cinema Nuovo non allevia il dolore per un’assenza che di giorno in giorno sentiamo ingiustificata.


Capita – è capitato a me – di trovarmi in un centro commerciale varesino e di incontrare un socio Filmstudio 90. “Si riapre?”, mostrandomi la tessera 2016 riposta in un taschino del giaccone. “Siamo fiduciosi”, ma nell’incertezza mi viene chiesto dove si potrà vedere Fuocoammare. Siamo nella corsia dei banchi frigo. Raggelo. Mi piacerebbe poter rispondere “Filmstudio, of course!”. Sopraggiunge una signora di mezza età. Anche lei socia. “Si riapre?”, mi chiede. Eccoci, in tre: da una parte i minestroni dall’altra le pizze surgelate, a parlare di Filmstudio come fosse una cella-frigo. Fuocoammare, certo. Tergiverso. Penso vincerà a Berlino, un premio nel cuore dell’Europa ipocrita a un film che racconta un’isola da Nobel. Un film importante, complicato, per certi versi ambiguo, da vedere però. Mi piacerebbe parlarne a Filmstudio dopo la proiezione, come spesso siamo soliti fare. Avete presente un cinema dove nessuno ti caccia via? no? non siete mai stati a Filmstudio 90.


Dunque, si conversa accesi dall’argomento e sotto il candore della luce al neon. Non riesco a focalizzare l’immediato futuro. Non è la miopia, ma un occhio pigro che mi disorienta. Le distanze mentono. Col senno di poi, però, su Gianfranco Rosi ci avevo visto giusto. Il film sbanca Berlino, ma attenti a chiamarlo documentario. Certo si rimane agghiacciati a vedere ciò che l’informazione nazionale non mostra: Rosi sale con la sua macchina da presa sulla Cigala Fulgosi della Marina Italiana e filma il più brutale degli spettacoli durante un’operazione di salvataggio. Poi però mette un occlusore all’occhio destro di Samuele Puccillo, che non è un bambino qualsiasi di Lampedusa, ma il fratellino di Filippo Puccillo, già attore di Crialese e, prossimamente, per una fiction Rai ambientata proprio a Lampedusa. Allora, visto che stiamo parlando di docufiction, perché le immagini crude del dramma si avvicendano a quelle costruite sulle vite di (poca in verità) gente lampedusana, mi chiedo se quell’occlusore sia una trovata di sceneggiatura o meno. E’ il problema di questo film: il dubbio costante su cosa sia reale e cosa costruito. Niente di male, ma sembra una scatola confezionata per raccogliere le immagini più spietate che arrivano dal mare nostro, a svantaggio dei lampedusani, il cui dramma – loro vedono, vedono davvero, ogni giorno, al limite della sopportazione, con occhi sani – è raccontato unicamente da un medico.


Consiglio la visione ai miei interlocutori, prima di congedarli in una corsia fredda di un ipermercato altrettanto freddo, in cui, improvvisamente, l’ordine delle merci mi pare una pura provocazione. Andate a vedere Fuocoammare, poi uscite dal cinema e correte in un ipermercato. Vi sembrerà di guardare la vita con un occlusore, con l’urgenza di educare il vostro occhio pigro, che coincide poi con una zona precisa del cervello. E’ semplice, banale, scontato, da Tv generalista? E’ però l’idea di Rosi che chiude l’occhio buono per aiutare quello malato, nella speranza di fare fuoco su una tragedia che nella quotidiana esperienza di morte ha smesso di sorprenderci.

Se ne riparla a Filmstudio. Sempre che l’occhio buono aiuterà l’occhio cattivo a guardare il vero.




dimanche 6 mars 2016

Zebda "La butte rouge"...



La première guerre mondiale occupe 

les esprits de mes élèves de III D ESABAC

voici 1 chanson et 2 liens intéressants















La butte rouge, c'est son nom,, le baptême se fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent, roulèrent dans le ravin
Aujourd'hui il y a des vignes, il y pousse du raisin
Qui boit de ce vin-là boit les larmes
  des copains

Sur cette butte-là, il n’y avait pas de gigolette,
Pas de marlous , ni de beaux muscadins.
Ah, c'était loin du moulin de la  galette,
Et de paname, qu'est le roi des patelins

Ce qu'elle en a bu, de larmes  cette terre,
larmes 
 d'ouvriers et larmes de paysans,
Car les bandits, qui sont cause des guerres,
Ne pleurent jamais,
  car ce sont des tyrans

La butte rouge, c'est son nom,, le baptême se fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent, roulèrent dans le ravin
Aujourd'hui il y a des vignes, il y pousse du raisin
Qui boira de ce vin-là boira le sang des copains

Sur cette butte-là, on n'y faisait pas la noce,
comme à Montmartre où le champagne coule à flots.
Mais les pauvres gars qui avait laissé des gosses,
Ils  faisaient entendre de terribles
  sanglots

Ce qu’elle en a bu, de bon sang  cette terre,
sang d'ouvriers et sang de paysans,
Car les bandits, qui sont cause de guerre,
N’en meurent
  jamais,  on ne tue que les innocents

La butte rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent roulèrent dans le ravin
Aujourd'hui y a des vignes, il y pousse du raisin
Mais moi j'y vois des croix, portant le nom des copains.

Sur cete butte-là, on y fait des vendanges,
On y entend des cris et des chansons.
Filles et gars, doucement, y échangent,
Des mots d'amour, qui donnent le frisson

Peuvent-ils songer dans leurs folles étreintes,
Qu'à cet endroit où s'échangent leurs baisers,
J'ai entendu, la nuit, monter des plaintes,
Et j'y ai vu des gars aux crânes brisés.

La butte rouge, c'est son nom, le baptême se fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent,
  roulèrent dans le ravin
Aujourd'hui il y a des vignes, il y pousse du raisin
Qui boit de ce vin-là, boit les larmes des copains


La chanson de Craonne



vendredi 4 mars 2016

ROUEN Philippe Laudou : "À qui appartient Don Juan ? "


Cours Magistral de Philippe Laudou

pour les élèves de I D ESABAC










































Dom Juan, Acte III, scène II
Sganarelle
Je veux savoir un peu vos pensées à fond. Est−il possible que vous ne croyiez point du tout au Ciel ?
Dom Juan
Laissons cela.
Sganarelle
C’est à dire que non. Et à l’Enfer ?
Dom Juan
Eh !
Sganarelle
Tout de même. Et au diable, s’il vous plaît ?
Dom Juan
Oui, oui.
Sganarelle
Aussi peu. Ne croyez−vous point l’autre vie ?
Dom Juan
Ah ! ah ! ah !
Sganarelle
Voilà un homme que j’aurai bien de la peine à convertir. Et dites−moi un peu, le Moine bourru, qu’en croyez−vous, eh !
Dom Juan
La peste soit du fat !
Sganarelle
Et voilà ce que je ne puis souffrir, car il n’y a rien de plus vrai que le Moine bourru, et je me ferais pendre pour celui−là. Mais] encore faut−il croire quelque chose [dans le monde] : qu’est−ce [donc] que vous croyez ?
Dom Juan
Ce que je crois ?
Sganarelle
Oui.
Dom Juan
Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit.
Sganarelle
La belle croyance [et les beaux articles de foi] que voilà ! Votre religion, à ce que je vois, est donc l’arithmétique ? Il faut avouer qu’il se met d’étranges folies dans la tête des hommes, et que pour avoir bien étudié on est bien moins sage le plus souvent. Pour moi, Monsieur, je n’ai point étudié comme vous. Dieu merci, et personne ne saurait se vanter de m’avoir jamais rien appris ; mais avec mon petit sens, mon petit jugement, je vois les choses mieux que tous les livres, et je comprends fort bien que ce monde que nous voyons n’est pas un champignon, qui soit venu tout seul en une nuit. Je voudrais bien vous demander qui a fait ces arbres−là, ces rochers, cette terre, et ce ciel que voilà là−haut, et si tout cela s’est bâti de lui−même. Vous voilà vous, par exemple, vous êtes là : est−ce que vous vous êtes fait tout seul, et n’a−t−il pas fallu que votre père ait engrossé votre mère pour vous faire ? Pouvez−vous voir toutes les inventions dont la machine de l’homme est composée sans admirer de quelle façon cela est agencé l’un dans l’autre : ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères, ces… ce poumon, ce coeur, ce foie, et tous ces autres ingrédients qui sont là, et qui… Oh ! dame, interrompez−moi donc si vous voulez : je ne saurais disputer si l’on ne m’interrompt ; vous vous taisez exprès et me laissez parler par belle malice.
Dom Juan
J’attends que ton raisonnement soit fini.


Sganarelle
Mon raisonnement est qu’il y a quelque chose d’admirable dans l’homme, quoi que vous puissiez dire, que tous les savants ne sauroient expliquer. Cela n’est−il pas merveilleux que me voilà ici, et que j’aie quelque chose dans la tête qui pense cent choses différentes en un moment, et fait de mon corps tout ce qu’elle veut ? Je veux frapper des mains, hausser le bras, lever les yeux au ciel, baisser la tête, remuer les pieds, aller à droit, à gauche, en avant, en arrière, tourner… (Il se laisse tomber en tournant.)



ACTE III, scène 2 - Dom Juan, Sganarelle, un pauvre.



SGANARELLE.- Enseignez-nous un peu le chemin qui mène à la ville.
LE PAUVRE.- Vous n'avez qu'à suivre cette route, Messieurs, et détourner à main droite quand vous serez au bout de la forêt. Mais je vous donne avis que vous devez vous tenir sur vos gardes, et que depuis quelque temps il y a des voleurs ici autour.
DOM JUAN.- Je te suis bien obligé, mon ami, et je te rends grâce de tout mon cœur.
LE PAUVRE.- Si vous vouliez, Monsieur, me secourir de quelque aumône.
DOM JUAN.- Ah, ah, ton avis est intéressé, à ce que je vois.
LE PAUVRE.- Je suis un pauvre homme, Monsieur, retiré tout seul dans ce bois depuis dix ans, et je ne manquerai pas de prier le Ciel qu'il vous donne toute sorte de biens.
DOM JUAN.- Eh, prie-le qu'il te donne un habit, sans te mettre en peine des affaires des autres.
SGANARELLE.- Vous ne connaissez pas Monsieur, bon homme, il ne croit qu'en deux et deux sont quatre, et en quatre et quatre sont huit.
DOM JUAN.- Quelle est ton occupation parmi ces arbres ?
LE PAUVRE.- De prier le Ciel tout le jour pour la prospérité des gens de bien qui me donnent quelque chose.
DOM JUAN.- Il ne se peut donc pas que tu ne sois bien à ton aise.
LE PAUVRE.- Hélas, Monsieur, je suis dans la plus grande nécessité du monde.
DOM JUAN.- Tu te moques; un homme qui prie le Ciel tout le jour, ne peut pas manquer d'être bien dans ses affaires.
LE PAUVRE.- Je vous assure, Monsieur, que le plus souvent je n'ai pas un morceau de pain à mettre sous les dents.
DOM JUAN.- Voilà qui est étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins; ah, ah, je m'en vais te donner un Louis d'or tout à l'heure, pourvu que tu veuilles jurer.
LE PAUVRE.- Ah, Monsieur, voudriez-vous que je commisse un tel péché ?
DOM JUAN.- Tu n'as qu'à voir si tu veux gagner un Louis d'or ou non, en voici un que je te donne si tu jures, tiens il faut jurer.
LE PAUVRE.- Monsieur.
SGANARELLE.- Va, va, jure un peu, il n'y a pas de mal.
DOM JUAN.- Prends, le voilà, prends te dis-je, mais jure donc.
LE PAUVRE.- Non Monsieur, j'aime mieux mourir de faim.
DOM JUAN.- Va, va, je te le donne pour l'amour de l'humanité, mais que vois-je là ? Un homme attaqué par trois autres ? La partie est trop inégale, et je ne dois pas souffrir cette lâcheté


mercredi 2 mars 2016

UNINSUBRIA VARESE "Conoscere per tradurre. Tradurre per creare" ou comment "Concocter un poème de son cru"







"Concocter un poème de son cru" 

par les élèves de V D filière ESABAC 

du lycée classique "E. Cairoli" de Varese

Pour un art poétique

Prenez un mot, prenez en deux 
faites les cuire comme des œufs 
prenez un petit bout de sens 
puis un grand morceau d’innocence 
faites chauffer à petit feu 
au petit feu de la technique 
versez la sauce énigmatique 
saupoudrez de quelques étoiles 
poivrez et puis mettez les voiles 
Où voulez-vous donc en venir ? 
A écrire 
Vraiment ? à écrire ?

Raymond Queneau


Il m'est impossible de publier  


tous les poèmes de mes bons élèves 

en voici une toute petite partie



TANT DE FORÊTS

Tant de forets arrachées à la terre
et massacrées
achevées
rotativées

Tant de forets sacrifiées pour la pâte à papier
des milliards de journaux
attirant annuellement l'attention des lecteurs
sur les dangers du déboisement de bois et des forets.
 Jacques Prévert

TANTE FORESTE

Tante foreste strappate alla terra
e massacrate
terminate
rotativizzate

Tante foreste sacrificate per la carta
di miliardi di giornali
che attirano annualmente l'attenzione dei lettori
sui pericoli del disboscamento di boschi e foreste.


TANT D'ENFANTS

Tant d'enfants arrachés à la vie
et maltraités
exploités
oubliés

Tant d'enfants sacrifiés pour le Coltan
de milliards de portables
qui sont offerts à Noel à tant de jeunes
après leur avoir dit d'être sages avec les autres enfants.

TANTI BAMBINI

Tanti bambini strappati alla vita
e maltrattati
sfruttati
dimenticati

Tanti bambini sacrificati per il Coltan
di miliardi di cellulari
che sono donati a Natale a tanti giovani
dopo aver detto loro di essere buoni con gli altri bambini.
Federica Balestrieri


"Avril" de Gerard Nerval

Déjà les beaux jours, - la poussière
Già  i bei giorni- il pulviscolo
Un ciel d'azur et de lumière, 
Un cielo d'azzurro e di luce
Les murs enflammés, les longs soirs
I muri infiammati, le lunghe sere;
-Et rien de vert: - à peine encore
E nulla di verde:- a mala pena ancora
Un reflet rougeâtre décore
un riflesso rossiccio decora
Les grands arbres aux rameaux noirs!
i grandi alberi dai neri ramoscelli!

Ce beau temps me pèse et m'ennuie. 
Questo bel tempo  mi pesa  e mi annoia
- Ce n'est qu'après des jours de pluie
Non è che  dopo qualche giorno di pioggia
 Que doit surgir, en un tableau,
che deve sorgere, in un quadro
Le printemps verdissant et rose,
La primavera verdeggiante e rosa,
Comme une nymphe fraîche éclose 
Come sboccia una fresca ninfa
Qui, souriante, sort de l'eau.
che sorridente, esce dall'acqua.

 "Janvier"
La poussière glaciale arrive lentement,
comme des larmes fragiles les cristaux de neige tombent,
dansent dans le ciel, embrassent le monde perdu.
Meurent désormais les arbres courbés,
ils perdent tristement leurs feuilles enflammées,
qui voltigent par l'air dans un ballet fou. ( pas d’assonance ici ou # u)

Un petit rouge-gorge vole et chante doucement,
il se fait flatter par le piquant vent,
il fuit le froid, il ne pense à rien,
le froid, qui tout détruit
le froid, qui suffoque la vie,
comme le soleil qui toujours meurt et revient.
Cova Michele


Sables mouvants
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Et toi
Comme une algue doucement caressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Mais dans tes yeux entr'ouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer.

Sabbie mobili
Demoni e meraviglie
Venti e maree
Lontano già si è ritirato il mare
E tu
Come alga dolcemente accarezzata dal vento
Nella sabbia del tuo letto ti agiti sognando
Demoni e meraviglie
Venti e maree
Lontano già si è ritirato il mare
Ma nei tuoi occhi socchiusi
Due piccole onde son rimaste
Demoni e meraviglie
Venti e maree
Due piccole onde per annegarmi.
Jacques Prévert


Feuilles
Comme feuilles,


nous naissons dans un monde heureux, 

criblé de couleurs, de lumière et d'espoir.

Comme feuilles,


nous nous habituons aux douces caresses du vent,

qui parfois disparaît,

qui parfois revient.

Comme feuilles,


nous oublions qui nous sommes,

jusqu'à ce que nous cessons vraiment de l'être.

Comme feuilles,


nous tombons,

prêts pour renaître de nouveau.


Foglie
Come foglie,


nasciamo in un mondo felice,

pieno di colori, luce e speranza.

Come foglie,


ci abituiamo alle dolci carezze del vento,

che a volte sparisce,

a volte ritorna.

Come foglie,


ci dimentichiamo chi siamo,

finchè non smettiamo veramente di esserlo.

Come foglie,


cadiamo,

pronti per rinascere di nuovo.
Mariam Errakbi



Sables mouvants

Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Et toi
Comme une algue doucement caressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s'est retirée
Mais dans tes yeux entr'ouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer

Sabbie Mobili
Demoni e meraviglie, venti e maree,
il mare si è già ritirato lontano,
e tu come un’alga
dolcemente accarezzata dal vento,
nella sabbia del tuo letto ti agiti sognando.
Demoni e meraviglie, venti e maree,
il mare si è già ritirato lontano,
ma nei tuoi occhi socchiusi,
due piccole onde son rimaste.
Demoni e meraviglie, venti e maree,
due piccole onde per annegarmi.
Jacques Prévert

Mirages et sorcières
Mirages et sorcières, nuages et gouttes,
de la fenêtre tu regardes la route,
le plomb recouvre le ciel,
il pleut sur les toits,
les maisons sont arbres,
tu es comme dans un bois.

Mirages et sorcières, nuages et gouttes
de la fenêtre tu regardes la route
tu cries, tu pleures
mais personne ne t‘écoute
 Mirages et sorcières, nuages et gouttes
le soleil est pluie et tu es muette

Miraggi e Streghe
Miraggi e streghe, nuvole e gocce,
guardi la strada dalla finestra,
il piombo copre il cielo,
piove sui tetti,
le case sono alberi,
sei come in un bosco.

Miraggi e streghe, nuvole e gocce,
guardi la strada dalla finestra,
gridi, piangi,
ma nessuno ti ascolta
Miraggi e streghe, nuvole e gocce,
il sole è pioggia e tu sei silenziosa.

Caterina Corti

MELANCHOLIA - Victor Hugo

Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement

Dove vanno tutti questi bambini di cui nemmeno uno ride?
Questi dolci esseri pensosi  che la febbre  smagrisce?
Queste ragazze di otto anni che vediamo camminare sole?
Se ne vanno a lavorare quindici ore sotto delle  macine;
Vanno, dall'alba alla sera, a fare eternamente
Nella stessa prigione  lo stesso movimento.
 
 
SULLA STRADA ASFALTATA
 
Sulla strada asfaltata                                       Sur la route goudronnée
Coperta di bianco,                                            Recouverte de blanc,
I fiocchi cadenti                                                Les flocons tombants
In un vortice stanco,                                        Dans un remous fatigué,
Il silenzio attonito                                             Le silence stupéfait
Di mille bambini:                                              De milles enfants:
Dietro, la scia                                                    Derrière, le sillage
Rossa di duemila rubini.                                  Rouge de deux mille rubis.
L’odore del sangue,                                          L'odeur du sang,
La morsa del ghiaccio,                                     En proie à la glace,
I calli fasciati                                                      Les cors couverts
D’un lurido straccio,                                         D'un chiffon crasseux,
Continua la marcia,                                          Poursuit la marche,
La lunga agonìa:                                                La longue agonie:
Dietro, la scia                                                     Derrière, le sillage
Rossa di duemila rubini.                                  Rouge de deux mille rubis. 
Chiara Jacazzi



DROIT DE REGARD

Vous
je ne vous regarde pas
ma vie non plus ne vous regarde pas
J'aime ce que j'aime
et cela seul me regarde
et me voit
J'aime ceux que j'aime
je les regarde
Ils m'en donnent droit. 



JE TOMBE

Je volais
maintenant je tombe
amoureux

toi
moi
nous étions
et plus nous ne sommes.

Je suis
et plus nous ne serons.


CADO

Volavo
ora cado
innamorato

tu
io
eravamo
e più non siamo.

Sono
e più non saremo.

Paolo Tonussi












DIRITTO DI SGUARDO

Voi
io non vi guardo
la mia vita non vi riguarda più
Io amo ciò che amo
e questo solo mi riguarda
e mi concerne
Io amo coloro che amo
e io li guardo
essi me ne danno diritto.