vendredi 6 février 2015

Gérard Lenorman "Les matins d'hiver" - "Sur le chemin de la vie"




De souvenir ... en souvenir






Je me souviens de ces matins d´hiver
Dans la nuit sombre et glacée
Quand je marchais à côté de mon frère
Sur le chemin des écoliers
Quand nos membres, encore tout engourdis
De sommeil, grelottaient sous les assauts du vent
Nous nous battions à grands coups de boules de neige
En riant

Nous arrivions dans la salle de classe
Où le maître nous séparait
Nous retrouvions chaque jour notre place
Et l´on ne pouvait plus se parler
Puis bercés par les vagues d´une douce chaleur
Que nous prodiguait le vieux poêle
Nos esprits s´évadaient pour se rejoindre ailleurs
Vers des plages

(Refrain x2)
Où il fait toujours beau, où tous les jours sont chauds 
Où l´on passe sa vie à jouer 

Sans songer à l´école, en pleine liberté,
Pour rêver

Je me souviens de l´odeur fade et chaude
De notre classe calfeutrée
Des premières lueurs pâles de l´aube
A travers les vitres givrées
Je revois les yeux tendres et les visages tristes
Qui autour de moi écoutaient
Et pendant les leçons dans mon coin je rêvais
A des îles

(refrain x2)
Où il fait toujours beau, où tous les jours sont chauds
Où l´on passe sa vie à jouer
Sans songer à l´école, en pleine liberté,
Pour rêver

La la la la la la...








Sur le chemin de l'école,
Nous avions douze ou treize ans,
Cheveux blonds et têtes folles,
Nous parlions comme des grands.
Nous avions la tête pleine
De jolis projets
Moi j'avais pour Madeleine
Un tendre secret.

Dites-moi ce qui m'entraîne,
Dites-moi d'où vient le vent
Où s'en vont ceux que l'on aime,
Dites-moi ce qui m'attend,
Où s'en vont ceux que l'on aime,
Dites-moi ce qui m'attend.

Sur le chemin de la vie
Nous nous sommes séparés,
Chacun son jeu, sa partie,
J'ai dépensé sans compter
Les amis, l'argent, les filles
Et puis mes vingt ans, 
Je n'ai pour toute famille
Qu'un petit enfant. 

Dites-moi ce qui m'entraîne,
Dites-moi d'où vient le vent
Où s'en vont ceux que l'on aime,
Dites-moi ce qui m'attend,
Où s'en vont ceux que l'on aime,
Dites-moi ce qui m'attend.

Sur le chemin de l'école,
Quand j'irai t'accompagner,
Je t'en donne ma parole,
Je saurai te protéger,
Je t'offrirai des voyages,
Une jolie maison,
Je t'apprendrai le langage
Des quatre saisons.

Dites-moi ce qui m'entraîne,
Dites-moi d'où vient le vent
Où s'en vont ceux que l'on aime,
Dites-moi ce qui m'attend,
Où s'en vont ceux que l'on aime,
Dites-moi ce qui m'attend.









jeudi 5 février 2015

Arthur Rimbaud "Vagabonds" avec une chanson de Barbara "L'absinthe"







Vagabonds

     Pitoyable frère ! Que d'atroces veillées je lui dus ! "Je ne me saisissais pas fervemment de cette entreprise. Je m'étais joué de son infirmité. Par ma faute nous retournerions en exil, en esclavage." Il me supposait un guignon et une innocence très-bizarres, et il ajoutait des raisons inquiétantes.
     Je répondais en ricanant à ce satanique docteur, et finissais par gagner la fenêtre. Je créais, par delà la campagne traversée par des bandes de musique rare, les fantômes du futur luxe nocturne.
     Après cette distraction vaguement hygiénique, je m'étendais sur une paillasse. Et, presque chaque nuit, aussitôt endormi, le pauvre frère se levait, la bouche pourrie, les yeux arrachés, — tel qu'il se rêvait — et me tirait dans la salle en hurlant son songe de chagrin idiot.
     J'avais en effet, en toute sincérité d'esprit, pris l'engagement de le rendre à son état primitif de fils du soleil, — et nous errions, nourris du vin des cavernes et du biscuit de la route, moi pressé de trouver le lieu et la formule.


Et ne manquez pas cet excellent commentaire:


Vagabonds

    Le titre dégage d'emblée une certaine poésie, dont il n'est pas facile de déterminer l'origine. Titre sans déterminant, comme beaucoup d'autres titres des Illuminations. Mais il n'est pas certain que de cette absence découle l'allure un peu mystérieuse de ce titre, qui doit plutôt son indétermination à l'absence de référent signalé. Qui sont ces vagabonds ? Il faudra attendre la dernière phrase du poème pour le comprendre. Indécision aussi sur le sens d'un mot aux connotations opposées. Nuance dépréciative, en général, qui sera partiellement confirmée à la fin du poème par l'impression d'errance sans but et sans espoir que recèle le quatrième verset ("Et nous errions, etc."). Mais connotation positive aussi chez Rimbaud, dont le lecteur connaît peut-être déjà des textes comme Ma BohèmeMauvais sangEnfance. Le vagabondage rimbaldien est généralement quête de liberté, aventure spirituelle, pauvreté choisie et assumée. On retrouvera ces valeurs dans l'image sublimée de lui-même que Rimbaud oppose, tout au long du texte, à l'image de poète déchu représentée par Verlaine.

abardel.free




Voici ce que disait Paul Verlaine:

« Ce n'était ni le diable, ni le bon Dieu, c'était Arthur Rimbaud, c'est-à-dire un très grand poète, absolument original, d'une saveur unique, prodigieux linguiste, un garçon pas comme tout le monde, non certes! De qui la vie est tout en avant, dans la lumière et dans la force, belle de logique et d'unité comme son œuvre. » 




Alchimie du verbe :
"Ah ! cette vie de mon enfance, la grande route par tous les temps, sobre surnaturellement, plus désintéressé que le meilleur des mendiants, fier de n'avoir ni pays, ni amis, quelle sottise c'était.  Et je m'en aperçois seulement !"
     Quant à la sobriété, s'il est certain que Rimbaud a écrit dans Vagabonds "vin des cavernes", et a voulu qu'on comprenne "eau des fontaines", il est non moins certain qu'il a souhaité qu'on entende "vin des tavernes" et qu'on en déduise l'écart entre la réalité biographique et la fiction littéraire. Verlaine, sur ce sujet, s'est d'ailleurs chargé de rétablir la vérité historique humoristiquement masquée par le mythe, dans Laeti et errabundi 

Entre autres blâmables excès
Je crois que nous bûmes de tout,
Depuis les plus grands vins français
Jusqu'à ce faro, jusqu'au stout,

En passant par les eaux-de-vie
Qu'on cite comme redoutables.
L'âme au septième ciel ravie,
Le corps, plus humble, sous les tables.











Ils buvaient de l' absinthe,
Comme on boirait de l' eau,
L' un s' appelait Verlaine,
L' autre, c' était Rimbaud,
Pour faire des poèmes,
On ne boit pas de l' eau,
Toi, tu n' es pas Verlaine,
Toi, tu n' est pas Rimbaud,
Mais quand tu dis "je t' aime",
Oh mon dieu, que c' est beau,
Bien plus beau qu' un poème,
De Verlaine ou de Rimbaud,

Pourtant que j' aime entendre,
Encore et puis encore,
La chanson des amours,
Quand il pleut sur la ville,
La chanson des amours,
Quand il pleut dans mon cœur,
Et qu' on a l' âme grise,
Et que les violons pleurent,
Pourtant, je veux l' entendre,
Encore et puis encore,
Tu sais qu' elle m' enivre,
La chanson de ceux-là,
Qui s' aiment et qui en meurent,
Et si j' ai l' âme grise,
Tu sécheras mes pleurs,

Car je voudrais connaître,
Ces alcools dorés, qui leur grisaient le cœur,
Et qui saoulaient leur peine,
Oh, fais-les-moi connaître,
Ces alcools d' or, qui nous grisent le cœur,
Et coulent dans nos veines,
Et verse-m' en à boire,
Encore et puis encore,
Voilà que je m' enivre,
Je suis ton bateau ivre,
Avec toi, je dérive,

Et j' aime et j' en meurs,
Les vapeurs de l' absinthe,
M' embrument,
Je vois des fleurs qui grimpent,
Au velours des rideaux,
Quelle est donc cette plainte,
Lourde comme un sanglot,
Ce sont eux qui reviennent,
Encore et puis encore,
Au vent glacé d' hiver,
Entends-les qui se traînent,
Les pendus de Verlaine,
Les noyés de Rimbaud,
Que la mort a figés,
Aux eaux noires de la Seine,
J' ai mal de les entendre,
Encore et puis encore,
Oh, que ce bateau ivre,
Nous mène à la dérive,
Qu' il sombre au fond des eaux,
Et qu' avec toi, je meurs,

On a bu de l' absinthe,
Comme on boirait de l' eau,
Et je t' aime, je t' aime,
Oh mon dieu, que c' est beau,
Bien plus beau qu' un poème,
De Verlaine ou de Rimbaud...




Paul Verlaine "Le ciel est par-dessus le toit" Sagesse (1881)





A' partir  d'aujourd'hui tous les élèves de III D ESABAC

sont obligés de suivre les billets concernant l'examen 

et doivent impérativement  savoir discuter  lors des  

 vérifications écrites et /ou orales leur contenu

Bonne Chance !!!




Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu’on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

Qu’as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?

Paul Verlaine, Sagesse, 1881








Lilian Thuram: Qu'est-ce que le racisme ? (Cavilam / Canal Académie)









A. −
1. Ensemble de théories et de croyances qui établissent une hiérarchie entre 
les races, entre les ethnies.
2. Attitude d'hostilité pouvant aller jusqu'à la violence, et de mépris envers 
des individus appartenant à une race, à une ethnie différente généralement ressentie comme inférieure.

B. − P. anal.
1. Attitude d'hostilité de principe et de rejet envers une catégorie de personnes.
   





7 questions sur ce que c'est que le racisme à Lilian Thuram:

Exercices de compréhension orale/écrite de

CAVILAM   Les fiches de l'espace apprendre










Meilleure exposition 2011 

aux Globes de cristal art et culture













Tahar Ben Jelloun :

  Le racisme expliqué à ma fille









mercredi 4 février 2015

Pierre Bachelet : "En l'an 2001" , "L'Homme en blanc", "Les corons"





Mes élèves de V D ont bien apprécié  "Emmanuelle"

 de Pierre Bachelet,  sa première chanson enregistrée

 en 1974 en français et en anglais.

Voici 3 chansons qui ont fait le  succès 

de ce chanteur d'histoires simples 

d'un temps révolu.



 Sur les photographies de ce vieux caillou
Trois millards de fourmis qui courent après nous
C'est sympa, c'est marrant mais on sera combien
Quand on aura vingt ans en l'an 2001

On posera nos valises, nos cantines en fer
Sur un bout de banquise, un coin de désert
Et on se lavera les dents avec des refrains
Quand on aura vingt ans en l'an 2001

Moi j'aurai les cheveux blancs
Je s'rai vieux demain
Quand t'auras tes vingt ans
En l'an 2001

Petit bonhomme
Tu viens d'éclore comme un ange humain
Tout petit bout d'homme
Qui tend la main
Pour faire se premiers pas
Petit bonhomme
Traverser le salon
C'est un peu comme
Atteindre l'horizon
Petit bonhomme
Faut jamais baisser les bras

Et on posera nos pelles à l'heure des repas
On chauffera nos gamelles sur des feux de bois
On fera des cerfs volants pour aller plus loin
Quand on aura vingt ans en l'an 2001

Moi j'aurai bien des tourments
Tu n'en sauras rien
Quand t'auras tes vingt ans
En l'an 2001

Petit bonhomme
Tu veux tout faire comme t'en as envie
Vivre au maximum
Brûler ta vie
Sans savoir où tu vas
Petit bonhomme
Partir sans rien savoir
C'est un peu comme
Marcher dans la nuit noire
Petit bonhomme
Et dire que j'ai fait comme toi

On se fera des igloos, on mangera du phoque
Et on plantera des clous en plein dans le roc
On aura plus de gants, on aura nos poings
Quand on aura vingt ans en l'an 2001

Sur les photographies de ce vieux caillou
Trois millards de fourmis qui courent après nous
C'est sympa, c'est marrant mais on sera combien
Quand on aura vingt ans en l'an 2001

On posera nos valises, nos cantines en fer
Sur un bout de banquise, un coin de désert
Et on se lavera les dents avec des refrains
Quand on aura vingt ans en l'an 2001


Un souvenir des voyages sudaméricains de Jean-Paul II


... on dirait que le futur Francesco l'attendait là-bas,




Senor Jesus ten piedad de nosotros
Senor Jesus ten piedad compassion
Senor Jesus ten piedad de nosotros
Senor Jesus ten piedad compassion

Il descend de l'avion il embrasse la terre
A genoux sur le sol comme on fait sa prière
Et même les officiels ne savent plus quoi faire
Avec leurs vieux discours, leurs tenues militaires
Il arrive il descend il est là l'homme en blanc
Il embrasse les enfants que la foule lui tend
Dieu que la terre est rouge quand on le voit si blanc
Comme un bateau qui bouge sur la marée des gens

Et les mots qu'il prononce dans les haut parleurs
Sont des coups de semonce qui leur vont droit au cœur
Il arrive il descend il est là l'homme en blanc
Devant chaque visage il s'arrete un instant
Et les grands des écoles chantent pour l'homme en blanc
Ces vieux chants espagnols où s'engouffrent le vent

Senor Jesus ten piedad de nosotros
Senor Jesus ten piedad compassion
Senor Jesus ten piedad de nosotros
Senor Jesus ten piedad compassion

Et même le plexiglas ,à l'épreuve des balles
Ne le sépare pas des foules qui dévalent
Il arrive il descend il est là l'homme en blanc
Son parcours est rempli par des millions de gens
Dieu que la place est noire quand on le voit si blanc
Comme une voile d'espoir où s'accrochent les gens

Senor Jesus ten piedad de nosotros
Senor Jesus ten piedad compassion
Senor Jesus ten piedad de nosotros
Senor Jesus ten piedad compassion

Et la vie qu'il annonce aux peuples à genoux
C'est comme une réponse qui les remet debout
Il arrive il descend l'homme en blanc
Il poursuit son voyage infatigablement
Dieu que le ciel est bleu quand on le voit si blanc
Comme une voile qui bouge sur la marée des gens

Senor Jesus ten piedad de nosotros
Senor Jesus ten piedad compassion
Senor Jesus ten piedad de nosotros
Senor Jesus ten piedad compassion
Senor Jesus ten piedad de nosotros
Senor Jesus ten piedad compassion
Senor Jesus ten piedad de nosotros 

Senor Jesus ten piedad compassion




Et une histoire sur le travail et la vie des  mineurs




Au nord, c'étaient les corons
La terre c'était le charbon
Le ciel c'était l'horizon
Les hommes des mineurs de fond

Nos fenêtres donnaient sur des f'nêtres semblables
Et la pluie mouillait mon cartable
Et mon père en rentrant avait les yeux si bleus
Que je croyais voir le ciel bleu
J'apprenais mes leçons, la joue contre son bras
Je crois qu'il était fier de moi
Il était généreux comme ceux du pays
Et je lui dois ce que je suis

(Refrain)

Et c'était mon enfance, et elle était heureuse
Dans la buée des lessiveuses
Et j'avais des terrils à défaut de montagnes
D'en haut je voyais la campagne
Mon père était "gueule noire" comme l'étaient ses parents
Ma mère avait les cheveux blancs
Ils étaient de la fosse, comme on est d'un pays
Grâce à eux je sais qui je suis

(Refrain)

Y avait à la mairie le jour de la kermesse
Une photo de Jean Jaures
Et chaque verre de vin était un diamant rose
Posé sur fond de silicose
Ils parlaient de 36 et des coups de grisou
Des accidents du fond du trou
Ils aimaient leur métier comme on aime un pays
C'est avec eux que j'ai compris 



mardi 3 février 2015

ESSAI BREF IL FAUT VIVRE : HÉROS, ANTI-HÉROS OU HUMAINS ?









ESSAI BREF de Isabel Vischia III D ESABAC

IL FAUT VIVRE : HÉROS, ANTI-HÉROS OU HUMAINS ?


Héros, anti-héros ou humains ? Comment faut-il vivre ?

Céline, dans le premier document, nous propose la vie de l’anti-héros, celui qui choisit de ne pas combattre, de ne pas lutter, celui qui est considéré fou ou lâche. Mais en réalité il montre que ceux qui décident d’être soldats, de mourir pour la patrie, vont être oubliés, ou bien ils sont morts pour rien. « Il n’y a que la vie qui compte » : leur actions en vie se tournaient vers la mort.
Corneille, à travers le personnage de Don Rodrigue, nous présente son  héros : il doit être jeune, plein d’ardeur, il doit prouver son courage contre les arrogants, venger son père, avoir conscience que les liens de sang sont plus forts que l’amour. Don Diègue dit à son fils : « Meurs ou tue », en reprenant un thème typiquement grec et classique : le héros doit être valeureux, il doit se battre et il doit chercher la « mors bella » (mourir en bataille) pour obtenir le κλέος, la gloire. Le héros grec doit retourner en patrie « ἤ τάν ἤ ἐπί τάς », avec son bouclier ou sous son bouclier.
Vigny, avec « la mort du loup », nous montre un outre alternative : il faut vivre comme humains. Il nous explique que l’homme doit être capable de accepter sa propre destinée  : il observe nos actions sur terre et ce qu’on laisse : « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ». On doit suivre son sort et puis souffrir et mourir sans parler.
Foscolo n’est pas d’accord avec Vigny : il faut être héros, il faut être valeureux. Dans « I Sepolcri » le poète nous montre que « a egregie cose il forte animo accendono l’urne dei forti » : les tombeaux des héros nous inspirent et rendent nos âmes pleines d’ardeur. Les héros non seulement sauvent la patrie, mais aussi deviennent immortels : il ne seront jamais oubliés et ils continueront à vivre dans les mémoires des vivants. En mourant, ils s’éternisent.
Le dernier document représente Achille, le héros par antonomase : sa mère, Thétis, lui donne la lance et le bouclier, les armes forgées par Héphaistos. Achille devient l’emblème des héros : il choisit sa destinée, il décide d’avoir un vie brève, mais glorieuse, plutôt que une vie longue, mais sans honneurs.

Mais enfin, chaque homme peut être un héros dans la quotidienneté, dans le rapport avec les autres, dans les bonnes actions : on ne doit pas obligatoirement chercher à imiter quelqu’un ou être meilleur de quelqu’un. Il suffit d’être toujours meilleur que la personne qu’on était le jour précédent.  









lundi 2 février 2015

Jules Michelet "HISTOIRE DE FRANCE" ... Un Hymne à la RENAISSANCE ITALIENNE








La découverte de l'Italie avait tourné la tête aux nôtres; ils n'étaient pas assez forts pour résister au charme.
Le mot propre est découverte. Les compagnons de Charles VIII ne furent pas moins étonnés que ceux de Christophe Colomb.


Excepté les Provençaux, que le commerce et la guerre y avaient souvent menés, les Français ne soupçonnaient pas cette terre ni ce peuple, ce pays de beauté, où l'art, ajoutant tant de siècles à une si heureuse nature, semblait avoir réalisé le paradis de la terre.
Le contraste était si fort avec la barbarie du Nord que les conquérants étaient éblouis, presque intimidés, de la nouveauté des objets. Devant ces tableaux, ces églises de marbre, ces vignes délicieuses peuplées de statues, devant ces vivantes statues, ces belles filles couronnées de fleurs qui venaient, les palmes en main, leur apporter les clefs des villes, ils restaient muets de stupeur. Puis leur joie éclatait dans une vivacité bruyante.


Les Provençaux qui avaient fait les expéditions de Naples avaient été ou par mer ou par le détour de la Romagne et des Abbruzes. Aucune armée n'avait, comme celle de Charles VIII, suivi la voie sacrée, l'initiation progressive qui, de Gênes ou de Milan, par Lucques, Florence et Sienne, conduit le voyageur à Rome. La haute et suprême beauté de l'Italie est dans cette forme générale et ce crescendo de merveilles, des Alpes à l'Etna. Entré, non sans saisissement, par la porte des neiges éternelles, vous trouvez un premier repos, plein de grandeur, dans la gracieuse majesté de la plaine lombarde, cette splendide corbeille de moissons, de fruits et de fleurs. Puis la Toscane, les collines si bien dessinées de Florence, donnent un sentiment exquis d'élégance, que la solennité tragique de Rome change en horreur sacrée... Est-ce tout? Un paradis plus doux vous attend à Naples, une émotion nouvelle, où l'âme se relève à la hauteur des Alpes devant le colosse fumant de Sicile...



Un événement immense s'était accompli. Le monde était changé. Pas un État européen, même des plus immobiles, qui ne se trouvât lancé dans un mouvement tout nouveau...
Quoi donc! qu'avons-nous vu? Une jeune armée, un jeune roi qui, dans leur parfaite ignorance et d'eux-mêmes et de l'ennemi, ont traversé l'Italie au galop, touché barre au détroit, puis non moins vite et sans avoir rien fait (sauf le coup de Fornoue), sont revenus conter l'histoire aux dames.
Rien que cela, c'est vrai. Mais l'événement n'en est pas moins immense et décisif. La découverte de l'Italie eut infiniment plus d'effet sur le XVIe siècle que celle de l'Amérique. Toutes les nations viennent derrière la France; elles s'initient à leur tour, elles voient clair à ce soleil nouveau.
«N'avait-on pas cent fois passé les Alpes?» Cent fois, mille fois. Mais ni les voyageurs, ni les marchands, ni les bandes militaires n'avaient rapporté l'impression révélatrice. Ici, ce fut la France entière, une petite France complète (de toute province et de toute classe), qui fut portée dans l'Italie, qui la vit et qui la sentit et se l'assimila, par ce singulier magnétisme que n'a jamais l'individu. Cette impression fut si rapide que cette armée, comme on va voir, se faisant italienne et prenant parti dans les vieilles luttes intérieures du pays, y agit pour son compte, même malgré le roi, et d'un élan tout populaire.
Rare et singulier phénomène! la France arriérée en tout (sauf un point, le matériel de la guerre), la France était moins avancée pour les arts de la paix qu'au XIVe siècle. L'Italie, au contraire, profondément mûrie par ses souffrances mêmes, ses factions, ses révolutions, était déjà en plein XVIe siècle, même au delà, par ses prophètes (Vinci et Michel-Ange). Cette barbarie étourdiment heurte un matin cette haute civilisation; c'est le choc de deux mondes, mais bien plus, de deux âges qui semblaient si loin l'un de l'autre; le choc et l'étincelle; et de cette étincelle, la colonne de feu qu'on appela la Renaissance.








dimanche 1 février 2015

De Charles Baudelaire à Philippe Claudel "Parfums" : Charogne



« Dans ce livre atroce, j’ai mis toute ma pensée, 
tout mon coeur, toute ma religion (travestie), 
toute ma haine »
Charles Baudelaire









Au détour d’un sentier, parfois, on se cogne à une odeur, sonore autant que forte, murale, brassée  par les élytres de milliers d’insectes qui font de la mort leur commerce, leur musique et leur rente. On entre alors dans le poème. Celui de Baudelaire certes. Le poème noir de la vie et de son terme. À ciel ouvert , loin de toute sépulture. Il y a la beauté du ciel, celle des arbres féconds, des fleurs accrochées aux haies (1) vives. Il y a l’herbe verte et peignée, la terre rousse, mille choses qui chantent, et puis soudain on se heurte à la mort. Entêtante (2). Sucrée. Animale. Atroce. Atroce, peut-être pas tant que cela au fond. Ratée plutôt, comme un ragoût qui aurait mal tourné, une venaison (3) oubliée dans le fond d’une casserole.  Souvent, on doit se contenter de l’odeur. La dépouille de la bête est introuvable. Est-ce son fantôme qui sent, ou bien notre terreur ? Je cherche ainsi maints cadavres dans les bois de Serres, de Flainval, ou d’Hudiviller, dont j’ai perçu les relents (4) au hasard d’un jeu de gendarmes et de voleurs. Mais qui vole quoi ? La mort a raflé la mise, emportant les esprits d’un renard troué par la chevrotine (5) d’un paysan, d’un chat pudique parti mourir loin de ses maîtres, d’un chevreuil malade, attaqué par des chiens en maraude (6). Et puis la chaleur et la corruption s’attellent (7)à l’ouvrage. Corps gonflé, gaz, humeurs suintantes. On sait le reste. Fleur insupportablement extrême, la charogne est discrète, comme si elle n’osait pas se montrer. Cachée. Hantée. Timide. Ne reste d’elle qu’un souvenir violent. Charogne est ce qui ne ressemble plus à rien. Ce qui n’a plus de forme. Le vivant honteux s’est réfugié dans la puanteur. Sa dernière résidence. Et puis, un souffle de vent frais venu des Vosges, un peu de pluie, et c’est fini. On passe au même endroit plus tard, et c’est le muguet qui nous accueille, ou l’aubépine tandis que glisse sur les mousses le pas méfiant d’une belette.

1) Clôture végétale entourant ou limitant un domaine, une propriété, un champ, faite d'arbres ou d'arbustes généralement taillés ou de branchages entrelacés. 2)Qui monte à la tête, provoque un étourdissement, une légère ivresse, enivrant, grisant. 3)Gibier 4)Mauvais goût que contracte une viande renfermée dans un lieu humide`. 5)Fusil 6)Action de rôder à la recherche de denrées alimentaires ou de menues choses à chaparder, vol. 7) S'atteler à une besogne, à une tâche

Philippe Claudel Parfums, Charogne, Éditions Stock (2012)


Encore un  récit poétique, un poème en prose 

qui nous fascine et  nous enivre …

d’une odeur  … de mort …  de renaissance,   de  vie

« Et puis ..c’est le muguet qui nous accueille »

(Qui  me rappelle De André Via del Campo)


Comme nous raconte  l’auteur,  impossible de
 ne pas penser à 

Baudelaire Charogne

 Spleen et Idéal XXVII  ( Les Fleurs du mal )





Parfums est un livre baudelairien, 

qui s’ouvre avec un citation en exergue

 de la Chevelure

et se termine sur Le voyage