samedi 20 septembre 2014

ESABAC : Familles, Familles, Familles





La cigale et la fourmi de Jean de La Fontaine ...






Parmi mes élèves de IIe  D esabac  il y en a qui se 

trouveront  plûtot cigale

 et d'autres  plûtot fourmi,  à chacun son choix, ...

suit un petit questionnaire pour celles et ceux

 qui savent qu' il est temps de  Travailler!



La cigale et la fourmi


La cigale , ayant chanté
                Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau                                  5
De mouche ou de vermisseau
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister                            10
Jusqu'à la saison nouvelle
«Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’août, foi d'animal,
Intérêt et  principal

La fourmi n'est pas prêteuse ;                           15
C'est là son moindre défaut.
 
«Que faisiez-vous au temps chaud ? »
Dit-elle à cette emprunteuse.
 
 « Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise. »                            20
       «  - Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien : dansez maintenant.»
Jean de La Fontaine, Fables, (1668)


En chansons











♪ La cigale et la fourmi
Se sont connus quand y'étaient petits
Chantaient en duo sur les feuilles vertes
Rêvaient de faire des shows pis des cassettes

Ils s'étaient fait un camp en haut d'un tremblent
En cure-dents pis en lacets
Sans se douter qu'avant l'adolescence
La vraie vie les séparerait

La cigale venait d'une famille bohème
Mère effeuilleuse, père inconnu
Qui s'étaient connus dans un plat de fines herbes
Pour finir en histoire de cul

Sa mère disait : pas besoin de grand-chose
Pour être simplement heureux
S'faire une maison au creux d'une rose
Pour être à l'abri quand il pleut

Pis il suffit de chanter
Pour passer le temps
Pis croire que tout peut arriver
Si tu y crois vraiment

La fourmi, de son côté
Venait d'une famille d'ouvriers
Qui avait connu la grosse misère
Mais c’était fini, disait son père

J'veux plus que tu fréquentes les cigales
C'est du petit monde qui font rien de bon
Se prélassent le jour sur des pétales
Au lieu de faire des provisions

Pis y font juste chanter
Pour passer le temps
Au lieu de travailler
De prendre des REER (1) pis des placements

Ainsi leur route est devenue deux sentiers
Deux vies, deux mondes pis deux quartiers
La cigale appelée par le grand air
La fourmi par la fourmilière

Comme partout, le temps a fondu
Chaque jour comme une année
Et quand l'automne est apparu
La cigale a frappé sans retenue

J'gage que t'as juste chanté
Pour passer le temps
Dit la fourmi endoctrinée
Par le faux pouvoir de l'argent

Ben traite-moi de sans-cœur si tu veux
Mais t'auras rien de mes provisions
Même si j'en ai assez pour deux
Là, paye pour tes rêves pis tes chansons

J'pense qu'on s'est mal compris
Dit la cigale à la fourmi
Je ne suis  pas venu pour te quêter de la bouffe
Mais pour te dire que je prends la route

Hier au cabaret du Marais
René L'Ange-de-l'Île m'a découvert
J'te dis pas ça pour faire mon frais
Mais à cette heure y gère ma carrière

La fourmi lui dit de sa voix noire
Si tu vois Jean de La fontaine
Envoie-le donc promener de ma part
Sa fable, elle valait pas cinq cennes

J'aurais tant voulu chanter
Pour passer le temps
Ou juste t'accompagner
En duo comme dans le temps

Au lieu de ça, je suis prisonnier
D'la prison que je me suis bâtie
Le seul rêve qui reste à ma portée
C'est d'être une fourmi dans Loft Story ♪


  1)Un régime enregistré d'épargne-retraite (REER) est un régime d'épargne en vue de la retraite. Il permet de reporter le paiement de l'impôt à une année ultérieure et d'accumuler un capital à l'abri du fisc.





Lecture : qui était Jean de La Fontaine ?
Lisez le texte et répondez aux questions.

Jean de La Fontaine est un poète français. Il est né le 8 juillet 1621, à Château Thierry, en Champagne. Son père occupait une position assez élevée dans la ville de Château Thierry, grâce à cela il fut donc possible de donner à Jean une bonne éducation. Jean commença par entrer au séminaire, mais il n’avait pas de vocation religieuse, et il devint avocat. En 1647, le père de Jean lui transféra une fonction importante à Château Thierry (maître des eaux) et lui arrangea un mariage avec une riche héritière. Le mariage ne fut pas très heureux : il déboucha sur une séparation entre Jean et sa femme. La femme de Jean continua à vivre à Château Thierry pendant que Jean vivait à Paris. Jean de La Fontaine eut un enfant.
C’est seulement à trente ans passés que commença la carrière littéraire de La Fontaine. C’est en 1668 que les six premiers livres des Fables furent publiés. Dix ans plus tard, de nouvelles fables furent publiées, et à partir de 1682, La Fontaine était considéré comme l’un des premiers hommes de lettres de France. Madame de Sévigné, une grande dame et dame de lettres, a même dit que les fables de La Fontaine étaient divines, ce qui n’était pas un petit compliment ! 1682 est aussi l’année où La Fontaine a été élu à l’Académie française, une institution dont le but est la promotion de la langue française ; à l’Académie française, seuls ceux qui sont considérés comme les meilleurs écrivains, ou les meilleurs intellectuels sont élus.
La Fontaine mourut le 13 avril 1695, à l’âge de septante-trois ans.
On dit des fables de La Fontaine qu’elles ont trois types de qualités : celle de l’enfance grâce à la fraîcheur et à la vivacité de l’histoire qui est racontée ; celle de l’étudiant en littérature par l’art de la manière de raconter ; celle de l’homme du monde pour les réflexions subtiles sur les caractères et sur la vie qu’on trouve dans les fables.
Par la suite, les fables de La Fontaine ont été systématiquement enseignées dans les écoles, elles ont servi comme moyen par excellence d’alphabétiser les enfants et même les adultes grâce à leurs qualités : d’une part, le fait qu’elles soient en vers (il y a des rimes) les rendent faciles à retenir, et d’autre part, elles utilisent la majeure partie du vocabulaire français utile. Enfin, elles contiennent toujours une morale, ce qui permet de parfaire l’apprentissage du français par celui de la bonne manière de penser et de vivre.
(Informations extraites de : Encyclopaedia Britannica, 1964, vol. xiii et de : La Fontaine, Fables, Classiques Larousse, 1971.)

Ø      Quelles sont les grandes dates qui résument la vie de La Fontaine et à quoi correspondent ces dates ?
Ø      Qui était Madame de Sévigné, et qu’a-t-elle dit ?
Ø      Quelle a été l’éducation de Jean de La Fontaine (études, métier…) ?
Ø      Pourquoi les fables de La Fontaine ont-elles été enseignées dans les écoles ?
Ø      Quelles sont les qualités des fables de La Fontaine ?
Ø      De quel(s) livre(s) sont issues les informations sur La Fontaine ?
Ø      Qu’est-ce que l’Académie française ?






    vendredi 19 septembre 2014

    Histoires de Quais : Le Quai des brumes (Jean Gabin et Michèle Morgan) ... Le Quai des amoureux (Jehan Jonas)








    Le Quai des brumes est un film français réalisé par

     Marcel Carné en 1938,

    rattaché à la veine du réalisme poétique,

    adapté du roman Le Quai des brumes

    de Pierre Mac Orlan publié en 1927.

    scénario et dialogues de 

      

    C'est dans ce film qu'on trouve le célèbre dialogue

    entre Jean Gabin (Jean) et Michèle Morgan (Nelly)

    qui furent amants à la ville :
    

    
      
    NELLY. – Embrassez-moi. (il l'embrasse)

    JEAN. – Nelly !

    NELLY. – Embrasse-moi encore.








     " La musique c'est le credo de ceux qui restent seuls
    Et dans ces musiques-là y avait de quoi naviguer"








    On l'appelait ainsi pour ses nombreux voyages
    Vers des horizons neufs et des pays nouveaux
    Sur ses pavés brillaient des soleils de passage
    Qui faisaient voir la nuit comme à travers de l'eau
    Si je n'étais qu'un témoin, j'en avais pas moins de gueule
    Les "Je t'aime", c'était mort mais je savais chanter
    La musique c'est le credo de ceux qui restent seuls
    Et dans ces musiques-là y avait de quoi naviguer

    Le quai des amoureux
    Ma mère
    Le quai des amoureux
    A vu bien des croisières
    Mon vieux
    A vu bien des croisières
    Et des bateaux rester à quai

    On l'appelait ainsi pour toutes les découvertes
    De ces bateaux fleuris de mille serments d'amour
    Partis, fendant la bleue, toutes voiles offertes
    Équipages perdus dans un rêve trop court
    Combien en aurai-je vu de ces appareillages ?
    Du temps que c'était trop vrai pour qu'on ne puisse pas l'avouer
    Je les voyais partir, matelots d'un autre âge
    Pour n'être plus qu'un point sur l'horizon fermé

    Le quai des amoureux
    Ma mère
    Le quai des amoureux
    C'était le bout de ma Terre
    Mon vieux
    C'était le bout de ma Terre
    Et des espoirs qu'on y paumait

    On l'appelait ainsi pour ses cœurs en détresse
    Et ces retours mouillés de larmes dans les yeux
    Si eux ne me disaient rien, je me répétais sans cesse
    Je vous disais "au revoir" quand vous me disiez "adieu"
    Combien le fond de la mer fait-il danser d'épaves
    Qui en perdant leur route ont rencontré la mort ?
    Les seuls qui revenaient, étaient beaucoup moins braves
    Qu'à leur départ, chantant toutes voiles dehors

    Au quai des amoureux
    Ma mère
    Au quai des amoureux
    Il y pleuvait hier
    Mon vieux
    Il y pleuvait hier
    Et le silence m'enveloppait







    Brise marine de Stéphane Mallarmé















    Introduction
        Le thème de l'ailleurs, du départ, du voyage parcourt le XIXe siècle comme l'obsession de la fuite et le refus répété du réel immédiat. Dans le sillage de Baudelaire, Mallarmé exprime dans un élan lyrique comparable à un envol. Le dégoût du présent et l'appel irrésistible du large, des orages et de l'azur. Construit à partir de l'énumération de ce que refuse le poète, le texte est l'affirmation répétée qui ne conduit pourtant pas à un véritable départ. Le voyage rêvé apparaît ainsi comme la métaphore de l'inspiration. L'élan créateur est un appel vers une réalité autre, à la fois dangereuse et séductrice. Nous montrerons comment dans ce poème le voyage maritime souhaité prend, au-delà de ses justifications personnelles, une justification symbolique.



    Texte étudié :
    La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
    Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
    D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!
    Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
    Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
    O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
    Sur le vide papier que la blancheur défend
    Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
    Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
    Lève l'ancre pour une exotique nature!
    Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
    Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs!
    Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
    Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
    Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
    Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!

    Littérature audio.com


    I.] Le mal de vivre

    a) Un constat désabusé
    « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres » : la culture a épuisé ses ressources et n’a pas apporté de réponses (aspect de l’accompli du passé composé) > l’amour satisfait est amer.
    Le mal de vivre à un niveau métaphysique :
        « Un Ennui, désolé par les cruels espoirs ».
        « Ennui » = appel du vide
        « cruels espoirs » = oxymore qui traduit l’espoir renaissant et toujours déçu.

    b) Le refus des liens
        - La famille :
            « Ni la jeune femme allaitant son enfant » : la crise de la naissance de l’enfant s’accompagne chez le poète d’un sentiment d’exclusion. > la famille d’aval
            « les vieux jardins reflétés par les yeux » : les racines familiales, le passé, la civilisation. > la famille d’amont.
        - le travail solitaire du poète :
            « ni la clarté déserte de ma lampe » : angoisse de la page blanche, le poète est inhibé par le vide de cette page.
            « O nuits ! » : la douleur dans l’invocation ; le pluriel mesure le temps écoulé stérilement dans l’élaboration poétique.
    Cet appel au large est avant tout un besoin de rupture d’où l’indéfinition de la destination, la ligne brisée de l’élan et la suggestion d’un retour au projet poétique.

      
      
      

    II.] Quel « Ailleurs » ?

    a) Le caractère impérieux de cet appel
      1 /       3        /    2     /               6                 /
    « Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres » (vers 2)
    Le caractère impérieux de cet appel est traduit par les points d’exclamation, le rythme lentement marqué par les coups et l’irrégularité des mesures. Le rythme croissant montre l’emportement du poète.
    « Je partirai! » (vers 9) : le futur exprime le passage à l’acte via la certitude, la conviction.

    b) Indignation de « l’ailleurs »
    « Fuir! » (vers 2) : l’accent est mis sur le lieu que l’on quitte et non sur la destination.
    Les éléments retenus sont frappés eux-aussi d’une dématérialisation. Au vers 2, les oiseaux sont ivres mais d’une ivresse immatérielle (celle de l’écume, poussière d’eau, eau vaporisée). Ils évoluent dans les cieux : ce voyage est davantage vertical. Enfin le navire désigné par le mot anglais steamer met l’accent sur la vapeur : c’est une métonymie expressive

    c) La tentation du suicide
           2  /      2    /      2      /      3      /  3   /
    « Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots... » (vers 15)
    La scansion de ce vers révèle cinq mesures et donc un ralentissement spectaculaire du rythme. L’appel du néant est suggéré par les points de suspension qui interrompent l’évocation du naufrage.
    Le dernier vers ferme la boucle : le chant des matelots se propose comme métaphore de la poésie et de ses harmonies ce qui retient le poète au bord du gouffre, c’est aussi ce qui l’y avait amené (la solution poétique).
    Le voyage à la manière de Mallarmé n’est ni le voyage sensuel et l’idéal de Baudelaire ni le voyage métaphysique de Rimbaud mais c’est un frôlement du néant à travers une dématérialisation du réel. Ce voyage non réalisé devient une nouvelle source d’inspiration poétique.