mardi 25 août 2015

Charles Baudelaire "La servante au grand coeur ... " - "Je n'ai pas oublié ..."





Baudelaire souhaitait ne pas 

« prostituer  les choses intimes de la famille »


Il y a pourtant 2 poèmes dans "Les fleurs du mal" 


qui font référence à son adolescence,


une époque qui lui a laissé


"de singuliers et tristes souvenirs"  









La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse,

Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,

Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.

Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,

Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,

Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,

Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,

A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,

Tandis que, dévorés de noires songeries,

Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,

Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,

Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver

Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille

Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.





Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,

Calme, dans le fauteuil, je la voyais s'asseoir,

Si, par une nuit bleue et froide de décembre,

Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,

Grave, et venant du fond de son lit éternel

Couver l'enfant grandi de son oeil maternel,

Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,

Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse ?







Biographie




batxibac




etudes-litteraires


Dans une lettre à sa mère datée du 11 janvier 1858, Baudelaire écrit :

  « Vous n'avez pas remarqué qu'il y avait dans Les Fleurs du Mal

deux pièces vous concernant, ou du moins allusionnelles

 à des détails intimes de notre ancienne vie » 




Je n'ai pas oublié, voisine de la ville,

Notre blanche maison, petite mais tranquille;


Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus


Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus,


Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe,


Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe


Semblait, grand oeil ouvert dans le ciel curieux,


Contempler nos dîners longs et silencieux,


Répandant largement ses beaux reflets de cierge


Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.






Castagnola (cz)




Castagnola (cz)




dimanche 23 août 2015

Laurent Seksik " L'exercice de la médecine" Ed. Flammarion 2015










Autour de Léna Katev, cancérologue à Paris, se dessine

  une « longue lignée des Kotev »,  médecins,   Pavel

 Alexandrovitch, Mendel, Natalia, (Tobias) qui renaissent

 en Avner et on suppose en d’autres encore… 

« Héros de rien du tout … 

des petites mains de la médecine »

 qui oeuvrent comme 

« des petites mains de l’histoire ».




Une  puissante fresque qui rappelle parfois les romans 

du XIXe, mais qui baigne dans une période terrible

  de pogroms, de shoah et de racisme, pas si éloigné

 de nos jours.









Une  légende familiale qui revit à travers un tableau

 historique des événements tragiques du XXe siècle,

avec  un souffle qui  respire l’ambiance médicale 

bien maîtrisé par Laurent Seksik, lui-même, 

assistant hospitalo-universitaire :

À lire, absolument !





Léna Kotev est cancérologue à Paris. Dans sa famille, on est médecin de génération en génération: Pavel Alexandrovitch exerçait dans la Russie tsariste, Mendel fut professeur dans le Berlin des années 1920, Natalia fut victime, sous Staline, de l’affaire du Complot des Blouses blanches. Loin des combats de ses glorieux aïeux, Léna rêve de se soustraire à la légende familiale. Mais peut-on échapper à son destin? Inscrits dans une mythologie qui les dépasse, les Kotev ont vocation à donner un sens à l’Histoire autant qu’à toute vie sauvée.
Comme dans ses précédents romans, Laurent Seksik entremêle les destinées et les époques. Autour du choix de Léna se tisse la chronique d’une famille de médecins juifs dans un roman qui célèbre la noblesse de guérir et le refus de la fatalité.




jeudi 20 août 2015

Joe Dassin : "Et si tu n'existais pas", "À Toi", "Le chemin de papa", "Salut les amoureux"





Mon Ami Giuseppe ne connaît pas Joe Dassin

voilà 4 chansons qui ont créé son mythe





Et si tu n'existais pas


Dis-moi pourquoi j'existerais

Pour traîner dans un monde sans toi

Sans espoir et sans regret

Et si tu n'existais pas

J'essaierais d'inventer l'amour

Comme un peintre qui voit sous ses doigts

Naître les couleurs du jour

Et qui n'en revient pas



Et si tu n'existais pas

Dis-moi pour qui j'existerais

Des passantes endormies dans mes bras

Que je n'aimerais jamais

Et si tu n'existais pas

Je ne serais qu'un point de plus

Dans ce monde qui vient et qui va

Je me sentirais perdu

J'aurais besoin de toi



Et si tu n'existais pas

Dis-moi comment j'existerais

Je pourrais faire semblant d'être moi

Mais je ne serais pas vrai

Et si tu n'existais pas

Je crois que je l'aurais trouvé

Le secret de la vie, le pourquoi

Simplement pour te créer

Et pour te regarder



Et si tu n'existais pas

Dis-moi pourquoi j'existerais

Pour traîner dans un monde sans toi

Sans espoir et sans regret

Et si tu n'existais pas

J'essaierais d'inventer l'amour

Comme un peintre qui voit sous ses doigts

Naître les couleurs du jour

Et qui n'en revient pas




A toi, à la façon que tu as d’être belle


A la façon que tu as d’être à moi

A tes mots tendres un peu artificiels quelquefois,

A toi, à la petite fille que tu étais

A celle que tu es encore souvent

A ton passé, à tes secrets,

A tes anciens princes charmants



A la vie, à l’amour

A nos nuits, à nos jours

A l’éternel retour de la chance

A l’enfant qui viendra

Qui nous ressemblera

Qui sera à la fois toi et moi



A moi, à la folie dont tu es la raison

A mes colères sans savoir pourquoi

A mes silences et à mes trahisons quelquefois

A moi, au temps que j’ai passé à te chercher

Aux qualités dont tu te moques bien

Aux défauts que je t’ai cachés

A mes idées de baladin


A la vie, à l’amour

A nos nuits, à nos jours

A l’éternel retour de la chance

A l’enfant qui viendra

Qui nous ressemblera

Qui sera à la fois toi et moi



A nous, aux souvenirs que nous allons nous faire

A l’avenir et au présent surtout

A la santé de cette vieille terre qui s’en fout

A nous, à nos espoirs et à nos illusions

A notre prochain premier rendez-vous

A la santé de ces millions d’amoureux

Qui sont comme nous



A toi, à la façon que tu as d’être belle

A la façon que tu as d’être à moi

A tes mots tendres un peu artificiels quelquefois,

A toi, à la petite fille que tu étais

A celle que tu es encore souvent

A ton passé, à tes secrets,

A tes anciens princes charmants








Il était un peu poète et un peu vagabond



Il n'avait jamais connu ni patrie, ni patron


Il venait de n'importe oû, allait aux quatre vents




Mais dedans sa roulotte nous étions dix enfants


Et le soir, autour d'un feu de camp


On rêvait d'une maison blanche en chantant




Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa


C'est vraiment fatiguant d'aller oû tu vas


Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa


Tu devrais t'arrêter dans ce coin




Mais il ne nous écoutait pas et dès le petit jour


La famille reprenait son voyage au long cours


À peine le temps pour notre mère de laver sa chemise


Et nous voilà repartis pour une nouvelle Terre Promise


Et le soir, autour d'un feu de camp


Elle rêvait d'une maison blanche en chantant




Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa


C'est vraiment fatiguant d'aller oû tu vas


Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa


Tu devrais t'arrêter dans ce coin




Et c'est ainsi que cahotant à travers les saisons


C'est ainsi que regardant par-dessus l'horizon


Sans même s'en apercevoir not' père nous a semés


Aux quatre coins du monde comme des grains de blé


Et quelque part au bout de l'univers


Roule encore la vieille roulotte de mon père




Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa


C'est vraiment fatiguant d'aller oû tu vas


Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa


Tu devrais t'arrêter dans ce coin






Les matins se suivent et se ressemblent
Quand l'amour fait place au quotidien
On n'était pas fait pour vivre ensemble
Ça n'suffit pas toujours de s'aimer bien

C'est drôle, hier, on s'ennuyait
Et c'est à peine si l'on trouvait
Des mots pour se parler du mauvais temps
Et maintenant qu'il faut partir
On a cent mille choses à dire
Qui tiennent trop à cœur pour si peu de temps

On s'est aimé comme on se quitte
Tout simplement, sans penser à demain
A demain qui vient toujours un peu trop vite
Aux adieux qui quelquefois se passent un peu trop bien


On fait c'qu'il faut, on tient nos rôles
On se regarde, on rit, on crâne un peu
On a toujours oublié quelque chose
C'est pas facile de se dire adieu

Et l'on sait trop bien que tôt ou tard
Demain peut-être, ou même ce soir
On va se dire que tout n'est pas perdu
De ce roman inachevé, on va se faire un conte de fées
Mais on a passé l'âge, on n'y croirait plus

On s'est aimé comme on se quitte
Tout simplement, sans penser à demain
A demain qui vient toujours un peu trop vite
Aux adieux qui quelquefois se passent un peu trop bien


Roméo, Juliette, et tous les autres
Au fond de vos bouquins, dormez en paix
Une simple histoire comme la nôtre
Est de celles qu'on écrira jamais

Allons petite il faut partir
Laisser ici nos souvenirs
On va descendre ensemble si tu veux
Et quand elle va nous voir passer
La patronne du café
Va encore nous dire " Salut les amoureux "

On s'est aimé comme on se quitte
Tout simplement, sans penser à demain
A demain qui vient toujours un peu trop vite
Aux adieux qui quelquefois se passent un peu trop bien ...





mardi 18 août 2015

Guy Bontempelli Quand je vois passer un bateau







Quand je vois passer un bateau
J'ai envie de me foutre à l'eau
Et d'enjamber le bastingage
Et vivre entre le ciel et l'eau
Le reste de mon âge


J'ai envie d'aller où il va
Remonter le long de Java
Descendre à terre, le soir au mouillage
Et rire comme un étranger

D'un rire qui fait éclater
La rose bleue d'un tatouage.







J'ai envie d'aller loin d'ici
Brûler ma vie dans ces pays
Où les cargos éventrent les collines
Aller de Manille à Cuba
Changer le coton en tabac
Et le tabac en cocaïne.

Plonger le poing rongé de sel
Dans le corsage d'arc-en-ciel
D'une chinoise ou bien d'une manouche
Et prendre ses seins tout petits
Comme des œufs au fond d'un nid
Pour les écraser sur ma bouche.





Tailler, le couteau bien en main
Une balafre à mon destin
Et enlacer ces filles malhonnêtes
Qui, par un mouvement des reins
Allument le sang des marins
Au fonds des clandés de Papeete.

Défilant le long du bateau
Regarder les champs de pavots
Semés de filles à la démarche étrange
Le pan de la jupe fendue
Bat l'amble sur des jambes nues
Juteuses comme des oranges.

Quand je vois passer un bateau
Je rêve de me foutre à l'eau
Et n'ai besoin d'autre Sésame
Que d'être là, à mon piano
A rêver sur la gamme.