Léna Kotev est cancérologue à Paris. Dans sa famille, on est médecin de génération en génération: Pavel Alexandrovitch exerçait dans la Russie tsariste, Mendel fut professeur dans le Berlin des années 1920, Natalia fut victime, sous Staline, de l’affaire du Complot des Blouses blanches. Loin des combats de ses glorieux aïeux, Léna rêve de se soustraire à la légende familiale. Mais peut-on échapper à son destin? Inscrits dans une mythologie qui les dépasse, les Kotev ont vocation à donner un sens à l’Histoire autant qu’à toute vie sauvée.
Comme dans ses précédents romans, Laurent Seksik entremêle les destinées et les époques. Autour du choix de Léna se tisse la chronique d’une famille de médecins juifs dans un roman qui célèbre la noblesse de guérir et le refus de la fatalité.
A tes mots tendres un peu artificiels quelquefois,
A toi, à la petite fille que tu étais
A celle que tu es encore souvent
A ton passé, à tes secrets,
A tes anciens princes charmants
A la vie, à l’amour
A nos nuits, à nos jours
A l’éternel retour de la chance
A l’enfant qui viendra
Qui nous ressemblera
Qui sera à la fois toi et moi
A moi, à la folie dont tu es la raison
A mes colères sans savoir pourquoi
A mes silences et à mes trahisons quelquefois
A moi, au temps que j’ai passé à te chercher
Aux qualités dont tu te moques bien
Aux défauts que je t’ai cachés
A mes idées de baladin
A la vie, à l’amour
A nos nuits, à nos jours
A l’éternel retour de la chance
A l’enfant qui viendra
Qui nous ressemblera
Qui sera à la fois toi et moi
A nous, aux souvenirs que nous allons nous faire
A l’avenir et au présent surtout
A la santé de cette vieille terre qui s’en fout
A nous, à nos espoirs et à nos illusions
A notre prochain premier rendez-vous
A la santé de ces millions d’amoureux
Qui sont comme nous
A toi, à la façon que tu as d’être belle
A la façon que tu as d’être à moi
A tes mots tendres un peu artificiels quelquefois,
A toi, à la petite fille que tu étais
A celle que tu es encore souvent
A ton passé, à tes secrets,
A tes anciens princes charmants
Il était un peu poète et un peu vagabond Il n'avait jamais connu ni patrie, ni patron Il venait de n'importe oû, allait aux quatre vents Mais dedans sa roulotte nous étions dix enfants Et le soir, autour d'un feu de camp On rêvait d'une maison blanche en chantant Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa C'est vraiment fatiguant d'aller oû tu vas Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa Tu devrais t'arrêter dans ce coin Mais il ne nous écoutait pas et dès le petit jour La famille reprenait son voyage au long cours À peine le temps pour notre mère de laver sa chemise Et nous voilà repartis pour une nouvelle Terre Promise Et le soir, autour d'un feu de camp Elle rêvait d'une maison blanche en chantant Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa C'est vraiment fatiguant d'aller oû tu vas Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa Tu devrais t'arrêter dans ce coin Et c'est ainsi que cahotant à travers les saisons C'est ainsi que regardant par-dessus l'horizon Sans même s'en apercevoir not' père nous a semés Aux quatre coins du monde comme des grains de blé Et quelque part au bout de l'univers Roule encore la vieille roulotte de mon père Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa C'est vraiment fatiguant d'aller oû tu vas Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa Tu devrais t'arrêter dans ce coin
Les
matins se suivent et se ressemblent
Quand l'amour fait place au quotidien
On n'était pas fait pour vivre ensemble
Ça n'suffit pas toujours de s'aimer bien
C'est drôle, hier, on s'ennuyait
Et c'est à peine si l'on trouvait
Des mots pour se parler du mauvais temps
Et maintenant qu'il faut partir
On a cent mille choses à dire
Qui tiennent trop à cœur pour si peu de temps
On s'est aimé comme on se quitte
Tout simplement, sans penser à demain
A demain qui vient toujours un peu trop vite
Aux adieux qui quelquefois se passent un peu trop bien
On fait c'qu'il faut, on tient nos rôles
On se regarde, on rit, on crâne un peu
On a toujours oublié quelque chose
C'est pas facile de se dire adieu
Et l'on sait trop bien que tôt ou tard
Demain peut-être, ou même ce soir
On va se dire que tout n'est pas perdu
De ce roman inachevé, on va se faire un conte de fées
Mais on a passé l'âge, on n'y croirait plus
On s'est aimé comme on se quitte
Tout simplement, sans penser à demain
A demain qui vient toujours un peu trop vite
Aux adieux qui quelquefois se passent un peu trop bien
Roméo, Juliette, et tous les autres
Au fond de vos bouquins, dormez en paix
Une simple histoire comme la nôtre
Est de celles qu'on écrira jamais
Allons petite il faut partir
Laisser ici nos souvenirs
On va descendre ensemble si tu veux
Et quand elle va nous voir passer
La patronne du café
Va encore nous dire " Salut les amoureux "
On s'est aimé comme on se quitte
Tout simplement, sans penser à demain
A demain qui vient toujours un peu trop vite
Aux adieux qui quelquefois se passent un peu trop bien ...
Quand je vois passer un bateau J'ai envie de me foutre à l'eau Et d'enjamber le bastingage Et vivre entre le ciel et l'eau Le reste de mon âge J'ai envie d'aller où il va Remonter le long de Java Descendre à terre, le soir au mouillage Et rire comme un étranger D'un rire qui fait éclater La rose bleue d'un tatouage.
J'ai envie d'aller loin d'ici Brûler ma vie dans ces pays Où les cargos éventrent les collines Aller de Manille à Cuba Changer le coton en tabac Et le tabac en cocaïne.
Plonger le poing rongé de sel Dans le corsage d'arc-en-ciel D'une chinoise ou bien d'une manouche Et prendre ses seins tout petits Comme des œufs au fond d'un nid Pour les écraser sur ma bouche.
Tailler, le couteau bien en main Une balafre à mon destin Et enlacer ces filles malhonnêtes Qui, par un mouvement des reins Allument le sang des marins Au fonds des clandés de Papeete.
Défilant le long du bateau Regarder les champs de pavots Semés de filles à la démarche étrange Le pan de la jupe fendue Bat l'amble sur des jambes nues Juteuses comme des oranges.
Quand je vois passer un bateau Je rêve de me foutre à l'eau Et n'ai besoin d'autre Sésame Que d'être là, à mon piano A rêver sur la gamme.
L'histoire, puisque histoire il y a, est celle, parallèle, de deux hommes : Michel, biologiste, dénué de passion humaine et de sexualité, chercheur, maître en solitude ; Bruno, son demi-frère, obsédé par la quête d'un plaisir sexuel qu'il n'arrive ni à prendre
ni à donner. Ils sont nés d'une même mère biologique que n'a jamais troublée l'idée
de maternité mais qui, en revanche, a vécu jusqu'à la caricature les conquêtes de la femme libérée, du gauchisme friqué et du peace and love à l'américaine.
A force, on ne sait plus de quoi il s'agit : de littérature, d'idéologie, de procès politique ou de posture. D'un roman, de déclarations provocantes jetées au fil d'interviews infinies, de mises en accusation publiques appelant la légitime défense, ou d'une drôle de manière
de tenir sa cigarette, entre le majeur et l'annulaire. Ce qui s'est abattu sur la rentrée littéraire, depuis la fin du mois d'août, a un vague air de typhon. Certains le trouvent « douteux », « glauque », « dangereux », d'autres y voient un livre majeur, un tournant dans la littérature.
Ce n'est pas la peine De rester plus longtemps Va t-en si tu m'aimes Tu partiras à temps Avant que je ne redevienne Quelqu'un d'horrible, de méchant Que l'on traîne, Comme un souvenir douloureux
Que tu me comprennes Ou que tu ne saches plus vraiment Va-t'en si tu m'aimes Le reste n'est pas important Si tout ce qui te gène C'est de me voir si nonchalant Console toi quand même Je t'ai aime longtemps
Va-t-en va-t-en va-t-en va-t-en Va-t-en va-t-en si tu m'aimes encore un peu Va-t-en va-t-en va-t-en va-t-en Va-t-en va-t-en de toutes façons c'est trop peu C'est trop peu Je ne t'imagine plus près de moi Quand je sors Tu ne peux qu'être absent puisque Mon amour est mort Je ne vois pas pourquoi tu serais Plus voyant que les autres gens maintenant Tu n'es pas d'accord Tous ces mots te gênent Il fallait pourtant Que je te préviennes
Tu ne veux pas croire Que je puisse aller si loin Que cette histoire N'ait plus d'eau a son moulin Qu'une eau toute noire Dans laquelle on ne voit rien Ne voit plus rien Regarde bien et ne mens pas
Va-t-en va-t-en va-t-en va-t-en Va-t-en va-t-en si tu m'aimes encore un peu Va-t-en va-t-en va-t-en va-t-en Va-t-en va-t-en de toutes façons c'est trop peu