Quand,
les deux yeux fermés, en un soir chaud 'automne,
Je
respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je
vois se dérouler des rivages heureux
Qu'éblouissent
les feux d'un soleil monotone;
Une
île paresseuse où la nature donne
Des
arbres singuliers et des fruits savoureux;
Des
hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et
des femmes dont l'oeil par sa franchise étonne.
Guidé
par ton odeur vers de charmants climats,
Je
vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor
tout fatigués par la vague marine,
Pendant
que le parfum des verts tamariniers,
Qui
circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se
mêle dans mon âme au chant des mariniers
Apollonie
Sabatier
Baudelaire
lui voue une admiration plus spirituelle.
Au
sein du recueil, on distingue un cycle « Madame Sabatier », dont
les poèmes Tout entière, Que diras-tu ce soir, Le
Flambeau Vivant, Réversibilité, Confession, L’Aube
Spirituelle, Harmonie du Soir.
L’oiseau et le poète ont en commun la plume, l’outil de liberté. La plume de l’albatros l’aide à voler, celle du poète lui permet d’écrire : pour tous les deux, c’est le seul moyen d’être libre, de vivre un idéal
L'Albatros Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres (1) amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux(2), Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons (3) traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule(4)! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule(5), L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!