La course à
l'abîme est une biographie imaginaire
de Michelangelo Merisi. Dominique Fernadez
raconte la révolte personnelle et artistique de Caravaggio; tout
en suivant les grandes lignes de sa vie il nous offre un conte
magnifique sur son époque et surtout sur son Art. Roman
d' une grande érudition et dont le regard caustique ne
se porte pas seulement sur l’époque qu’il décrit mais, au-delà, sur toutes les
époques, sur l’homme tel qu’il est.
Il imagine un
Caravage selon son cœur, scandaleux et révolté : époustouflant!
À lire absolument en préparation de notre visite à Milan ( II et III D ESABAC) pour la pièce "Moi Caravage" au théàtre Parenti le 23 novembre 2017
Corbeille de fruits Pinacoteca Ambrosiana Milano
« C’est … une
époque que recrée Dominique Fernandez sur
les pas du Caravage. L’époque de la Contre-Réforme, durant laquelle
l’Eglise cherche à reconquérir les fidèles et a recours à l’art parmi d’autres
armes. La Rome des papes Clément VIII et
Paul V, dans laquelle vit et travaille le Caravage, a pour objectif de séduire les fidèles et de s’opposer à l’expansion du
protestantisme. La peinture et la sculpture sont au service de cette entreprise
de séduction… On voit fréquemment le Caravage citer les Textes pour y
trouver la caution indispensable à l’approbation de ses toiles – et, parfois,
les trahir délibérément dans une volonté explicite de provoquer l’Eglise. Cette
provocation est au cœur de la personnalité du Caravage. L’Histoire nous a
laissés avec un peintre doué et turbulent ...
À cette révolte personnelle, Fernandez ajoute la révolte artistique, plus académique, elle, car désormais circonscrite par les historiens de l’art. Le roman est aussi exégèse de l’œuvre du Caravage. Chaque tableau s’y trouve « mis en contexte » dans la vie imaginée par l’écrivain, mais également analysé à la lumière de ce que le Caravage a apporté à la peinture. Peintre des ombres et de la lumière, dit-on, le Caravage a aussi voulu faire entrer la réalité dans la peinture, rompre par conséquent avec l’académisme issu du passé, et particulièrement avec l’imitation des Anciens … Le Caravage de Fernandez se dit incapable de peindre autrement que d’après modèles, et il trouve ceux-ci, le plus souvent, dans le peuple que l’Eglise feint de ne pas voir. Ce sont des prostituées qui posent pour les saintes, ce sont les garçons avec lesquels il couche qui figurent les saints et les amours, autant de scandales en puissance dont s’amuse le peintre … La course à l’abîme inscrit l’œuvre du Caravage dans l’Histoire de la peinture, mentionnant Michel-Ange, Raphaël, le Titien et bien d’autres, dont bien sûr les contemporains de Caravaggio, les Cavalier d’Arpin, les Carracci, les Gentileschi. Déjà s’y dessine l’héritage caravagesque que l’on ne nommera que bien plus tard, à travers les imitateurs qui se défendent de « faire du Caravage » mais reprennent à leur profit les « techniques » développées par ce dernier. Le roman de Dominique Fernandez, donc, est tout à la fois un plaisir (forcément sulfureux) de boylover et un commentaire de l’œuvre du Caravage. En mêlant ces deux aspects avec une érudition étourdissante, l’écrivain exprime sa passion d’un personnage, d’une œuvre, d’un pays (Rome n’est pas seule décrite, Naples, Florence, Malte le sont aussi) et d’une époque, qu’il met en scène avec une ironie savante et grinçante. Car si la vie du Caravage paraît scandaleuse, elle sert ici à dénoncer les turpitudes des gens en place, leur fausse respectabilité, tant sur le plan moral que sur le plan intellectuel : Fernandez s’amuse aussi à stigmatiser les commentaires savants, les exégèses érudites, discréditées et raillées par les motivations sensuelles de son Caravage. »
À cette révolte personnelle, Fernandez ajoute la révolte artistique, plus académique, elle, car désormais circonscrite par les historiens de l’art. Le roman est aussi exégèse de l’œuvre du Caravage. Chaque tableau s’y trouve « mis en contexte » dans la vie imaginée par l’écrivain, mais également analysé à la lumière de ce que le Caravage a apporté à la peinture. Peintre des ombres et de la lumière, dit-on, le Caravage a aussi voulu faire entrer la réalité dans la peinture, rompre par conséquent avec l’académisme issu du passé, et particulièrement avec l’imitation des Anciens … Le Caravage de Fernandez se dit incapable de peindre autrement que d’après modèles, et il trouve ceux-ci, le plus souvent, dans le peuple que l’Eglise feint de ne pas voir. Ce sont des prostituées qui posent pour les saintes, ce sont les garçons avec lesquels il couche qui figurent les saints et les amours, autant de scandales en puissance dont s’amuse le peintre … La course à l’abîme inscrit l’œuvre du Caravage dans l’Histoire de la peinture, mentionnant Michel-Ange, Raphaël, le Titien et bien d’autres, dont bien sûr les contemporains de Caravaggio, les Cavalier d’Arpin, les Carracci, les Gentileschi. Déjà s’y dessine l’héritage caravagesque que l’on ne nommera que bien plus tard, à travers les imitateurs qui se défendent de « faire du Caravage » mais reprennent à leur profit les « techniques » développées par ce dernier. Le roman de Dominique Fernandez, donc, est tout à la fois un plaisir (forcément sulfureux) de boylover et un commentaire de l’œuvre du Caravage. En mêlant ces deux aspects avec une érudition étourdissante, l’écrivain exprime sa passion d’un personnage, d’une œuvre, d’un pays (Rome n’est pas seule décrite, Naples, Florence, Malte le sont aussi) et d’une époque, qu’il met en scène avec une ironie savante et grinçante. Car si la vie du Caravage paraît scandaleuse, elle sert ici à dénoncer les turpitudes des gens en place, leur fausse respectabilité, tant sur le plan moral que sur le plan intellectuel : Fernandez s’amuse aussi à stigmatiser les commentaires savants, les exégèses érudites, discréditées et raillées par les motivations sensuelles de son Caravage. »
Le
Martyre de Saint-Mathieu (1599-1600)
"Cette culture étalée dans
790 pages aurait pu devenir indigeste
si elle avait été moins bien maîtrisée par l'auteur mais justement, elle l'est
à la perfection. Connaissances
ethnologiques, picturales, théologiques, tout sonne juste dans ce roman. Pour
parler peinture et techniques picturales, Fernandez se fait peintre. Pour débattre, par l'intermédiaire
des cardinaux et des prélats pontificaux, de la religion et de la meilleure
manière de la représenter, au moyen de quels symboles et de quelles manières
admises et donc indiscutables, il se fait théologien de talent.
Mais en prêtant sa plume au peintre et
en rédigeant son récit à la première personne, il est sûr que c'est au Caravage
avant tout que Dominique Fernandez s'est identifié. Personnage ambivalent
et complexe, Le Caravage devient, sous la plume de celui qui lui rend
un si bel hommage, un personnage intemporel qui s'adresserait à nous, hommes du
XXIème siècle et nous ferait une longue confession, pour s'expliquer enfin après tant d'années d'incompréhension."
Le Sacrifice d'Isaac Collection
Piasecka-Johnson, Princeton
" À travers son commentaire des tableaux caravagesques, Fernandez s’amuse à inventer
une vie qui n’a pour point d’ancrage que l’oeuvre accomplie. Et comme pour
rendre un dernier hommage à celui qui innova en prenant pour modèle l’homme en lui-même
et non plus sa représentation statique et antique, l’auteur fait revivre les
toiles du peintre en les inscrivant à l’intérieur d’une histoire autre que
celle, figée, de l’art. L’oeuvre du Caravage devient, sous la plume de
l’auteur, l’expression de la vie de Merisi. Son histoire personnelle, jalonnée
d’aventures et de mésaventures, de luttes et d’obsessions, explique l’érotisme
de ses toiles."
"En écrivant La Course à
l’abîme, roman qui tente de ressusciter par l’écriture la figure du peintre
Caravage, je ne pensais pas voir jamais ressurgir celui-ci, sous mes yeux, en
chair et en os, cheveux noirs et mine torturée, tel que je me l’étais imaginé, brûlé
de désir, violent, insoumis, possédé par l’ivresse du sacrifice et de la mort.
Eh bien, c’est fait : Cesare Capitani réussit le tour de force, d’incarner sur
scène cet homme dévoré de passions. Il est Caravage, Moi, Caravage, c’est lui.
Il prend à bras le corps le destin du peintre pour le conduire, dans la fièvre
et l’impatience, jusqu’au désastre final."
Dominique Fernandez
Le Jeune Saint
Jean Baptiste au bélier
Musei Capitolini Roma
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