Dans l'attente de nous rendre à Rome
pour le Goncourt des lycéens italiens
Voici les critiques de
Alice et Federico
II D ESABAC au lycée classique
"E. Cairoli" de Varese
Prix Goncourt des lycéens 2015
et Prix Renaudot 2015
UN THRILLER SURPRENANT
ENTRE FICTION ET RÉALITÉ
Delphine de Vigan, écrivaine de succès, a été tellement bouleversée par les effets qu’a produits son dernier roman, concernant le suicide de sa propre mère, qu'elle ne réussit plus à écrire.
Et une rencontre fatale avec L., femme séduisante et mystérieuse, dont on ne comprend pas les vraies intentions, va empirer les choses.
Delphine et L. semblent avoir beaucoup de choses en commun et L. paraît tout connaître d’elle. L’intimité entre les deux devient de plus en plus forte, et Delphine arrive à penser n’avoir personne autour d’elle, exception faite pour L.
L., écrivaine elle-même, veut que Delphine développe un sujet réel dans ce qu’elle appelle le “livre fantôme”: en effet, c’est, selon elle, la seule solution pour les écrivains du moment que tout lecteur veut être sûr qu’il y a du vrai dans ce qu'il lit.
Dans le même temps, Delphine est totalement soumise à la forte personnalité de L., qui paraît créer du vide dans l’intérieur d’elle.
Mais quand leur rapport devient plus intime que jamais, L. commet quelque chose d’imprévisible et, après ça, elle disparaît, en quittant Delphine, qui doit traiter avec son éditrice et un manuscrit qui porte son nom, mais qu'elle n'a jamais écrit.
Un thriller psychologique original, prenant, dont la force est dans la parfaite caractérisation des personnages.
Ils sont seulement deux: Delphine et L., mais leurs interactions, leur rapport, leur complexité et leurs différentes nuances ne laissent pas d’espace à l’ennui.
Delphine est représentée dans un moment de fragilité, et sa faiblesse émerge aussi dans les dialogues qu'elle a avec L.: elle est toujours vaincue, elle est souvent sidérée, sa capacité de persuasion ne peut pas rivaliser avec la rhétorique séduisante et convaincante de L.. Delphine est la victime: victime d'un jeu qu'elle ne comprend pas, victime de la confiance qu'elle fait à la seule personne qui semble s'intéresser à elle, victime, enfin, d'elle-même et de son insécurité.
Pour ce qui concerne L., tout le contraire: elle est charmante, rusée, ambitieuse, manipulatrice. Elle s'adapte à toutes les situations: elle sait être mélancolique et joyeuse, furieuse et calme. Elle est très empathique: elle réussit à comprendre ce qui se passe dans la tête de Delphine sans qu'elle ne dise rien, elle sait porter Delphine à changer d’opinion, à douter de tout.
Un élément qui contribue fortement à la bonne réussite des ce roman est le style de l’écriture. L’auteure a su bien alterner des différents registres linguistiques: le style est plus linéaire et simple lorsque l’auteur expose le déroulement des événements; il devient un peu plus articulé lorsque l’auteur présente ses pensées; il est, enfin, plus complexe quand c'est L. qui parle. Les discours de L., en effet, suivent parfois les règles de la rhétorique, l’art de la persuasion, au tel point que le lecteur est lui-même enchanté par la beauté de ses mots.
Le roman présente les caractéristiques clés du genre thriller: le suspense, les éléments mystérieux, le final imprévisible. Il mêle réalité et fiction, laissant le lecteur dans l’angoisse et parfois dans la terreur.
“D’après une histoire vraie” de Delphine de Vigan joue avec la psychologie des personnages et des lecteurs, d’une façon originale et appréciable. Dès le début et jusqu'au dénouement final, l’envie d’en lire toujours davantage ne cesse jamais.
Alice Prestint
D’après une
histoire vraie :
un blocage de l’écrivain bien résolu
Après « Rien ne s’oppose à la nuit », la célèbre écrivaine Delphine
de Vigan nous offre ce deuxième roman autobiographique qui va sans aucun doute
gagner l’attention du lecteur : « D’après une histoire vraie ».
Dès les premières pages, on peut
ressentir que l’histoire qui vient de commencer ne s’écoulera pas seulement sur
notre peau, mais au contraire elle pénétrera dans un niveau bien plus profond.
Avec la rencontre entre Delphine, écrivaine qui fait face à un moment de crise,
et la mystérieuse « L. », dont le prénom aussi bien que sa réelle identité resteront toujours inconnus
(en fait, « L. » se prononce comme le pronom personnel
« elle »), on ne peut qu’être pris dans le crescendo qui correspond à
l’évolution de l’amitié entre les deux femmes : intime et surprenante
pendant ses premières phases ; de plus en plus dangereuse et inquiétante
une fois qu’elle s’est stabilisée, jusqu’à une partie finale à couper le
souffle.
Grâce à l’analyse psychologique précise
et attentive, le lecteur a la possibilité d’entrer en empathie avec l’auteure,
dont on assume le point de vue pendant les événements, et de comprendre chaque geste et chaque pensée. Le
personnage de L. est en plus bien
caractérisé : les éléments de sa personnalité nous sont livrés peu à peu,
de façon que l’histoire puisse rester intrigante jusqu’à sa dernière ligne.
Le résultat est un roman très bien écrit
dont le style ne se distingue pas pour des artifices ou des techniques
particulièrement originales, mais parce qu’il
est certainement clair et fluide et nous permet de faire face aux 479
pages du livres sans aucun problème. Le rythme de la narration est lent, mais
jamais ennuyeux, et la tension qui nous passionne à partir de la moitié du roman
monte progressivement jusqu’à la fin, ce qui permet de répondre à la plupart des questions du
lecteur tout en le quittant avec quelques
doutes irrésolus.
Tout au cours de l’introspection,
l’auteure développe des réflexions qui rendent la lecture plus intéressante et
agréable. Le titre lui-même de ce roman, par exemple, synthétise le fil rouge
qui se déroule à travers les pages : le rapport, souvent compliqué dans les
œuvres littéraires, entre le réel, c’est-à-dire la vérité effective des
événements qui sont racontés, et la fiction, vue ici dans une perspective qui
va nous faire réfléchir.
Le conseil est donc de ne pas rater ce
roman.
Federico Podano
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