dimanche 11 janvier 2015

Michel Bühler : Je rêvais d'hommes frères - Messieurs Les Militaires - Le Soldat







Je rêvais d'hommes frères

Et j'avais  vingt ans 

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Je continue de rêver d'hommes frères

je vous attends !!!









Je rêvais d'hommes frères

Et j'avais quoi ? Vingt ans ?

La démarche légère
Et le cœur palpitant
J'avais le regard clair
D'un qui s'en va confiant
C'est sûr que l'allais faire
Bien mieux que ceux d'avant
La famine ou la guerre
C'est chose qui dépend
De décisions premières
Et du choix des vivants
La raison, la lumière
Guidaient mes pas d'enfant
Qui allait mettre à terre
Tous les trop vieux tourments

Maintenant que l'hiver
Et ses nuages blancs
Et ses arbres austères
Se pointent à mon tournant
Maintenant qu'il s'avère
Que j'ai fait largement
A bord de la galère
La moitié de mon temps
Sans faire d'inventaire
Sans jouer le bilan
Je regarde en arrière
Quelquefois, rarement
Que d'amis, de compères
Que de rires et de chants
Que d'envie d'autres mers
Que de soleils brûlants

Comme jadis et naguère
J'habite obstinément
Un lieu où le vulgaire
Se mêle aux bonnes gens
Un pays de contraire
Frileux et désolant
Fermé dans ses frontières
Et qui est mien pourtant
Lorsque me désespère
Son brunissant présent
Je prends en solitaire
Le sentier montant
Là-haut, face au mystère
Venant du firmament
J'écoute l'univers
Et je salue le vent

Faudrait une manière
De remerciement
Pour l'amour qui éclaire
Intérieurement
La maison tout entière
Depuis bien des printemps
Pour tes yeux bruns ou verts
Ça dépend du moment
Pour ta chanson d'hier
Dans le soleil levant
Pour l'heure où tes paupières
Se ferment doucement
Pour la vie que l'on gère
Comme on peut, bien souvent
Pour la vie qu'on espère
Pour la vie simplement

On apporte sa pierre
Dessus le bâtiment
La pauvre primevère
Naît à chaque printemps
Etais-je une poussière
Ou bien un diamant ?
Qui fixe le critère ?
Qui rend le jugement ?
J'avais l'âme sincère
Et mon petit talent
Est-ce qu'on exagère
A vouloir le beau temps ?
Suivais-je une chimère ?
Suis-je trop innocent ?

Je rêvais d'hommes frères

J'en rêve follement






Quand vous ferez la guerre, ne comptez pas sur moi
Messieurs les militaires, pour jouer au soldat
Pour tirer sur des hommes sans demander pourquoi
Pour vous obéir comme vous l'espérez, je crois

Vous avez cru me prendre quand je vous ai suivi,
Moi, je voulais apprendre à tenir un fusil
Je ne veux pas défendre n'importe quel drapeau
Je veux d'abord comprendre à qui j'offre ma peau

Quand fous ferez la guerre, vous la faites aujourd'hui
Messieurs les militaires, dans de lointains pays
Vous semez la misère, la mort, pour le profit
De grands hommes d'affaires qui sont au chaud ici,

Qui gardent leurs mains blanches, qui ont de beaux habits,
Des habits du dimanche, même le mercredi,
Etes-vous donc si bêtes pour être si odieux ?
Non, simplement vous êtes du même monde qu'eux

Quand vous ferez la guerre, messieurs les officiers,
Tortionnaires en puissance, valets des financiers
Tout au long de l'histoire vous avez exploité
Les miens pour votre gloire, l'auriez vous oublié ?

Et vous voulez me faire croire que nous venons
Tous de la même terre, je vous réponds que non
Quand vous ferez la guerre je choisirai mon camp
J'irai avec mes frères avec les pauvres gens

Vous êtes de la race des maîtres et des seigneurs
Il n'y a pas de place pour vous dedans mon cœur
Nous n'avons pas le même intérêt vous et moi
Et la couleur que j'aime, vous, vous ne l'aimez pas

Juste encore une chose avant de vous quitter
Une Question que je pose, en toute humilité
Saurez-vous me comprendre si je vous remercie ?
Vous avez su m'apprendre à tenir un fusil







De ses guerres lointaines,

Quand Le Soldat revint,
Se mit à la fontaine,
Au bout de mon jardin.
Si ma mémoire est bonne,
(Je ne suis sûr de rien)
C'était un jour d'automne
Hier ou bien demain.

Tous les gens du village
S'approchèrent de lui.
Le patron du garage
Lui dit: "Tu as vieilli".
Devant sa pauvre mine
Et son habit râpé
Les gamins, les gamines
Ont couru se cacher.

Il dit: "Une lumière
A disparu en moi.
Ce que l'on m'a fait faire,
Je n'en parlerai pas.
Je vous vois sur la place
Comme des étrangers:
Est-ce le temps qui passe,
Ou moi qui ai changé?

Vous dites que ma mère...
Mais je n'en ai rien su!
J'irai au cimetière
Pour un dernier salut.
Ainsi s'écrit l'Histoire:
On se bat tant et plus,
On fête la victoire
Et l'on a tout perdu.

Elle habite à la ville,
Celle qui m'avait dit:
"Tu peux partir tranquille"!
N'en parlons plus, tant pis.
J'en ai connu bien d'autres,
Et j'en retrouverai,
Qui vous oublient quand votre
Argent s'est envolé.

Et les Grands de la Terre,
Tous ceux que j'ai servis,
Qui me flattaient naguère,
M'ont oubié aussi.
Il me reste la route:
Plus rien à faire par là.
Mais il faut qu'on m'écoute
Une dernière fois".

Alors, la plus petite,
En pleurant, a donné
Un baiser, vite, vite,
Au soldat qui parlait
D'une pauvre voix qui tremble:
"Voici ce que je sais:
Les guerres se ressemblent,
Ne vous battez jamais!



Les guerres se ressemblent,


Ne vous battez jamais"!


Si ma mémoire est bonne,
Il reprit son chemin.
C'était un jour d'automne,
Hier, ou bien demain,

C'était un jour d'automne,
Hier, ou bien demain.






1 commentaire:

  1. je trouve que le texte de "Le Soldat" de Michel Buhler est simple mais à la fois est vrai. je l'ai lu plusieurs fois et je pense qu'il est fantastique. J'ai aimè aussi l ècouter la piste audio qui à été utile pour mieux comprendre le texte.
    Renata V. 5D

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