jeudi 25 septembre 2014

Goncourt des lycéens ESABAC 2013 : Les lectures de Sonia Calabrò et Emanuele Castoldi




   
Calabrò Sonia et Castoldi Emanuele

 Goncourt des lycéens italiens 2013












Sonia calabrò 
 Naissance : un roman qui tue
Naissance, le nouveau roman de Yann Moix, édité par Grasset en 2013, est un roman qui nous contraint à réfléchir  sur des thèmes que nous préférons  ignorer . Qu'est-ce que la vie? Qu'est-ce que la mort? Naître, qu’est-ce que cela signifie ? Et être un père? Et un fils? Est-ce qu’il existe vraiment le bonheur ou l’homme est destiné à souffrir ?
En nous racontant l’histoire de sa vie, ou plutôt, de sa naissance, Yann Moix s’ invente, ou mieux,  il  nous raconte l’histoire de l’homme universel. Avec un style sûrement originel, très ironique, parfois fou et vulgaire, incroyablement violent et cru dans certains moments, un style qui semble n’avoir aucune pudeur, aucune retenue, à travers une reconstruction de la pensée philosophique, métaphysique et  religieuse du monde occidental, qu’il médite et qu’il propose de façon très personnelle, en opérant un éclectisme qui étonne par son génie,  l’auteur parvient à une conception excessivement  pessimiste de la vie, à un mépris de l’existence qui, pourtant, paradoxalement nous oblige à vivre.
Quand on lit ce livre, on naît et on meurt à chaque page, ainsi que on renaît et on meurt chaque jour. Naissance,  c’est une appel à ne pas vivre dans le passé et dans le regret,  à cueillir  “ dès aujourd’hui les roses de la  vie ”, qui s’accomplie à travers son contraire : la haine de la vie même. Yann Moix révèle une étonnante habilité à pénétrer la psychologie et l’âme humaine, ce qui  renvoie le portrait d’un homme qui incarne la cancérisation de la société moderne, un homme qui est le contraire du Christ, qui se croit au-dessus de tous.
Il pose, dans une lecture qui pèse non seulement par la dimension du livre, mais aussi par la gravité des réflexions que ce livre contient, des réflexions qui concernent, comme nous avons déjà dit, la naissance, la mort, mais aussi le judaïsme, le christianisme, la littérature, l’écriture, le suicide, la procréation, une question à laquelle l’auteur même ne répond pas : est-ce qu’on est tous les jours en train d’exister ou est-ce qu’on est tous les jours en train de mourir?
«  Ce livre est gros comme une femme enceinte de neuf mois » : c’est ainsi que Yann Moix a défini son propre roman. On peut dire, en effet, qu’il s’agit d’un roman excessif d’un excès évident aussi bien pour son style répétitif et prolixe que pour  le nombre des pages et pour les digressions philosophiques, excès qui est incarné par la figure de Marc-Astolphe Oh, un homme “excessivement excessif”.








Emauele Castoldi 

Une pierre: fondement des lieux, des sociétés, moyen de violence


"Tu as été amputé de toi-même. D'un lieu qui est toi-même."
Voilà comment , Pierre Jourde, auteur de "La première pierre", s'adresse directement au lecteur, pour lui faire  comprendre les événements qui ont drastiquement changé sa vie en 2005, après la parution de "Pays perdu",  livre concernant le village du Cantal où il a grandi: livre qui a été considéré une sorte d'ode pour cette terre sauvage par la critique, alors   qu’il a été mal interprété et vu par beaucoup d'habitants du village comme une  attaque, une diffamation, une action contre eux même. Donc ce déshonneur et cette honte, qu'ils croyaient  avoir acquis, deviendront la raison d'une haine profonde qui les amènera à une tentative de lynchage contre  l'auteur et sa famille entière, c'est-à-dire même contre ses enfants, pendant leur vacances au village.
 Et voilà les sujets principaux du livre, d'une coté la rudesse du village, qui veut se venger violemment d'un homme  si lié à ce lieu et à ses habitants auxquels il ressent appartenir, de l'autre l'écrivain, déçu par ceux qu' il croyait  des amis, si prêts à utiliser la violence contre l'innocence des enfants aussi, injustifiés, injustifiables mais quand  même unis dans leurs actions sauvages.
Ce qui souligne encore  plus la déception et le regret éprouvés, c’est l'ironie de Jourde, une ironie  pas débonnaire, mais amère constatant la lucide facilité avec laquelle les gens du village arrivent à le détester  et à l'exiler.
Et encore plus , pendant le procès au tribunal, il  élève la critique du village à la société entière: l'apparence, même si  elle est souvent fondée sur des préjudices, comme celui selon lequel les villageois n'ont pas de moyens linguistiques ni de connaissances nécessaires à se défendre, est l'aspect le plus important de la vie d'une personne et d'un groupe, plus important que les affections et les liens entre des hommes. Et une apparence lésée devient une  raison  suffisante de haine dans une société renfermée dont le village devient le symbole  et où les critiques sont inacceptables.
Voilà enfin ce qui  est vraiment admirable, c'est-à-dire la franchise et la simplicité avec lesquelles l'auteur défend  ses idées, sa position et sa famille.











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