L'idée de cet essai m'est venue en lisant ce beau recueil
de poèmes
Guerre à la guerre
une anthologie établie et présentée par Bruno Doucey
Editions Bruno Doucey
"J'ai 10 ans. La petite ville de province où se déroule
mon enfanceest calme. On y parle de la guerre au passé.
Elle est l'affaire de mes grands-parents qui ont
connu la Seconde Guerre mondiale , de mes
arrière-grands-parents qui ont fait la Grande Guerre."
Avec quelques petites modifications j'épouse cette introduction ...
"J'ai 10 ans. Le petit village de province où se déroule
mon enfance est calme. On y parle de la guerre au passé.
Elle est l'affaire de mes parents qui ont connu la
Seconde Guerre mondiale, de mes grands-parents
qui ont fait la Grande Guerre."
... mais la guerre est toujours là,
...
sans interrompre son ballet mortifère
...
sans interrompre son ballet mortifère
"Dans quelques heures,
je ne serai plus de ce monde.
Nous allons être fusillés
cet après-midi, à quinze heures"
Missak Manouchian
Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel,
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d’étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d’amour
Ils n’ont pas de recommandation à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L’un d’eux pense à un petit village
Où il allait à l’école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au dessus de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là où ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n’entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu’ils ne sont plus des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit.
René Guy Cadou
Se questo è un uomo
je ne serai plus de ce monde.
Nous allons être fusillés
cet après-midi, à quinze heures"
Missak Manouchian
Les fusillés de Châteaubriant
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel,
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d’étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d’amour
Ils n’ont pas de recommandation à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L’un d’eux pense à un petit village
Où il allait à l’école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au dessus de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là où ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n’entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu’ils ne sont plus des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit.
René Guy Cadou
Se questo è un uomo
Voi che vivete sicuri Nelle vostre tiepide case, voi che trovate tornando a sera Il cibo caldo e visi amici: Considerate se questo è un uomo Che lavora nel fango Che non conosce pace Che lotta per un pezzo di pane Che muore per un sì o per un no. Considerate se questa è una donna, Senza capelli e senza nome Senza più forza di ricordare Vuoti gli occhi e freddo il grembo Come una rana d'inverno. Meditate che questo è stato: Vi comando queste parole. Scolpitele nel vostro cuore Stando in casa andando per via, Coricandovi alzandovi; Ripetetele ai vostri figli. O vi si sfaccia la casa, La malattia vi impedisca, I vostri nati torcano il viso da voi.
Primo Levi
LA GUERRA CHE VERRA'
La guerra che verrà non è la prima,
prima ci sono state altre guerre.
Alla fine dell’ultima
c’eran vincitori e c’eran vinti.
La guerra che verrà non è la prima,
prima ci sono state altre guerre.
Alla fine dell’ultima guerra
c’eran vincitori e c’eran vinti.
Tra i vinti
la povera gente
faceva la fame.
Tra i vincitori
faceva la fame
la povera gente egualmente,
la povera gente egualmente.
La guerra che verrà
non è la prima…
Bertold Brecht
Mon général, votre tank est puissant
Il couche une forêt, il écrase cent hommes.
Mais il a un défaut :
il a besoin d’un conducteur.
Mon général, puissant est votre bombardier,Plus vite que l’ouragan, plus fort que l’éléphant
Mais il a un défaut :
Il lui faut un mécanicien.
Mon général on peut tirer beaucoup de l’homme
Il sait voler, il sait tuer.
Mais il a un défaut :
Il sait pense
Bertold Brecht
IL EST PAISIBLE, MOI AUSSI
Il est paisible, moi aussi.
Il sirote un thé citron
je bois un café,
c’est ce qui nous distingue.
Comme moi, il est vêtu d’une chemise rayée
trop grande.
Comme lui, je parcours les journaux du soir.
Il ne me surprend pas quand je l’observe de biais.
Je ne le surprends pas quand il m’observe de biais.
Il est paisible, moi aussi.
Il parle au serveur.
Je parle au serveur…
Un chat noir passe entre nous.
Je caresse la fourrure de sa nuit,
il caresse la fourrure de sa nuit…
Je ne lui dis pas : le ciel est limpide aujourd’hui,
plus bleu.
Il ne me dit pas : le ciel est limpide aujourd’hui.
Il est vu et il voit.
Je suis vu et je vois.
Je déplace la jambe gauche,
il déplace la jambe droite.
Je fredonne une chanson,
il fredonne un air proche.
Je me dis :
Est-il le miroir dans lequel je me vois ?
Puis je cherche son regard,
mais il n’est plus là…
Je quitte précipitamment le café,
et je me dis : c’est peut-être un assassin
ou peut-être un passant qui m’a pris
pour un assassin.
Il a peur, moi aussi
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