La musique permet d'accéder à un monde perdu que
recrée l'imagination au sens premier de faculté de créer
des images. C'est un facteur déclenchant qui agit
par associations d'images. Bien-sûr, on n'ignore pas
la croyance de Nerval en la métempsycose mais
la vie antérieure, quand bien même est-elle ici datée
de « deux cents ans » peut se lire comme symbole
d'un passé ressenti comme extrêmement lointain,
celui de l'enfance et plus largement d'un« ailleurs »
cher aux romantiques, paradis perdu que l'on peut revivre
grâce à la magie du verbe et à la Fantaisie du poète.
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.
Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C'est sous Louis treize ; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C'est sous Louis treize ; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,
Puis un châteaude brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière,
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière,
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;
Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... - et dont je me souviens !
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... - et dont je me souviens !
Gérard de Nerval – Odelettes
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