mardi 28 octobre 2014

Le Cid de Corneille par Hélène Carrère d’Encausse de l'Académie Française (Canal Académie)






Chers élèves de II D ESABAC,
je vous invite à la lecture de cet extrait concernant Le Cid  de Corneille.
En suivant le lien, vous pourrez écouter et  vérifier vos compétences à l'oral, approfondir vos connaissances sur le héros cornélien, préparer d'ores et déjà nos cours à venir! ... Quel bonheur!









Pirre Corneille par Hélène Carrère d’Encausse, historien et Secrétaire perpétuel de l’Académie française depuis le 21 octobre 1999
Élue en 1990 au fauteuil 14 précédemment occupé par Jean Mistler, Hélène Carrère d’Encausse est historien et Secrétaire perpétuel de l’Académie française depuis le 21 octobre 1999.
Elle a reçu le prix Aujourd’hui pour L’Empire éclaté en 1978, le prix Louise Weiss en 1987, le prix Comenius en 1992 pour l’ensemble de son œuvre et le prix des Ambassadeurs en 1997, pour Nicolas II.
Elle est membre associé de l’Académie royale de Belgique.




En 1636 la paix s’effrite. Les croquants soulèvent le Périgord. Et les Habsbourg prétendent dominer l’Europe. Les partis se mobilisent alors pour ou contre les choix politiques de Richelieu. Parti espagnol rassemblé autour de la reine, fille d’Espagne ; parti d’opposition à l’Espagne. Les grands se dressent contre Richelieu, qui veut renforcer l’État. C’est dans cette atmosphère plus tendue que l’on joue Le Ciden janvier 1637. Le triomphe de la pièce fut immédiat. Tant de spectateurs s’y pressaient qu’il fallut, contre tous les usages, les placer dans tous les recoins du théâtre et même sur la scène.
Nul besoin de raconter Le Cid, mais il faut dire comment il fut entendu par les spectateurs de ce temps.
Le Cid est d’abord le choc de deux temps historiques et de deux générations. Le couple Chimène-Rodrigue incarne la jeunesse de l’époque de Louis XIII. En face de ce couple élu se dressent les guerriers du temps d’Henri IV qui, au nom des services rendus, prétendent imposer leur autorité à leurs enfants, mais aussi au roi.
Conflit du père et du fils : don Diègue exige de Rodrigue qu’il fasse sienne sa querelle et remplisse un devoir barbare : « meurs ou tue », l’injonction est inacceptable à une génération qui a connu la paix.
Le Cid montre aussi l’arrogance des grands à l’égard du roi. À don Arias qui lui oppose le pouvoir du souverain, le comte crie son dédain « d’un sceptre qui sans moi tomberait de ses mains ». Et il ajoute : « Désobéir un peu n’est pas un si grand crime. » En tuant le père de Chimène, c’est le roi que Rodrigue débarrasse en dernier ressort d’un grand bien encombrant.
Et l’on comprend que le roi mette peu d’empressement à satisfaire l’appel à la justice de Chimène, elle-même déchirée entre ce que lui commande la décence et son amour pour Rodrigue. Le roi et Chimène se jouent ainsi à l’intérieur de la pièce une comédie des apparences. Dans leur dialogue tout sonne faux, la rigueur du roi et les cris de Chimène.
Le Cid pose aussi la question espagnole qui vient de ressurgir ; les Espagnols ont menacé Paris. Le récit par Rodrigue de sa victoire sur les Maures ne fait-il pas écho aux récits de la reprise de Corbie ? Et les spectateurs de s’interroger. Cette pièce serait-elle à la gloire de l’Espagne dont elle présente une image éblouissante ? Ou des vainqueurs de Corbie ? Le théâtre français a toujours été séduit par l’Espagne, une Espagne joyeuse, ponctuée de chants d’amour et de combats, royaume de la jeunesse et d’une certaine folie. On retrouvera cette fascination chez Victor Hugo et chez Paul Claudel.

Lexique
Arrogance (f) : insolence (f), mépris (m), dédain (m).
Corbie : ville de Picardie, au nord de Paris. Siège d’une bataille entre les Espagnols et les Français en 1636.
Dédain (m) : insolence (f), mépris (m), arrogance (f).
Faire sien : adopter.
Fascination (f) : attirance (f).
Habsbourg : famille royale d’Autriche.
Les Croquants : paysans du sud-ouest de la France qui se sont révoltés contre l’augmentation des impôts et de la misère.
Périgord (m) : région du sud-ouest de la France.
Rigueur (f) : sévérité (f).
S’effriter : ici, être menacé.
Sceptre (m) : bâton de commandement, symbole de la royauté.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire