jeudi 18 septembre 2014

Romantisme : fiches









Anne-Louis Girodet(xviiie ‑ xixe siècle) Les Funérailles d’Atala (1808)



Le Romantisme 1 (1800-1850)


Un peu de travail  pour mes élèves de 3e  D: des  fiches sur le romantisme qu'il faudra étudier avec attention.



 Le Romantisme (1800-1850)

Le terme romantisme : au XVII°, il renvoie à l’esthétique sans règle du roman déconsidéré à cette époque. Le terme se charge d’une nuance péjorative qui en fait un synonyme du mot «  baroque ». Au XVIII°, les préromantiques comme Rousseau l’emploient dans un sens positif, celui de « pittoresque ». Enfin, dans les premières  années du XIX°, le mot renvoie en Angleterre et en Allemagne à un mouvement littéraire. Ensuite, il prend ce sens en France et s’oppose directement au terme de classicisme.

1-Les causes du romantisme

-Les influences anglaises et allemandes : Romantisme qui apparaît d’abord comme une réaction patriotique contre l’influence du classicisme français. L’âge d’or en Angleterre est la période élisabéthaine, on y exalte Shakespeare contre les tragédies à la française. En Angleterre comme en Allemagne, la recherche d’une littérature proprement nationale passe par la remise à l’honneur des traditions populaires : Coleridge ; les Frères Grimm. Et pourtant l’influence de Rousseau et du préromantisme français est considérable chez Goethe comme sur la plupart des romantiques anglais et allemands.

-La Révolution et l’Empire : Influence du traumatisme de la Révolution et des Guerres Napoléoniennes sur le romantisme. La retenue du classicisme ne convient plus pour exprimer les passions allumées pendant ces années terribles. Nombre de jeunes gens exaltés par le modèle des héros révolutionnaires ou des généraux de l’Empire ne parviennent pas à s’acclimater au retour au calme de la Restauration, puis de la monarchie de Juillet. Musset analyse ce malaise que l’on baptise le mal du siècle dans La confession d’un enfant du siècle. Senancour exprime également ces angoisses dans Oberman (1804). D’autre part, les troubles politiques ont jeté bon nombre d’émigrés comme Chateaubriand, d’exilés comme Mme de Staël, sur les routes d’Europe, leur faisant côtoyer les modèles anglais et allemands.

2-Les caractéristiques du romantisme

-Le refus des règles : La Révolution avait profondément bouleversé la société française pour qu’il fût possible de conserver les règles strictes du classicisme, déjà mises à mal par les Lumières. Rejetant la règle des trois unités du théâtre classique, Victor Hugo crée le drame romantique et revendique, dans sa préface de Cromwell, le mélange des genres comique et tragique.

-La solitude du moi : Le romantisme est une quête de spécificité : génies nationaux de chaque culture, génies personnels de chaque individu. Le lyrisme redevient le registre par excellence du romantisme. Les Méditations poétiques de Lamartine ouvrent la voie aux Nuits de Musset et aux Contemplations de Victor Hugo. Le héros romantique est souvent un géni incompris comme dans le Chatterton de Vigny ou un exilé maudit comme l’Hernani de Victor Hugo.

-La nostalgie du passé : Moyen Age redécouvert et glorifié par les romantiques. Notre Dame de Paris de V. Hugo ; Lorenzaccio de Musset qui situe son œuvre à la Renaissance ; La Reine Margot (située au XVI°) et les Trois Mousquetaires (époque classique) par Alexandre Dumas.

-L’exotisme et la couleur locale : Exaltation de paysages exotiques car avidité d’une nature sauvage et grandiose où la présence d’un Créateur se fait davantage sentir. Atala de Chateaubriand ; Les Orientales de V. Hugo ; Voyage en Orient de Nerval. Couleur locale de l’Espagne dans Hernani ou Ruy Blas de V. Hugo et Carmen de Prosper Mérimée.

-Le mystère et le fantastique : Goût du rêve et de l’imaginaire. La Vénus d’Ille de Mérimée lance le genre de la nouvelle fantastique suivi par Sylvie de Nerval.

-Le goût du morbide : La mort est un voyage vers l’inconnu plus qu’une fin redoutée. Le héros de René de Chateaubriand exprime sans retenue son impatience de mourir. Aspect le plus romantique de Baudelaire dans ses poèmes « La charogne » et « Le mort joyeux » des Fleurs du Mal.

-Le renouveau du roman : Devient l’un des genres les plus prisés du XIX°. Stendhal et Balzac mêlent déjà aux sentiments romantiques de leurs héros le soucis de vérité dans leurs description de la société, préparant ainsi l’éclosion du roman réaliste. V.Hugo parviendra à faire durer le roman romantique pendant la période réaliste avec Les Misérables ou L’Homme qui rit.



Le Romantisme 2 (1800-1850)


LA POETIQUE DU MOUVEMENT ROMANTIQUE

I - Les constantes des textes romantiques

            Quelques thèmes apparaissent de façon récurrente chez les auteurs romantiques, comme le "moi" et l'amour malheureux. Quelques décors sont privilégiés ainsi que l'Histoire et l'exotisme. Quelques sensations sont suscitées chez le lecteur, comme le dépaysement et le mystère.

1 - Le "moi"

            Le Romantisme s'écrit d'abord à la première personne. La poésie lyrique exalte un "je" qui s'exprimerait au nom de tous. Des genres naissent (comme le journal intime), se développent (comme l'autobiographie) et exaltent le désir de la connaissance de soi. C'est souvent un "moi" douloureux atteint par le "Mal du siècle" que met en scène le Romantisme. Le héros peut être banni (comme Jean Valjean ou Quasimodo), ou s'exclure lui-même (comme Frollo ou Lorenzaccio) à cause de sa misanthropie.

2 - Amour malheureux

            Dans un monde guetté par l'ennui et la désillusion, l'amour semble être le refuge des idéaux. Pourtant, l'histoire d'amour romantique se termine rarement bien. Séparés par des malentendus, la loi, les préjugés, les couples romantiques ne s'unissent que dans la mort. Une double mort construit souvent la mythologie de ces couples impossibles.

3 - L'exotisme
            La traduction est en vogue ainsi que la curiosité pour l'ailleurs. L'attrait pour l'Orient est avivé par les découvertes comme les hiéroglyphes et s'exprime dans Les Orientales de Victor Hugo (1829). Noms propres exotiques, informations sociologiques, descriptions précises, insertion de mots étrangers dans la narration : le souci de la couleur locale romantique est une façon d'aviver le mystère et le sentiment d'étrangeté.

4 - La rêverie, le mystère et le fantastique

            Le romantique aime le mystère et le surnaturel. Le fantastique connaît un grand succès au XIXe siècle : il y a les spécialistes du genre, c'est à dire Théophile Gautier, Charles Nodier et Prosper Mérimée. Dans le récit fantastique, le lecteur hésite devant une explication réaliste ou surnaturelle des évènements décrits. Le récit fantastique est à l'image de la littérature romantique : il se construit sur l'opposition et la contradiction.


II - Le "Mal du siècle"

            Les hommes de Lettres condamnés à l'immobilisme social en viennent souvent à ressentir un sentiment de mélancolie, une profonde angoisse, sentiment baptisé "Mal du siècle".

1 - Un malaise historique

            Après la chute de Napoléon, il n'est plus possible pour les jeunes de cette époque de s'investir dans cette légende et il semble alors que la notion d'héroïsme soit désormais abolie.

            L'écrivain romantique a le sentiment d'être floué par l'époque qu'il traverse : une époque de désillusion marquée par les échecs comme celui de la Révolution de 1830.

            Ainsi, chez l'écrivain romantique, le malaise historique se transforme souvent en angoisse métaphysique.

2 - Une angoisse métaphysique
            Le "Mal du siècle" se traduit par un ennui inquiet provoqué par l'inactivité (oisiveté chez Musset). L'œuvre Adolphe de Benjamin Constant fournit une première impression de ce mal de vivre. L'impossibilité à s'extérioriser peut conduire à la folie et au spleen. Le héros négatif du "Mal du siècle", qui ne parvient ni à jouir, ni à pleurer, qui est usé avant l'âge, éprouve cette terrible dysharmonie de l'être à laquelle Charles Baudelaire donnera des accents très forts.



III - La poésie romantique

            La poésie romantique se veut à la fois intime et universelle, cosmique et inspirée.

1 - Un registre lyrique

            Le "je" romantique veut atteindre le plus intime de l'être et de ses sentiments.

Lyrisme : registre poétique qui permet l'expression souvent exaltée de sentiments personnels.

            Le discours poétique romantique aspire à se manifester comme une simple confidence. L'épreuve amoureuse, la confrontation avec le réel, la perte des idéaux, toutes les occasions de larmes sont des chemins vers la poésie. Le poète romantique tente de dire ses sentiments, ses pensées les plus privées, ses goûts les plus personnels, persuadé que le lecteur y retrouvera, sinon ses propres sentiments, au moins quelque chose d'apparenté à ce qu'il ressent lui-même.

2 - Une poésie universelle

            Le poète de l'intime se pose volontiers en interprète de la nature tout entière, voire du cosmos, comme chez Victor Hugo. Il existe une langue des choses muettes. L'homme est entouré de voix que le poète a le privilège d'entendre mieux que tout autre.

3 - Innovation poétique

            Le Romantisme recherche une nouvelle simplicité en poésie. Il prône le choix de la figure de style juste, inventive, loin des figures pompeuses et figées des poètes classiques. Pour le lexique, il choisit le terme le plus simple. Le Romantisme rejette le côté trop structuré de l'alexandrin classique, avec sa césure automatique à la sixième syllabe.

Césure : coupe centrale qui sépare un alexandrin en deux moitiés égales.

            Le Romantique disloque le vers en multipliant les coupes, en accumulant rejets et enjambements.

Enjambement : effet produit lorsqu'une phrase dans un poème ne s'arrête pas à la rime mais déborde jusqu'à la césure ou à la rime du vers suivant.

Rejet : effet produit lorsque dans un poème en vers un élément court de la phrase (un ou deux mots ) est rejeté au vers suivant.









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