dimanche 31 août 2014

BAC BLANC : Marguerite Yourcenar "Mémoires d'Hadrien" - Essai Bref : "A' la lumière de la Mère Méditerranée : Lieu de rencontre / Lieu de pensée"












LICEO CLASSICO “E. CAIROLI” VARESE
SEZIONE ESABAC
BAC BLANC
Prova di  LINGUA E LETTERATURA FRANCESE

Svolga il candidato una delle seguenti prove a scelta tra:

a)       analisi di un testo
b)       saggio breve
a)       analisi di un testo

Dopo avere letto il testo rispondete alle domande e elaborate una riflessione personale sul tema proposto.

Marguerite Yourcenar   Mémoires d ‘Hadrien, I ère partie « Animula, vagula, blandula » Éd. Gallimard , 1951

Dans les Mémoires d’Hadrien , œuvre qui se présente comme une autobiographie de l’empereur romain ( Ier siècle après J.-C. ) M.Yourcenar donne la parole à un humaniste qui réfléchit sur le pouvoir, sur les hommes, sur lui-même.


Comme tout le monde, je n'ai à mon service que trois moyens d'évaluer l'existence humaine : l'étude de soi, la plus difficile et la plus dangereuse, mais aussi la plus féconde des méthodes ; l'observation des hommes,qui s'arrangent le plus souvent pour nous cacher leurs secrets ou pour nous faire croire qu'ils en ont ; les livres, avec les erreurs particulières de perspective qui naissent entre leurs lignes. J'ai lu à peu près tout ce que nos historiens, nos poètes, et même nos conteurs ont écrit, bien que ces derniers soient réputés frivoles, et je leur dois peut-être plus d'informations que je n'en ai recueilli dans les situations assez variées de ma propre vie. La lettre écrite m'a enseigné à écouter la voix humaine, tout comme les grandes attitudes immobiles des statues m'ont appris à apprécier les gestes. Par contre, et dans la suite, la vie m'a éclairci les livres.
Mais ceux-ci mentent, et même les plus sincères. Les moins habiles, faute de mots et de phrases où ils la pourraient enfermer, retiennent de la vie une image plate et pauvre ; tels, comme Lucain, l'alourdissent et l'encombrent d'une solennité qu'elle n'a pas. D'autres,au contraire, comme Pétrone, l'allègent, font d'elle une balle bondissante et creuse, facile à recevoir et à lancer dans un univers sans poids. Les poètes nous transportent dans un monde plus vaste ou plus beau, plus ardent ou plus doux que celui qui nous est donné,différent par là même, et en pratique presque inhabitable. Les philosophes font subir à la réalité, pour  pouvoir l'étudier pure, à peu près les mêmes transformations que le feu ou le pilon font subir aux corps :rien d'un être ou d'un fait, tels que nous l'avons connu,ne paraît subsister dans ces cristaux ou dans cette cendre. Les historiens nous proposent du passé des systèmes trop complets, des séries de causes et d'effets trop exacts et trop clairs pour avoir jamais été entièrement vrais ; ils réarrangent cette docile matière morte,et je sais que même à Plutarque échappera toujours Alexandre. Les conteurs, les auteurs de fables milésiennes, ne font guère, comme des bouchers, que d'appendre à l'étal de petits morceaux de viande appréciés des mouches. Je m'accommoderais fort mal d'un monde sans livres, mais la réalité n'est pas là,parce qu'elle n'y tient pas tout entière.
L'observation directe des hommes est une méthode moins complète encore, bornée le plus souvent aux constatations assez basses dont se repaît la malveillance humaine. Le rang, la position, tous nos hasards,restreignent le champ de vision du connaisseur d'hommes : mon esclave a pour m'observer des facilités complètement différentes de celles que j'ai pour l'observer lui-même ; elles sont aussi courtes que les miennes (…)
Quant à l'observation de moi-même, je m'y oblige,ne fût-ce que pour entrer en composition avec cet individu auprès de qui je serai jusqu'au bout forcé de vivre, mais une familiarité de près de soixante ans comporte encore bien des chances d'erreur. Au plus profond, ma connaissance de moi-même est obscure,intérieure, informulée, secrète comme une complicité. Au plus impersonnel, elle est aussi glacée que les théories que je puis élaborer sur les nombres : j'emploie ce que j'ai d'intelligence à voir de loin et de plus haut ma vie, qui devient alors la vie d'un autre.





COMPREHENSION

1)Utilisez les éléments du paratexte  pour préciser qui parle.

2)Lisez la première phrase, observez la manière dont elle est construite, puis la structure de la suite et les différents paragraphes. Qu’observez-vous concernant les idées énoncées et leur ordre ?

3)En quoi pourrait-on dire que l’analyse précise de chacun des trois moyens apporte un démenti à l’efficacité annoncée dans la première phrase ?


INTERPRETATION 
1)Relisez le quatrième paragraphe : L’ « étude de soi »  est proposée comme un dédoublement,  expliquez  pourquoi et comment.
2)Quelle est la thèse soutenue par le locuteur ?

REFLEXION PERSONNELLE

Hadrien  met en relief dans cet extrait l’importance  des livres en tant que instrument de connaissance et d’appréciation de l’existence humaine: Essayez  de  développer ce  thème à travers votre expérience  de « Lecteur/Lectrice » avec   une réflexion personnelle, en  faisant référence aux  œuvres littéraires que vous avez lues. (300 mots environ).



b)       saggio breve

Dopo avere analizzato l’insieme dei documenti, formulate un saggio breve in riferimento al tema posto (circa 600 parole).

A’ la lumière de la Mère  Méditerranée : lieu de rencontre / lieu  de pensée


Le cimetière marin

Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
O récompense après une pensée                                            5
Qu'un long regard sur le calme des dieux!
Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l'abîme un soleil se repose,                                 10
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le temps scintille et le songe est savoir…
Non, non! . . . Debout! Dans l'ère successive!
Brisez, mon corps, cette forme pensive!
Buvez, mon sein, la naissance du vent!                                15
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme . . . O puissance salée!
Courons à l'onde en rejaillir vivant…
Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,                           20
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!

Paul Valery  Charmes (1922)

Le Myrte

« Parfois je te savais la terre, je buvais
Sur tes lèvres l’angoisse des fontaines
Quand elle sourd des pierres chaudes, et l’été
Dominait haut la pierre heureuse et le buveur.

Parfois je te disais de myrte et nous brûlions
L’arbre de tous tes gestes tout un jour.
C’étaient de grands feux brefs de lumière vestale,
Ainsi je t’inventais parmi tes cheveux clairs.

Tout un grand été nul avait séché nos rêves,
Rouillé nos voix, accru nos corps, défait nos fers.
Parfois le lit tournait comme une barque libre
Qui gagne lentement le plus haut de la mer. »
Yves Bonnefoy, Pierre écrite,  Anthologie de la poésie française du XXe siècle,
Mercure de France Poésie/Gallimard, 2004




L'EXIL D'HÉLÈNE

La Méditerranée a son tragique solaire qui n'est pas celui des brumes. Certains soirs, sur la mer, au pied des montagnes, la nuit tombe sur la courbe parfaite d'une petite baie et, des eaux silencieuses, monte alors une plénitude angoissée. On peut comprendre en ces lieux que si les Grecs ont touché au désespoir, c'est toujours à travers la beauté, et ce qu'elle a d'oppressant. Dans ce malheur doré, la tragédie culmine. Notre temps, au contraire, a nourri son désespoir dans la laideur et dans les convulsions. C'est pourquoi l'Europe serait ignoble, si la douleur pouvait jamais l'être.
Nous avons exilé la beauté, les Grecs ont pris les armes pour elle. Première différence, mais qui vient de loin. La pensée grecque s'est toujours retranchée sur l'idée de limite. Elle n'a rien poussé à bout, ni le sacré, ni la raison, parce qu'elle n'a rien nié, ni le sacré, ni la raison. Elle a fait la part de tout, équilibrant  l'ombre par la lumière. Notre Europe, au contraire, lancée à la conquête de la totalité, est fille de la démesure. Elle nie la beauté, comme elle nie tout ce qu'elle n'exalte pas. Et, quoique diversement, elle n'exalte qu'une seule chose qui est l'empire futur de la raison. Elle recule dans sa folie les limites éternelles et, à l'instant, d'obscures Érinnyes s'abattent sur elle et la déchirent. Némésis veille, déesse de la mesure, non de la vengeance. Tous ceux qui dépassent la limite sont, par elle, impitoyablement châtiés.
Les Grecs qui se sont interrogés pendant des siècles sur ce qui est juste ne pourraient rien comprendre à notre idée de la justice. L'équité, pour eux, supposait une limite tandis que tout notre continent se convulse à la recherche d'une justice qu'il veut totale. À l'aurore de la pensée grecque, Héraclite imaginait déjà que la justice pose des bornes à l'univers physique lui-même. « Le soleil n'outrepassera pas ses bornes, sinon les Érinnyes qui gardent la justice sauront le découvrir *. » Nous qui avons désorbité l'univers et l'esprit rions de cette menace. Nous allumons dans un ciel ivre les soleils que nous voulons. Mais il n'empêche que les bornes existent et que nous le savons. Dans nos plus extrêmes démences, nous rêvons d'un équilibre que nous avons laissé derrière nous et dont nous croyons ingénument que nous allons le retrouver au bout de nos erreurs. Enfantine présomption et qui justifie que des peuples enfants, héritiers de nos folies, conduisent aujourd'hui notre histoire.

Albert camus  L’ÉTÉ    (1939)



Avrei voluto sentirmi scabro ed essenziale

siccome i ciottoli che tu volvi,
mangiati dalla salsedine;
scheggia fuori dal tempo, testimone
di una volontà fredda che non passa.
Altro fui: uomo intento che riguarda
in sè, in altrui, il bollore
della vita fugace uomo che tarda
all'atto, che nessuno, poi, distrugge.
Volli cercare il male
che tarla il mondo, la piccola stortura
d'una leva che arresta
l'ordegno universale; e tutti vidi
gli eventi del minuto
come pronti a disgiungersi in un crollo.
Seguìto il solco di un sentiero m'ebbi
l'opposto in cuore, col suo invito; e forse
m'occorreva il coltello che recide,
la mente che decide e si determina.
Altri libri occorrevano
a me, non la tua pagina rombante.
Ma nulla so rimpiangere: tu sciogli
ancora i groppi interni col tuo canto.
Il tuo delirio sale agli astri ormai.

Eugenio montale Ossi di seppia , “Mediterraneo”, VII,  (1925)








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