Elle
est vivante, elle a encore
La haine au ventre, la rage au corps
La bête immonde
Qu'elle tourne au loin comme un vautour
Ou Rampe et ronge tout autour
La bête immonde
Depuis le temps qu'elle fait le trou
De sa tanière grise
Là-bas, ici, partout
Au coeur de chacun de nous
Elle est l'enfant que la bêtise
A conçu avec l'ombre
La bête immonde
Depuis le temps qu'on laisse faire
Tous les suppôts de son enfer
La bête immonde
Qu'elle a vomi des Gestapo
Dans toutes les guerres, tous les ghettos
La bête immonde
Que les salauds dans les salons
Lui trouvent des excuses
Lui trouvent des raisons
Plébiscitées par les cons
Elle est la fille de la ruse
Qui naît des décombres
La bête immonde
O pleure, pleure ma mère la terre
Des larmes de siècles et de sang
O pleure, pleure des gouttes d'océan
Sur les chants qui montent des wagons
Les camps, les tortionnaires
Les frères qui clouent leurs frères
Au poteau des religions
O pleure ma mère la terre
Au fond de tes entrailles gronde
La bête immonde
Mais qui va lui planter un pieu dans le coeur ?
Qui va l'amputer du goût de l'horreur ?
Elle qui étrangle les ethnies massacre les poètes
Étouffe les hommes honnêtes
Au bâillon des calomnies
Il lui faut faire sauter la tête
Avec sa propre bombe
La bête immonde
Depuis qu'elle nous pollue l'histoire
A coup de glaive, à coup de gloire
La bête immonde
Que son crachat sur ton drapeau
Dépend de la couleur de peau
La bête immonde
Depuis qu'elle rôde avec sa faux
Emblème de son règne
Depuis qu'elle dit Je t'aime
Aux cagoules, aux échafauds
Il faut cribler de chrysanthèmes
Jusqu'à ce qu'elle succombe
La bête immonde
O pleure, pleure ma mère la terre
Des larmes de siècles et de sang
O pleure, pleure des gouttes d'océan
Sur les bouquins, dans les bûchers
Les cris des ratonnades
Sur les croix des croisades
Et les continents barbelés
O pleure, ma mère la terre
Au fond de tes entrailles gronde
La bête immonde
Mais qui va lui planter le pieu dans le coeur ?
Qui va l'amputer du goût de l'horreur ?
O pleure, ma mère la terre
Au fond de tes entrailles gronde
La bête immonde
O pleure, ma mère la terre
Au fond de tes entrailles gronde
La bête immonde.
1 Aller à un concert
2 Repeindre ma chambre en vert
3 Boire de la vodka
4 Aller chez Ikea
5 Mettre un décolleté
6 Louer un meublé
7 Et puis tout massacrer
8 Pleurer pour un rien
9 Acheter un chien
10 Faire semblant d’avoir mal
11 Et mettre les voiles
12 Fumer beaucoup trop
13 Prendre le métro
14 Et te prendre en photo
15 Jeter tout par les fenêtres
16 T’aimer de tout mon être
17 Je ne suis bonne qu’à ça
18 Est ce que ça te déçoit ?
19 J’ai rien trouvé de mieux à
faire
20 Et ça peut paraître bien
ordinaire
21 Et c’est la liste des choses
que je veux faire avec toi
22 Te faire mourir de rire
23 Aspirer tes soupirs
24 M’enfermer tout le jour
25 Écrire des mots d’amour
26 Boire mon café noir
27 Me lever en retard
28 Pleurer sur un trottoir
29 Me serrer sur ton cœur
30 Pardonner tes erreurs
31 Jouer de la guitare
32 Danser sur un comptoir
33 Remplir un caddie
34 Avoir une petite fille
35 Et passer mon permis 36 Jeter tout par les fenêtres
37 T’aimer de tout mon être
38 Je ne suis bonne qu’à ça
39 Est ce que ça te déçoit ?
40 J’ai rien trouvé de mieux à
faire
41 Et ça peut paraître bien
ordinaire
42 Et c’est la liste des choses
que je veux faire avec toi 43 Ha ha
44 Ha
ya
45 Ha
ya
46 Ha
ha 47 Je sais je suis trop naïve
48 De dresser la liste non
exhaustive
49 De toutes ces choses que je
voudrais faire avec toi
50 T’embrasser partout
51 S’aimer quand on est saouls
52 Regarder les infos
53 Et fumer toujours trop
54 Éveiller tes soupçons
55 Te demander pardon
56 Et te traiter de con
57 Avoir un peu de spleen
58 Écouter Janis Joplin
59 Te regarder dormir
60 Me regarder guérir
61 Faire du vélo à deux
62 Se dire qu’on est heureux
63 Emmerder les envieux.
Vocabulaire
(l.4) Ikea = magasin de meubles suédois à
assembler
(l.6) un meublé = un appartement meublé, avec
des meubles
(l.7) massacrer = détruire
(l.8) pour un rien = très facilement
(l.11) mettre les voiles (familier) = s’en
aller
(l.20) ordinaire = simple, habituel
(l.32) un comptoir = la partie qui sépare les
clients des serveurs
(l.33) un caddie = un chariot de supermarché
(l.47) naïf = innocent, simple
(l.48) exhaustif = complet
(l.51) être saoul = avoir trop bu
(l.52) regarder les infos = regarder le journal
télévisé, regarder les nouvelles
(l. 54) un soupçon = un doute
(l.56) con (familier) = bête, stupide, idiot
(l.57) spleen = état mélancolique ressenti par
certains poètes comme Baudelaire
(l.58) Janis Joplin = chanteuse légendaire de
rock
(l.63) emmerder (familier) = embêter, énerver
(l.63) les envieux = ceux qui sont jaloux de
(la situation de) quelqu’un
Activités
·Repérez
les verbes
oDans
le clip, quels sont les verbes notés sur des bouts de papier ?
·Listez
les activités
oQuelles
sont celles que vous aimez faire ?
§J’aime...
oQuelles
sont celles que vous avez l’habitude de faire ?
§J’ai l’habitude de...
oQuelles
sont celles que vous voudriez faire ?
§Je voudrais...
oQue
pensez-vous des activités listées par la chanteuse ?
§Je pense que... Je trouve que... Je
crois que...
oComparez
les activités de la chanteuse avec vos activités ?
·Que
pensez-vous de cette chanson ?
o D’après vous, quel est le message de la
chanson ?
oÀ
qui s’adresse-t-elle ?
Au dessus de mon front
où il tire la ficelle
de mes rèves et de mes démons
se font toujours la belle
de large des grands fonds
et jusqu'aprés la terre
ha ha
je les sens ainsi fond les yeux de mon grand père
haha
ciao bella
les autres on s'en fout
ciao bella
les autres c'est pas nous
ciao bella
tu manques à ma vie
ciao bella
jamais je n'oublie ta voix
au-delà des etoiles
des rives du bon dieu
Lui sur sa jolie toile
il tisse tous mes voeux
au détour d'un chagrin
à l'angle de mes larmes
il se fraye un chemin et défaits tous mes drames
ciao bella
les autres on s'en fout
ciao bella
les autres c'est pas nous
ciao bella
tu manques à ma vie
ciao bella
jamais je n'oublie ta voix
"Qui me demanderait la première partie en l'amour, je répondrais que c'est savoir prendre le temps; la seconde de même & encore la tierce : c'est un point qui peut tout"
Montaigne Essais, livre III, chapitre V
Le premier souvenir qui m'a tout de suite frappé
dès que j'ai commencé l'attachante lecture de ce roman épistolaire,
n'a été ni La Nouvelle Héloïse de Rousseau, ni Les poèmes à Lou d'Apolllinaire, ni les poèmes d' Aragon ... ni Eluard ...
mais Clément Marot
Anne,
par jeu, me jeta de la neige Que
je cuidais froide certainement. Mais
c’était feu : expérience en ai-je, Car
embrasé je fus soudainement. Puisque
le froid brûle pareillement Comme
le feu, où trouverai-je place Pour
n’ardre point ? Anne, ta seule grâce Éteindre
peut le feu que je sens bien, Non
point par eau, par neige ni par glace, Mais
par sentir un feu pareil au mien.
parce qu' à partir d' "un bel été" (1962) Mitterrand n'a cessé d 'avouer cet amour irrépressible pour Anne: 1218 lettres d'un amoureux fou pour cette fille, Anne Pingeot, rencontrée lorqu'elle n'avait que 19 ans et lui 44 (!!!)
Le désir de cette rencontre littéraire m'était venu à la suite d'un article de Franz-Olivier Giesbert dans Le Magazine Littéraire de décembre 2016, qui louait cette langue, cette ferveur, cette incadescence qui font de l'ancien Pésident "un sacré grand écrivain".
La lecture a dépassé les attentes et je ne suis qu'au début ...
EXTRAITS
"Vous sur la plage du premier jour, votre visage au soleil tandis que je vous lisais Aragon, votre regard du soir des Justes, votre confiante liberté de notre seul dimanche le long du Palais Royal, dans le petit café, votre profil grave, votre main ouverte ou demeurant à mi-chemin, comme suspendue à son élan, ont projeté en moi une telle résonance que la joie que j'en reçois est sans prix ... je le sais désormais et n'en puis douter, ce que j'ai de vous compte pour moi tellement plus, par la résonance, que ce n'est pas d' être privé de vous que de détenir seulement (merveilleux seulement) ce qui m'est déjà donné.
(lettre 20, datée mercredi 8 janvier 1964 )
Vendredi 17 janvier 1964
Par ce beau soleil, que je pense à vous! Mais j'aurais pensé à vous de la même façon si la pluie ou le brouillard s'étaient emparés de l'Île-de-France, Ce vendredi cruel s'achève.
Je rêvais d'un autre déroulement, d'une belle suite d'heures. Allons, il faut remiser les rêves.
Dimanche 2 février 1964
Pour vous exprimer ce que je dois à notre journée de vendredi il me faudrait recourir à l'apologue ou à la parabole et je comprends pourquoi les Orientaux préfèrent le symbole et l'image au style direct. En racontant la joie (ou la peine) du monde et des choses, ils se racontent. Moi, je n'évoquerai que la présence aimée d'un visage et la confiance d'un regard clos, et je me tairai. À ce qui s'inscrit dans le coeur, qu'ajouter ?
9 février 1964
19 heures
Ne dites plus jamais mieux avant . Moi j'aimais avant. Et j'aime maintenant. Et d'une certaine manière j'aime davantage maintenant parce que maintenant contient avant et lui ajoute la vérité de deux êtres - et non celle de deux ombres, fussent-elles heureuses comme l'est la lumière
Cette Correspondance
amoureuse, par sa longévité, son intensité, son exclusivité, sa
clandestinité et surtout sa qualité littéraire, défie la raison politique.
Si elle confirme le talent singulier du Mitterrand écrivain, qui fut notre
dernier président à vénérer la langue française, user du subjonctif passé,
connaître le chromatisme des métaphores et pouvoir écrire, comme ici, de
vibrants poèmes d’amour, elle corrige, en le réévaluant à la hausse, en lui
ajoutant soudain un tremblé inédit, le portrait doré à l’or fin du monarque
florentin, volage, infidèle et cynique.
C’est un philosophe, c’est un poète qui se ressource à la fois dans l’image d’un paysage et dans le regard de sa bien-aimée", affirme Antoine Gallimard pour expliquer sa décision de publier cette correspondance amoureuse réunie dans un ouvrage de 1 280 pages.